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DIVERS - Fan fiction

Les forceurs de blocus 1 : Horizon

Synopsis :


Année 2533. Depuis de nombreuses années, les Rebelles occupent la planète Horizon dans le Système Pygmalion. Par mesure de représailles, l'UNSC a rapidement mit en place un blocus commercial autour de la planète. Mais la guerre contre les Covenants est trop pressante, et l'UNSC ne peut plus se permettre de garder le moindre vaisseau de combat en réserve.

Le Haut Commandement décide alors d'envoyer une équipe de Spartans sur Horizon dans le but de capturer Irving Frost, le chef des Rebelles. Sa capture assurera obligatoirement la fin du blocus engagé. Mais une fois les Spartans sur place et Frost sous leur garde, les Covenants font leur apparition.

La donne a changé. Spartans et Rebelles doivent alors s'allier afin de faire évacuer les civils le plus rapidement possibles...

"Je crois qu'il faut presque toujours un coup de folie pour bâtir un destin."

Marguerite Yourcenar


PROLOGUE : Reminiscence

1548 heures, 11 octobre 2583 (Calendrier Militaire) / Système Pygmalion, planète Horizon. ruines d’Etretat.


Etretat avait cesser d’exister. Cinquante ans s’étaient écoulées depuis la brutale attaque des Covenants, et les interminables forêts blanches qui jadis parsemaient le sud du Continent Méridional envahissaient à présent les ruines. La croissance végétale d’Horizon était particulièrement rapide sur cette planète, ce qui avait été la raison principale de son intérêt commercial avant sa destruction. Les enceintes détruites s’étaient effondrées et avaient été englouties par la mousses et les fougères brunes et luisantes d’humidité sous lesquelles disparaissaient le sol de la forêt. Seuls des bribes délabrées qui avaient été autrefois de hauts immeubles se dressaient désormais comme autant de dents branlantes et pourrissantes au milieu des arbres environnés de brume, gardiens et témoins silencieux de l’endroit où se trouvait auparavant Etretat. Une neige détrempée enveloppait les ruines noyées dans le bouillard, et des ruisselets d’eau couraient telles des larmes sur la face des antiques pierres.

Henry Gray déambulait tout seul dans les artères de la ville morte envahie par les arbres et la neige, serrant étroitement autour de lui son épais manteau sombre en laine, ruminant des pensées aussi noires que les pierres suintantes qui l’entouraient. Sa maison au nord d’Etretat, avec son jardin aux innombrables fleurs étincelantes au soleil, était maintenant tellement loin dans ses souvenirs qu’elle lui donnait l’impression de se perdre dans une sorte de brume qui se dérobait devant lui, et il avait le cœur serré par une nostalgie désespérante. Quels que soient ses efforts pour les retenir, les détails lui échappaient. Les odeurs délectables de la cuisine de sa femme Jessica n’étaient plus qu’un souvenir sans saveur, le tintement des marteaux lors de la construction de sa maison s’évanouissait comme se meurt l’écho du dernier coup de cloche, et les visages clairs et nets de ses amis se troublaient dans sa mémoire. Tant de personnes étaient mortes qu’il se sentait partir à la dérive et, quoi qu’il fît, il n’avait aucune prise sur tout ceci.

Cependant, Henry Gray ne pourrait jamais oublier le doux visage de sa femme, ses longs cheveux roux tressés, sa peau blanche comme l’écume des vague, son sourire à l’éclat évanescent. A chaque fois qu’il l’avait regardé, son regard plongeait dans l’abîme de ses yeux verts émeraude. Et dès qu’il s’était senti faible ou bien démoralisé, elle l’avait prit dans ses bras, lui avait murmuré de tendres paroles à l’oreille avant de l’embrasser.

Jessica avait trouvé la mort peu de temps avant l’attaque des Covenants. Un chauffard l’avait renversé alors qu’elle traversait la rue. Ce jour là, Henry Gray l’avait presque complètement oublié, seuls quelques vagues scènes ineptes lui revenaient. Des moments qui avaient suivis il n’avait rien gardé en mémoire, comme si cette douleur insoutenable avait tout fait pour n’avoir jamais existé Il se souvenait pourtant d’une chose, ou plutôt d’une pensée bien précise. Alors que l’on descendait le cercueil de sa femme sous terre, il s’était dit entre deux larmes que sa vie ne pourrait jamais être pire qu’à cet instant.

Il s’était trompé.

Son fils David avait quitté Horizon le lendemain de l’enterrement, sans un mot, sans un adieu. Et depuis ce jour, Henry Gray n’avait jamais revu son fils. Il le savait loin de sa planète, loin de tout ce qui avait été sa vie avant la mort tragique de sa mère. Henry Gray avait essayé plusieurs fois de reprendre contact avec son fils, mais sans succès.

Rien n’était plus comme avant, c’était là tout le problème. L’armature de sa vie, l’assise sur lequel son enfance et sa vie avaient été bâtis s’était définitivement volatilisée à l’instant où les Covenants s’étaient montrés dans le ciel d’Horizon. Et s’il avait plus que partiellement oublié sa vie d’avant la guerre, il vivrait à jamais avec le souvenir effroyable de cette semaine de chaos passée à Etretat, le champ de bataille qui avait gangréné toute la ville heure après heure, les monstres de morts qui avaient arraché tant de vies dans un terrible fracas et avec une facilité ravageuse. Pour lui, le souvenir de cette terrible semaine était bien plus que cela… c’était sa vie, pour ainsi dire, le seul vrai souvenir de son passé encore parfaitement intact.

Henry Gray traversa ce qui restait de l’avenue principale et arriva à l’entrée de la ville. L’arche métallique qui autrefois l’avait surplombé n’était plus qu’un amas de tôles rouillées gisant sur un sol de verdure blanchâtre. Tout autour, de rares maisons étaient encore debout, certaines presque miraculeusement encore intact.

Il sourit.

Malgré toute l’horreur et la mort qu’avait connue cette ville, il lui restait encore un semblant de charme, aussi surprenant cela soit-il. Henry Gray sortit des ruines de la ville et se dirigea tranquillement vers le sud en suivant ce qui restait de l’ancienne route. Un lit de feuilles et de branches cassées la recouvraient et, en-dessous, il pouvait encore distinguer le bitume sombre et granuleux par moment. Il fut surpris de voir à quel point la forêt du sud avait gagné en taille pour se rapprocher d’Etretat, et pour finalement commencer à s’épanouir à l’intérieure de ses restes. Elle avait également gagné en densité, et l’espace entre les arbres devenait de plus en plus restreint au fur et à mesure qu’il s’y enfonçait.

Malgré son âge, Henry Gray parcourut allègrement les sentiers naturels qui s’entrelaçaient dans la forêt. A l’abris du feuillage, l’air devint plus frais, plus humide. Il aimait cela. De temps en temps, il entendait des bruits fugaces et lointains d’animaux qui s’évaporaient presque aussitôt… la nature semblait reprendre tranquillement ses droits.

Après une demi heure d’un marche lente mais déterminée, il arriva sur la colline aux Milles Morts. Tel était le nom funeste que les rares survivants de l’holocauste avaient donné à cet endroit.

Étrangement, il y avait pas d’arbres sur cette colline, juste de l’herbe grasse et, au sommet, un monument aux morts érigé ici quelques années après la fin de la guerre contre les Covenants. Henry Gray se souvenait de la cérémonie comme si elle avait eu lieu le jour passé. Mais ce n’était pas un bon souvenir, loin de là. Il décida alors de la chasser aussitôt de ses pensées.

Le monument aux morts était un grand obélisque pointant à son sommet une flèche qui se scindait en trois petites pointes. Sur l’obélisque, l’érosion du temps avait entamé la pierre et avait effacé certains noms gravés dessus. A ses pieds gisaient les sculptures de trois cadavres de soldats, morts l’arme à la main en une expression faciale monstrueusement fausse : ils semblaient apaisés, presque victorieux. Henry Gray s’approcha un peu plus de l’obélisque et entreprit de lire les noms qui y avait été gravé. Lentement, ses yeux fatigués passèrent d’un nom à l’autre, cherchant un quelconque souvenir à leur lecture.

Mais rien ne se passa.

Sur la troisième face du monument aux morts, Henry Gray trouva enfin le nom qu’il cherchait : le sien.

Il se recula et passa sa main décharnée dans ses cheveux blancs en s’asseyant au pied de l’obélisque.

Puis il pleura autant qu’il le pouvait, sans retenu.

Simon Dekker, son ami de toujours et avec qui il avait partagé les tous derniers souvenirs de ce combat, s’était paisiblement éteint sur Terre auprès de sa famille il y avait deux semaines. Henry Gray était désormais seul. De tous les soldats ayant fièrement combattu durant l’effroyable bataille d’Etretat, il en était le dernier représentant.

Et jamais il n’oublierait.


CHAPITRE 1 : Ce que Horizon nous apportait


1. L'arrivée

Au début, c’était formidable. Les gens étaient bien. La colonisation de Horizon s’était faite en seulement quelques années, alors qu’il fallait en général deux voire trois décennies avant qu’une colonie soit parfaitement opérationnelle et une centaine d’année avant que la planète soit entièrement colonisée. De tout temps, le bouche à oreille était le moyen de communication le plus rapide, et même en ces temps de dispersion entre différents systèmes solaires, il semblait braver le vide stellaire avec une redoutable efficacité. Il n’avait donc pas fallu longtemps avant que tout le monde entende parler de ce nouveau petit coin de paradis qu’était Horizon.

A ce moment là, on avait l’impression de revivre la conquête de l’Ouest américain à la fin du XIXe siècle ; le désert, les Indiens, les chevaux et les cow-boy en moins. Enfin pas tout à fait. L’excitation de l’aventure nouvelle, inconnue et peut-être même dangereuse, poussait en permanence de nombreuses personnes à partir s’installer sur les nouvelles colonies découvertes. Mais cette fois-ci, pour Horizon, la soif d’aventure battait son plein, et personne ne savait véritablement pourquoi. On n’avait jamais vu autant de gens se précipiter littéralement vers le minuscule Système Pygmalion et sa seule planète habitable. Ils emportaient tout ce qu’ils pouvaient avec eux, certains trimballaient leur vie entière dans des valises, d’autres emportaient seulement ce qu’ils avaient sur les épaules. Ils ne savaient pas vraiment où ils allaient, ils ne savaient pas vraiment ce qui les attendait sur Horizon, mais l’aventure… Ah, l’aventure ! Qu’on mette ce mot à toutes les sauces, il gardera toujours une valeur universelle que chacun peut parfaitement comprendre. Alors oui, tous ces gens étaient en quelques sortes des pionniers, les cow-boy du Far West, les voitures et les vaisseaux spatiaux étaient les chevaux et les diligences, les nouvelles formes de vie étaient les Indiens, et le vide sidéral qui sépare les planètes étaient le désert.

Ainsi donc, les colons se massaient dans les vaisseaux spatiaux, désireux de se diriger vers ce nouvel « horizon », tel était le slogan clamé par l’UNSC au début de la campagne de colonisation. De fait, le nom de cette nouvelle colonie fut vite trouvé. Une fois sur place et après avoir débarqué plus vite qu’ils n’avaient embarqué, ces « cow-boy » de l’espace s’éparpillaient à travers les continents à la recherche de leur petit coin de paradis au milieu de cet immense paradis. Rapidement, la population atteignit ses quotas, et les autorités de l’UNSC durent freiner les ardeurs de ceux qui avaient déjà un train de retard et qui n’avaient pas encore touché cet Eden des doigts de pied.

Quelques années plus tard, un autre système stellaire habitable fut découvert un peu plus loin que Pygmalion. Bonne nouvelle. L’excitation battait de nouveau son plein. Tout le monde changea de cap. Roulement de tambour. Rideau.


2. Dixit les hommes de science

Il existe deux sortes de planètes colonisables : celles nécessitant une biosphérisation, autrement dit une transformation de tout ou d’une partie d'une planète afin de créer des conditions de vie semblables à celles de la biosphère terrestre en vue de reconstituer un environnement où l'être humain puisse habiter durablement, et celles qui possèdent déjà une biosphère similaire à la Terre et qui ne demandent qu’à recevoir de nouveaux invités. Horizon était de celles-là ; certains la considéraient comme la petite sœur de la Terre, la « petit Terre ». Terme qu’on avait déjà employé lors de la découverte de Reach.

Mais pour d’autres, ce concept prenait une ampleur philosophique aux limites du mysticisme. Ils voyaient en Horizon un signe de la providence, une seconde chance, celle qui permettrait - ou promettait - de nous racheter des fautes commises contre l’hypothèse biogéochimique terrestre de Gaia.

Sans aller aussi loin, l’UNSC - et le peuple de manière générale - avait conscience que Horizon devait être protégé de la pollution humaine, de ne pas l’empoisonner par un excès d’industrie et d’exploitation de ses ressources naturelles. Préserver et respecter l’équilibre naturel étaient les maîtres mots de cette colonisation.

Ainsi, lorsqu’une nouvelle planète potentiellement habitable et ne nécessitant aucune biosphérisation était découverte, elle passait entre les mains de tous les scientifiques possibles et imaginables. Ils en étudiaient la faune et la flore pour en répertorier toutes les nouvelles espèces animales et végétales, les sols et leurs constitutions minérales, la composition atmosphérique et les possibles risques de contaminations virales. Ils observaient également des éléments moins évidents, comme les zones à risque pour les tempêtes, les crues, les incendies, mais aussi l’activité et le déplacement des plaques tectoniques ainsi que les activités volcaniques et sismiques. Oui, rien n’échappait - ou presque - aux examens minutieux de tous ces hommes de science.

Ce n’était donc qu’une fois les résultats dévoilés et les examens passés haut la main qu’une planète pouvait être colonisée. L’aventure pouvait enfin commencer.

La première étape était d’installer un premier gouvernement et une capitale avec son emplacement, son nom, sa taille, et son ascenseur orbital.

Pour Horizon, la capitale Etretat trouva son nom grâce au premier maire choisit par on ne sait qui. Il s’appelait Philippe Ancel, un français originaire de Normandie. C’était un homme instruit qui avait passé sa vie dans les bibliothèques et les musées, le nez plongé dans les vieilleries de la civilisation humaine. La blancheur de sa peau flétrit pouvait en témoigner. « Il faut avoir admiré la beauté des falaises d’Etretat au moins une fois dans sa vie pour comprendre que son nom ne pourra plus vous quitter. Ce n’est qu’à ce moment précis que nous pouvons comprendre que ce nom est en tout point parfait pour désigner le centre d’une planète aussi paradisiaque », avait-il proclamé lors de sa cérémonie de nomination. Toutes les personnes présentes dans l’assemblée avaient incliné la tête en applaudissant, et aucune d’elles ne savait précisément où se trouvait Etretat en France.

Etretat fut bâtit dans une vaste vallée plate entre les montagnes et la Mer de Buren. Située dans la zone tempérée septentrionale, son climat était parfait pour l’homme : des étés suffisamment chauds pour se baigner durant des mois et des hivers assez froids pour qu’une neige légère s’installe pendant plusieurs semaines. On construisit la métropole à l’embouchure du Fleuve Bergman - en hommage à un cinéaste suédois du XIXe siècle selon certaines sources - sur les deux rives opposées. En temps que capitale d’un « petit coin de paradis », Etretat se devait d’être grande et belle. On édifia alors la partie est de la ville avec ses hauts immeubles administratifs, ses grands boulevards perpendiculaires, ses parcs publics tranquilles et apaisants et son ascenseur orbital. Puis on leva trois ponts au dessus du Fleuve Bergman : au nord, le Pont des Ferrailleurs, nom populaire qu’il garda définitivement par la force des choses. Il était réservé aux convois des marchandises et aux trains. Le Santa Maria, immense pont de granite blanc, servait au passage des milliers de voitures que contenait la ville. Enfin, au sud, le troisième pont servait aux transports publics avec les bus et les tramways. Ce n’est qu’ensuite qu’on bâtit la partie ouest d’Etretat. Celle-ci contenait exclusivement les quartiers résidentiels - de quoi abriter près d’un million de personnes dans des conditions plus que confortables.

Au fil des années, d’autres villes sortirent de terre sur le continent nord, et il ne fallut pas longtemps pour que le continent sud trouve de nombreuses chaussures à son pied. Oui, Horizon devint rapidement une colonie phare et prospère dont le principal intérêt était l’agriculture.

Car en effet, Horizon débordait d’une nature généreuse et abondante. Sa rotation rapide autour de son étoile permettait aux plantes d’avoir des cycles de développement très rapides, si rapides que l’on pouvait faire jusqu’à deux ou trois récoltes par an. Ainsi, de vastes vallées furent cultivées afin de faire jaillir plus de céréales que sur tout autre colonie. Les champs de blé, de maïs, d’orge, de riz et de seigle et d’avoine d’étendaient à perte de vue entre la mer et les hautes montagnes. Et tout cela, bien sûr, selon les expertises et recommandations d’une pléthore de scientifiques qui pensaient mieux s’y connaître en agriculture que les agriculteurs eux-mêmes. Rapidement, Horizon devint l’un des cœurs de l’industrie agricole des colonies humaines. Chaque jour, des vaisseaux remplissaient leurs soutes avec des tonnes de graminées afin de les distribuer ensuite sur les mondes dans le besoin. Certains n’avaient qu’une faible demande tandis que d’autres - comme par exemple sur les rares planètes au climat quasi désertique - nécessitaient un apport prioritaire et très régulier. Dans de telles circonstances, le moindre retard ou déficit de production pouvait s’avérer dramatique. Et c’est ainsi que, en seulement quelques décennies, Horizon passa du statut de paradis bien réel à celui de source essentielle à la survie humaine et que, sans véritablement s’en rendre compte, les hommes avaient pollué Horizon par leur industrie et leurs besoins toujours plus grands et plus exigeants.


3. Fuite, refuge, révolution et blocus

Après être devenue une industrie parfaitement huilée et fonctionnant comme sur des roulettes, Horizon connut une période de trouble. Et oui, il fallait bien qu’à un moment donné les choses se passent mal, que la mayonnaise tourne, que la situation parte en sucette… bref, que l’UNSC se retrouve dans une situation embarrassante. Et pas qu’un peu.

Le début de la guerre contre les Covenants avait rapidement amené le trouble dans les colonies. Si, pour les Colonie Intérieures, la guerre n’était qu’un vague sujet médiatique se déroulant très loin de chez eux, il en était autrement sur les Colonie Extérieures, et particulièrement celles qui se trouvaient en périphérie de l’espace contrôlé par l’UNSC. Rapidement, des planètes se vidèrent de leur population, celle-ci fuyant une guerre qu’elle ne voulait pas subir et se réfugièrent sur d’autres colonies. Horizon fut évidemment l’une de ces destinations de repli forcé.

Cette situation, bien que non instiguée et gérée par l’UNSC, arrangeait malgré tout les huiles de la hiérarchie : la population se mettait à l’abris par ses propres moyens et de son propre-chef, il était donc inutile de perdre du temps et des ressources militaires dans cette histoire. Malheureusement, cela entraînait une bonne et une mauvaise conséquence : des planètes vides permettaient aux militaires d’avoir de plus grandes marges de manœuvres en cas de bataille, ils n’avaient pas besoin de se soucier des civils. Cependant, des planètes vides n’intéressaient pas les Covenants, dès qu’ils tombaient sur l’une d’elles et n’y voyait aucun festin pour leurs guerriers, ils repartaient et s’enfonçaient un peu plus profondément dans l’espace contrôlé par l’UNSC.

Ainsi, Horizon devint rapidement surpeuplée et complètement ingérable. Et la révolution pointa le bout de son nez sans préavis. Le gouvernement s’effondra, et Irving Forst en profita pour prendre le contrôle de la planète en seulement deux semaines. Ce fut suffisant pour que plus de la moitié de la population quitte Horizon pour un autre refuge. Si les réfugiés avaient quitté leurs planètes pour éviter une guerre, ce n’était pas pour tomber sur une révolution. La population locale fut rapidement du même avis.

Pour l’UNSC, Horizon était une ressource essentielle et vitale, elle était l’un des gros cœurs agricoles des colonies. Il était donc impossible de laisser une telle ressource aux mains des Rebelles. Il était impossible d’attaquer la planète de front, le nombre de civils encore sur place et de vaisseaux en partance de la planète rendaient la situation bien trop confuse. Alors l’UNSC adopta une mesure disciplinaire qui ne fit pas l’unanimité : ils envoyèrent une douzaine de vaisseaux former un blocus autour de la planète. Ainsi donc, les habitants de Horizon se retrouvaient immanquablement bloqués à sa surface, sans moyen d’y échapper. Les civils et autres devaient se débrouiller seuls et faire avec un gouvernement rebelle dont ils ne voulaient certainement pas.

Quoiqu’il en soit, cette décision fut très mal accueillie. Au lieu de récupérer une planète vitale, l’UNSC avait réglé la situation en confinant la planète… allez chercher l’erreur ! Par conséquent, certaines planètes se retrouvaient sans approvisionnement, et leur situation devint compliquée. Et malgré les réticences et les appels à la raison, les grands pontes ne voulaient rien entendre. Les gens devaient se débrouiller seuls, l’UNSC ne pouvait pas toujours être là, juste derrière eux à leur tenir la main. D’un côté, ce n’était pas totalement faux, on avait tellement pris l’habitude de s’en remettre à l’UNSC qu’on imaginait pas faire sans.

Et si cela arrivait…

CHAPITRE 2 : Rendez-vous orbital

Le Docteur Halsey se pencha en avant, à côté du pilote. La navette spatiale venait de quitter l’atmosphère de Reach et entrait aux portes de l’espace en direction de la station spatiale Aegis. Mince et bien formée, elle observait de ses yeux bleus clairs le voile ténébreux de l’univers qui s’étendait vers l’infini. Les étoiles scintillantes luisaient telles des joyeux précieux, attirantes et inaccessibles. Ici, tout était silence et éternité, l’univers semblait se complaire dans un ballet perpétuel d’immobilité que rien ne paraissait troubler. Elle recevait de plein fouet l’immensité énigmatique qui avait donné la vie à toute chose.

Le Docteur Halsey aurait voulu retrouver le confort aseptisé de son laboratoire sur Reach, là où elle se sentait définitivement en sécurité. Elle prenait conscience de la tension qui montait en elle. C’était une impression de nervosité qui la mettait sur le même pied que n’importe quel autre humain sur le point de vivre son baptême spatial. Pourtant, elle était loin d’en être à son premier vol. Non, cette tension venait d’autre chose… sûrement de cette rencontre vers laquelle elle se dirigeait en ce moment même.

Quoiqu’il en soit, elle était prête à affronter cette entrevue. Les vies de plusieurs de ses « enfants » étaient en jeux, et il n’était pas question pour elle de laisser faire l’administration de l’ONI et d’en disposer comme bon il leur semblait. Elle désapprouvait entièrement la mission pour laquelle ils étaient dépêchés.

Les moteurs principaux de la navette grondaient au rythme rapide d’un guêpe. Le Docteur Halsey s’étira langoureusement dans l’habitacle étroit du cockpit, ignorant les quelques paroles incompréhensibles que blablatait le pilote. Le cuir sombre de sa veste était parfaitement ajusté sur sa jolie poitrine. Elle n’était pas particulièrement belle, mais elle possédait assurément un charme auquel peu d’hommes semblaient résister. Ses cheveux noirs étaient coupés et coiffés avec précision et élégance. Se peau blanche était lisse, ses pommettes marquées. Les muscles de son coup et de son maxillaire dessinaient un froncement sévère.

Elle se tourna vers le pilote, qui montrait manifestement des signes de fatigue.

— Laquelle de ces stations est Aegis ? demanda-t-elle en levant le menton vers la vitre du cockpit.

Devant eux siégeaient, comme suspendus par magie dans le vide sidéral, une multitude de stations spatiales. Elles étaient là, inertes et immobiles, telles d’immenses jouets métalliques. Chacune était de taille et de forme différente, et chacune avait une fonction spécifique. La plupart d’entre elles appartenaient à l’UNSC, allant de la station médicale de recherche et développement à la station d’entraînement au combat en gravité zéro. Mais il fallait bien admettre que tout le monde ignorait la fonction de la plupart des stations spatiales militaires. Pourtant cela les rassurait, car avec un tel déploiement autour de la planète, il était impossible pour les Covenants d’envahir Reach. Et n’était-ce pas le principal ?

Quant aux rares stations orbitales appartenant au domaine du civil, seuls quelques privilégiés y avaient accès. Elles servaient de lieu de repos, de détente, avec parc, thalasso et centre de massage en tout genre. Quoi de plus normal en période de guerre ?

Le pilote, un jeune homme d’une vingtaine d’années au corps squelettique pointa du doigt une petite infrastructure sur la droite.

— La station Aegis est là-bas, derrière le In Amber Clad.

Le Docteur Halsey regarda dans la direction indiquée. Un croiseur de combat passa lentement entre deux CAM et, quand il fut passé, elle put contempler un peu plus loin la station Aegis. Elle avait la forme simpliste d’un « t » minuscule.

La navette ralentit légèrement, passa à côté du premier CAM et vira sous le second. Le Docteur Halsey bailla. La nervosité lui montait jusqu’aux bout des doigts où ses phalanges commençaient à se crisper dangereusement. Elle ne savait pas vraiment ce qui l’attendait, et ce genre d’inconnu n’avait rien d’excitant.

— Navette Alpha-7331, ici station Aegis, retentit une voix féminine dans le haut parleur de la navette. (Elle tirait vers le grave, sûrement un défaut de réglage, pensa le Docteur Halsey.) Vous entrez dans notre espace de contrôle. Continuez votre approche sur vecteur 2.0.0.3.

— Bien reçu station Aegis, fit le pilote, nous continuons sur vecteur 2.0.0.3. Arrimage en attente.

A présent, la boîte métallique qu’était la station spatiale humaine remplissait tout le champ de vision qu’offrait le cockpit. Le Docteur Halsey put alors constater aux reflets ternes des superpositions de plaques métalliques que la station n’était pas récente, comme elle l’avait supposé depuis le début. Elle avait sûrement été recyclée dans le plus grand secret par l’administration de l’ONI. Voilà pourquoi elle n’en avait jamais entendu parler. Elle referma subitement ses doigts raidis et les cacha instinctivement dans les poches de sa veste en cuir. Oui, elle sentait que quelque chose ne tournait pas rond, mais impossible de savoir quoi précisément.

Une série de voyants clignotant s’illuminèrent sur la console de navigation. Le pilote, dans une série de simples gestes mécaniques, appuya sur trois d’entre eux, abaissa doucement l’une des nombreuses manettes, entra un code d’identification sur la pavé numérique et appuya encore sur les trois premiers boutons.

— Code d’identification envoyé, station Aegis. En attente de confirmation.

— Bien compris, navette Alpha-7331. Code d’indentification reçu et validé. Demande d’arrimage accordée. Bienvenue à bord, Docteur Halsey.

Cette dernière phrase la surprit. Elle ne s’attendait pas à ce qu’une simple secrétaire ait connaissance de sa présence à bord de la navette, même si celle-ci travaillait pour l’ONI. Décontenancée, le Docteur Halsey essaya de cacher sa surprise en se renfrognant dans son siège. Le pilote, trop concentré à manœuvrer la navette, ne remarqua rien du tout.

La navette ralentit alors subitement. Elle se tourna en faisant un angle à quatre-vingt dix degrés sur sa gauche et s’arrima avec douceur au sas principal de la station Aegis. La secousse fut brève. Un sifflement venue de l’extérieur parvint aux oreilles du Docteur Halsey : on insérait une atmosphère dans le sas intermédiaire de la station.

Sans demander son reste et sans même adresser un regard ou le moindre remerciement au pilote, elle se leva et se dirigea en quelques pas vers le sas. Elle ouvrit la porte, passa un pied dans le sas, releva la tête et sursauta fébrilement.

Une femme se tenait devant elle. Grande, musclée, les épaules larges, un regard froid, elle toisait le Docteur Halsey de ses yeux vitreux. Apparemment, cette femme ne prenait pas beaucoup de temps pour trouver les bras de Morphée. Elle tendit aussitôt une main vers le Docteur Halsey et dit :

— Bienvenue Docteur, je suis heureuse de faire enfin votre connaissance. Je suis le Vice-amiral Serena Walsh, directrice de l’ONI.

Le Docteur Halsey ne répondit pas immédiatement, mais serra tout de même la main du Vice-amiral.

Ainsi donc, voici la remplaçante de Parangoski… J’espère au moins qu’elle possède un sens de l’humour plus développé. En tout cas, elle ne peut pas être aussi dangereuse que cette vieille pie hargneuse… Enfin, il faut tout de même que je m’en méfie, c’est Parangoski qui l’a recommandée. Elles doivent certainement jouer dans la même cours… alors autant rester prudente…

Le Docteur Halsey esquissa un maigre sourire et répondit :

— Heureuse également de faire votre connaissance, Vice-amiral. Et félicitation pour cette nomination au poste de directrice de l’ONI. Ce ne doit pas être au travail de tout repos, j’imagine.

— Non en effet. Cependant, je suis bien décidée à faire tout ce qu’il faut pour les choses soient bien faites.

— J’en suis sûre.

Et alors que le Docteur Halsey mettait le second pied dans le sas de la station Aegis, le Vice-amiral Serena Walsh leva la main pour lui demander de ne pas aller plus loin.

— Non, attendez, fit-elle sèchement. Je préfère que nous ayons notre petite discussion dans votre navette. Même si cette station est une propriété privée de l’ONI et que j’en suis la directrice, il y a bien longtemps que j’ai cessé d’accorder ma confiance, surtout aux hommes. Les langues se délient plus facilement que vous ne pouvez l’imaginer, Docteur.

Il était évident pour le Docteur Halsey que la nouvelle directrice de l’ONI possédait déjà un sentiment de paranoïa extrême. Ce qui confirmait sa première impression : même si cette femme n’avait pas - encore - la trempe de Margareth Parangoski, ce n’était pas une raison pour la sous-estimer. Chaque parole avait son importance, il ne fallait donc pas s’amuser à frôler les bords de la route, autrement c’était le dérapage garanti. Cependant, le Docteur Halsey n’était pas du genre à se laisser marcher dessus ou bien à garder pour elle ce qu’elle avait à dire. Cette discussion promettait donc d’être tout à fait passionnante.

Le Docteur Halsey ne sut pourtant quoi répondre, trop concentrée à essayer d’analyser cette nouvelle personnalité qu’elle voulait connaître le plus rapidement possible, et la seule chose qu’elle sut articuler fut :

— Ce n’est pas ma navette, madame le Vice-amiral. Mais je vous en prie, entrez donc.

Le Docteur Halsey se plaqua autant qu’elle le put contre le montant de la porte et laissa le Vice-amiral pénétrer dans la navette. Elle la suivit et se tourna aussitôt vers le pilote.

— Voudriez-vous nous laisser seules quelques minutes ?

— Bien sûr, madame.

Tandis que le pilote détachait son harnais et quittait la navette, Serena Walsh parcourut l’intérieur de l’appareil d’un regard panoramique. Elle ne dit rien. Le pilote passa dans le sas et referma la porte derrière lui. Le Docteur Halsey resta debout, ne lâchant pas Serena Walsh du regard.

— Dites-moi Docteur, les rumeurs qui circulent à votre sujet sont-elles fondées ?

Le Docteur Halsey, surprit par cette question, sentit une pointe de défi dans la voix de son interlocutrice. Elle sut d’instinct que cette conversation ne serait pas une franche rigolade entre copines. Non, ce serait plutôt un combat, une guerre où il fallait un gagnant et un perdant.

— Que dois-je comprendre ?

— On vous considère comme une personne froide et autoritaire, distante et renfermée, répondit Serena Walsh en prenant place dans l’un des rares fauteuils que contenait la navette. On parle même de vous comme d’une femme à moitié folle, faisant des expériences que tout le monde répugne à approuver.

— La première partie est certainement vraie et même bénéfique pour moi, cela me permet de garder une certaine tranquillité, répondit le Docteur Halsey en restant debout, bien en face de la nouvelle directrice de l’ONI. C’est vrai, qui s’amuserait à embêter une femme froide et renfermée ? Pour ce qui de la seconde partie, j’ignore si je suis folle, mais je suis sûre d’ une chose : bien plus d’une personne ont approuvé mes travaux, que ce soit sur les intelligences artificielles intelligentes ou sur les SPARTANS-II, car c’est sûrement à cela que vous faites référence, n’est-ce pas ?

Serena Walsh éclata d’un petit rire presque amical, voire compatissant. Apparemment, elle avait le sens de l’humour. Ce qui, dans un sens, réconforta un peu le Docteur Halsey. Au moins, elle ne prenait pas tout au premier degré.

— Je savais bien que vous me plairiez, fit Serena Walsh en se balançant de gauche à droite. Je ne prête aucune crédibilité aux rumeurs, je préfère confronter les personnes et me forger ma propre opinion. Je sais que vous n’appréciez pas particulièrement le Vice-amiral Parangoski. Et si cela peut vous rassurer, sachez que c’était réciproque. Cependant, vous devez savoir que je déteste cette femme certainement plus que vous, car c’est elle qui m’a tout apprit. Elle a fait de moi ce que je suis aujourd’hui. Malgré cela, c’était une femme exemplaire. Quoiqu’il en soit, et bien qu’elle fut l’une des personnes les plus détestées et les plus compétentes de l’UNSC, son héritage est encore très présent.

— Je suppose que vous parlez de vous ? Serena Walsh émit de nouveau un léger sourire qu’elle ne tenta pas de dissimuler.

— Si l’on peut dire. Nous nous connaissons depuis à peine cinq minutes, et je suis sûre que vous avez déjà une opinion toute forgée sur moi. Quoi de plus normal, nous sommes humains, après tout. Nous jugeons toujours avant de connaître. Et je dois dire que…

— Et si vous arrêtiez de tourner autour du pot, non ? la coupa alors le Docteur Halsey. Oui, j’ai déjà une opinion sur vous ; et oui, je ne vous fait pas assez confiance pour vous inviter à mon anniversaire. Vous m’appréciez ? Tant mieux pour vous, mais arrêtez alors de me prendre pour une bécasse déplumée. Allez droit au but. Nous sommes ici pour parler de la mission envoyée sur Horizon et de l’implication directe d’une de mes équipes SPARTANS-II sans que j’en sois informée. Il a fallu que je l’apprenne lors de tests d’espionnage informatique sur les serveurs de l’ONI.

Serena Walsh se raidit de tout son corps.

— Un test d’espionnage sur les serveurs de l’ONI ? Mais pour qui vous prenez-vous ?

Le Docteur Halsey ne se démonta pas. Elle se dressa de toute sa hauteur et laissa passer une lueur de fierté dans ses yeux.

— Disons qu’il me fallait un vrai défi afin d’éprouver un nouveau programme d’infiltration informatique sensitif. Alors quoi de mieux que les serveurs les mieux protégés de l’armée ? Mais passons cela. Que vous utilisiez mes Spartans sans mon autorisation, c’est une chose que j’accepte. Une mère ne peut pas toujours être derrière ses propres enfants. Cependant, je voudrais que vous m’expliquiez une chose : pourquoi les envoie-t-on sur Horizon ?

— Et pourquoi pas ? (Serena Walsh marqua une pause.) Je ne vois pas ce qui vous gêne dans cette décision, Docteur.

— C’est pourtant simple. Cette planète n’est tenue que par une petite bande de Rebelles. Les SPARTANS-II n’ont pas été conçu pour affronter ces imbéciles idéalistes armés de couteaux et de pistolets !

— Vous voulez parler des Covenants, n’est-ce pas ?

— Exactement ! lança le Docteur Halsey en haussant la voix. (Puis elle sentit la nervosité accumulée atteindre un seuil critique et s’emporta.) Au lieu de les envoyer sur le front botter le cul de ces bestioles violacés, vous les réquisitionnez pour une simple mission contre des Rebelles ? C’est un véritable gâchis de compétences et de prouesses technologiques ! Il n’est pas étonnant qu’avec de telles décisions, nous soyons dans la merde jusqu’au cou !

Le Vice-amiral n’avait pas bougé d’un iota. Pas même un clignement de paupière. Elle fixait le Docteur Halsey d’un regard qui n’était pas aussi vide qu’il paraissait. Elle attendit quelques secondes et dit doucement :

— Vous avez entièrement raison. Mais je ne pense pas que ce soit le gâchis de leurs compétences qui vous agace le plus, Docteur. En fait, tout ceci est personnel et n’est tourné que sur vous. Vous prenez cela pour une insulte à votre travail, au Graal de votre vie. Et vous ne le supportez pas. Pourtant, si je ne m’abuse, c’est exactement pour cela que les SPARTANS-II ont été conçus à la base : combattre les Rebelles afin de ramenez la paix aux seins des colonies.

— Effectivement, je ne peux le nier, admit le Docteur Halsey qui semblait reprendre le contrôle d’elle-même. Mais la donne a changé. Combattre les Rebelles n’est qu’une franche rigolade comparée aux Covenants. Je ne dis pas que nous devons oublier la menace que représentent ces insurgés, mais je pense que nous devons nous concentrer sur notre problème majeur.

— Et c’est exactement ce que nous faisons, répliqua Serena Walsh en croisant les mains sur son ventre. Elle semblait plus détendue que jamais, et cela ne faisait qu’accroître la tension qu’emmagasinait le Docteur Halsey.

— Permettez-moi d’en douter.

— Alors laissez-moi vous expliquer, Docteur, fit Serena Walsh en s‘enfonçant dans son siège. Tout d’abord, je ne suis pas d’accord avec vous sur le fait que les Covenants soient notre principale menace. Au contraire, je pense qu’il s’agit de nous même. Notre civilisation est divisée entre les mondes unifiés sous la bannière de l’UNSC et ceux qui ont choisi de s’y opposer. Et toute division est un laissez-passer pour la défaite. Alors expliquez-moi comment une civilisation divisée comme la notre peut espérer vaincre un ennemi aussi puissant que les Covenants ? Quelles chances avons-nous face à eux alors que nous ne sommes même pas en mesure de régler nos propres problèmes ? Cela fait près de vingt ans que nous sommes en guerre contre les Covenants, et malgré nos dissensions internes, nous avons réussi à survivre tout ce temps. Et je pense qu’il est temps d’arrêter de survivre. Il faut que les hommes s’unissent une bonne fois pour toute contre les Covenants.

Le Docteur Halsey prit cinq minutes afin d’y réfléchir. Rapidement, elle en conclut que Serena Walsh n’avait pas complètement tord. Au contraire, elle était plutôt dans l‘évidence même.

Si l’humanité n’arrivait pas à se dépasser, à se transcender, comment osait-elle espérer pouvoir vaincre les Covenants ? Les Marines, même en nombres suffisants, ne réussissaient que rarement à prendre le dessus sur l’ennemi, et les SPARTANS-II, malgré leurs nombreuses victoires, n’étaient pas des produits fabriqués à la chaîne et leur petit nombre ne faisait que décroître fatalement. Cependant, est-ce que le fait d’ajouter à l’équation une bande d’idéaliste reconvertit sur le tas suffirait à faire pencher la balance de l’autre côté ? Rien n’était moins sûr. Mais comme le disait un vieux diction terrien : comment savoir avant d’avoir essayé ?

Face aux Rebelles, le Docteur Halsey était persuadée qu’une bonne diplomatie pouvait régler le problème. Mais les huiles de la hiérarchie, trop désireuses d’obtenir le moindre résultat en un temps record, préféraient se servir de leurs flingues plutôt que de leurs cervelles. Une coutume vieille comme le monde. Voilà pourquoi on envoyait les Spartans sur Horizon : mettre rapidement un terme au règne du leader séparatiste Irving Frost.

Tout cela dans quel but ? Récupérer les vaisseaux de l’UNSC stationnés autour de la planète et qui participaient à un blocus commercial. Malheureusement, Horizon étant une planète des plus fertiles et se suffisant donc à elle-même, cette opération n’avait été qu’une grossière erreur, car ce blocus signifiait moins de céréales et de matières premières pour l’UNSC. En gros, l’UNSC se privait d’un de ses cœurs économiques tout en n’imposant aucune contrainte réellement menaçante pour les Rebelles. Allez chercher l’erreur…

Quoiqu’il en soit, le Docteur Halsey se disait que le fin rapide de ce blocus n’était pas une si mauvaise idée. Il y aurait ainsi plus de nourriture et de vaisseaux réquisitionnés pour la guerre et moins de Rebelles. Cela avait tout de la solution parfaite. Le seul point qui faisait tâche, c’était l’équipe de Spartans. Pour être une solution radicale, elle était radicale. Il n’y aurait aucune négociation. Cette mission avait tout du grand nettoyage à l’eau de javel. Simple, net, rapide et efficace. Rien de plus.

Elle se demandait seulement si ceux qui avaient pondu cette mission se rendaient compte d’une chose : tous les habitants de Horizon n’étaient pas des Rebelles. La plupart des gens avaient été contraints de rester sur la planète à cause du blocus. Et avec le genre de mission qui se profilait, les pertes civils pouvaient être affolantes. Si, à la base, les SPARTANS-II avaient en effet été conçu pour être la mesure suprême face aux Rebelles, ils n’avaient jamais été réellement confrontés à ce genre de situation. Ils ne connaissaient que les Covenants au bout de leurs viseurs ; dans cette situation, il n’y avait pour ainsi dire aucun civil à épargner ou bien à protéger. Sur Horizon, tout serait différent. Mais elle avait une entière confiance en ses « gosses ». Elle savait qu’ils ne la décevraient pas.

Le Vice-amiral Serena Walsh sourit une fois de plus. Le Docteur Halsey comprit qu’elle venait de lire à travers elle, devinant qu’elle commençait à comprendre ses motivations… et à être d’accord avec elle. Finalement, le Docteur Halsey n’avait plus besoin de parler.

Serena Walsh se leva lentement, lissa ses habits raides à l’aide de ses mains et dit :

— Je savais que vous finiriez par comprendre.

Fière, elle quitta la navette en silence, laissant le Docteur Halsey à ses méditations.

Le Docteur Halsey avait cependant eu raison sur un point : cette conversation avait été une guerre, une guerre de réflexion. Et elle venait de perdre.


CHAPITRE 3 : Crimson Team

Cette nuit là, il n’y avait aucune étoile dans le ciel. Ce n’était qu’une peinture quasi uniforme de lourds nuages ténébreux et orageux. Au loin, on percevait de temps à autre la lueur fugace dégagée par l’apparition soudaine d’un éclair. Quelques secondes plus tard, un rugissement emplissait l’air et le faisait trembler. Oui, l’air avait quelque chose de vraiment électrique cette nuit-là, comme si la moindre étincelle pouvait déclencher un chaos sans précédant.

Et cette odeur, ce pressentiment, Théo le ressentait parfaitement.

Tranquillement allongé dans les herbes hautes au sommet de la crête, il scrutait le lointain à l’aide d’une paire de jumelles. De chaque côté ne siégeaient que d’imposantes montagnes dont les contours se fondaient entièrement à la noirceur de la nuit. Elle étaient tellement hautes et proches que, même en plein jour, lorsqu’on les regardait depuis la vallée, elle paraissaient s’étaler dans les cieux sans s’arrêter. Ainsi, si l’ennemi avait l’intention de se pointer, il n’avait qu’un seul accès pratique : l’entrée nord de la vallée.

Théo régla la vision infrarouge de ses jumelles et agrandit son angle de vue afin d’acquérir plus de netteté. Mais c’était peine perdue, la pluie qui crachinait depuis plusieurs jours sur le continent nord de la planète Sargasso brouillait la vision de nuit. Théo se concentra néanmoins autant qu’il le put afin de distinguer les formes qui se dessinaient malgré tout dans ses jumelles.

Lentement, la pluie ruisselait sur son armure MJOLNIR. Il resta ainsi un bon quart d’heure, puis il abandonna et se retourna. Derrière lui se tenait, au creux d’une petite vallée encaissée, une centre de recherche de l’UNSC qui dépassait à peine du sol. Si l’on avait pas le sens du détail, cela ressemblait de loin à une simple grange. Mais en réalité, l’installation était souterraine et s’enfonçait profondément sous les montagnes environnantes.

Théo activa la liaison COM privée avec Desmond et dit :

— Desmond ? Tu me reçois ?

La friture remplissait le canal radio, mais il finit par distinguer la voix de son chef d’équipe.

— Difficilement, répondit Desmond. C’est sûrement dû aux interférences magnétiques de l’installation. Alors, quel temps fait-il là-haut ?

— L’orage approche. Toujours rien. Et vous, ça avance ?

— Doucement. Le Professeur Amarak est en train de désactiver les protocoles de sécurité secondaire. Mais j’ai peur que la solitude lui ait un peu grillé le cerveau.

— Comment ça ?

— Et bien, disons… qu’il n’a plus toute sa tête. En tout cas, on fait aussi vite que possible.

— Combien de temps ?

— Une demi-heure. Au moins.

— Parfait. Terminé.

Théo éteignit la liaison COM et en revint à ses jumelles. Après une longue observation de l’entrée nord de la vallée, il en vint à la même conclusion que précédemment : il n’y avait rien.

Finalement, les Covenants ne nous ont sûrement pas vu arriver sur la planète. Coup de bol… pour une fois. S’ils pouvaient garder leur petits culs violacés là où ils sont…


__________


Eddy tournait en rond dans la salle des serveurs depuis au moins vingt bonnes minutes, et il n’était décidément pas prêt de s’arrêter. L’attente… un mot qui ne faisait pas partie de son vocabulaire. Eddy n’était apparemment né que pour une seule chose : se battre. Voilà pourquoi, lorsqu’il n’était pas en mission, on ne pouvait le trouver qu’à un seul endroit : la salle de sport, et plus particulièrement sur le ring. Mais il fallait bien admettre une chose. Eddy avait une telle force que peu de personne à part Desmond n’osait l’affronter. Il le faisait plus par amitié que par envie, il fallait bien le dire. Et à chaque fois, Desmond perdait lamentablement, ce que faisait toujours rire Eddy. Il aimait se savoir fort, puissant. C’était sa force, la source de toute son énergie.

Eddy arriva une fois de plus au bout de la pièce et fit demi-tour. Arrivé au milieu, il s’arrêta devant Eileen. Elle était tranquillement assit sur le sol, appuyée contre une énorme caisse qui supportait miraculeusement son poids.

Toute la pièce, qui avait la taille d’une terrain de football, n’était remplie que de serveurs informatiques et d’ordinateurs. L’éclairage blafard des néons accentuait le côté métallique et froid qui se dégageait de tout cet attirail électronique.

Desmond, qui était aux côtés du Professeur Amarak, s’avança alors vers eux.

— Je viens d’avoir Théo, rien à signaler pour le moment. A priori, les Covenants n’ont pas détecté notre arrivée sur Sargasso.

— Est-ce qu’il en est sûr ? demanda Eddy d’une voix très grave.

— Autant qu’il puisse l’être, répondit Desmond en se posant devant eux. Malheureusement, on est loin d’avoir fini, et les Covenants peuvent se ramener n’importe quand. Alors restez en alerte.

— Et le professeur ? fit Eileen en relevant la tête vers lui. Est-ce qu’il s’en sort ?

Tous les trois se tournèrent vers lui. Le Professeur Joseph Amarak, assit sur une fine chaise en acier, leur tournait le dos, penché sur un écran d’ordinateur qui l’absorbait depuis plus d’une heure. Lentement, il faisait ce pourquoi il était ici, et rien ne semblait le déranger, pas même la présence des SPARTANS-II qu’ils considéraient comme de véritables anges-gardiens.

— Je pense que oui, répondit Desmond. Même s’il lui manque visiblement une case, je pense qu’il sait ce qu’il fait.

— Vaudrait mieux… marmonna Eddy. C’est quand même lui le directeur de ce projet militaire secret. Il t’a dit ce qu’il trafiquait ici ?

— Non, et je ne veux pas le savoir, fit Desmond en tripotant sa ceinture de munitions. Cela ne nous regarde pas. On nous a envoyé ici afin de récupérer les données du serveur principal et de détruire cette base avant d’extraire le Professeur. Rien de plus.

— Je suis d’accord, cependant, quelque chose cloche, affirma Eileen. Le Professeur Amarak est connu pour ces travaux en mécanique quantique et l’énergie du vide. C’est à lui qu’on doit notamment les dernières grandes innovations des moteurs à Sous-espace.

Eddy et Desmond la regardait, sans bouger, attendant qu’elle leur explique le fond de sa pensée. Eileen avait une intelligence débordante et une mémoire fulgurante. Dans certains domaines, elle était aussi compétence qu’une intelligence artificielle de base. Malgré tout, elle restait un très bon soldat aux reflets surprenants.

— Où veux-tu en venir ? finit par demander Desmond.

— Et bien, je me demande juste ce qu’il fait ici, enfermé depuis près de vingt ans dans un laboratoire secret à quarante mètres sous terre. Cela n’a aucun sens.

Et cela n’en avait pas plus pour Desmond et Eddy. Apparemment, Eileen avait mis le doigt sur quelque chose qu’eux-mêmes n’arrivaient pas à cerner. Cependant, Desmond avait une entière confiance en l’intelligence d’Eileen, et cette considération étrange qu’elle manifestait piqua sa curiosité. Il rangea cette pensée dans un coin de son esprit et changea de sujet.

— J’ai reçu un rapport du Sergent Tyles il y a quinze minutes. Ils ont perdu Jasmina et se sont repliés à Tiragounn. Il faut croire que les Covenants offrent un joli spectacle en ville. Malheureusement, ils ne tiendront pas longtemps.

— Et s’ils ne tiennent pas jusqu’à ce que nous ayons terminé notre mission, les Covenants auront un accès libre et directe à cette vallée, en déduisit Eddy.

— Oui, je sais, en convint Desmond. Mais nous n’avons pas vraiment le choix. Nous devons récupérer ces données avant de tout détruire.


__________


La pluie s’était transformée en un véritable déluge, mais pour Théo, les formes arrondies et floues qui volaient en formation serrée au-dessus de l’entrée nord de la vallée ne pouvaient pas appartenir à l’armée. Il en était sûr.

Il alluma la liaison COM de l’équipe et dit :

— Je crois qu’il y aura plus de monde que prévu à la fête, les amis, annonça-t-il.

— Combien ? demanda Desmond.

— D’après ce que je peux voir, quatre transporteurs Spirit et une dizaine de Banshee, fit Théo en regardant une fois de plus dans ses jumelles. Ils se sont préparés pour une attaque au sol.

— Ça va leur faire tout drôle quand ils verront que l’installation est souterraine, lança Eddy dans un demi-rire.

— Oui, mais cela ne change rien. Il faudra bien que nous sortions à un moment ou à un autre, commenta Eileen.

— Exact, marmonna Desmond. Bon, je crois qu’on a pas le choix. On va devoir se battre, alors autant le faire là où ils ne se sont pas préparés à le faire. Théo, reviens à la base. Tu resteras à l’entrée avec Eddy, histoire de les attirer à l’intérieur. Une fois qu’ils y seront, on les canardera facilement dans les couloirs. Eileen, je sais que tu as reçu l’ordre de ne pas toucher aux ordinateurs de la base, mais tu vas devoir le faire.

— Tu veux que j’aide le Professeur à accélérer le mouvement ?

— Exactement. Fini les contraintes, on a plus le temps de s’amuser.

— Bien compris, lança-t-elle tout excitée.

— Reçu, firent Eddy et Théo.

— Alors au boulot.


__________


Desmond coupa la liaison et, alors qu’il se dirigeait rapidement vers le Professeur Amarak, Eileen le devança et s’assit à côté du vieux savant avant de se mettre à pianoter rapidement sur un clavier.

Pour la première fois depuis le début de la mission, Desmond regarda réellement le vieil homme. Joseph Amarak était un homme de grande stature et encore bien bâtit pour son âge. De courts cheveux blancs parcourait un crâne qui avait tendance à se dégarnir. Ses yeux verts étaient encore pétillants d’une jeunesse qui semblait se débattre encore dans ce corps meurtri par le temps. Et malgré son état mental décadent, il paraissait posséder encore toute son intelligence, chose pour le moins surprenant.

— Professeur, il faut vraiment que vous m’aidiez. Ses grands yeux s’agrandirent davantage et un sourire béant remplit le bas de son visage.

— Ah ? Vous désirez entretenir un comportement altruiste ? Déconcerté, Desmond ne sut quoi répondre.

— Euh… oui, si vous voulez. Mais je…

— Le comportement altruiste sera choisi de préférence quand k>1/r, k étant le rapport profit du bénéficiaire sur coût pour l’altruiste, et r le coefficient de relation entre l’altruiste et le bénéficiaire ou la somme des bénéficiaires. Dans la version classique de la théorie, r est la proportion de gènes identiques chez deux individus ayant une ascendance commune. Mais que se passe-t-il si l’ascendance commune signifie le même phylum ou le même ordre ? Et si r n’était pas fonction de l’ascendance mais d’une communauté d’intérêt ? Oui, j’ai toujours trouvé les sciences sociales sans intérêt !

Même dans son impatience, Desmond n’avait pu trouver le courage d‘arrêter le discours du professeur. Décidemment, il détestait ce sentiment qu’on nommait pitié. Il saisit le bras du Professeur sans trop le serré de peur de le broyer comme un fétu de paille.

— Professeur ! Je n’ai pas le temps de jouer aux devinettes ! Nous avons un problème des plus sérieux. Alors faites-moi le plaisir de vous dépêcher. Récupérez-moi ces données. (Il fit un rapide mouvement de la tête vers sa coéquipière) Eileen, comment ça se présente ?

Eileen semblait arrêtée en une position statique d’où personne ne pouvait la tirer. Seules ses doigts dansaient au-dessus des touches dans un balais si rapide que Desmond avait du mal à percevoir distinctement tous leurs mouvements.

— Ce système est incroyablement complexe. Mais pas inviolable. Heureusement que l’I.A. n’ait plus présente dans le système…

— Je prends ça pour une bonne nouvelle. (Desmond se tourna à nouveau vers le Professeur Amarak) Professeur, il faut vraiment récupérer ces données.

Une lueur parcourut les yeux du vieil homme. L’instant d’après, l’incroyable sourire que formait ses lèvres disparut. Desmond comprit qu’il venait de reprendre ses esprits, si tant est qu’il les ai perdu à un moment.

— Professeur… les données, insista Desmond.

— Oui ! Oui, bien sûr.

Et le Professeur Amarak se replaça devant son ordinateur et continua l’extraction des données.


__________


Théo dévalait la pente de la crête avec la rapidité et l’agilité d’un félin, ses pieds semblaient à peine toucher le sol et il volait presque au-dessus des touffes d’herbes jaunies devenues glissantes par la pluie. Quelques secondes plus tard, il traversa la vallée encaissée et arriva à l’entrée du petit bâtiment.

Les portes s’ouvrirent et laissèrent passer une énorme masse aux contours anguleux et aux reflets ternis. Eddy s’approcha de Théo et lui asséna une petite tape amicale sur l’épaule gauche.

— Alors, pas trop mouillé ? lui demanda-t-il en levant les yeux vers le ciel, comme s’il espérait déjà apercevoir les vaisseaux Covenants en approche.

— Comme un coq en pâte, répondit nonchalamment Théo, même si l’expression ne convenait pas vraiment à la situation. Ils seront bientôt là, alors mettons-nous en position.

Un bruit sourd retentit subitement derrière la colline. Théo et Eddy se retournèrent et eurent à peine le temps d’apercevoir un éclair bleuté, suivit d’un lourd silence. Soudain, une boule de feu blanchâtre dépassa la crête, décrivit un lent arc de cercle dans le ciel noir et larmoyant, puis s’écrasa violemment à quelques mètres devant les deux Spartans.

— Et bien on dirait que la fête commence plus tôt que prévu, commenta Eddy. Je crois que tu as oublié de mentionner le ou les chars Apparitions dans ton rapport…

— Oui. J’avais les yeux tellement rivés dans le ciel que j’en ai oublié le sol.

— Ne dis pas ça au chef, le prévint Eddy, ou bien tu vas te prendre une raclée.

— Ne t’inquiète pas, on aura qu’à lui dire qu’ils sont arrivés après.

— Si tu le dis !

Eddy s’empara d’une des lourde portes métalliques de l’entrée, l’arracha délicatement de ses gonds et la posa au sol sur la longueur afin de former une barricade temporaire. Tous deux s’accroupirent derrière, positionnèrent leurs fusils d’assaut en posant un coude sur le montant de la porte, visèrent le sommet de la crête, et attendirent.

Un seconde boule de plasma lumineux se dessina dans la nuit et vint exploser juste devant eux. L’onde de choc fit vibrer l’air et le sol dans un déluge harassant de débris. Mais les Spartans ne cillèrent pas d’un pouce. Ils attendaient, prêt à accueillir leurs vieux amis avec la plus grande distinction dont ils pouvaient faire preuve.

Une masse violette apparut sur le crête. Un char Apparition avança un peu, s’arrêta afin de se stabiliser et propulsa une autre salve de plasma. Cette fois-ci, l’obus étincelant éclata sur le mur du complexe. L’explosion qui suivit éventra la moitié de l’édifice. Des vagues ondulantes de flammes rougeoyantes dansèrent dans l’obscurité, l’éclairant fugacement d’une lueur ironiquement chaude et réconfortante.

Sur le haut de la colline, les troupes Covenants se déployèrent rapidement et chargèrent. Des masses de Grunts et de Jackals descendaient la colline en poussant des hurlements stridents. Derrière eux, des Elites dévalaient la pente en prenant soin de rester à couvert derrière les troupes ridicules qui leurs servaient de chairs à canon.

Eddy et Théo ouvrirent le feu. La vague formée par la pluie de balle rencontra celle créées par les tirs de plasma. Un déluge insensé de métal et de boule en fusion tachèrent l’espace entre les deux groupes ennemis. Les balles sifflantes qui arrivaient à passer déchiquetèrent les Grunts et éclatèrent sur les boucliers des Jackals. Quant aux flasques lumineuses de plasma, elles explosèrent sur les murs de l’installation et sur la porte couchée qui servait de barricade sommaire. Le blindage de la porte fondait lentement en créant des aspérités qui se transformaient ensuite en trous béants.

— Vite, on doit se replier ! hurla Eddy.

— Pas encore ! Ils doivent s’approcher encore si on veut les attirer à l’intérieur !

Eddy se résolue aux paroles de Théo. D’ailleurs, au fond de lui, cela ne le dérangeait pas vraiment de flinguer quelques têtes de poulpes supplémentaires.

Ils vidèrent encore deux chargeurs et une vingtaines de Grunts et de Jackals s’écroulèrent sur le sol, troués et ensanglantés. Un nuage de fumée s’était formé sur le champs de bataille, et à présent les Elites restaient en arrière, cachés dans l’épais nuage grisâtre qui s’étendait sur la vallée.

— Les lâches ! Ils se planquent derrière la fumée !

Mais rapidement, leurs formes massifs se dessinèrent dans le brouillard. Eddy et Théo reculèrent dans le couloir d’entrée de l’installation tout en continuant de tirer. Les balles ricochaient sur les boucliers étincelant des extraterrestres, se dispersant dans les airs en volant en éclat. Les Elites avançaient inexorablement vers l’entrée du complexe.

Les chargeurs étaient vides. Eddy et Théo abaissèrent leurs fusils d’assauts dont l’extrémité des canons était rougeoyante comme la braise. Théo dégoupilla une grenade et la balança nerveusement contre le mur de l’entrée.

— Tenez, un cadeau de bienvenue !

La grenade ricocha sur le mur de droite puis sur celui de gauche avant d’arriver entre les jambes des deux premiers Elites qui franchissaient l’entrée.

La grenade explosa.


__________


Une onde de choc fit trembler la salle des serveurs et un bruit sourd, venu de la surface, parvint jusqu’au oreilles de Desmond et d’Eileen.

— La fête a commencé, on dirait, marmonna Eileen sans relever la tête de son écran d’ordinateur. J’y suis presque. Il ne reste plus que les dernières sécurités tertiaires.

— On perd trop de temps…

Desmond se pencha une fois de plus sur le Professeur Amarak qui pianotait encore et toujours sur le clavier de l’ordinateur central du centre de recherche.

— Professeur, vous devez faire vite. Les Covenants sont là. Ils ne vont pas tarder à arriver. S’ils pénètrent trop profondément dans l’installation, nous ne pourrons plus sortir. Et si cela arrive, je serais obligé de détruire ce complexe, même si nous sommes encore à l’intérieur.

Le Professeur Amarak cessa subitement de taper. Il leva la tête vers Desmond et lui sourit une nouvelle fois. Malgré le danger qui se trouvait juste au-dessus d’eux, il ne semblait pas effrayé. Au contraire, il paraissait plus paisible que le premier de tous les cadavres du monde.

— Vous êtes jeune. Il vous reste encore beaucoup de chose à apprendre, mon garçon.

— Comment ça ? Qu’est-ce que vous voulez dire ?

— Une issue. Il y a toujours une issue. Qu’elle soit physique ou spirituelle, l’évasion est une constante inébranlable que même nos plus fervents ennemis ne peuvent nous enlev…

— Ecoutez, je crois que vous ne comprenez pas ce que j’essaie de vous dire…

— Oh non, c’est vous qui ne comprenez pas la portée de mon travail. Je suis sûr que vous ne comprendrez pas un mot de ce que je vous dis, si je vous parlais de déplacement quantique instantanée, d’énergie du point zéro, ou encore de modification de la permittivité du vide. Mais ce dont je suis également sûr, c’est que mes recherches, tout ce qui se trouve ici, tout ce sur quoi j’ai travaillé ces vingt dernières années, nous aiderons à sortir de cette situation quelque peu embarrassante.

— Si c’est le cas, alors je suis tout ouïe, fit Desmond à bout de nerf.

— Très bien. Alors dites-moi ce que vous savez sur la téléportation.

CHAPITRE 4 : Le Professeur Amarak, l'espace et le temps

Les grilles de l’ascenseur secondaire s’ouvrirent dans un bruit strident, et la pièce devant eux s’éclaira de la même lumière blafarde si caractéristique du centre de recherche. Le Professeur Amarak avait conduit Desmond et Eileen au niveau quarante deux, le plus bas du complexe.

— Venez, c’est par ici, dit-il en sortant de l’ascenseur et en les précédant dans un large couloir. C’est ici que se trouve le cœur de mes recherches, l’aboutissement d’une longue série d’erreurs et d’échecs qu’il m’a été difficile de surmonter. Mais vous savez, il ne faut jamais renoncer à une chose qui nous tient réellement à cœur, même si vous êtes convaincu qu’elle sera peut-être considérée par certains comme contre-nature.

Les Spartans ne comprenaient pas ce qu’insinuait le Professeur. Mais au ton grave qu’il avait employé, ils se doutaient que cela ne présageait rien de bon. Qu’avait réellement accompli le Professeur ? Pourquoi pourrait-on considérer ses travaux comme contre-nature ? Bien qu’il n’en ait jamais eu la preuve, Desmond savait pertinemment que les militaires étaient à l’origine de bons nombres de projets scientifiques que la plupart des gens désapprouverait pour des raisons aussi diverses et variées que l’éthique ou la religion. D’ailleurs, le programme SPARTAN-II qui l’avait vu naître n’était pas entièrement conforme aux principes élémentaires de l’éthique. Si l’on venait à apprendre que l’on enlevait des enfants pour en faire des cobayes tout en les remplaçants par des clones, on imagine facilement les vives réactions que cela provoquerait.

Le couloir prit fin et s’ouvrit alors devant eux une immense salle qui semblait s’éclairer lentement d’elle-même d’une lumière étrangement plus diffuse. Stupéfait de ce qu’ils avaient sous les yeux, les deux Spartans s’arrêtèrent net.

La pièce était remplie d’objet en tout genre, le tout entreposé dans le chaos le plus complet. Cela ressemblait étrangement à un grand placard où l’on bazarde tout ce dont on ne se sert pas quotidiennement. Le fouillis était tel qu’Eileen et Desmond avait du mal à tout discerner. Mais leurs regards se fixèrent sur certains éléments en particulier : des piles d’oscilloscopes et d’autres appareils de mesure sur la gauche ; un entassement de cages vides sur la droite ; dans un coin, un amoncellement de barres cuivrées et, un peu plus loin, une forêt de câbles électriques qui parcourait le sol de la pièce, partant d’un générateur encastré dans un mur et connectée à une grande plaque circulaire au centre de la salle. Autour de celle-ci se dressait une paroi étrange qui servait de mur sur les trois quart du pourtour. Si les Spartans pouvaient qualifier la paroi d’étrange, c’était parce qu’ils en ignoraient sa composition, elle ondulait d’elle-même comme des vagues à la surface de l’eau, changeant fugacement de nuance au fur et à mesure que les ondulations arrivaient à un bord et repartaient dans l’autre sens. Il y avait quelque chose d’improbable, d’irréel. D’ailleurs, ils en vinrent à une question élémentaire : la paroi existe-t-elle seulement ? Rien n’était moins sûr.

— Voilà, nous y sommes, fit le Professeur Amarak en s’arrêtant devant l’étrange appareil. Voici le Télépod.

— C’est ça, votre téléporteur ? demanda Desmond en s’avançant doucement vers la machine.

Son regard ne quittait pas le surface délicatement mouvante de la paroi entourant le dispositif. Ses fluctuations étaient hypnotiques. Arrivant finalement à en détacher le regard, il parcourut attentivement le reste de la machine et se dit que tout ceci relevait peut-être de la pure fiction… ou de la pure folie. Après tout, cette machine n’était qu’un prototype.

— C’est exact, confirma le savant. C’est le Télépod de départ.

— Excusez-moi de vouloir changer de sujet Professeur, intervint Eileen, mais vous avez parlé d’application en stratégie militaire. Vous pourriez nous en dire plus ?

— Oh, bien sûr, fit le Professeur tout excité. (Apparemment, il était heureux de pouvoir partager les prouesses de son travail avec quelqu’un d’autre que les hauts gradés militaires qui n’y comprenaient rien et les quelques scientifiques qui travaillaient avec lui.) A la base, les militaires voulaient utiliser la téléportation afin de transférer des ogives nucléaires directement à l’intérieur des vaisseaux Covenants. C’est ça, l’idée de départ. Bien sûr, rien ne se passe réellement comme prévu. Une fois le processus basique de la téléportation viable, il a fallu faire face à quelques difficultés supplémentaires.

— Comme ?

— Tout d’abord, téléporter une ogive nucléaire ou bien tout autre objet sans Télépod d’arrivée pose d’énormes soucis quant à la stabilité du flux de transfert et, bien sûr, la reconstitution de l’objet d’origine. De plus, il fallait tenir compte des boucliers Covenants qui interfèrent grandement avec le flux de transfert. D’ailleurs, c’est un problème que nous n’avons toujours pas résolu.

— Donc, si j’ai bien compris, fit Eileen, votre projet est viable. Vous êtes capable de téléporter un objet et même un être vivant entre deux Télépods ?

— Tout à fait.

— Alors où est le Télépod d’arrivée ?

Le Professeur Amarak sourit jusqu’aux oreilles et croisa les mains sur son ventre. Ses yeux s’illuminèrent d’une lueur plus vive, comme électrisée par un secret qu’il ne pouvait garder plus longtemps.

— C’est là toute la beauté de la chose ! s’exclama-t-il. Il n’y a plus de Télépod d’arrivée ! J’ai passé ces dernières années à résoudre ce problème plus qu’épineux, et j’ai enfin réussi ! Il m’est maintenant possible de téléporter n’importe quoi n’importe où. Bien sûr, la distance reste un facteur contraignant, il m’est impossible, par exemple, de vous téléporter d’ici jusque sur Terre.

— Fascinant, murmura Eileen.

Elle s’approcha d’un pas vive vers la machine et l’examina attentivement dans le plus grand silence. Eileen avait toujours été la tête pensante de l’équipe, celle qui pouvait mettre au point d’imparables stratégies, celle qui pouvait aussitôt comprendre le fonctionnement d’un engin complexe. Un jour, Eileen avait été capable de démonter et remonter une arme les yeux bandés, et cela sans même l’avoir vu auparavant et en moins de temps qu’il n’en avait fallu à Desmond pour citer ses caractéristiques. Sa mémoire photographique et analytique leur était souvent d’une grande aide, sans compter sur sa connaissance de la technologie Covenant qui était sans égale (à part le Docteur Halsey, bine sûr). Plus d’une fois, Desmond s’était dit que, sans elle, ils seraient morts depuis bien longtemps.

— Professeur, intervint Desmond, vous avez parlé d’une issue de secours en nous faisant descendre ici.

— Oh… oui, je me souviens.

Le Professeur Amarak tendit alors la main vers le Télépod, et il fallut moins d’une seconde à Desmond pour comprendre que ses craintes étaient justifiées.

— Vous plaisantez, j’espère.


__________


Eddy et Théo se relevèrent péniblement. Leurs muscles étaient tendus, et leurs sens brouillés. Un sentiment fugace de désorientation passa à travers eux puis disparut aussi vite qu’il était apparu. Une fois debout, ils regardèrent, silencieux, ce qui restait de la structure.

Le système électrique avait sauté, il était donc difficile d’y voir quelque chose dans ce brouillard d’obscurité et de poussière. Mais cela était amplement suffisant pour les Spartans. L’explosion de la grenade avait pulvérisé l’entrée du bâtiment et fait s’effondrer le toit, fragilisé par le tir du char Apparition. A la place, il ne restait plus qu’un tas informe de béton armé et de métal noircit et déchiqueté.

— Voilà qui devrait leur clouer le bec pendant un moment, commenta Théo. Malheureusement, cela ne les retiendra pas longtemps.

Théo vérifia alors son fusil d’assaut et constata que le canon avait été tordu. Quant à celui d’Eddy, un morceau de métal s’était littéralement figé dans la culasse.

— Et bien, je crois qu’on est bon pour un mano à mano, fit Eddy en rigolant.

— Dans ce cas, je te laisse passer devant, si tu le veux bien, considéra Théo.

Eddy émit un rire rauque avant de se retourner et de s’enfoncer dans le couloir d’entrée, Théo sur ses talons. Ils se dirigèrent vers l’ascenseur principal et descendirent au vingt-et-unième niveau. Une fois la grille métallique relevée, ils empruntèrent une série de couloirs et entrèrent dans la salle des serveurs. Là, à leur grande surprise, ils ne trouvèrent personne.

— Mais où sont-ils passés ? fit bêtement Théo. Eddy brancha la liaison COM commune à l’équipe et articula :

— Desmond, Eileen, vous me recevez ? Donnez votre position, terminé.

Des parasites brouillait toujours les canaux de transmissions.

— On vous reçois, finit par dire Desmond au bout d’un long moment. Rejoignez-nous au dernier niveau, je crois qu’on a trouvé un moyen de s’échapper.

— Bien reçu, on arrive. Eddy, terminé.

Une fois la liaison coupé, Eddy fit demi-tour et entra à nouveau dans l’ascenseur, suivit par Théo.

— Une sortie ? Comment ils ont pu trouver une sortie en se barricadant au dernier niveau ? C’est encore qu’ici !

Eddy appuya sur le bon bouton du panneau de contrôle et les grilles de l’ascenseur se refermèrent. L’engin crissa et se mit à descendre lentement dans les profondeurs.

— Je n’en sais rien, répondit franchement Eddy. On verra ça sur place.

— En tout cas, je pense qu’au lieu de se planquer au fond du terrier, on devrait remonter à la surface et se barrer le temps que les Covenants sont encore un peu sonné de notre surprise et qu’on dispose d’un petit avantage.

— Je suis d’accord, mais ce n’est pas toi qui commande cette unité, et encore moins moi. Estime-toi heureux d’être sous les ordres d’un officier comme Desmond, on aurait pu tomber sur pire.

— Tu as raison. (Théo marqua une pause, comme perdu dans ses pensées. Puis il ajouta :) Tu te rappelles les séances d’entrainements sur Reach, il y avait ce gamin avec nous… John. Il était plutôt bon pour mener les troupes.

— Oui, je me souviens de lui. Un bon gars, mais pas très bavard.

— Alors vous deviez bien vous entendre.

Théo entendit un grognement sur le canal, Eddy ne semblait pas avoir apprécié sa blague. Théo n’en fut que plus réjouit.

Enfin, l’ascenseur s’immobilisa et ils purent enfin sortir.


__________


Eileen trouvait le Professeur Amarak de plus en plus fascinant. Au fur et à mesure qu’il dissertait sur les différents types de téléportation, de leurs paramètres et de leurs conséquences, elle sentait s’emplir d’admiration pour un homme qu’elle connaissait à peine. Sa manière de s’exprimer débordait de joie et de passion, des sentiments qu’il savait parfaitement transmettre à son interlocuteur par sa simple énonciation, son charisme. A côté d’elle, Desmond semblait ne pas saisir un moindre mot de ce que déversait le Professeur, elle sentait une pointe de lassitude et d’ennui en lui qu’elle arrivait à distinguer en examinant les légères modifications de sa postures. Il commençait même à s’impatienter.

C’est à ce moment précis qu’Eddy et Théo firent leur entrée dans la pièce. Pile au bon moment.

Tout en regardant les deux nouveaux Spartans s’approcher d’eux, le Professeur ne semblait pas distrait le moins du monde et continuait son discours sur la téléportation.

— … Vous comprenez, les applications d’une telle science sont très nombreuses, et certaines peuvent même se montrer à la fois extraodrinaires et dangereuses, comme la possibilitré de remonter le temps. Oh oui, il ne faut pas jouer impunément avec les lois de la physique, on ne fait pas toujours ce qu’on veut, ce qui par nature est inérant à la nature même de l’homme. De fait, cela ne le conduira qu’à des extrémités dont il ne saura mesurer les conséquences que trop tard. Ces applications sont bien trop dangereuses, et j’ai bien peur d’en être l’instigateur d’une certaine manière.

— Comment ça, que voulez-vous dire ? De quelles applications parlez-vous ? demanda Eileen, un peu perdue dans les différentes énonciations du Professeur Amarak. L’interéssé n’eut pas le temps de répondre, Eddy et Théo s’arrêtèrent à côté de Desmond qui sortit brutalement de son état catatonique avant de dire :

— Ce n’est pas trop tôt…

— Désolé Chef, on est resté boire un verre avec de vieux amis qui ne voulaient pas nous lâcher la grappe, commenta Théo.

— Dites, vous n’auriez pas oublié quelque chose, répliqua Desmond en remarquant les mains vides de ses partenaires. Où sont vos armes ?

Eddy et Théo semblaient un peu embarassés, mais ils n’eurent pas besoin de répondre pour que Desmond comprenne leur mésaventure. Celui-ci marmonna quelques paroles qu’ils ne purent comprendre tout en secouant légèrement la tête. Puis, tranquillement, il leur expliqua le plan du Professeur Amarak. A peine avait-il eu le temps de terminer son exposé de la situation qu’Eddy se braqua :

— J’espère que tu plaisantes ?! La téléportation ! Attends, on ne sait même pas si ce machin fonctionne correctement ! Imagine qu’il nous coupe en deux ou pire, qu’il ne remette pas tout à la bonne place ?! Desmond s’approche d’Eddy et le toisa de quelques centimètres et dit :

— Soldat, ce n’est pas une suggestion, c’est un ordre.

Une nouvelle secousse fit trembler l’installation, durant un court instant, le sol sembla se dérober sous leurs pieds et les murs s’effacer en vibrations. Les Covenants forçaient l’entrée du complexe, il ne restait que peu de temps avant qu’ils investissent le complexe entier.

— Pas le temps de traîner ni de discuter, s’exclama Desmond. On prend le téléporteur en priant pour qu’il fonctionne.

— Chef, s’interpella Eileen, je vous rappelle que nous avons également pour ordre de détruire cette installation.

— Oui, je n’ai pas oublié. Malheureusment, on a pas le temps de remonter dans la salle des serveurs activer l’autodestruction du complexe. Il va falloir trouver une autre solution.

— Il suffit de demander, s’exclama le vieux scientifique.

Les Spartans se tournèrent vers lui et affrontèrent son regard malicieux, le regard d’un gosse de dix ans prêt à faire une grosse bêtise.

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Posté le : 17/04/2010


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