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DIVERS - Fan fiction

Chronique du Système solaire : les Lunes Joviennes

« […] La sanglante histoire de l’humanité a toujours influencé la manière dont nous affrontons les efforts pour prospérer par-delà les obstacles qui nous font face dans le but de défier notre propre existence. Nous faisons face au carnage, à la mort, à la perte de nos proches et aux heurts idéologiques vides de sens entre nos nations. Nos vies sont constamment transformées par des guerres dont le but nous échappe. Peut-être ne connaîtrons-nous jamais la vraie signification de la guerre, à moins que nous n’essayons de l’éviter. Cependant, les blessures incurables que nos ancêtres nous ont laissées depuis tant de siècles doivent nous permettre de mieux percevoir notre place dans cet habitat toujours croissant que nous appelons « univers ». Nous sommes plus qu’une simple fraction des vrais dangers qui se dressent devant notre route. Réveillez-vous et sentez le parfum des fleurs pendant que vous le pouvez encore ! »

Vladimir Koslov, mars 2150, discours prononcé lors de la création du partie Koslovic.

PROLOGUE


1945 - 2000

Un nouvel ordre mondial

L’année 1945 marque la fin d’une période sombre et très chaotique du vingtième siècle. La Seconde Guerre Mondiale se termine par une impressionnante contre-offensive des Alliés sur l’Europe tenue par les Allemands. Le 24 Octobre 1945, l’organisation mondiale de la paix appelée ONU voit le jour suite à une collaboration mondiale entre les nations Alliés pendant la Seconde Guerre Mondiale. A partir de 1948, l’ONU organise régulièrement diverses missions de pacification et des opérations à travers le monde afin de réprimer les rébellions constantes et de maintenir l’ordre et la paix. Vers la fin du XXe siècle, la quasi-totalité des nations indépendantes de la Terre sont membres des Nations Unies.

Cependant, la Seconde Guerre Mondiale n’est pas le seul conflit armé engendré par le vingtième siècle. Les Etats-Unis et l’Union Soviétique deviennent les deux facteurs de tensions principaux qui alimentent la crainte croissante d’une guerre atomique. Dans les années 1960, le déploiement de l’armée au Viêt-Nam, en Afrique Centrale et dans les nations du Moyen Orient amorcent une série de conflits violents entre les forces de maintient de la paix et les populations indigènes.

En 1957, le premier satellite d’exploration orbital, le Spoutnik, est lancé par l’Union Soviétique et marque le début de l’Ere Spatial.

A la fin des années 1980, les ordinateurs et la technologie des Intelligences Artificielles évoluent de manière spectaculaires, conduisant à la création de nombreuses activités technologiques de recherche et de développement. Bientôt, les ordinateurs individuels deviennent une partie essentielle dans la vie quotidienne des civils et des militaires. Le réseau mondial Internet devient le moteur d’une nouvelle société basée sur l’instantanée, la liberté et la désocialisation des relations humaines.


2000 - 2100

L’expansion dans le Système Solaire

Après les attaques du 11 Septembre 2001, un envoi massif de forces armées des Etats-Unis et de la Grande Bretagne est organisé dans le Moyen-Orient afin d’attaquer les bases rebelles et de capturer les leaders des groupes insurgés.

En 2015, la colonisation de la Lune débute dans une euphorie mondiale, la population y voyant le signe d’un nouvel âge d’or pour l’humanité et son désir de conquête. La base de K. Dick (en l’honneur du célèbre écrivain de science-fiction) et la ville d’Endymion (amant de Séléné dans la mythologie grecque) sont les deux premières cités à naître sur le satellite de la Terre.

En 2024, la première expédition scientifique est lancée sur Mars dans le vaisseau Arès par les Etats-Unis, les gouvernements européens, chinois et japonais. Cinq ans plus tard, le Comité Spatial des Nations Unies consent à démarrer un processus de colonisation de grande envergure sur Mars, notamment à cause de la surpopulation de la Terre devenue ingérable. Entre 2030 et 2060, plus de vingt villes coloniales sont construites sur Mars, comprenant entre autre : Arésopolis, Nirgal, Kasei, Bradbury Point, Sheffield, Blyleven et Losantiville. Les Lois de l’Administration Coloniale sont promulguées sur Mars par l’Autorité Civile Coloniale de l’ONU afin de maintenir un niveau de sécurité optimal.

La première base navale coloniale opérationnelle est établie par l’ONU en 2064 sur Mars. Destinée à la formation militaire sous le contrôle de l’ONU, elle est nommée Nouvelle McMurdo - souvent abrégé N’Mac, en l’honneur de l’ancienne base américaine en Antarctique.

Rapidement, les Nations Unies tournent leur attention et celles de leurs investisseurs vers Mercure, Vénus et les géantes gazeuses.

Malgré les nombreuses espérances de l’ONU envers Vénus, plusieurs problèmes liés à son atmosphère et à sa surface surgissent. En raison d’une atmosphère inhospitalière et d’une surface très instable, les plans de colonisations se retrouvent réduits à une poignée de plateformes orbitales stationnaires.

En 2070, les plateformes vénusiennes Aphrodite Alpha, ODG (Orbital Deck of Gula) et ODT (Orbital Deck of Theia) voient le jour. Toutes trois ont pour but l’observation et l’étude des perturbations et des éruption à la surface de Vénus. D’autres plateformes sont construites avec pour mission l’étude de l’activité solaire.

Mercure se voit elle-aussi privée de ses plans de colonisation. Plus tard, en 2127, deux colonies minières seront établies sur Mercure : Kêrúkeion I et Kêrúkeion II.

Dans un même temps, de nombreuses colonies se créée dans la ceinture des astéroïdes. Si certaines ne sont que de simples mines, d’autres colonies construisent des villes en évidant l’intérieur même de ces astres morts.

En 2075, la République Allemande Unifiée transporte, avec l’accord de l’ONU, un grand nombre de ses ressortissants sur les quatre lunes joviennes : Io, Europe, Ganymède et Callisto. Cette migration sera la base de la colonisation de l’espace galiléen encore vierge de toute présence humaine. De part sa position politique avantageuse, la RAU installe des bases militaires en plus des bases civiles sur Europe et Io.

Le nombre croissant de territoires coloniaux exige de l’ONU une somme considérable de lois et d’attributions (différentes en fonctions des colonies) qu’ils sont obligés de respecter et d’appliquer sur leurs mondes respectifs. Afin de simplifier les lois et le rôle de l’Administration Coloniale, le Traité du Système Solaire est signé en 2080 et marque la première déclaration officielle de paix entre la Terre et les diverses colonies du système solaire.

Mais tandis que la colonisation du système solaire s’étend progressivement, la vie sur le berceau de l’humanité subit une tournure imprévue des événements. Le réchauffement climatique représente la menace la plus sévère et dangereuse. Inondations, tremblements de terre, ouragans et tsunamis commencent à détruire des villes entières ainsi de que nombreuses régions agricoles. Les habitants fuient les côtes pour se réfugier à l’intérieur des territoires, émigrants dans les grandes villes déjà surpeuplés.

Pendant plus de vingt ans - de 2070 à 2092 - des famines et des révoltes éclatent dans la plupart des pays indépendants de la Terre. Après de nombreuses discussions entre gouvernements et multinationales, il est décidé de créer un réseau de barrages massifs au large des côtes les moins touchées afin de les sauver. Si cette solution s’avère être en franc succès, elle ne représente toutefois qu’une solution temporaire, ne réglant en rien le problème de surpopulation et de famine. De vives tensions éclatent un peu partout, la population pointant du doigt l’ingérence de l’ONU, des gouvernements et des militaires qui délaissent peu à peu la Terre au profit des colonies prometteuses.


2100 - 2130

Troubles et tensions

Le XXIIe siècle commence avec une série de troubles. En effet, les multinationales tirent le meilleurs de la Terre et ses colonies pour leurs propres profits sans presque rien distribuer en retour à la population dont les conditions de vie se détériorent sévèrement. Les gouvernements, qui ne semblent plus avoir la moindre autorité face à l’ONU et aux multinationales, ne sont plus que les boucs-émissaires sur lesquels se déchaîne la population.

Pendant la première décennie du vingt-deuxième siècle, les forces armées des Nations Unies sont soumises à de rudes entraînements en quasi-apesanteur sur Io (camp militaire britannique d’Orcades) et sur Europe (camp militaire canadien d’Edmonton) afin de se familiariser à ces conditions de travail et de combat.

La Force Naval de l’ONU commence à placer des navires de guerre en orbite géosynchrone au-dessus de Mars afin de protéger les villes majeures d’une attaque de vaisseaux pirates qui commencent à faire leur apparition au large de la ceinture des astéroïdes. La RAU assure sa propre défense dans les lunes joviennes au grand dam de l’ONU qui voit dans ce geste une forme d’agression et de volonté d’indépendance.

En 2129, l’invention de matière extensible en nanotube de carbone par Traxus Technology permet la construction du premier ascenseur spatial sur la Lune - entreprise facilité grâce de sa faible gravité -, au centre de la ville de K. Dick, dans le cratère Copernicus. L’ascenseur spatial représente un miracle de l’ingénierie technologique et permet de transporter facilement personnel et matériel dans l’espace.


2130 -2150

Le schisme colonial

En 2133, la République Allemande Unifiée déploie deux installations en orbite autour des lunes Io et Europe. Il s’agit de Stations d’Accueil Coloniale servant de port spatial, placées chacune en orbite autour d’une des deux lunes joviennes. Ces plateformes sont secrètement armées par le biais d’une SMP (Société Militaire Privée) : Aegis Support Services.

Des protestations se font entendre contre la militarisation imposée. La population ressent les tensions entre l’ONU et la RAU comme une vraie menace. Certains parlent même d’une guerre imminente. De fait, les rapports commencent à se dégrader entre la Terre et les lunes joviennes, la première accusant les secondes de devenir trop puissantes et indépendantes vis-à-vis du berceau de l’humanité et de ne pas se soucier de son sort.

La République Allemande Unifiée réagit frontalement en octobre 2137 en proclamant que : « seules l’ONU et sa force militaire sont en mesure de répondre aux attentes urgentes des terriens désespérés. Malheureusement pour eux, l’ONU n’est aujourd’hui plus capable de gérer quoique que soit. » Cette déclaration officialisant la non-intervention de la RAU face aux problèmes que subit la Terre sera le déclencheur d’une sombre série de protestations, d’émeutes et de violence. L’ONU devra utiliser la force pour calmer la situation, et demandera l’aide d’une SMP : Global Defense Associates. Le rétablissement de l’ordre se fera dans la sang avec plus de dix mille morts au total.

Le choc des émeutes de 2137 et la forte militarisation de la Terre et ses colonies sera suffisant pour faire revenir le calme. Les multinationales s’accordent avec l’ONU et améliorent les conditions de vie de la population.

Après cette forte période de trouble, plusieurs groupes séparatistes feront leur apparition. On appellera cette période : le Schisme de 37.


2150 - 2160

Koslovics et Friedenistes

Renaît ainsi un sentiment de communisme au sein de ces groupes, ceux-ci souhaitant un partage des richesses plus équitables que prévu par l’accord passé entre l’ONU et les multinationales. En mars 2150, tous ces groupuscules s’unissent sous la bannière de Vladimir Koslov, un ancien commandant de la marine russe. Les Koslovics prônent un retour aux jours glorieux du Communisme et à l’élimination des corporations et de l’influence du capitalisme. Ils souhaite le démantèlement des SMP et des multinationales devenues trop influentes.

Le Conseil de l’ONU, qui préfère éviter toute nouvelles scission dangereuse, déclare immédiatement ce mouvement politique en violation directe avec les lois coloniales et débute un contrôle resserré de l’activité néo-communiste. Malheureusement, le désespoir de la population et son mécontentement général rend le mouvement très populaire.

La rumeur du soulèvement Koslovic atteint rapidement les lunes joviennes. La République Allemande Unifiée devient hostile au mouvement de Vladimir Koslov et aux réactions peu satisfaisantes de l’ONU pour empêcher la diffusion du néo-communisme.

Avant même que les Nations Unies en prennent conscience, un second mouvement séparatiste majeur prend naissance dans les lunes joviennes.

Réunis sous la bannière de Hans Ackermann, le mouvement Frieden sonne comme une résurgence du fascisme, né de ce sentiment anti-Koslovic. Le mot allemand Frieden signifiant « paix », les Friedenistes croient que la paix ne sera accessible qu’une fois les « oppresseurs de la Terre» (autrement dit les Koslovics et l’ONU) éliminés.

D’autres mouvements de rébellion naissent dans les colonies installées dans la ceinture des astéroïdes. Rapidement, chacune ou presque se déclare indépendante et n’obéit désormais qu’à ses propres lois.


14 février 2160

La Saint Valentin Sanglante

Les tensions ne cessent de monter jusqu’au jour tragique de la Saint Valentin Sanglante. Le 14 février 2160, une fête est organisée dans la ville-dôme d’Euclide sur Io. Organisée par les Friedenistes en l‘honneur de l‘amour et la paix, cette fête sera l’occasion d’y voir également quelques membres Koslovics. « Si les tensions entre nos deux partis sont plutôt vives, aucun de nous deux souhaite voir éclater une guerre dont personne ne veut et qui envenimerait inutilement le système solaire. Nous sommes avant tout des pacifistes qui pointons du doigt les défaillances d’un système ripé afin que celui-ci puisse réagir en conséquence dans l’intérêt de tous », proclame Hans Ackermann lors de l’ouverture des festivités.

Mais la situation dégénère lorsque la toile du dôme cède et qu’une brèche se créée. La soudaine décompression fait exploser tous les corps organiques présents dans la ville à l’extérieur, tragédie qui donnera sa signification à l’appellation tristement célèbre de Saint Valentin Sanglante. Plus de 50 000 victimes et 4000 blessés seront comptabilisées. Parmi les blessés, Hans Ackermann s’en sort avec plusieurs liaisons cérébrales et la perte de sa jambe gauche. Sa femme Francesca n’aura que quelques blessure superficielles.

Accident ou acte terrorisme déguisé, la vérité reste un mystère. Rapidement, des extrémistes friedenistes accusent les Koslovics d’être à l’origine de cette tragédie. De vives protestations se font entendre parmi les néo-communistes. Vladimir Koslov et Hans Ackermann décident d’organiser un sommet avec l’ONU afin d’empêcher le déclanchement d’une guerre inutile.

Le Secrétaire Général de l’ONU Malachi Carlson demande alors aux Conseillers Coloniaux basés sur Io d’entreprendre des négociations avec Hans Ackermann et Vladimir Koslov.


PARTIE I : CHANGEMENT DE PHASE


1 - Quitter son berceau


Ce n’était pas la première fois que l’homme quittait son berceau. Il l’avait déjà fait en de nombreuses occasions, et d’autres suivraient encore, assurément.

Il y a deux millions d’années, l’Homo habilis, notre plus vieil ancêtre commun, vivait dans une région propice à la vie que plus tard on nommerait l’Afrique. Bien du chemin avait été parcouru depuis le Big Bang : la formation des astres stellaires, celle de la Terre, l’apparition de la vie primitive il y a près de quatre milliards d’années sous forme de simples cellules d’organismes procaryotiques (les bactéries), la sortie des océans de cette même vie. A l’est du continent africain, dans ce qui deviendrait la Gorge d’Olduvai en Tanzanie, l’Homo habilis vivait en paix dans un paysage qui lui offrait tout ce dont il avait besoin : de l’eau, des végétaux et de la viande comme nourriture, et des grottes naturelles pour s’abriter de la nuit, des intempéries et des prédateurs. De temps en temps, lorsque cela lui était nécessaire, il s’emparait de galets qu’il taillait à une face et parfois à deux. Il lui arrivait aussi de concevoir d’autres outils, rudimentaires certes, mais qui lui facilitaient le quotidien lorsqu’il s’agissait de casser des coquilles, des carapaces d’insectes, ou même de découper la viande d’animaux fraîchement abattus, ce qui était rare, l’Homo habilis étant essentiellement végétarien.

Il ne faisait que reproduire bêtement ce qu’il avait déjà vu, car d’autres hommes, semblables à lui mais différents, taillaient déjà leurs propres galets des siècles auparavant. Ces êtres, l’Homo australopithecus, étaient déjà là avant lui. Ils étaient plus petits que l’Homo habilis, leur crâne moins large et plus long avait une voûte très basse et des superstructures osseuses marquées, il supportait aussi une face davantage projetée en avant. Tout comme l’Homo habilis, leur mode de locomotion était mixte : il associait une forme de bipédie à une capacité de grimper encore marquée. On dit que des modifications climatiques seraient à l’origine de l’apparitions des premiers hominidés. Le recul de la forêt, il y a douze à quinze millions d’années, aurait poussé les primates arboricoles à évoluer ou bien à disparaître. Là où les ancêtres des singes auraient « choisi » de vivre au sol, à quatre pattes, une autre réponse aurait été la bipédie.

Mais l’Homo australopithecus était de moins en moins présent. L’Homo habilis dominait la région. Tout comme l’Homo australopithecus avant lui, il étendit un peu son territoire au nord et au sud. En quittant l’est du continent pour partir s’installer ailleurs, on peut dire qu’il s’agit là de la première fois où l’homme quitta son berceau.

Un jour, alors que l’Homo australopithecus s’était éteint, l’Homo habilis qui vivait dans la future région du Lac Turkana cohabita avec un autre hominidé, l’Homo ergaster. Leurs membres inférieurs étaient plus longs, ce qui faisait d’eux de bons marcheurs et de meilleurs chasseurs. D’ailleurs, ceux-ci consommaient essentiellement de la viande. Même s’ils n’étaient pas très nombreux, ils paraissaient moins démunis. Pour cela, ils avaient renforcé les cercles familiaux de leurs clans dans le but de mieux protéger leur descendance. Ils étaient plus proches les uns des autres.

Une nuit, certains Homo habilis espionnèrent leurs « voisins ». Ceux-ci semblaient avoir découvert un chose merveilleuse qui faisait danser la chaleur et la lumière : le feu. Malheureusement, l’Homo ergaster paraissait bien désemparé face à cette chose étrange qu’il n’arrivait pas à maîtriser, et aucun des deux groupes ne sut quelle importance cette découverte aurait sur l’avenir de leurs descendants.

Les saisons passèrent, et après de nombreux cycles, et les affres de l’évolution se personnifièrent dans la disparition de l’Homo habilis. Proportionnellement à leur extinction, le nombre d’Homo erectus devint trop important pour la quantité de nourriture présente. Certains décidèrent alors de migrer vers d’autres contrées et peuplèrent tout le continent africain, quittant une nouvelle fois le berceau de l’est.

Lentement, l’Homo ergaster évolua en un nouvel hominidé : l’Homo erectus, il y a deux millions d’années. Son crâne était très allongé, très bas et présentait des superstructures osseuses nettes. Il était aussi moins prognathe qui celui de ses ancêtres. Sa mâchoire était puissante et ses os épais. Ses membres supérieurs étaient plus courts, contrairement aux membres inférieurs, comme dans un souci d’harmonie, traduisant l’adaptation définitive à la marche et à la course bipède. Il était également un peu plus grand et se tenait plus droit, caractéristique qui lui conférera son nom scientifique chez l’Homo sapiens moderne.

Ses techniques de taille s’améliorèrent, étendant la gamme de ses outils : ils réalisèrent les premiers bifaces, des blocs de matière première façonnés en détachant des éclats sur les deux faces et présentant généralement une certaine symétrie bilatérale. Cette particularité, outre le fait qu’elle soit liée à l’amélioration de la technique de l’outils, démontre également un certain souci esthétique.

L’Homo erectus était avant tout un cueilleur de fruits et de racines, il pouvait aussi être charognard et chasseur de petits animaux. Parfois, il lui arrivait de s’attaquer en bande à des animaux plus coriace comme les éléphants. Et il ne fallut que quelques centaines de milliers d’années avant que la place et la nourriture ne commencent à manquer, l’Afrique ne semblait plus assez grande pour l’Homo ergaster et l’Homo erectus. Une volonté de conquête, poussée par la nécessité, germa alors dans l’esprit d’Homo erectus.

Ainsi, l’homme quitta son berceau continental qu’était l’Afrique, et Homo erectus se dirigea vers le nord et la région qu’on appellerait l’Orient. C’était une région chaude où le sable du désert envahissait tout. Malgré cela, il faisait bon vivre près des côté de la grande étendue d’eau sans fin. L’Homo erectus y demeura un moment puis, voyant que cela ne lui suffisait plus à nouveau, certains d’entre eux reprirent la route et avancèrent vers l’Est et les gigantesques terres d’Asie. Longeant toujours la mer, ils passèrent les plaines, les rivières et les montagnes jusqu’au bout du monde. Ici, il y avait de la place et, lentement, Homo erectus établit de nombreuses colonies le long de sa route, de l‘Orient à la frontière sibérienne.

Ceux qui étaient restés en Orient devinrent rapidement trop nombreux une seconde fois, et il fallut encore que certains partent conquérir de nouvelles terres. Il prirent alors le chemin de l’Ouest et ce qui deviendrait plus tard l’Europe. Là aussi ils installèrent de nombreuses communautés de par les montagnes et les plaines fertiles.

Un millions d’années s’était écoulées depuis l’arrivée d’Homo erectus, et l’Homo ergaster n’existait plus, absorbés par ses descendants. Et pendant des centaines de milliers d’années, l’Homo erectus habita un territoire gigantesque sans qu’une différenciation de l’espèce trop importante n’existe d’un bout à l’autre de son territoire. Pour expliquer cela, il semble qu’il faille invoquer l’existence de contacts constants de proche en proche, ce qui aurait permis à l’espèce d’acquérir une certaine stabilité. Contrairement à ces ancêtres ergaster, l’Homo erectus apprit la maîtrise du feu, lui permettant ainsi de concevoir des outils plus performants, de cuire ses aliments et, pourquoi pas, de se réchauffer et de tenir ses prédateurs à distance.

Les rouages du temps et de l’évolution accomplirent un nouveau cycle et il y a 200.000 ans environ, l’Homo erectus laissa lentement sa place à l’Homo sapiens en Afrique de l’Est. Cependant, certains Homo sapiens archaïques seront retrouvés en Extrême-Orient et présentant des caractéristiques proches des Homo erectus locaux, comme s’ils en étaient les descendants. Ceci pose donc la question de l'origine des Homo sapiens, une espèce ne pouvant apparaître simultanément en plusieurs endroits différents. Peut-être faut-il comprendre que les fossiles interprétés comme des Homo erectus étaient en fait déjà des Homo sapiens, et qu'à l'intérieur même de cette espèce, qui aurait donc plus de 1,5 million d'années, il y ait eu un certain nombre de grades évolutifs.

Quoiqu’il en soit, l’Homo sapiens était là, installé en Afrique et s’émancipa de l’Extrême-Orient il y a 60.000 ans, à l’Europe quelques vingt mille ans plus tard.

En comparaison avec l’Homo erectus, l’Homo sapiens possède un crâne plus arrondi avec une voûte plus élevée, un volume crânien plus important et une gracilisation générale (voûte plus mince, superstructure réduites ou absentes). On note également la diminution de la taille des canines et la descente du larynx, ce qui lui permit d’obtenir un langage articulée. En arrivant en Asie, certains Homo sapiens commencèrent à présenter des caractéristiques mongoloïdes, conduisant ainsi au début des grandes subdivisions de l’humanité, subdivisions qu’il ne faut en aucun cas considérer comme des races humaines distinctes.

Certains groupes indépendants surgirent étrangement, comme l’Homo neanderthalensis en Europe, avant sa migration vers le Proche-Orient et l’Asie et sa mystérieuse disparition il y a moins de 30.000 ans. Son existence, avant même sa disparition, reste en partie une énigme. Il viendrait à priori de l’évolution indépendante d’un groupe d’humains isolés d’Europe.

Un jour, alors que la glace recouvrait la terre et la mer et que le froid se faisait plus mordant que jamais, certains Homo sapiens tapis dans la future Sibérie eurent une idée folle : passer la mer de glace qu’on appellerait Béring et voir ce qui pouvait bien se trouver de l’autre côté si, effectivement, il y avait bien quelque chose. C’est ainsi qu’Homo sapiens fut le premier hominidés à coloniser le continent américain. Une fois de plus, on peut dire que l’homme quitta son berceau, délaissant l’énorme masse continental que représente l’Europe, l’Asie et l’Afrique pour une autre masse de terres prêtes à recevoir les nouveaux maîtres du monde que sont les Hommes. D’autres avant eux eurent une idées similaire, ils franchirent les îles d’Indonésie (qu’avait déjà conquis en partie Homo erectus) et découvrirent le continent australien à leur plus grande stupéfaction.

Homo sapiens avait donc conquis ce qui semblait être tous les territoires de la Terre qu’il pouvait fouler. Bien répartis en groupes et communautés avec suffisamment de nourriture et d’eau à porté de main, il prospéra, façonnant un monde à son image et au grès de son imagination de plus en plus débordante. L’environnement détermina le phénotype de ces groupes variés, et ainsi apparurent différentes couleurs de peau, d’yeux et des variations de morphologies distinctives. Le langage se diversifia, les civilisations et les cultures se multiplièrent, certaines prospérèrent tandis que d’autres s’effondraient, les religions furent à l’origine de bien des conflits sans vraie justification et la technologie ne cessa de progresser. Mais tout ceci ne semblait pas suffire à l’homme, il avait un besoin essentiel de conquête et de découverte. Et au lieu de le réaliser dignement, il se noya dans la surpopulation, l’argent et la guerre, tout en ravageant sa planète, sa mère nourricière.

La Terre se révolta contre ses propres enfants, poussant ceux-ci à trouver un esprit de rédemption, une chance, peut-être, de commercer un nouveau départ.

Et ce nouveau départ, l’humanité le saisit en quittant un nouvelle fois son berceau, sa planète natale. Elle se dirigea vers les étoiles et installa des colonies sur les astres telluriques voisins.

On espère à croire que l’humanité sera toujours présente lorsqu’un jour, elle sera de nouveau obliger de quitter son berceau qui est le système solaire pour s’étendre parmi les étoiles de la Voie Lactée. Et puis, le jour suivant qui sait, elle devra peut-être de nouveau quitter ce berceau qui est la galaxie pour en peupler d’autres. Ce sera peut-être par obligation à cause du manque de place, par nécessité à cause d’une maladie ou d’une guerre, ou bien par volonté, invoquant ce lointain besoin d’exploration, de découverte et de nouveautés.

Mais ceci est une autre histoire.

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Posté le : 25/02/2012


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