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DIVERS - Fan fiction

Le Guerrier de la Foi I : Troubles dans l'Alliance

Introduction : Le peuple sangheili est un peuple guerrier fier, féroce et talentueux craints par toutes les races de la galaxie. Jeune recrue de cette armée à la puissance inimaginable, Irul Sulamee découvre la dimension de la croisade sainte menée par ses frères. Affecté à l'escouade Delta comme soldat d'assaut rapide, il fait rapidement preuve d'une force et d'une dévotion sans pareil. Mais alors qu'il n'est encore qu'une recrue peu expérimentée, il se voit brusquement chargé d'une mission que le changera à tout jamais...


Chapitre 1 : Les recrues de l'Alliance


1527 unités de temps du 38ème jour de la quatrième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ croiseur de combat Angry Verity, en orbite autour de Grande Bonté.

Le transporteur de troupes en forme de U traversa le bouclier de protection de l’imposant bâtiment de guerre et pénétra dans l’air d’atterrissage. Les systèmes d’accroches magnétique se mirent immédiatement en route pour arrimer le vaisseau tandis que ses propulseurs se taisaient progressivement pour laissait place au seul vrombissement des moteurs antigrav. Lorsqu’il fut finalement arrimé au pont du hangar, ses portes latérales s’ouvrirent lentement, laissant apparaître sa cargaison bien particulière, et les nombreux grognards qui traînaient dans le coin tournèrent immédiatement la tête en direction du transporteur.

Douze sangheilis prirent pied sur le pont. Les grognards avaient l’habitude de voir ces impressionnants combattants situés au sommet de la chaîne de commandement de l’Alliance, et la plupart des frêles petits êtres craignaient même les sangheilis plus que beaucoup des choses les plus atroces que pouvait leur réserver l’univers. Cependant leur curiosité était plus grande encore que leur peur en ce qui concernait ces sangheilis-là. Car rares étaient ceux qui avaient put voir ces fiers guerriers sans leurs armures de combat.

C’étaient des nouvelles recrues de l’Alliance. Ils faisaient parti des centaines de sangheilis ayant réussi leurs épreuves militaires à l’académie de Grande Bonté cette année là, et avaient été jugés aptes à intégrer les escouades d’assaut du Angry Verity. Bien qu’ils n’aient pas encore fait leurs preuves sur le champ de bataille, ils étaient loin d’être inexpérimentés en matière de combat, leurs longues années d’entraînements étant constituées d’innombrables affrontements simulés en réalité virtuelle. Seuls les sangheilis bénéficiaient d’un entraînement aussi intensif au sein de l’Alliance, et c’est ce qui forgeait en parti le respect qu’avaient les autres races en leur faveur.

Un groupe de six lieutenants sangheilis se trouvait sur le pont pour réceptionner les nouveaux arrivants, qu’ils firent aussitôt mettre en rang. A tour de rôle, chacun des officiers désigna du doigt un certain nombre de recrues avant de les emmener hors du hangar. L’un d’eux, dont l’armure était peut-être la plus sale et la plus endommagée des six, prit jusqu’à cinq des nouveaux soldats, ce qui était presque la moitié des effectifs fraîchement débarqués. Les autres lieutenants le considérèrent avec des regards inquiets, et alors qu’il s’éloignait avec ses soldats, l’un d’eux ne put s’empêcher de penser tout haut :

- Son escouade a dû subir de très lourdes pertes pour qu’il prenne autant de novices d’un seul coup.

- Tu as raison, répondit un autre. C’est Erdo Sandamee, de l’escouade d’assaut Delta. Ce matin même, lors d’une opération sur Piloris V, son unité a été bombardée par les humains alors qu’ils se trouvaient dans un bâtiment, et toute la structure leur est tombée dessus. A ce qu’il paraît, il y aurait eut cinq morts parmi ses sangheilis.

- L’escouade Delta ? D’après ce que je sais, c’était l’unité qui comportait le plus de vétérans sur tout le croiseur. Ils auraient participé à de nombreuses missions saintes par le passé.

- C’est vrai. Mais maintenant, avec autant de nouvelles recrues, Erdo ne pourra plus effectuer de missions de rang A avant très longtemps. Cela doit être dur pour lui.

Un grognement de compassion s’échappa des mandibules des deux sangheilis, puis il se retournèrent vers le reste des novices et continuèrent leur tâche.

Erdo Sandamee fit s’aligner les recrues dans l’armurerie réservée à l’escouade Delta. Ils semblaient particulièrement inquiets, notamment lorsque leurs regards venaient à fixer l’armure cabossée du lieutenant. Impossible de savoir s’il considèrent cela comme les preuves de mes féroces combats ou comme un négligence de ma part pour mon équipement. J’aurais dû aller confier cette armure aux ingénieurs Huragoks avant de les récupérer… si j’en avais eut le temps. Après avoir perdu autant de frères aujourd’hui, il faut en plus que je fasse mauvaise figure devant leurs remplaçants. Quelle journée !

Comprenant qu’il ne fallait pas laisser vagabonder les esprits plus longtemps, Erdo se dépêcha de capter l’attention générale :

- Ecoutez-moi bien, novices ! A partir d’aujourd’hui, vous ferez partie de l’escouade d’assaut Delta, et je serez votre lieutenant. Je ne tolèrerai aucune faute dans aucune tâche que ce soit tant que vous serez sous mes ordres. Toute erreur sera sévèrement punie, et sachez que j’ai de l’expérience en ce qui concerne les sanctions. «  Chacun d’entre vous se verra attribué une armure, ainsi qu’un équipement de combat, et des armes. Vous devrez en prendre soin, autant que votre propre vie, car ils y sont relié lors de toute bataille. Un matériel défectueux peut vous mettre en danger. Et quand vous vous mettez en danger, vous mettez aussi en danger la vie de vos coéquipiers. Que cela soit bien clair. «  L’armure que je porte est une merveille de technologie, qui possède de nombreux points commun avec les vôtres, et dont l’efficacité sur le terrain nécessite un entretient constant. Et sachez que si vous me voyez avec une armure dans un tel état, c’est parce que ce matin même, mes guerriers et moi avons prit un bâtiment humain de trois étages sur la tête. Cinq d’entre eux y sont resté, et c’est à vous qu’il incombe de les remplacer. Ils faisaient partie de mon unité depuis plus de dix ans, et ils étaient devenus presque des frères pour moi, dont les prouesses étaient reconnue sur tout ce croiseur. Ils avaient forgé la noble réputation de l’escouade Delta de leur sueur et de leur sang durant de longues campagnes dont vous ne pouvez même pas imaginer la grandeur. «  Aussi, ne croyez pas que, simplement parce que vous avez été admis comme soldats de l’Alliance par l’académie, ce sera de même pour moi. De mon point de vue, vous n’êtes encore que des recrues inexpérimentées en combat réel. Ne pensez pas que cela se passera comme dans vos simulations d’entraînement, avec leurs scripts préparés et des ennemis peu malins. Car les humains sont tout sauf prévisibles. Ce sont des ennemis déterminés à défendre la moindre parcelle de terrain, et dont la stratégie est très surprenante. «  Mais ce sont les ennemis que nous devrons combattre et vaincre en toute circonstance avec la plus grande efficacité. J’exige de vous un dévouement total envers l’Alliance, et une obéissance aveugle en mes ordres. Vos vies appartiennent à l’escouade Delta, désormais, et je vous interdit de mourir sans mon autorisation, et encore moins avant que vous ayez accompli vos objectifs de mission. «  Est-ce que c’est clair ?

- Oui lieutenant ! répondirent en cœur les novices.

- Parfait. Maintenant avancez un par un pour que je vous distribue votre équipement.

Les sangheilis se regardèrent avec hésitation pour savoir qui irait le premier. Erdo avait presque oublié cette habitude qu’avaient les nouveaux à hésiter lors de leurs premiers pas dans l’armée de l’Alliance. Ils sont perturbés et ça se voit. Ils commencent à prendre conscience de l’ampleur de notre Croisade et du dévouement qu’elle demande à chacun d’entre nous. L’académie n’est pas réputée pour former des généraux ou des stratèges, mais plutôt des combattants, des guerriers. De plus, l’entraînement en réalité virtuelle ressemble vraiment à un lavage de cerveau. Heureusement que je suis trop âgé pour avoir connu cette technologie…

C’est alors qu’un sangheili quitta le rang d’un pas résolue et s’arrêta à un mètre devant Erdo, le fixant droit dans les yeux. Son regard était vif, précis, et pénétrant. Cela plut au lieutenant qui émit un rire sourd d’amusement avant de demander :

- Comment te nommes-tu, recrue ?

- Irul Sulamee, lieutenant.


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Chapiter 2 : Première vague


0848 unités de temps du 42ème jour de la quatrième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ croiseur de combat Angry Justice, système solaire Mordanus.

Tous le vaisseau était en effervescence. Des centaines de sangheilis et plusieurs milliers de ungoys étaient rassemblés devant leurs vaisseaux de transport assignés dans les baies de lancements, pour y recevoir leurs ordres. Parmi eux, Irul Sulamee attendait patiemment que le lieutenant de l’escouade Delta se présente. C’était sa première mission réelle, et cela le rendait un peu tendu. Je dois me calmer, se dit-il. Ce n’est qu’un assaut classique. Il n’y a que peu de risques que la résistance ennemie soit forte. Tout se passera bien.

C’est alors que Erdo Sandamee pénétra sur le pont d’embarquement, avec les autres lieutenants sangheilis. Il était facilement reconnaissable par son armure éclatante, parfaitement entretenue et soignée, ainsi que par le charisme qui se dégageait de lui. Chaque membre de l’escouade Delta, qu’il soit novice ou vétéran, respectait profondément leur supérieur pour sa sagesse et sa juste sévérité. Le moindre de ses conseils étaient scrupuleusement suivi et répétés dans tout le groupe, dont les nouvelles recrues avaient vite ressentie la fière réputation qui entourait cette unité.

L’escouade Delta était composée de sept sangheilis, en plus de leur lieutenant, ainsi que de quinze ungoys. Les deux seuls vétérans sangheilis que comportait le groupe semblaient aussi attentionnés que Erdo envers les nouvelles recrues.

Le premier était Naaldi Tsudemee, un puissant guerrier à la force colossale, spécialisé dans les assauts musclés. Il ne se sentait jamais aussi bien qu’au milieu d’une mêlée pour y faire preuve de sa puissance et de sa férocité. Personne dans tout le vaisseau n’avait jamais put le battre au corps à corps, mais en dehors des combats, c’était un sangheili d’un très grand calme qui aimait beaucoup méditer en solitaire dans sa cellule. Il affichait toujours un calme si grand que s’en était intimidant, et savait se montrer attentionné avec ses frères de race. Il était presque aussi vieux que le lieutenant Erdo, et entretenait avec lui une forte amitié. La perte de leurs anciens coéquipiers les avaient certes affectés, mais ils se réunissaient souvent pour songer à la meilleur façon de faire progresser les nouvelles recrues. Le lieutenant faisait souvent appel à lui lors des entraînements pour effectuer des démonstrations devant les novices, et Naaldi savait toujours comment les impressionner. Il était considéré par beaucoup comme le grand frère de la famille que constituait l’escouade Delta.

Le second vétéran se nommait Karji Filomnee. Sa spécialité était le pilotage, et tout ce qui concernait les véhicules. Aucun mécanisme de n’importe quel engin de combat de l’Alliance ne lui était inconnu, et il passait souvent de nombreuses heures au garage pour y réparer ou optimiser les véhicules de l’escouade. Nul n’égalait son efficacité aux commandes d’un ghost ou d’un banshee, et il frappait toujours ses cibles avec une précision diabolique, même avec le puissant canon très dispersif d’un Apparition. C’était toujours lui qui était chargé de piloter les transporteurs terrestres de l’escouade lorsque la situation l’exigeait, et rares étaient les occasions où il a malencontreusement endommagé le matériel qu’il utilisait. Sa maîtrise de la mécanique s’étendait aussi à l’armement de poing des soldats sangheilis, voir à leurs armures. Sa seconde passion était d’observer comment les ingénieurs Huragoks démontaient les mécanismes divers des équipements qu’ils recevaient à réparer. Il possédait de nombreuses heures d’enregistrements holographique de ces démontages minutieux, et les analysait avec une attention toute particulière. Il était toujours très attentif à ce qui se passait autour de lui, et peu d’évènements échappaient à son regard. Le lieutenant Erdo lui confiait la lourde tâche d’inspecter les équipements des troupes, afin de vérifier qu’ils les entretenaient correctement. Et si un défaut lui apparaissait, il savait toujours donner les meilleurs conseils pour corriger cela. D’une humeur assez chaleureuse, il s’amusait beaucoup à railler amicalement ses coéquipier et à lancer des blagues pour maintenir le morale de l’escouade. Il était en quelque sort le soutient psychologique du groupe sur qui tout le monde pouvait compter.

Irul était fier de combattre auprès de si grands guerriers. Leur seule vision suffisait à lui donner foi en ce qu’il faisait. Par contre, il ne connaissait pas encore très bien les autres novices de l’escouade, et même leurs noms lui échappaient encore. Cependant, il était certain qu’ils deviendraient tous de fiers soldats semblables à ces vétérans qui les guidaient sur le chemin de la guerre et vers le Grand Voyage.

Lorsque Erdo approcha d’eux, les sangheilis de l’escouade Delta se mirent au garde-à-vous tandis que les ungoys cessèrent immédiatement leurs singeries habituelles.

- Bien ! fit Erdo. Je m’adresse aux nouveaux. Ceci est votre première mission non simulée, aussi je vous demanderai de ne rien tenter de stupide durant l’opération. Faites confiance aux renseignements ainsi qu’aux ordres, et vous reviendrez tous en vie. Sinon, ne comptez pas sur moi pour vous aider. Je ne tiens pas à risquer mon escouade pour sauver un cancre. «  Comme vous le savez déjà, le Angry Justice a été envoyé dans ce système pour éliminer un avant-poste humain. Cette base sert de point de ravitaillement pour les vaisseaux ennemis de ce secteur, et nous avons été chargés de stopper cet approvisionnement. Actuellement, la flotte est en train de vitrifier la planète de Mordanus IV dont le sol contient d’imposants gisements de ces combustibles chimiques que ces êtres primitifs utilisent pour alimenter leurs équipements et installations. Cependant, le port de ravitaillement spatial humain ne se trouve pas sur la planète, mais au beau milieu de la ceinture d’astéroïdes située entre Mordanus V et VI. Nos vaisseaux patrouilleurs ont repéré la base après trois heures de recherches, mais pas sans se faire détecter par l’ennemi, ce qui fait qu’ils sont déjà en alerte et prêts au combat. «  Nous serons la première vague de feu, accompagnés par les escouades Alpha, Bêta, Gamma, et Epsilon. Apprenez à travailler avec les membres de ces équipes, car ce sera toujours ainsi que cela se passera lors d’une mission de type C. L’objectif de notre groupe est de neutraliser les générateurs qui alimentent les canons de défense de la base, pour permettre à la seconde vague d’approcher sans risquer des pertes inutiles. Comme nous ignorons où se trouvent ces générateurs, il nous faudra l’apprendre des humains. Nous devrons donc en épargner certains, de préférence parmi les ingénieurs ou les officiers, et leur arracher cette information. «  Une fois notre objectif principal atteint, nous devrons nous frayer un chemin vers le quartier général ennemi pour y éliminer leurs commandants, et ainsi désorganiser leurs troupes de défense. Sachez que la première escouade qui remplira cet objectif se verra attribuer une récompense encore tenue secrète par notre commandant. «  Des questions ?

Immédiatement, Irul leva la main.

- Oui, Sulamee ?

- Dans l’éventualité ou il nous est impossible d’accomplir le premier objectif, que devrons-nous faire ?

- Très bonne question. En effet, il se peut que les générateurs ennemis soient profondément enfouis sous la surface de l’astéroïde dans lequel ils ont creusé leur base, ou même que des obstacles trop imposants nous en interdisent l’accès. Dans ce cas, il nous faudra détruire les canons de défense les uns après les autres, en privilégiant une face de l’astéroïde en particulier, pour sécuriser le plus rapidement possible une portion de l’espace autour de la base. «  D’après les images reçues par les vaisseaux patrouilleurs, il y aurait en tout quarante canons à accélération magnétiques répartis également sur toute la surface de l’astéroïde. Cela signifie que dans cette éventualité, nous devrons neutraliser vingt de ces pièces d’artilleries, qui représentent les seules véritables menaces contre nos vaisseaux. «  D’autres questions, recrue Sulamee ?

- Oui : quelle sera notre propre couverture contre les canons de défenses ennemis ?

- Aucune.


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Chapitre 3 : La race des guerriers


0854 unités de temps du 42ème jour de la quatrième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ croiseur de combat Angry Justice, système solaire Mordanus.


Irul s’approcha des écrans de visualisation externes du vaisseau d’abordage, qui se rapprochait de l’astéroïde renfermant la base humaine. C’était un astre de taille modeste, d’environ douze kilomètres de diamètres, qui trônait au milieu d’un espace relativement vide au sein de la ceinture d’astéroïdes. Car l’attraction gravitationnel qu’exerçait son énorme masse attirait tous objet se trouvant dans un certain rayon, et les autres astres plus petits s’écrasaient donc à sa surface pour y apporter leur propre matière rocheuse. Ce phénomène était à la fois un avantage et un inconvénient. Avantage car cela évitait que les vaisseaux alliés qui venaient se ravitailler soit endommagés par des débris célestes lors de leur approche, jusqu’au quais qui étaient creusés dans l’astre ; et inconvénient car cela rendait la base particulièrement visible à tout appareil ennemi, tout en limitant ses communications et ses détecteurs à cause des autres masses dispersés tout autour.

Le jeune sangheili se demandait quelles chances il pouvait bien avoir de survivre à la simple approche de la cible. Même si les innombrables chasseurs Séraphins que renfermait le Angry Justice allaient faire de leur mieux pour les couvrir, il était certain que plusieurs des vaisseaux d’abordage n’arriveraient jamais à destination. Celui-ci contenait tous les sangheilis de l’escouade Delta. Erdo était partisan du « tout ou rien » signifiant qu’il préférait regrouper tous ses guerriers dans un même transporteur et espérer que celui-ci soit épargner, plutôt que de les disperser pour être quasi certain d’en perdre une partie. Les autres vaisseaux assignés à l’escouades Delta contenaient donc les ungoys, dont le lieutenant se souciait comme de la poussière sur les cadavres de ses ennemis.

- Ecoutez tous ! fit Erdo. Dans quelques instants, nous entrerons dans la zone de tir de l’ennemi. Comme nous ignorons combien de vaisseaux se trouvent encore dans leurs quais, nous allons attaquer par la face opposé à la porte d’accès des croiseurs pour éviter de subir une attaque préventive. «  D’après les images de nos éclaireurs, un accès se trouve justement sur cette face-là de l’astre. C’est là que nous devrons frapper. Toutes les escouades seront donc groupées lors de l’abordage, puis se disperseront pour réaliser leurs objectifs respectifs. Les nouveaux, veillez donc à ne gêner personne.

Soudain, une explosion fit faiblement trembler le vaisseau. Irul observa les écrans et vit les restes d’un chasseur Séraphins se disperser dans l’infini de l’espace. L’appareil avait été abattu alors qu’il se trouvait à vingt mètres à peine de la coque du transporteur principal de l’escouade Delta. C’est pas passé loin…

Les transporteurs de l’Alliance avaient une cinquantaine de kilomètre à traverser, dépourvu du couvert des autres astéroïdes, et juste devant les canons des humains qui pouvaient les déchiqueter comme du papier. Les chasseurs Séraphins passèrent devant, usant de leur grande vitesse pour éviter d’être perforé par les CAM. Car ces armes avaient beau être dévastatrices, elle possédaient un énorme défaut : leurs projectiles étaient incapables de corriger leur trajectoire en vol. Il leur fallait donc parfaitement calculer la trajectoire de la cible pour avoir une solution de tir à même de toucher au but. C’est pourquoi ce genre d’armement était réservé plutôt pour abattre les vaisseaux les plus gros, donc les plus lents. Mais malheureusement, les vaisseaux de transports étaient également très lents, et très peu manœuvrables. Il serait vraiment temps de créer un nouveau type de vaisseaux d’abordage, pensa Irul. Avec de plus puissants moteurs, même si cela réduit la capacité de transport. Et un système de sas intégré pour éviter d’être obliger d’utiliser les sas de l’ennemi, où il pourrait tranquillement nous attendre. Etre capable d’aborder un bâtiment de n’importe où avec la rapidité de l’éclair serait la plus grande menace que pourrait redouter les humains, encore plus que nos croiseurs.

Plusieurs transporteurs explosèrent à tour de rôle. L’un de ceux contenant les Ungoys de l’escouade Delta fut transpercé sur toute sa longueur avant que ses moteurs à plasma ne délivrent un puissante décharge destructrice qui consuma les infortunés petits êtres, dont les corps gelèrent instantanément au contact du froid absolue du vide spatial. Pendant ce temps, les Séraphin tentaient d’affaiblir les défenses des humains en bombardant les CAM, mais subissaient les tirs nourris de batteries de missiles qui faisait des ravages parmi les frêles appareils.

Lorsque le transporteurs des sangheilis de l’escouade Delta atteignit enfin l’un des sas d’entrée de la base, ses fixateurs magnétiques s’engagèrent pour pressuriser un passage vers l’intérieur. Les lasers de découpage automatiques sectionnèrent la porte du sas en quelques secondes, et l’air contenu dans le transporteur s’y engouffra instantanément.

- Bradius ! commanda Erdo. Ouvre-nous le passage !

Bradius était le sangheili chargé des explosifs et des équipements de piratage informatique. Bien qu’il soit encore peu expérimenté dans cet art, peut de portes pouvaient résister à ce genre de matériel, même mal employé. Il ne lui fallut qu’un instant pour placer une charge creuse au niveau des verrous de sécurité et la faire exploser.

- Fumigènes ! ordonna Erdo. Et activez vos vision infrarouges !

Trois grenades traversèrent le sas pour atterrir à l’intérieur de la base et y vomir plusieurs dizaines de mètres cubes de fumée. Sous ce couvert épais, les guerriers de l’Alliance chargèrent en lançant des cris de fureur.

Irul fut le premier à pénétrer dans l’installation ennemie. Le sas débouchait sur un large couloir, mais la fumée l’empêcher d’en voir plus. Il tourna immédiatement sur sa droite pour couvrir ce flanc, et il identifia rapidement une demi-douzaine de cibles. Les formes rougeoyantes des corps chauds des humains suffisaient à faire monter en lui un désir de mort et de massacre. Sans cesser de hurler, il pointa son fusil plasma vers sa première cible et l’abattit d’une salve rapide et précise.

Aussitôt, les autres répliquèrent. Les détonations de leurs armes à projectiles retentirent dans tout le couloir. Leurs balles sifflèrent aux oreilles d’Irul, et certaines réussirent même à le toucher. Son bouclier encaissa sans difficulté tandis que le sangheili décrochait une grenade à plasma de sa ceinture. Sa flamme bleue se perdit dans l’épais brouillard avant de réapparaître aux yeux d’Irul dans une formidable explosion qui fit voler trois de ses adversaires.

Ceux qui avaient survécu à la déflagration prirent peur et commencèrent à se retourner pour s’enfuire. Mais Irul ne leur en laissa pas le temps, et les abattit tous d’un longue rafale qui faillit faire surchauffer son arme. Tous sauf un, qu’il stoppa dans sa course en lui fauchant les jambe de son plasma. C’est alors que la voie de Karji se fit entendre juste derrière lui :

- Doucement sur la gâchette, recrue. Si ton arme chauffe trop, cela dilate le canon et diminue alors ta précision. De plus… ça m’emmerdrait d’avoir à te le réparer dès ta première mission...

Irul se retourna, et s’aperçu que tous les ennemis de la zone avaient été éliminés. Les sangheilis d’autre escouades continuaient à envahir la station et se dirigeaient déjà vers leurs objectifs principaux. Rapidement, Erdo sonna le rassemblement d’un de ces grognements autoritaires dont il avait le secret.

- Beau travail, soldats ! Maintenant, concentrons-nous sur notre premier objectif. Quelqu’un à épargner un humain ?

- Négatif, lieutenant, répondirent l’un après l’autre les sangheilis de l’escouade.

- C’est pas facile de les différencier avec cette fumée, expliqua Naaldi. Déjà que lorsqu’on les voit bien, ils se ressemblent tous, alors là…

- Moi j’en ai un qui pourrait nous renseigner, fit Irul en traînant un humain derrière lui.

Alors que la fumée se dissipait peu à peu, les sangheilis purent observer la proie qu’Irul leur rapportait. L’homme était grand, ou plutôt avait été grand, car ses jambes avaient été sectionnées au milieu des cuisses par la rafale meurtrière du novice. Heureusement pour lui, le plasma avait cautérisé les plaies quasi instantanément, lui évitant de se vider de son sang. Mais il savait très bien que ce n’était qu’un sursit, sa fin risquant d’être beaucoup plus horrible et douloureuse.

- C’est un gradé, expliqua Irul. Regardez : ça se voit aux barres métalliques greffées sur ses épaules.

- Mais comment as-tu fais pour les voir dans la fumée ? demanda Erdo.

- Je ne les ai pas vu. Mais j’ai nettement vu que ce n’était pas la silhouette d’un casque sur son crâne. Cette espèce de coiffe en tissu est caractéristiques des officiers, et facilement reconnaissable même dans un tel brouillard.

Ce fut la première fois qu’Irul vit son lieutenant sourire avec si peu de retenu. Erdo paraissait énormément fier de lui. Voilà pour quoi je devrait me battre. Non pas pour moi, pour ma propre gloire, mais pour faire en sorte que mes supérieurs et l’Alliance toute entière soient fiers.

- Excellent travaille, Sulamee. Je ne l’oublierai pas.

- Merci, lieutenant.

- Et maintenant, humain, dis-nous où se trouvent les générateurs des installations de défense. Plus tu répondras vite, plus ta mort sera rapide.

L’homme tremblait de tout ce qui restait de son corps, son front se couvrant de sueur comme une vitre sous la pluie. Une peur sans borne se voyait dans ses yeux exorbités qui fixaient avec horreur le puissant sangheili qui l’interrogeait. Après avoir balbutié plusieurs mots incompréhensibles, il répondit :

- D… dans… dans la section A-3. C… c’est au centre de l’astéroïde.

- Quels protections entourent cette section ?

- L… l’accès est re… re… sécurisé par un c… code.

- Et quel est ce code ?

Les tremblements de l’homme se firent plus violents, pour devenir presque des sursauts qu’il essayait de refreiner en fermant les yeux, et les mots qui sortirent de sa bouche était un charabia incompréhensible, haché par une prononciation massacrante. Erdo commença à perdre patience :

- Tu es en train de gagner de la souffrance, humain !

- P… p… pitié ! Je… je ne connais pas…

- Oh que si tu le connais, ce code. Donne-le moi ! Ou sinon…

Erdo pointa alors son fusil à plasma sur les moignons de jambe de l’humain, et y découpa un lambeau de chair d’une décharge parfaitement contrôlée. L’homme hurla de douleur comme il n’avait jamais hurler, et des larmes surgirent brusquement de ses yeux. Insensible à la douleur de l’officier, Erdo termina :

- … je vais de mettre en pièce morceau par morceau.

- Haaaa ! Ca brûle ! Pitié ! Pitié, je vous direz tout ce que vous voudrez !

- LE CODE !!

- Ma main !

- Quoi ?!

- Ma main ! Quand vous m’aurez tué, prenez ma main. Mes empreintes sont une clé pour ouvrir les portes des section vitales de cette base.

- Merci de ta réponse. Voici ta récompense.

Aussi calme que s’il s’agissait d’une mouche à écraser, Erdo transperça le crâne de l’officier humain d’un tir de plasma. Sa cervelle éclaboussa le sol du couloir, dont la teinte blanc beige fit grandement ressortir le sang. Une autre décharge sectionnait son avant-bras droit. Erdo saisit le membre libéré et le tendit à Irul.

- C’était ton prisonnier. C’est donc à toi que revient l’honneur de protéger notre laisser-passer. Veille dessus comme sur ta propre vie.

- Bien lieutenant.

- Tous aux générateurs !


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Chapitre 4 : Premiers parmi l'élite


0912 unités de temps du 42ème jour de la quatrième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ croiseur de combat Angry Justice, système solaire Mordanus.

Le cheminement jusqu’à la section A-3 fut lente et difficile. Les soldats humains pullulaient comme des insectes dans toute l’installation pour venir s’écraser contre la force brute des escouades sangheilis. L’escouade Delta surveillait les communication des autres groupes d’assaut pour connaître l’avancée globale de la bataille, mais aussi pour la course au généraux ennemis.

Les humains avaient organisé de solides poches de résistances au niveau des points vitaux de leur base, protégés derrière des barricades qui étaient cependant érigées trop rapidement pour être vraiment efficaces. L’escouade Delta dût traverser plusieurs de ces carrés défensifs pour atteindre son objectif, et les tableaux de chasse des novice se rempli très rapidement par plusieurs dizaines de morts. Et lorsque la porte blindée menant à la section A-3 fut finalement ouverte par le trophée d’Irul, il ne fallut pas longtemps à Bradius pour pulvériser les générateurs par quelques charges bien placées.

- Ici le lieutenant Erdo Sandamee de l’escouade Delta ! Nous avons atteint notre objectif primaire. Vous pouvez envoyer la deuxième vague d’assaut.

- Bien reçut, escouade Delta ! On vous envoie les renforts. Bon travail !

Aussitôt, Erdo se tourna vers ses guerriers.

- Dolee ! Quelle est la situation concernant les généraux humains !

Dolee était le novice responsable des transmissions. Son armure comportait un packtage dorsal un peu plus volumineux contenant un dispositif radio très avancé qui lui permettait d’intercepter n’importe quelle communication, et de joindre toute force de l’Alliance avec une grande facilité, même sous un brouillage ennemi. Depuis le début de la mission, il était chargé d’épier les transmissions des autres escouades sangheilis et des humains, et son rapport n’en fut que plus complet :

- Le quartier général ennemi a été repéré dans la section B-5 de l’installation. Les escouades Bêta et Epsilon ont déjà accompli leurs objectifs primaires et sont en route. Ils se frottent à de très nombreuses poches de résistance, et il semble y avoir eut plusieurs morts sangheilis dus à des pièges explosifs, ce qui fait qu’ils progressent très lentement. D’après les transmissions humaines que j’ai interceptées, l’officier dont nous avons arraché le bras faisait partie du groupe de commandement ennemi.

- Parfait ! fit Erdo. Cela signifie que nous avons déjà de l’avance sur les autres escouades. Dolee ! Est-ce que tu peux nous guider vers cette section B-5 ?

- Sans problème, chef.

Le novice donna alors les indications pour diriger ses coéquipiers vers leur nouvelle cible, et fit en sorte qu’ils atteignent le QG humain par un autre chemin que les deux autres escouades déjà en route. Comme prévus, ils rencontrèrent de nombreux ennemis sur leur chemin, mais ceux-ci furent balayés les uns après les autres sans la moindre perte sangheili. Entre deux poches de résistance, les ungoys restants de l’escouade Delta passaient devant afin de subir eu-même les pièges placés par les humains.

- Regardez et apprenez, dit Erdo lors de l’un de ces déminages. La plupart des officiers sangheilis préfèrent utiliser leurs ungoys comme première force d’attaque lors d’un abordage, de façon à faciliter l’arrivée de leurs guerriers. Mais je n’aime pas ce genre de gaspillage. Notre tactique de fumigènes nous a permit de les épargner afin de les utiliser maintenant dans un rôle bien plus utile. C’est un gain de temps énorme, alors souvenez-vous en : les ungoys sont peut-être de la chair à canon, mais qui doit être utiliser intelligemment.

En effet, la progression du groupe fut incroyablement rapide par rapport aux autres. Mais alors qu’il ne restait plus que quelques couloirs à parcourir, Dolee annonça avec agitation :

- Lieutenant ! Lieutenant, c’est trop tard : l’escouade Epsilon à atteint la section B-5.

- Enfer !

- Non attendez ! fit le novice en pressant son écouteur contre son ouïe. Ils vont faire sauter la porte d’accès à la section … attendez… ça ne marche pas. La porte est trop épaisse. Ils vont tenter de pirater l’ordinateur pour l’ouvrir.

- Ca devrait leur prendre un certain moment. Nous devons en profiter. On fonce !

Erdo pressa alors les ungoys de courir au devant de l’escouade. Les petits être avancèrent du plus vite qu’ils pouvaient, mais ne rencontrèrent aucun piège avant d’atteindre une énorme porte blindée sur laquelle était marqué le signe B-5.

- On y est ! fit le lieutenant. Irul ! Ouvre-nous ça !

Irul obtempéra, et pressa la main de l’officier humain contre le releveur d’empreintes digitales. Un lourd bruit mécanique se fit entendre, puis la porte coulissa lentement sur le côté.

- Une dernière chose, fit Erdo. N’utilisez aucune grenade ! Cela rendrait toute vérification impossible.

Et sur ces mots, il s’engouffra dans l’ouverture en poussant un puissant cri guerrier. Le reste de l’escouade le suivit dans une immense pièce d’un blanc immaculé rempli d’écrans géants et de bornes de contrôle. Il y avait là de nombreux ingénieurs et informaticiens, quelques hauts gradés, et seulement une dizaine de véritables soldats humains. Ce fut un massacre total d’une férocité incroyable. Le sol immaculé fut taché par des litres et des litres de sangs parfois accompagnés de fragments de cervelles ou d’entrailles.

Irul abattit en priorité les soldats ennemis qui représentaient le plus de menace, avant d’éliminer froidement les autres humains pleurnichards qui tentaient de sa cacher derrière les panneaux de contrôle. Jamais il n’aurait cru pouvoir tuer autant lors d’une seule mission, et jamais il n’aurait cru que cela lui procurerait autant de plaisir.

Lorsque le massacre fut terminé, Erdo contacta le Angry Justice pour annoncer :

- Ici l’escouade Delta. Nous avons pénétré le quartier général ennemi et éliminé toute présence humaine à l’intérieur.

- Ici le commandant Urtanee. Excellent, escouade Delta. Votre rapidité sera amplement récompensée. A toutes les escouades de la première vague ! Vous pouvez évacuer.

- Si vous le permettez, commandant, l’escouade Delta restera jusqu’au dernier humain.

- Bon esprit, lieutenant. Laissez-moi vous souhaiter bonne chasse !

- Merci, commandant.

Le dernier humain de la base s’effondra finalement sur le sol d’un couloir sombre, dans une flaque de ses propres fluides excréteurs que la panique lui avait fait relâché. Irul avait entendu des claquements de dents derrière un escalier, et le sort de ce lâche s’était réglé en un instant. La mort peu honorable de cet humain laissa le jeune sangheili perplexe. Quel peuple de faibles ! Unis, ils peuvent être dangereux, mais seuls, les instincts les plus bas et les plus honteux les envahissent si facilement. Encore une preuve de leur infériorité.

Au cour de cette seule attaque, Irul avait tué en tout cinquante-trois humains. Ce palmarès était le deuxième plus élevé de l’escouade, derrière Naaldi et ses quatre-vingt sept tués. Le vétéran avait fait preuve une fois de plus de son immense férocité avec un talent incontestable que les autres escouades ne connaissaient que trop bien. L’escouade Delta était d’ailleurs la seule unité de la première vague d’assaut n’ayant perdu aucun sangheili, ce qui avait profondément offensé les autres groupes, principalement le groupe Epsilon qui n’avait pas digéré le fait de s’être fait doublé au dernier moment pour l’attaque du QG humain. Le grand nombre de recrues Delta n’avait fait qu’augmenter ce sentiment de frustration général, mais la réputation de l’escouade et de son lieutenant avait éviter toute rixe. La dernière chose dont l’Alliance avait besoin était d’une bagarre entre groupes de sangheilis.

L’évacuation fut aussi rapide que l’avait été le débarquement. L’imposante force d’attaque de l’Alliance laissa derrière elle un astre mort contenant une base morte aux couloirs jonchés de cadavres. Une fois le dernier transporteur rentré aux hangars à navette, le Angry Justice passa immédiatement dans le sous-espace.

Lorsque les sangheilis de l’escouade Delta surgirent de leur navette, ils furent accueillis par le commandant Urtanee en personne, accompagné par sa garde personnelle.

- Mon commandant, fit aussitôt Erdo en s’inclinant. Que nous vaut cet honneur ?

- Vous et votre escouade avez fait un travail remarquable, lieutenant. Cela est d’autant plus impressionnant si l’on considère le nombre de recrues qu’elle compose. J’avais promit une récompense à la première équipe qui atteindrait le quartier général ennemi, et vous avez largement mérité que je vous la remette personnellement. Suivez-moi !

Urtanee les mena jusqu’à l’armurerie principale du vaisseau, où des dizaines d’Huragok s’afféraient à entretenir des équipements divers. Le commandant s’arrêta devant une série d’énormes casiers et ouvrit l’un d’eux. Il contenait une énorme armure bleu cyan dotée de propulseurs dorsaux, et dont le casque était entièrement fermé.

- Voici le tout nouvel équipement sangheili de type G-0, conçu pour évoluer dans l’espace ou les airs. Idéal pour les abordages de vaisseaux et de stations spatiales, ainsi que pour contourner aisément des obstacles sur le terrain. Cette armure comporte également toutes les amélioration de l’armure de combat de troisième génération dont tous les sangheilis de l’Alliance seront progressivement équipés : un détecteur de mouvement et des senseurs thermiques permettant de surveiller la charge des armes à plasma pour éviter une surchauffe. «  Ces armures ne remplaceront pas vos armures actuelles. Elle s’ajouteront à l’équipement disponible dans votre armurerie personnelle, et vous pourrez choisir de les utiliser en fonction des missions dont vous serez chargez. Mais vous aurez bientôt l’occasion de tester leur efficacité en gravité zéro.

- Nous avons déjà de nouveaux ordres ? demanda Erdo.

- Notre flotte a reçu l’ordre de faire route vers un système solaire repéré récemment par nos vaisseau-éclaireurs dont l’une de ses planètes abrite un lieu saint forerrunner. Malheureusement, c’est aussi une colonie humaine, et nous allons devoir écraser ce peuple de profanateurs au plus vite. Le voyage nécessitera onze heures, donc profitez de ce temps pour vous reposer. Vous avez quartier libre.


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Chapitre 5 : Combats de rue


1726 unités de temps du 44ème jour de la quatrième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ capitale coloniale de Tassidus Prime, système Uxilos.

- Attention ! hurla Karji. Roquette en approche !

Tous les membres de l’escouade Delta se mirent aussitôt à couvert parmi les carcasses de véhicules humains qui encombraient la grande rue. Le missile passa juste au-dessus de leur tête et alla s’écraser contre un bâtiment dont le premier étage fut totalement soufflé par l’explosion. Irul fut le premier à se relevé, et pointa sa carabine à plasma en direction de l’origine du projectile humain pour abattre le tireur en un instant.

- Bien joué, Fulsamee ! le félicita Erdo. On continue d’avancer !

Les grands guerriers de l’Alliance se relevèrent, et Lidios, l’éclaireur du groupe, partit aussitôt devant pour repérer la zone.

Cela faisait deux jours que la flotte Particular Vengeance assiégeait la petite planète de Tassidus Prime. Comme il s’agissait d’un avant-poste, les installations militaires n’y manquaient pas, ce qui en faisait le terrain d’entraînement idéal pour les nouvelles recrues de l’escouade Delta. Depuis le début de l’attaque, ils avaient déjà détruit une station de défense spatiale, saboté une installation radar, et tendu une embuscade à une armée humaine, et tout cela sans subir la moindre perte sangheili.

Après cela, l’escouade Delta avait été envoyée pour aider les forces d’assaut à pacifier la ville principale de la planète. Les forces humaines, complètement dépassées en combats réguliers, avaient décidé d’employer des tactiques de guérillas qui donnaient du fil à retordre à l’armée de l’Alliance. De petits groupes d’infanterie ennemis se dissimulaient dans les ruines des bâtiments pour effectuer de dévastatrices attaques surprises, avant de disparaître aussitôt.

Afin de combattre le feu par le feu, le commandant Urtanee avait fait déployer des équipes de « nettoyage » qui quadrillaient la ville pour trouver et éliminer ces groupes de résistants. Mais bien que les soldats de l’Alliance avaient l’avantage de la force et de la technologie, les humains avaient l’avantage du terrain. Depuis le début de leur mission, les sangheilis de l’escouade Delta avaient déjà massacré plus d’une dizaine de groupes de guérilla humains avec une grande efficacité, mais ces êtres inférieurs ne semblaient pas vouloir se replier.

Alors que l’escouade continuait sa progression le long d’une large rue, Lidios les contacta par radio :

- Lieutenant ! J’ai repéré une poche de résistance ennemie à huit cent mètres de votre position. Ils se sont retranchés dans un grand bâtiment rouge à moitié en ruine.

- Est-ce qu’ils t’ont repéré ?

- Négatif, chef.

- Alors surveille-les. On arrive. Si jamais ils nous attaque, couvre-nous avec ton sniper.

Il ne leur fallut pas longtemps pour avoir leur nouvelle cible en vue. La grande structure se trouvait au coin d’un immense carrefour, ce qui en faisait une position idéale pour couvrir une large zone. Aussitôt, Erdo établie une stratégie d’attaque :

- Nous n’avons pas le temps de les contourner. Il va nous falloir attaquer de front. Dolee ! Tu vas rejoindre Lidios pour l’aider à nous couvrir. Tu surveilleras le bâtiment à la jumelle pour lui indiquer des cibles. Avec cette couverture, le reste de l’escouade pénétrera dans à l’intérieur. A partir de là, faites ce que vous savez faire de mieux.

Lorsque tout le monde fut en place, l’assaut débuta dans la plus grande discrétion. Malheureusement, un guetteur humain était posté au troisième étage. Et bien qu’il fut abattu par Lidios, sa mort alerta aussitôt ses congénères qui se placèrent aux fenêtres. Les sangheilis progressant dans la rue se retrouvèrent alors en contre-bas par rapport à leurs adversaires, ce qui rendait inutile tout couvert. Erdo ordonna donc de foncer, et les grands guerriers lâchèrent de puissants cris de rage en courrant vers leurs prochaines victimes. Leurs boucliers encaissèrent les quelques tirs subits pendant leur course, alors que Lidios descendait les porteurs d’arme lourdes et les tireurs d’élites éventuels.

- Massacrez-les tous ! hurla Erdo. Pour l’honneur et pour l’Alliance !

Irul était, avec Naaldi, l’un des deux soldats d’assaut de l’équipe. Il n’avait pas vraiment de spécialisation, mais cela lui plaisait, car cela le plaçait toujours en première ligne et lui permettait de se concentrer uniquement sur le combat. De plus, il aimait assez se trouver aux côtés du grands vétéran. La fureur avec laquelle il chargeait l’ennemi lui donnait toujours un courage sans limite, et cette attaque n’allait certainement pas être une exception.

Dès qu’ils pénétrèrent dans le rez-de-chaussée constitué d’un vaste hall entouré de trois grands escaliers, les sangheilis furent réceptionnés par un groupe d’une dizaine d’humains retranchés derrière les bureaux d’accueil. Sans aucune hésitation, Naaldi se précipita sur eux, et Irul le suivit de près. Avant même qu’il ne les atteigne, le vétéran avait déjà descendu cinq ennemis de ses deux fusils plasma, ce qui pétrifia les autres lorsqu’il se jeta sur eux pour les massacrer. Irul eut à peine le temps de briser la nuque d’un unique humain avec un puissant coup de crosse.

Etage après étage, le bain de sang fut de plus en plus énorme, faisant plusieurs dizaines de victimes humaines, et il devint clair pour Erdo qu’ils avaient sans doute découvert le poste de commandement ennemi de cette zone. Au quatrième étage, ils trouvèrent des cartes stratégiques, que le lieutenant plia pour les confier à Karji.

- Fait très attention avec ça. Cela nous permettra de connaître les positions des autres poches de résistances.

- Comptez sur moi, chef !

C’est alors que les humains entreprirent une action désespérée : tous leurs soldats encore en vie dans le bâtiment se précipitèrent au quatrième étage pour essayer d’abattre l’escouade Delta. Erdo organisa aussitôt une défense :

- Que tout le monde se place dans le couloir. Je veux trois soldats pour couvrir chaque côté. Bradius ! Place-nous quelques mines de proximité dès que tu en as l’occasion !

- Compris, chef !

Mais l’assaut des humains fut si intense et si massif que le spécialiste en explosif n’eut pas l’occasion d’utiliser autre chose que les nombreuses grenades qu’il transportait. La puissance de feu des sangheilis leur permit de recevoir leurs assaillants aussi rapidement qu’ils arrivaient dans leurs lignes de tir. Des monceaux de corps s’amassèrent aux deux extrémités du couloir, formant des boucliers de chairs pour les survivants. Irul préféra utiliser sa carabine à plasma pour augmenter sa précision, perforant les têtes de ses cibles avec une facilité déconcertante. Le seul qui ne semblait pas vraiment en sa place était Naaldi, qui aurait largement préféré foncer dans le tas. Il se contenta de mitrailler du mieux qu’il le pouvait, abattant de temps en temps un malchanceux.

Le massacre dura trois longues minutes, et fit plus de deux cent victimes humaines. Lorsque la situation se calma finalement, Erdo demanda :

- Est-ce que tout le monde va bien ?

- Lidios est légèrement blessé à l’épaule, fit Karji, mais sinon tout le monde est intact.

- Dolee ! Contacte la flotte et annonce-leur que nous avons nettoyé un poste de commandement humain ! Dis-leur aussi que nous avons trouvé d’importants renseignements sur les positions ennemies de la ville.

- Bien compris, lieute… excusez-moi, mais je reçois une communication de la flotte.

- Fais-nous écouter !

Dolee pianota sur le minuscule panneau de contrôle radio qu’il portait au bras, et la voix du commandant Urtanee se fit entendre dans les écouteurs des sangheilis de l’escouade :

- A toutes les troupes régulières se trouvant sur la planète ! Transmettez immédiatement vos positions respectives pour évacuation ! Si vous êtes actuellement sous le feu ennemi, veuillez le préciser pour obtenir une couverture aérienne appropriée. Quant aux unités d’opération spéciales, qu’elles restent en position jusqu’à la fin de leur mission. Aucune protestation ne sera tolérée, et tout retard sera sévèrement châtié. Terminé.


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Chapitre 6 : Sortie imprévue


1732 unités de temps du 44ème jour de la quatrième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ croiseur de combat Angry Justice, en orbite au-dessus de Tassidus Prime, système Uxilos.

Les membres de l’escouade Delta furent parmi les premiers soldats à être évacués de la surface. Ils abandonnèrent derrière eux une cité dévastée dont les ruines n’abritaient plus qu’une faible résistance humaine désorganisée qui pourrait être facilement écrasée à leur retour. Mais le lieutenant Erdo comprit, dès leur arrivée sur le croiseur, qu’ils ne retourneraient peut-être jamais là-bas : tout le vaisseau était sous l’emprise d’une agitation encore jamais atteinte au sein de l’Alliance.

Tous les appareils de combat étaient en train d’être approvisionnés. Tous les soldats disponibles étaient rassemblés dans les hangars à navette, pour se préparer à une quelconque bataille d’une ampleur apparemment terrible. Même les troupes de défense du croiseur avaient été réquisitionnées, ce qui prouvait que la situation était très grave, mais Erdo ne se laissa pas démonter et se tourna vers ses guerriers :

- On retourne à l’armurerie pour s’équiper et attendre les ordres. Inutile de gêner ceux qui se trouvent déjà ici. Lidio ! Va à l’infirmerie et demande des soins rapides. Je veux que tu reviennes le plus vite possible.

Mais avant de pouvoir quitter la baie, l’escouade rencontra le commandant Urtanee qui semblait les attendre.

- Lieutenant Erdo ! Je suis heureux que vous soyez revenu si vite.

- Peut-on savoir ce qui se passe ici, commandant ?

- C’est très simple : une importante flotte humaine est apparu à quelques millions de kilomètres d’ici. Ils seront sur nous dans 196 unités de temps, et nous sommes en très nette infériorité numérique : à peu près six vaisseaux contre un. C’est pourquoi nous allons devoir aborder le plus de bâtiments ennemis possibles pour contrer ce désavantage. «  Et j’ai justement besoin de vous pour mener l’abordage le plus important : celui du destroyer de commandement ennemi. Votre tout nouvel équipement vous permettra de frapper directement les points stratégiques du vaisseau afin de le détruire, ce qui désorganisera leur flotte et les laissera à la merci de nos propres bâtiments.

- Mon escouade et moi sommes fiers d’avoir été choisis pour cette mission, commandant.

- Alors équipez-vous. Je vous veux prêts à partir dans une heure.

Les combinaisons de combat spatiales était d’un confort bien plus grand que celles habituellement portées part les soldats sangheilis de l’Alliance. Irul trouva la sienne parfaite, comme une extension de son corps, et les nouvelles options lui parurent très faciles d’utilisation. Ce détecteur de mouvements sera parfait pour éviter les attaques surprises. Jamais je n’aurais put croire obtenir un aussi bel équipement aussi vite. Et dire que ma première mission avec risque bien d’être la dernière. Cette assaut est un acte totalement fou et désespéré qui risque de tous nous tuer. Mais je n’oserai jamais contester les décisions de mes supérieurs, et si le lieutenant Erdo a accepté cette mission, je le suivrais. Je le suivrais même jusqu’au plus profond de l’enfer, tout comme chaque membre de l’escouade.

Les sangheilis du groupe Delta avaient été embarqués dans la soute d’un chasseur Séraphin dont on avait retiré l’armement. Cela leur donnait une plus grande espérance de vie que s’ils avaient été dans un transporteur régulier, le commandant Urtanee ne souhaitant pas gaspiller de si bons guerriers avec un si bon équipement. Deux autres groupes identiques étaient eux aussi transporté de cette façon vers le destroyer super-lourd qui constituait le vaisseau amiral de la flotte humaine.

Les explosions parsemaient le gigantesque champs de bataille cosmique comme des étoiles éphémères, naissant et aussitôt avec force et destruction. Les vaisseaux de l’Alliance avaient envoyé tous leurs vaisseaux d’attaque et chasseurs-bombardiers pour mettre la confusion nécessaire pour que les escouades d’assaut accomplissent leur mission. L’une d’elle devait mettre hors service les moteur du destroyer tandis qu’un autre neutraliserait son armement principal et que le groupe Delta investirait le pont de commandement.

Cette dernière mission paraissait plutôt facile à effectuer. En effet, les humains avaient la curieuse habitude de placer les installations de commandement à l’avant de leurs vaisseaux, contrairement à ceux de l’Alliance qui les abritaient en leur centre. Pour Irul, c’était une nouvelle preuve de l’illogisme de ces êtres inférieurs et de leur stupidité. Ils sont incapables de voir ce qui est évident, et particulièrement le fait qu’ils ne peuvent pas nous vaincre, ni même nous résister. Ils sont dépourvu de bon sens et n’ont aucun honneur. Ils me dégoûtent.

C’est avec cette pensée que le sangheili alluma ses réacteurs dorsaux lorsque la soute du bombardier s’ouvrit pour lâcher l’escouade Delta au-dessus de leur cible. Le destroyer humain faisait plus d’un kilomètre de long pour trois cent mètres de larges, et sa coque était parsemée de lumières sortant des milliers de hublots. L’épais blindage dont il était couvert encaissait facilement les nombreuses bombes à plasma que larguait les autres bombardiers, mais la flotte ne comptait pas l’abattre ainsi.

Les sangheilis en armure spatiale foncèrent vers la coque du vaisseau pour y chercher une prise avant qu’il ne leur file sous le nez. Par chance, ses moteurs n’était pas assez puissants pour lui permettre de se mouvoir trop rapidement, et tous les membres de l’escouade réussir à s’accrocher quelque part. Erdo actionna alors sa radio :

- A tous ! Est-ce que vous voyez un sas d’entrée d’où vous êtes ?

- Ici Orlius ! J’en ai un juste sous mes yeux.

Orlius était le novice chargé de l’armement lourd lors des missions. Même si c’étaient habituellement les ungoys qui manipulaient les équipements comme le canon à combustibles ou la tourelle à plasma amovible, le lieutenant Erdo préférait les confier à des mains plus expertes. Un sangheili pouvait faire vingt fois plus de dégâts avec de telles armes, et Orlius l’avait déjà prouvé à maintes reprises.

Toute l’escouade rejoignit le novice devant le sas et Bradius sortit immédiatement ses outils. Le travail de découpage ne lui prit que quelques secondes, tout comme pour la deuxième porte qui vola en éclat sous la pression de l’air s’échappant des ouvertures. Heureusement, Bradius et le reste de l’escouade Delta s’était mis à couvert pour éviter les débris constitués de matériel et armement légers, ainsi que quelques humains malchanceux qui hurlèrent de terreur en s’envolant vers le vide sidéral. Une fois le chemin dégagé, l’escouade Delta s’engouffra à l’intérieur du destroyer.

- Ici escouade Delta, annonça Dolee. Nous avons pénétré le vaisseaux.

- Bien reçut, Delta. Les escouades Thêta et Xi ont également réussi leur abordage. Il vous reste encore trente unités de temps pour atteindre votre objectif avant que la flotte humaine n’engage nos propres vaisseaux. Bonne chance !

- Reçut, commandement. Terminé.

Le lieutenant ordonna alors le rassemblement pour donner les directives :

- Vu que nous ne savons rien de la structure de ce vaisseau, nous allons devoir nous diviser en deux groupes. Cela augmentera nos chances de trouver le pont de commandement.

- Excusez-moi, lieutenant, fit Irul, mais ce n’est pas nécessaire.

Erdo jeta soudain un regard de surprise mêlée d’une incompréhension flagrante.

- Pourquoi cela, Irul ?

- Lorsque notre transporteur Séraphin a fait un passage au-dessus de notre cible, j’en ai profiter pour y larguer un émetteur avec attache magnétique.

- Comment vous êtes-vous procuré un émetteur, recrue ? Ce matériel n’est pas à la disposition des troupes régulières.

- C’est… le localisateur de mon armure, lieutenant.

Irul baissa la tête en signe d’humilité. Les localisateurs étaient des équipements réservés aux novices, car il était fréquent que des soldats inexpérimentés se perdent sur le champ de bataille et doivent alors être recherchés par le reste de leurs escouades. Ce matériel, constitué d’un minuscule cube noir accroché à la ceinture de ces sangheilis, émettait un signal très puissant qui pouvait être localisé avec une précision de cinq mètres sur une distance de plusieurs dizaines de kilomètres.

- Vous n’avez pas put y inclure une attache magnétique en si peu de temps, nota Erdo. Cela signifie que vous l’avez fait pendant notre préparation à l’armurerie, non ?

- C’est exact, lieutenant.

- Et pourquoi ne m’en avez-vous pas parlé ?

- Parce que je ne voulais pas vous donner la responsabilité de sacrifier le localisateur d’un membre de l’escouade, et je ne souhaitais pas réduire les chances de survie de mes camarades. Je porte entièrement la responsabilité de la perte de ce matériel et de ce qui pourrais m’arriver par cela.

L’officier sangheili considéra Irul pendant plusieurs secondes, qui parurent comme autant de minutes d’angoisse pour ce dernier. Mais lorsqu’il parla de nouveau, ce fut avec une voix remplie de joie :

- C’était une excellente décision, Irul. Cela fait déjà deux fois que vous faite preuve de stratégie et de perspicacité. Je suis très fier de vous, et je suis sûr que vous ferez un excellent lieutenant, si vous réussissez à me survivre. Mais cet acte est une violation au règlement des recrues, et je me dois d’y réagir.

Le regard d’Erdo était si lumineux que même les deux vétérans de l’escouade en furent impressionnés. Le lieutenant était connu pour sa grande sévérité et son sens de la droiture. Dans d’autres circonstances, l’acte d’Irul lui vaudrait une mise à pied de plusieurs semaines dans le meilleur des cas. Mais Erdo semblait avoir une considération bien particulière :

- Irul Sulamee! A genoux !

Le novice obtempéra immédiatement, prêt à tout. Le regard baissé vers le sol, il attendit calmement le jugement de son supérieur. Mais à sa grande stupéfaction, il sentit aussitôt les mains d’Erdo se poser sur ses épaules. Relevant la tête, il vit le lieutenant agenouillé face à lui, le regardant droit dans les yeux :

- A partir d’aujourd’hui et jusqu’à ta mort, tu es un véritable guerrier de l’Alliance. Et bien que je connaisse ton inexpérience dans certains domaines, je suis sûr que tu progresseras rapidement. C’est pourquoi je te nommes officiellement comme mon successeur. Tu seras celui qui me remplacera lors de ma promotion ou de ma mort. Maintenant lèves-toi et sois reconnu.

Irul se releva et regarda les autres membres de l’escouade. Tandis que les vétérans semblaient frustrés de ce privilège accordé à un novice, les autres voyaient en lui un espoir rayonnant pour leur avenir. Ils voient en moi ce qu’ils voudraient tous devenir. J’ignore si ce sera le cas pour tous, mais je jure de faire tout mon possible pour les y aider. Ils sont mes amis, mes frères d’arme, ma famille, et je protègerai chacun d’eux de toutes mes forces.

- Bien, fit Erdo. Dolee ! Localise l’émetteur d’Irul !

- C’est déjà fait : dans cette direction, à huit cent cinquante mètres.

- Parfait. Alors en avant !

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Chapitre 7 : Une porte de trop


1749 unités de temps du 44ème jour de la quatrième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ destroyer de combat humain inconnu en route pour Tassidus Prime, système Uxilos.


- Zone sécurisée ! annonça Naaldi.

Les sangheilis de l’escouade Delta avait enfin atteint la section principale du vaisseau, au bout de laquelle se trouvait le pont de commandement, laissant derrière eux une traînée de cadavres sanglants. La résistance humaine se faisait de plus en plus forte à proximité de cette zone clé, et leurs soldats agissaient de plus en plus désespérément dans des actions dangereuses. De plus, les bataillons d’infanteries se trouvant plus à l’arrière du vaisseau organisaient également des attaques contre les escouades de sangheili, qui se retrouvaient alors pris dans un étau difficile à brisé. Heureusement, des renforts d'ungoys avaient put être largués par bombardiers afin de renforcer le groupe Delta. Ces petits être n'étaient pas aussi terrifiants que les puissants sangheilis, mais ils étaient toujours utiles pour sécuriser une zone.

Mais maintenant, l’escouade Delta était devant un problème de taille : la porte blindée la plus épaisse qu’ils aient jamais connue.

- Ces humains sont décidément très agaçants… lâcha Erdo. Bradius ! Vois ce que tu peux faire pour ça !

Le démolisseur se mit aussitôt à l’ouvrage, déployant toute la puissance de ses instruments. Mais malgré plusieurs charges explosives placées au mieux, malgré de longues minutes de découpage, la porte ne bougeait pas.

- Lieutenant, je ne peux rien faire. Cette porte est beaucoup trop épaisse.

- Par les anneaux ! Nous devons trouver un moyen d’entrer.

- Chef ! hurla Naaldi. Attaque ennemie derrière nous !

Tous les soldats de l’Alliance se retournèrent pour faire face à la menace. Plusieurs dizaines d’humains avaient envahi le large couloir menant au pont de commandement, et leurs renforts continuaient d’affluer. C'était une véritable marée de chaire en uniforme qui avançait vers eux pour ce qui semblait être une attaque de la dernière chance.

- Orlius ! Trouve-toi vite un bon poste de tir !

- C’est déjà fait, chef !

Le porteur d’arme lourde était allongé derrière un petit amas de cadavres humains, sur lesquels était posée sa tourelle à plasma. Il déversa immédiatement un déluge de projectiles énergétiques qui fauchèrent la vague ennemie avec une facilité terrifiante. Les quelques humains qui avaient le temps de se mettre à couvert furent délogés à coup de grenades. Plusieurs d’entre eux sortirent même de leurs cachettes en hurlant de peur, tentant désespérément de détacher les explosifs qui s’étaient collés à eux, avant de se transformer en torche vivante.

Mais les humains ne stoppèrent pas leur attaque pour autant. Des dizaines de combattants ennemis continuaient de se jeter contre le mur inébranlable de l’escouade Delta. C’est alors que Orlius cessa brusquement de tirer.

- Mes réserves énergétiques sont vides ! Je change d’arme !

Il abandonna alors sa tourelle pour s’équiper de son énorme canon à combustibles, dont les munitions radioactives balayèrent les humains par paquets. Le carnage était impressionnant. Les cadavres étaient suffisamment nombreux pour former des murs de chairs capables d’encaisser les tirs de l’escouade Delta, et les répliques humaines commençaient à se faire ressentir. Les projectiles métalliques transpercèrent les malheureux ungoys peu protégés et forcèrent les sangheilis à se mettre à couvert.

Contrairement à ce que pensait Erdo, les humains ne se contentèrent pas de camper sur leurs positions, et envoyèrent plusieurs dizaines de soldats à l’assaut des positions de ses guerriers. Les courageux attaquants coururent aussi vite qu’ils le pouvaient, et le lieutenant sangheili compris qu’il était impossible d’éviter un combat de proximité. Après avoir adressé silencieusement une prière aux dieux, il ordonna :

- Naaldi ! Irul ! Stoppez-les !

Les deux guerriers comprirent immédiatement ce que l’on attendait d’eux. En poussant des cris de rage terrifiants, il se jetèrent contre les courageux humains, usant de la force brute de leur rage pour les anéantir. Irul écrasa un crâne d’une seule main tandis que de l’autre il déversait une salve de plasma dans l’estomac d’un autre ennemi. Naaldi était beaucoup plus productif, éliminant ses adversaires trois par trois, déversant des litres et des litres de sang. Il ne fallut pas beaucoup de temps pour mettre en fuite le petit groupe, dont les survivants furent stoppé dans leur course par de nombreux tirs de plasma.

Mais lorsque cette vague suicidaire disparut, Irul et Naaldi se retrouvèrent totalement à découvert devant le front d’humains retranchés. Le novice réagit au quart de tour, plongeant sur le côté pour atterrir derrière une caisse de ravitaillement humaine qui se trouvait là, mais Naaldi ne fut pas aussi rapide. Peut-être que le combat l’avait épuisé, ou peut-être qu’il n’avait pas sut quoi faire, mais le fait est qu’il reçut de plein fouet une énorme quantité de plomb que son bouclier fut incapable de stopper. Son corps fut perforé en de nombreux endroits avant qu’il ne s’effondre sur le sol.

- Naaldi ! hurla le lieutenant. Non !

Les guerriers de l’Alliance eurent tous la même réaction. Naaldi était le grand frère de la famille, celui qui avait toujours protégé tout le monde. Chacun d’eux souhaita que ses blessures ne soient pas trop graves. Mais les humains ne semblaient pas vouloir les laisser souffler, et un véhicule léger de type Warthog apparut au bout du couloir.

L’engin fonça droit devant lui à pleine vitesse, et il était clair que son pilote voulait s’écraser sur les sangheilis. Tous les soldats de l’escouade Delta s’écartèrent... sauf Karji qui se plaça juste devant le véhicule, comme pour le défier.

Le pilote humain se dirigea droit vers lui, mais lorsqu’il ne fut plus qu’à quelques mètres, Karji effectua une pirouette en avant d’une incroyable habileté. Alors qu’il était dans les airs, la tête en bas, il saisit à deux mains le pilote qui passait en dessous de lui, et utilisa la rotation de son mouvement pour le projeter droit devant lui. L’humain vola sur dix longs mètres avant de s’écraser sur le sol, tandis que Karji se réceptionnait avant de monter à bord du warthog.

- Karji ! cria Erdo. Qu’est-ce que tu fais?

- Je vais leur rendre la monnaie de leur pièce, chef !

Avec une maîtrise étrange pour le pilotage d’un véhicule humain, le sangheili vétéran lança son nouvel engin contre les humains. Lorsqu’il ne fut qu’à une dizaine de mètres, il braqua le volant du véhicule avant d’en sauter, non sans y laisser tous le reste de son stock de grenades. Le warthog effectua un tête à queue jusqu’aux positions humaines, et Karji roula vers un renfoncement dans le mur du couloir. Tandis qu’il se mettait à couvert, il cria :

- Orlius ! A toi de jouer !

Le novice leva son canon et lâcha une unique décharge radioactive contre le véhicule, qui explosa en milliers de morceaux meurtriers. Les humains furent lapidés par cette pluie de débris surchauffés, et lâchèrent des hurlements de douleurs déchirants dans leurs lentes agonies. Tous ceux qui survécurent à cette terrible action surgirent de leurs couvert pour courir à la rencontre de leurs ennemis, dans un dernier assaut désespéré.

Voyant enfin la fin de ce terrible combat, les sangheilis de l’escouade Delta allèrent à leur rencontre, tout en déversant de nombreux tirs. Lorsque la dernière vague humaine passa à côté d’Irul, celui-ci se jeta sur l’un deux, lui écrasant le crâne de ses deux mains, avant de défendre chèrement sa peau au milieu de tous ces ennemis. La perte de Naaldi fit naître en lui une rage indescriptible qui sembla décupler sa force. Saisissant un adversaire par le bras, il le fit tournoyer tout en vidant les dernières réserves énergétiques de son fusil plasma. Coups de pieds, coups de poings, coups de tête, aucune partie de son corps n’échappait au combat, massacrant le plus d’ennemi possibles, si bien que lorsque le reste de l’escouade Delta chargea finalement, il ne restait plus que quelques survivants à étriper.

Une fois le calme revenu, Karji et quelques novices se précipitèrent vers Naaldi, alors que Erdo contemplait Irul dont l’armure était couverte de sang humain. D’une voix remplie de curiosité, il lui demanda :

- Pourquoi as-tu foncé ainsi ? Tu aurais put attendre qu’ils te dépassent pour les prendre à revers.

- Je ne pouvais pas, mon lieutenant.

Irul chercha alors dans la montagne de dépouilles gisants par terre, et en sortit le cadavre d’un humain, dont le corps était couvert de ceintures où étaient attachés de petits objets rectangulaires, reliés entre eux par des fils.

- J’ai tout de suite vu cet humain plus excité que les autres, et j’ai rapidement reconnu les puissants explosifs qu’il portait. Je devais absolument le stopper avant qu’il ne vous atteigne. C’est pour cela que je me suis jeté sur lui : pour lui briser le crâne avant qu’il n’actionne ses charges.

- Tu m’impressionnes de plus en plus, Irul.

Erdo se tourna aussitôt vers les autres sangheilis qui examinaient Naaldi :

- Quel est son statut ?

- Il est encore en vie, lieutenant, répondit Karji. Si on le ramène au bloc médical du Angry Justice rapidement, il vivra.

- Très bonne nouvelle. Dolee ! Tu le porteras. Et maintenant retournons à notre porte.

- Lieutenant, fit Irul. On pourrait utiliser les explosifs de cet humain.

- C’est ce à quoi je pensais, répliqua le lieutenant avant de saisir les ceintures d’explosifs. C'est certainement notre seule chance de la faire céder. Karji ! Jète un œil là-dessus !

D’un œil expert, le vétéran observa le matériel primitif, et principalement le système électrique. Karji était connu parmi tous les sangheilis de la flotte comme le meilleur technicien de combat de toute sa race, une réputation qu’il aimait beaucoup défendre en s’essayant à des défis de plus en plus grands. Analyser une technologie ennemie faisait partie de ses passe-temps, et il était souvent arrivé qu’on lui accorde d’emporter sur le Angry Justice quelques véhicules humains afin qu’il les essaye. Quant aux équipements plus petits, il les choisissait lui-même sur le terrain, mais les instruments de démolition n’était pas vraiment sa passion. Pourtant, il sembla bien comprendre comment fonctionnait l’objet dans ses mains, et expliqua :

- C’est un dispositif extrêmement puissant, activable manuellement grâce à cette commande. Le seul problème, c’est qu’elle est reliée aux explosifs par ce court fil, ce qui fait que l’utilisateur doit forcément se trouver dans l’air d’effet pour l’actionner.

- Cela veut dire que celui qui utilise ces charges se fera obligatoirement sauter avec ? s’étonna Lidios.

- Exactement. C’est pourquoi nous ne pouvons pas utiliser ce dispositif.

- On pourrait peut-être utiliser nos propres charges pour les faire exploser à distance ? proposa Irul.

- Je les ais déjà toutes utilisées, fit Bradius.

- Et si on tirait dessus depuis une position retranchée ?

- Ca n’aura aucun effet, expliqua Karji. C’est un procédé chimique qui déclenche l’explosion, et une décharge plasmatique ne possède pas les propriétés nécessaires pour cela.

- Alors nous n’avons pas d’autres choix que d’utiliser ces explosifs de la même façon que les humains, fit Erdo.

Un long silence se fit. Il ne restait plus aucun ungoys qui aurait put activer les charges pour eux, ce qui signifiait que l’un des sangheili devait se sacrifier.

- Laissez-moi faire, fit Naaldi d’une voix faible. Je suis déjà assez mal en point. Il est inutile que je vous encombre ainsi.

- Non, Naaldi, répondit Erdo. Je t’interdit de penser que tu pourrais mourir aujourd’hui.

- Dans ce cas, fit Irul laissez-moi m’en charger, mon lieutenant.

- Surtout pas ! Irul, tu es né pour être un chef, et peut-être un héros, mais certainement pas un martyr. Je ne veux sacrifier aucun d’entre vous. Voilà pourquoi c’est moi qui vais activer ces explosifs.


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Chapitre 8 : Un nouveau Chef


1403 unités de temps du 46ème jour de la quatrième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ croiseur de combat Angry Justice, en orbite autour de Grande Bonté.

- Guerriers ! Saluez !

Mille sangheilis se mirent au garde à vous dans la grande baie du Angry Justice, vidée de tout vaisseau, en plaçant leurs fusils plasma contre leurs poitrines. Irul et les autres membres de l’escouade Delta occupaient le premier rang de ce bataillon d’honneur rassemblé pour les funérailles du lieutenant Erdo Sandamee. Bien qu’aucune émotion ne transpirait de leurs visages fermes, tous les sangheilis présents savaient la tristesse qui accablait ces fiers guerriers. Leur lieutenant avait été plus qu’un supérieur. C’était un père, et sa perte signifiait un changement majeur dans leur existence.

Son sacrifice avait cependant permis à l’escouade Delta d’accomplir sa mission, détruisant entièrement le pont de commandement du destroyer humain et massacrant tous les officiers qui s’y trouvait. Comme l’avait prévu le commandant Urtanee, cela avait totalement désorganisé la flotte ennemie, qui n’arriva plus à coordonner ses action, faisant de ses vaisseaux des proies faciles pour les croiseurs de l’Alliance. Le prix avait été élevé, mais Erdo avait sauvé d’innombrables frères.

Et le premier d’entre eux avait été Naaldi. La rapide destruction de la cible de l’escouade Delta avait permis de le rapatrier en urgence sur le Angry Justice pour des soins intensifs. Et bien que ses blessures ne fussent pas totalement guéries, il avait insisté pour être présent à la cérémonie. Ses bras et son torse étaient enveloppés de bandages qui l’empêchaient de porter son armure, mais sa seule stature massive suffisait à faire reconnaître sa valeur de guerrier parmi les siens.

Alors que le cercueil métallique d’un noir profond flottait en direction du champs de protection de la baie, les sangheili entonnèrent un chant funèbre traditionnel. C’était un chant lent et à la tonalité grave, dont les paroles racontaient la gloire de la race sangheili, la force de ses guerriers et le destin qu’ils atteindront tous. Le cercueil était bien évidemment vide, car le corps du lieutenant Sandamee avait été tout simplement pulvérisé par l’explosion des charges humaines, mais les membres de l’escouade Delta avaient demandé qu’on organise cette cérémonie de façon symbolique. Pour Irul et ses compagnons, l’esprit de Erdo ne les quittera jamais.

- Salve d’honneur ! ordonna le commandant Urtanee.

Le croiseur Angry Justice fit tirer ses canons tribords. Quinze énormes décharges plasmatiques filèrent vers des étoiles qu’elles n’atteindraient jamais, tandis que le cercueil traversait le champ de protection pour dériver lentement dans l’espace.

- Gloire à notre frère qui a donné sa vie pour l’Alliance ! fit le commandant.

- L’honneur dans le combat ! hurlèrent les sangheilis. La gloire dans la mort ! Ainsi se gagne sa place auprès des Dieux !

- Repose en paix, Erdo Sandamee. Rompez !

Irul fut le dernier à se détourner du cercueil, dont l’éclat métallique reflétait les innombrables lumières de Grande Bonté. Lorsqu’il voulut quitter la baie, il rencontra le commandant Urtanee qui semblait l’attendre. D’un ton assez détaché, celui-ci lui annonça :

- Soldat Irul Sulamee, il y a quelqu’un qui souhaite te parler. Suis-moi !

Le sangheili obtempéra, marchant dans les pas de l’officier jusqu’à la salle de commandement stratégique qui était étrangement déserte. Bien qu’Irul n’y soit encore jamais entré, il savait que cet endroit était en permanence occupé par de nombreux opérateurs de toutes races ainsi que d’ingénieurs Huragoks qui entretenaient les systèmes de contrôle. Le calme de cette pièce fit peser sur lui comme une mystérieuse menace, et il maintint donc tous ses sens en éveil.

Et il eut bien raison : une présence apparue soudainement dans son dos. Il ne la détecta que par l’infime bruit de ses pas qui s’approchaient furtivement, et son instinct lui commanda de réagir. Lorsque le frémissement d’un bras qui commence à fendre l’air se fit entendre, il fit un pas de côté, esquivant le coup, avant de saisir le bras qui avait essayé de le frapper. Sans perdre de temps à réfléchir, il frappa les jambes de son adversaire inconnu pour le faire chuter tout en le maintenant fermement. Lorsqu’il le plaqua sur le sol dans une posture de soumission, il resta paralysé.

C’était un sangheili qui l’avait attaqué, et il portait une armure d’un gris métallique presque blanc. Un sangheili d’élite. L’un des combattants les plus nobles et les plus dangereux de l’Alliance. Chacun d’eux a le pouvoir de réquisitionner n’importe quelle troupe ou n’importe quel matériel. Ils sont en dehors de la chaîne de commandement et opèrent uniquement pour le commandant suprême. Pourquoi m’a-t-il attaqué ?

- Bravo, soldat Irul, fit l’inconnu. Il semblerait que j’ai sous-estimé vos capacités.

- C’était un test ? demanda le jeune sangheili en relâchant sa prise.

- J’aime connaître ceux que je rencontre dès les premiers instants. Cela clarifie bien des choses. On apprend beaucoup d’un guerrier en observant comment il se bat, et je peux dire que vous être très prometteur.

- Veuillez pardonner la brutalité de ma réaction, s’excusa Irul avec une humilité embarassée.

Le guerrier d’élite était impressionnant. Il était sans doute plus fort encore que Naaldi, dominant Irul d’une bonne tête, et ses bras étaient deux fois plus musclés que celui du novice. S’il l’avait voulu, il aurait put se libérer sans problème. En combat réel, je ne tiendrais pas deux secondes face à lui…

- Irul, intervint le commandant. Voici le capitaine Arko Lipumee. Il nous a été envoyé par le grand commandeur Orna Fulsamee.

- Je suis en effet ce qu’on peut appeler un ami du commandant suprême. Il m’a chargé d’une mission de la plus haute importance qui nécessite l’aide de l’escouade Delta.

- Nous sommes toujours prêts à servir, capitaine.

- Très bien. Alors voici votre nouveau devoir : à partir d’aujourd’hui, vous et votre escouade serez accompagnés dans vos missions futures par un soldat d’un tout nouveau genre.

- D’un nouveau genre ?

- Exacte. Nous expérimentons un nouveau type de combattant, et avant de lancer un programme de formation à plus grande échelle, nous avons décidé de tester son efficacité avec un seul prototype.

Le sangheili d’élite jeta soudain un regard d’un froid terrifiant qui fit frissonner Irul au plus profond de lui-même.

- Irul, vous serez personnellement chargé d’assurer sa protection, même au prix de votre propre vie.

- Et quelle est la particularité de ce nouveau combattant ?

Le commandant Urtanee eut un léger rictus dont le sens échappa à Irul. D’un simple regard, Arko congédia l'officier avant de se tourner vers un coin sombre de la salle, où l’obscurité était la plus totale. La silhouette d’un sangheili en émergea pour se diriger vers les deux guerriers.

A première vue, ce soldat n’avait rien de particulier pour Irul. Son armure était en tout point identique à celle des autres combattants de base sangheili, si ce n’est une forme étrangement fine. Mais lorsque l’inconnu ne fut plus qu’à quelques mètres, Irul se retrouva totalement déboussolé. Ce n’est pas possible ! Ils n’ont pas put faire ça ! C’est une insulte à notre race et à notre honneur de combattant!

- Je vous présente Elda Kutumee, annonça Arko. Elle est la première sangheile combattante de l’Alliance. Nom de code Séraphine.

- Une… femelle ? fit Irul avec un dégoût non dissimulé.

- C’est exact. Les conseillers sont tous d’accords sur le faits que la guerre contre les humains est la plus longue et la plus pénible que nous aillons eut à mener. Ils ont estimé que si le conflit durait trop longtemps, notre race pourrait ne jamais s’en relever. C’est pourquoi les hiérarques ont donc décidé de lancer un programme de formation des sangheiles, afin de renforcer nos effectifs pour la sainte croisade.

- Les prophètes ont-ils approuvé cette décision ?

- Elda a elle-même reçu leur bénédiction.

Irul dévisagea longuement la sangheile. Bien qu’une grande partie de son visage était recouvert par ses plaques d’armures, il pouvait nettement voir les traits fins et délicats de la femelle. Sa peau semblait très délicate, et ses yeux dégageaient un sentiment qu’Irul ne connaissait pas, et qui le mettait mal à l’aise. Elle ne peut pas être un soldat. La guerre n’est pas faite pour les femelles. Seules les races inférieures comme les humains osent faire combattre des procréatrices. Elles sont faibles et ne connaissent rien de l’art du combat ou de l’honneur. Le lieutenant Sandamee a de la chance de ne pas pouvoir voir cela…

- Vous et Elda opèrerez en binôme à partir de maintenant, continua Arko. Les opérations commenceront d’ici quelques jours durant lesquels l’escouade Delta ne doit pas être informé de ce que vous avez appris ici. Vous utiliserez ce temps pour mieux vous connaître et ainsi augmenter votre efficacité de travail en équipe. Bien que la flotte connaisse le but de l’intégration d’Elda dans l’escouade Delta, votre mission de garde du corps doit rester secrète. Le commandant Urtanee et moi sommes les seuls, avec le commandant suprême, à être au courrant de votre niveau d’implication dans le programme Séraphine. «  Est-ce bien clair, soldat ?

Irul baissa ses yeux vers le sol, cherchant à fuir les regards qui étaient tournés vers lui. Son esprit était en proie à une terrible angoisse qu’il n’arrivait pas à expliquer. Pourquoi moi ? Pourquoi entre tous les membres de l’escouade Delta, je suis chargé de cette mission ? Et qui, d’ailleurs, en a décidé ? Le commandant suprême ? Urtanee ? Ou ce capitaine d’élite ? Aucun d’entre eux ne me connaît. Seul le lieutenant Sandamee me connaissait réellement. M’aurait-on choisi uniquement parce qu’il m’avait désigné comme son successeur ? Aurais-je plus de chance de protéger cette sangheile en tant que chef d’escouade ?

- Vous ne semblez pas totalement convaincu, fit le capitaine Arko avec une inquiétude ironique.

- Capitaine ! Je me plierai aux ordres sans discuter. Mais je tiens à dire que je trouve cette décision très malsaine, et même dangereuse.

- Votre avis est noté, soldat. Vous pouvez disposer.

- Avant, je voudrais parler au commandant Urtanee.

Le regard d’Irul se posa sur celui du maître du Angry Justice. Un certain amusement se lisait dans son regard. Ses mandibules émirent un claquement qui aurait put être interprété comme un rire intérieur.

- Je sais ce que vous voulez me dire. J’ai déjà discuté avec plusieurs de vos coéquipiers, et la grande majorité sont d’accord avec les dernières volontés du lieutenant Sandamee. Même Karji reconnaît que vous avez l’âme d’un chef. Mais malheureusement, quelqu’un d’autre va prendre la tête de l’escouade Delta.

- Qui ?

- Ce sera moi, fit le capitaine Arko.


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Chapitre 9 : Mieux se connaître


1447 unités de temps du 49ème jour de la quatrième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ croiseur de combat Angry Justice, en orbite autour de Yvalos V, système Irulan.

- Pas assez fort ! hurla Irul en attaquant à nouveau.

Son poing fila vers le visage d’Elda qui esquiva au dernier moment, avant de contre-attaquer. Elle envoya son genoux droit dans l’estomac d’Irul, mais celui-ci décida d’encaisser le coup afin de saisir la jambe de la sangheile pour la projeter au loin. Elda se réceptionna avec une habilité déconcertante qui ne laissa pas le temps à son adversaire pour un nouvel assaut, et se releva avec un mouvement tournoyant pour empêcher toute approche. Elle est forte, accepta intérieurement Irul à contrecœur. Pas étonnant lorsqu’on sait qu’elle a été entraînée par un sangheili d’élite…

Le sangheili attendit qu’Elda se redresse et saisit la première opportunité pour placer un puissant coup de point à l’épaule droite. Cela la déséquilibra fortement et il ne fallut pas beaucoup d’effort à Irul pour la mettre à terre d’un deuxième coup au thorax. Je ne peux pas me permettre de me battre en dessous de mes capacités contre une femelle. Je dois lui montrer la force des vrais guerriers, et lui apprendre sa place, même si cela doit lui être douloureux.

- Ce n’est pas encore assez bon ! fit Irul d’un ton méprisant. Tes coups ne sont pas suffisamment puissants, et ta garde est trop fragile ! Travaille plus sur tes muscles !

Cela faisait trois jours qu’il s’entraînait avec Elda dans l’énorme section spéciale qui avait été aménagée dans le Angry Justice, et d’où elle ne pouvait pas sortir avant le début des opérations. L’accès à cette zone était gardé par de nombreux commandos sangheilis, et les seuls à pouvoir y pénétrer étaient Irul et le capitaine Lipumee. Ce dernier venait de temps à autre superviser le travail des deux soldats, mais se contentait seulement d’observer sans rien dire, avant de disparaître. Mais cette fois-ci, ils étaient totalement seuls.

Ils effectuaient beaucoup de missions en Réalité Virtuelle de Combat Simulés, afin de parfaire leur travail d’équipe. Les résultats semblaient satisfaisants, mais Irul avait souhaité affronté la sangheile dans des combats à main nues, de façon à évaluer son potentiel.

En dehors de l’entraînement, ils ne discutaient que très rarement ensemble, et uniquement à propos de techniques de combat. Irul ne souhaitait pas établire de relation autre que militaire avec une femelle, ce que Elda comprenait parfaitement. L’attitude de la sangheile, qui était à peu près du même âge que lui, le perturbait énormément. Car bien qu’elle soit extrêmement efficace dans les simulations et soit assez féroce en combat, elle laissait toujours transparaître une douceur discrète assez énervante pour un sangheili. C’était comme si elle ne prenait pas au sérieux son rôle de guerrière.

Mais aujourd’hui, Irul sentait quelque chose de différent en elle. Son comportement vis-à-vis de lui s’était durci, se forgeant une réplique parfaite de son propre comportement envers elle. Alors qu’elle reprenait son souffle sur une petite caisse de munitions non loin du cercle de combat, il s’approcha pour lui demander :

- Pourquoi t’es-tu engagée dans le programme Séraphine ?

La sangheile le considéra avec un regard froid, le visage plein de neutralité. C’était la première fois qu’il la tutoyait, mais la question semblait la contrarier bien plus que ce que ce soudain élan de sympathie pouvait contrer. Irul remarqua soudain qu’elle serrait fermement le poing, comme si elle voulait le frapper de nouveau. Détournant les yeux, elle finit par répondre :

- Je ne me suis pas portée volontaire. On m’a choisie, et c’est tout.

- Quels ont été les critères de sélection pour cela ?

- Ce ne sont pas tes affaires.

Son ton avait été extrêmement sec et brutal. Son enrôlement dans l’armée n’a pas dû lui être très agréable. De toute façon, cela ne l’est jamais. Personne ne choisit s’il doit donner sa vie pour la sainte croisade ou pas, et maintenant, même les femelles n’ont plus ce choix.

- Tu devrais être fière de pouvoir prouver la valeur de tes semblables, fit Irul en essayant d’adopter un ton amical. C’est un véritable honneur que d’obtenir la bénédiction des prophètes.

- Tu te trompes, Irul. Tout n’est pas aussi simple que ça. Tu crois peut-être que mes actions auront le moindre impact sur le Grand Conseil ?

- Ce que j’ai vu ces trois derniers jours me dis que oui, mais peut-être que tu vas me dire pourquoi il n’en serait pas ainsi ?

- Ce n’est pas à moi de te parler de ça.

Irul attendit un long moment, pensant qu’elle allait lui expliquer, mais Elda resta muette. Tout ce mystère commence à m’énerver, pensa Irul. Il y a trop de choses qui me paraissent obscures. D’où vient-elle ? Pourquoi a-t-elle été choisie ? Et surtout pourquoi ai-je été choisi pour la protéger ? Si cette mission est aussi importante qu’ils le prétendent, pourquoi le capitaine Lipumee ne me met pas au courant de toute l’affaire ? On dirait qu’il ne me fais pas confiance. Cela fait trois jour qu’ils nous observe et il ne m’a toujours rien dit.

D’autant que les autres membres de l’escouade Delta commencent à se demander où je passe mes journées au lieu d’aller à leurs propres entraînement. Cela devient de plus en plus dur de leur cacher ma mission spéciale. J’espère qu’ils ne m’en voudront pas lorsqu’ils apprendront tout… dans deux jours.

Irul ouvrit le minuscule panneau de contrôle de son armure qui était dissimulé dans la plaque de protection de son avant-bras gauche, et désactiva son bouclier énergétique. Il en profita pour regarder l’heure, et se rendit compte que le repas du milieu de journée était déjà dépassé depuis longtemps. Il va falloir que je justifie mon absence à la cantine du vaisseau… encore d’autres ennuis en perspectives. Et tout ça à cause de cette femelle…

- L’entraînement a assez duré pour l’instant, dit-il finalement. Mangeons un peu avant de reprendre.

Elda fut surprise par l’annonce du sangheili. D’habitude, il ne mangeait jamais avec elle, préférant toujours être avec les autres membres de son escouades pour cela. Comme elle ne pouvait pas sortir de sa zone réservée, on y apportait régulièrement la nourriture qu’Irul ordonnait juste avant de se rendre à la cantine. Elle comprenait parfaitement qu’il devait être présent auprès de son escouade, malgré le temps qu’il passait avec elle, et ne s’en était jamais plain. Son étonnement disparut lorsqu’elle se rendit compte de l’heure avancée jusqu’à laquelle ils s’étaient affrontés.

- Je vais commander le repas, fit Irul. Profite-en pour te mettre un peu à l’aise.

La sangheile obtempéra. L’intense activité qu’ils avaient tous deux maintenu toute cette matinée l’avait fait abondamment transpirer, une sensation qu’elle avait encore du mal à apprécier. Irul le savait, c’est pourquoi il resta à l’extérieur tandis qu’elle retirait son armure et prit une douche rapide. Le fait qu’elle dispose d’un système de nettoyage corporelle à l’eau, et non à la vapeur comme pour les troupes de base, était une nouvelle preuve des privilèges qui lui étaient offerts. Au début, cela avait énervé Irul, mais peu à peu, il s’était rendu compte de la nécessité de tout cela. Elle est exceptionnelle. Elle doit donc être traitée comme telle. Même si je dois rester dur et ferme durant les combats, je ne dois jamais oublier le respect qu’elle mérite.

Un ungoys apporta leurs deux plats énergétiques sur un large plateau cristallin. C’était un ensemble de petits cubes blancs composés de protéines et éléments essentiels concentrés, dont les doses étaient étudiées spécialement pour les sangheilis. Irul prit le plateau et entra dans la salle d’entraînement. Elda avait fini sa toilette, et s’était vêtu d’un habit en tissu léger que portaient habituellement les sangheilis civils et les guerriers lorsqu’ils étaient au repos. Cousu de manière traditionnelle, il était composés de plusieurs vêtements individuels recouvrant une bonne partie du corps, ne laissant apparaître que les extrémités, ainsi que le haut des bras et le bas du ventre. Ce vêtement était conçu pour les climats tropicaux dans lesquels vivaient les sangheilis sur leurs monde natales, mais pouvait tout aussi bien servir dans l’air conditionné et régulé d’un vaisseau spatial.

Irul posa le repas sur une table prévue à cet effet, et Elda s’assit en face de lui. Pour la première fois depuis leur rencontre, ils firent la prière ensembles avant de se restaurer. Ils mangèrent calmement sans se regarder ni échanger un seul mot, jusqu’à ce qu’Elda demande :

- Pourquoi as-tu été choisi pour me protéger ?

- Je l’ignore. Personne ne me l’a expliqué.

Le silence se fit une fois de plus pendant un court instant. Elda semblait avoir du mal à croire ce que disait son protecteur, ce qu’il comprenait parfaitement. Elle pense qu’on m’a choisit pour mes qualités et mes antécédents dans l’escouade Delta, mais elle ne connais rien de moi. Les raisons pour lesquels je suis son garde du corps me sont totalement inconnues, tout comme beaucoup d’autres choses dans cette mission…

- Elda… il faut que je t’avoue quelque chose.

- Je t’écoute.

- Voilà : j’ai passé mon examen final de l’académie militaire y a 13 jours seulement.

En entendant cela, Elda lâcha brusquement le cube alimentaire qu’elle portait à sa bouche. La surprise avait été totale. Et le premier sentiment qui suivit cette stupéfaction fut évidemment une intense frustration :

- Alors on nomme une recrue comme toi pour me servir de protecteur ?

- Je sais. Cela paraît complètement fou, mais saches que c’est pareil pour moi.

- Sauf que ce n’est pas toi qui risque ta peau dans cette histoire ! hurla subitement Elda.

Ces mots avaient littéralement cloué Irul. Elle risque sa vie ? Pourquoi a-t-elle cette certitude ? Nous risquons tous nos vie lors de nos missions. Qu’est-ce qui lui fait penser qu’elle serait plus en danger que n’importe quel autre membre de l’escouade ?

- Excuses-moi, dit-elle rapidement. Je… je ne sais pas pourquoi j’ai dit ça.

- Moi je pense que si.

Elda était complètement abattue. Son regard était vide, comme si la vie l’avait quitté, laissant une parcelle d’âme remplie de tristesse pour seule personnalité. C’était la première fois qu’Irul la voyait dans un état pareil. D’habitude, elle était dynamique et sérieuse, mais toujours avec cette douceur discrète qui avait le don de l’irriter. Plongée dans des pensées apparemment très peu joyeuses, elle dit sur un ton sans d’émotion :

- Cherches au fond de toi-même, et tu trouveras pourquoi. Maintenant je te prierais de ne plus me poser de questions.


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Chapitre 10 : Révélation


2038 unités de temps du 51ème jour de la quatrième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ croiseur de combat Angry Justice, en orbite autour de Yvalos V, système Irulan.

Tous les membres de l’escouade Delta étaient rassemblés dans leur armurerie, et à part Irul, tous se demandaient qui allait arriver pour prendre la tête du groupe. Cela faisait cinq jours que les funérailles de Erdo avaient été célébrées, et la hiérarchie militaire ne leur avait toujours pas annoncé qui était son successeur. Elda n’était pas encore là, et pour l’instant Irul était encore le seuls membre du groupe à connaître son existence. Je me demande bien comment ils vont réagir…

Durant les deux derniers jours de leur entraînement, Irul avait appris à respecter véritablement Elda, par son talent et son dévouement total à la cause de l’Alliance. Cependant il n’avait pas réussi à en savoir plus sur elle, ni sur la raison pour laquelle il avait été choisi. Tout ce mystère autour de cette sangheile commençait à peser sur lui, étouffant ses pensées et l’empêchant de trouver la sérénité. Même la méditation n’avait pas réussi à lui faire oublier les innombrables questions qui emplissaient son esprit depuis des jours, et auxquelles ils comptait bien avoir des réponses.

Lorsque le capitaine Arko pénétra dans la salle, tous les sangheilis se dressèrent du mieux qu’il le pouvaient, et plus encore. Aucun d’entre eux n’avait encore vu un soldat d’élite, même les vétérans. Un silence de mort s’abattit avec la rapidité de la foudre, dont l’électricité emplit les yeux impressionnés des soldats captivés par la présence de ce puissant guerrier. Arko resta silencieux un long moment en observant calmement chaque combattant, puis il annonça :

- Escouade Delta ! Je suis le capitaine Arko Lipumee, membre de la section guerrière d’élite de l’Alliance, et à partir d’aujourd’hui, je serais votre nouveau chef d’équipe.

Des murmures s’échangèrent soudain entre plusieurs recrues, mais Arko intervint immédiatement :

- Silence ! Le commandement de cette escouade m’a été confié par le commandant suprême Orna Fulsamee en personne, ce qui signifie que mes ordres doivent être considérés comme les siens ! «  Votre précédent lieutenant était peut-être sévère, mais sachez que je serai encore plus exigent que lui. Vous avez été choisis pour une opération de longue durée qui déterminera l’avenir de l’Alliance et de notre race.

Arko frappa alors une fois dans ses mains, et Elda pénétra alors dans l’armurerie. Son entrée provoqua un énorme brouhaha parmi les troupes, mais le capitaine les fit taire d’un simple regard.

- Voici votre nouvelle coéquipière : Elda Kutumee. Elle fait parti d’un programme d’entraînement spécial en cours d’expérimentation, qui a pour but d’étudier les capacités des sangheiles au combat. «  Elle sera un membre de l’escouade à part entière jusqu’à la fin de sa mission. Vous devrez la traiter comme un véritable coéquipier, et ne pas laisser sa nature influencer vos pensées. Je l’ai personnellement entraîné à l’art de la guerre, beaucoup mieux que vous l’avez été à l’académie, et je ne doute pas que ses qualités soient rapidement démontrées sur le terrain. Je ne tolèrerai aucune insulte ou affront porté à son encontre, quel qu’en soit la nature. Je serai sans pitié pour ceux qui ne respecteront pas cet ordre. «  Afin de tester au mieux son potentiel, le Grand Conseil a mobilisé cette flotte pour organiser le blocus d’une planète humaine, nommée Yvalos V. Nous y mèneront plusieurs attaques de différents types afin d’impliquer Elda dans les situations les plus diverses possibles. Toutes ces missions seront enregistrées grâces aux caméras miniatures qui équiperont désormais vos armures, afin que le Conseil ait le plus grand nombre d’éléments à analyser pour juger des résultats de l’opération. «  Voici tout ce que vous avez besoin de savoir. Maintenant, rompez !

Il fallut plusieurs secondes aux sangheilis pour accepter de quitter l’armurerie. La plupart retournèrent à leurs cellules, mais Arko demanda à Irul de rester, tandis qu’Elda ne bougeait pas. Enfin je vais en savoir plus !

Le capitaine d’élite avança à pas lent vers l’écran servant habituellement à présenter les missions aux soldats lors des briefings. Il l’activa puis se tourna vers Irul.

- Tu dois certainement te demander pourquoi nous t’avons choisi pour cette mission de protection, n’est-ce pas ? La raison est très simple : je connaissais personnellement le lieutenant Sandamee. Il était l’un de mes meilleurs amis, un compagnons d’arme formidable. Que les dieux lui apportent la paix qu’il mérite. «  Lorsque j’ai reçut la tâche d’entraîner Elda, le commandant suprême m’a demandé de choisir celui qui devra veiller sur elle lorsqu’elle devrait faire ses preuves. J’ai choisi Erdo sans hésiter, car il était celui en qui j’avais le plus confiance. Il m’a cependant dit que si jamais il venait à mourir, il confierait cette tâche à celui qu’il aura choisi comme successeur.

- Et c’est la seule raison ? s’exclama Irul.

- Le fait que tu ne sois qu’une recrue m’a d’abord gêné. Je pensais qu’il valait mieux confier cette mission à quelqu’un de plus… compétent. Mais j’ai pris la peine d’écouter les enregistrements audio de Erdo, ses « testaments » en quelque sorte. Il t’avais en grande estime, et te considérait comme un soldat à la pureté d’âme exemplaire, soucieux de la survie de ses coéquipiers et capable de se sacrifier pour eux si nécessaire. Il estimait que tu avais toutes les qualités pour le remplacer, qu’il te faisais entièrement confiance. C’est pourquoi j’ai décidé de me plier à ses volontés.

Irul fixa longuement le capitaine, dont les yeux exprimaient une grande sincérité. Alors voilà la raison de tout ceci. Suis-je si spécial ? Est-ce que je mérite ce traitement de faveur alors que je ne fais que mon devoir ? Tous mes coéquipiers se dévouent autant que moi à leurs tâches, alors pourquoi m’avoir choisi moi ?

- Contrairement aux recrues habituelles qui préfèrent se concentrer sur leurs rôles respectifs, tu te soucies toujours de la survie de tes frères en premier. C’est une façon de penser qui se perd au sein de la race sangheili. Mais comme je ne te faisais pas aussi confiance qu’Erdo, j’ai demandé au commandant suprême de me placer à la tête de ton escouade.

- Pour quels raisons douteriez-vous de moi, si les témoignages du lieutenant Sandamee étaient si élogieux ?

Pour simple réponse, Arko appuya sur la commande d’un enregistrement, dont les images défilèrent immédiatement sur l’écran de la salle. On y voyait des femelles sangheilis en pleine procréation, dans les salles spécialisées où elles étaient rassemblées en vastes groupes. La politique de natalité de l’Alliance était très strict : toutes les femelles de toute race devaient consacrer la totalité de leur vie à la reproduction, afin de créer de futurs soldats pour les guerres à venir. Irul savait cela, mais il n’avait encore jamais vu une salle de procréation. Les sangheiles y poussaient des cris de douleurs continuellement en mettant au monde leurs enfants.

La caméra se rapprocha d’une mère qui venait de faire naître un petit. Un soldat qui surveillait l’événement saisit le nouveau-né et l’observa. Voyant qu’il s’agissait d’une fille, il jeta le nourrisson à sa génitrice dans un acte de grande frustration, avant de se diriger vers une autre femelle prête à accoucher.

- Dans notre race, seuls les mâles sont considérés comme de véritables membres de l’Alliance. Les femelles n’existent que pour assurer la continuité de la civilisation sangheili, et n’ont aucun droit. «  Le fait d’intégrer des sangheiles dans l’armée de l’Alliance n’est donc pas vu d’un très bon œil par la grande majorité de nos frères. Cependant, le commandant suprême Orna Fulsamee a souhaité initier le projet Séraphine, qui a reçut l’approbation de l’ensemble des hiérarques et prophètes. Elda a ensuite été choisie comme meilleure candidate pour le programme d’insertion, et a donc subi un entraînement militaire intensif depuis un an.

- Et pourquoi elle ?

Arko se tourna alors vers Elda, qui comprit qu’il lui demandait de répondre elle-même :

- J’ai été choisie car j’ai été conçue par les deux meilleurs individus de notre races. Ma mère était une reproductrice sans pareille, aux qualités reconnues par tous ceux qui géraient les centres de reproduction. Quant à mon père… il s’agit du commandant suprême lui-même.

Cette révélation laissa Irul abasourdi. Elle est la fille du légendaire Orna Fulsamee ? Maintenant je comprends un peu mieux d’où lui viennent ses compétences si remarquables. J’ignore si elle deviendra aussi célèbre que son père, mais en tout cas, elle risque d’en impressionner plus d’un…

- Cependant, fit Arko, si le programme Séraphine possède le soutient complet du Grand Conseil, il risque de se faire des ennemis au sein même de l’Alliance, et même de notre race. Beaucoup de sangheilis pensent que les femelles ne doivent jamais devenir les égales des mâles, et pourraient aller jusqu’à tenter d’assassiner Elda pendant l’une de ses missions. C’est pourquoi il lui fallait un protecteur pour veiller sur elle.

- Mais comment pouviez-vous être sûr que je n’allais pas moi-même tenter de la tuer ?

- Tu es encore trop jeune pour posséder des idées aussi extrêmes. D’autre part, Erdo te considérais comme étant suffisamment large d’esprit pour accepter Elda au sein de ton escouade sans discuter. Et pour finir, si jamais tu avais tenté quoi que ce soit… je t’aurais tué immédiatement.

- Alors vous nous observiez continuellement ?

- En effet. Mes visites n’avaient pour but que de vous donner l’impression d’être seuls lorsque je partais. Ces fausses opportunités me permettaient de juger si je pouvais vous faire confiance, et les résultats on dépassé mes espérances : non seulement tu n’as rien tenter contre Elda, mais tu t'es également intéressé à elle et lui a fait preuve d’un respect égal à celui d’un véritable sangheili. «  C’est pourquoi j’ai décidé de ne pas vous tuer et de vous permettre de continuer votre travail de protecteur. Donc ne me décevez pas.

Irul plongea son regard dans celui du capitaine. Il ne plaisante pas : il m’aurait vraiment tué sans la moindre hésitation. Ces cinq jours n’étaient donc qu’un test ? J’ai été le cobaye, et non pas Elda comme je le croyais. Le problème n’est pas de prouver son efficacité en combat, mais de la faire accepter auprès des sangheilis de l’Alliance. Une tâche beaucoup plus difficile que ce que je pensais…

J’ignorais ce que c’était qu’être une femelle. Cette face cachée de notre civilisation m’était inconnue, non pas parce qu’on me l’a dissimulé, mais parce que je ne voulais pas la connaître. J’y étais totalement indifférent, tout comme chaque sangheili de l’Alliance… mais plus maintenant.

- Capitaine, dit Irul en détournant le regard. Sachez que je ne fais pas cela pour vous. Je ne le fais pas non plus pour notre race, ni même pour l’Alliance. Je le fais uniquement pour Elda.


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Chapitre 11 : Premier essai


0836 unités de temps du 52ème jour de la quatrième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ transporteur de troupe en route vers Yvalos V, système Irulan.


La navette de transport vibrait intensément alors qu’elle pénétrait dans l’atmosphère de la planète. Les sangheilis de l’escouade Delta attendaient tous patiemment que le débarquement commence, quelque part aux abords de la ville principale de ce monde, où ils mèneraient la plupart de leurs missions avec Elda Kutumee.

La sangheile était sanglée à une extrémité d’une des rangées de sièges, et la seule personne à être assise à côté d’elle était Irul. Celui-ci ressentait une tension permanente au sein de son escouade, et des regards amplis de mépris s’abattaient continuellement sur Elda, qui tentaient de ne pas y faire attention. Elle savait qu’il faudrait beaucoup de temps pour gagner le moindre respect auprès de ces mâles endoctrinés depuis leur plus jeune âge dans une tradition guerrière interdite aux femelles.

Le capitaine Arko songea qu’il était nécessaire de préparez les troupe pour cette première mission un peu particulière, et prit soudain la parole depuis son siège posé au centre de la navette :

- Soldats ! Comme vous le savez, nous avons reçu pour ordre de nous emparer d’une base de ravitaillement humaine afin de diminuer le rayon d’action de leurs blindés postés dans cette zone. Ce sera notre première mission ensemble, alors je veux que ce soit rapide et implacable. Montrez-moi de quoi vous êtes capables, et faites honneur à votre race pour terroriser ces humains pathétiques. «  Pour cette mission, nous agirons seuls sans aucune autre escouade pour nous soutenir, ni aucun appui d’aucune sorte. Exceptionnellement, notre force ne comportera aucun ungoy ou autre combattant de classe inférieure, et cela pour deux raisons : la première est que nous serons plus discrets si nos effectifs sont limités à nous seuls, sangheilis ; la seconde est qu’afin de tester au mieux les capacités de cette escouade et de votre nouvelle coéquipière, il est mieux de lui faire affronter un défi suffisamment important. «  Nous devrons infiltrer la base ennemie avant de l’attaquer de l’intérieur. Notre premier objectif est de détruire les réserves de carburants. Le second est d’éliminer toute présence humaine dans le secteur pour préparer l’arriver des troupes d’occupation. Soyez sans pitié envers vos ennemis et ne gênez pas Elda, c’est tout ce que je vous demande.

La navette cessa brusquement de vibrer, ce qui signifiait qu’ils avaient atteint la basse atmosphères et approchaient de leur objectif. De nombreux autres débarquements étaient organisés à divers endroits de la planète pour occuper la plus grande partie de l’armée humaine. Peu de personnes savaient que la seule raison pour laquelle la flotte n’avait pas immédiatement vitrifié ce monde était qu’il avait été choisi comme lieu de test pour le programme Séraphine.

Lorsque le vaisseau ouvrit finalement sa trappe de débarquement, les sangheilis purent voire qu’ils se trouvaient dans une zone montagneuse au climat tempéré. Ils mirent pieds à terre pour se fondre immédiatement dans la végétation dont la densité offrait un couvert parfait pour progresser jusqu’à leur objectif. Les communications des humains dans ce secteurs étaient perturbées par les croiseurs de combat en orbite, ce qui réduisait le risque que des éclaireurs donnent l’alerte par radio, et le transporteur de l’escouade Delta avait bien prit soin d’approcher en rase-motte du versant opposé à celui au pied duquel s’étendait la base de ravitaillement humaine.

Le cheminement de l’escouade Delta à travers la montagne se passa sans accros jusqu’à ce que la base soit en vue. Cela ressemblait plus à une forteresse miniature qu’à une simple installation militaire, avec son énorme muraille bardée de tourelles automitrailleuses, les multiples bunkers dispersés à l’extérieur, et les pièces d’artilleries postées au sommet d’une grande tour centrale. Des tranchées protégées par plusieurs rangées de barbelées avaient même été creusées dans l’urgence, et de nombreux soldats y patrouillaient en permanence. Ca ne va pas être simple d’y entrer discrètement, se dit Irul. Ces humains semblent diablement bien organisés, et leurs effectifs sont certainement cent fois plus nombreux que nous. Même une escouade de commando n’aurait pas été envoyée seule sur une telle base. C’est à croire que cette mission n’a pour but que de faire tuer Elda… mais je ne laisserais jamais cela arriver. Pas tant que je serais en vie.

- Cette base ne présente strictement aucun point faible, lâcha le capitaine Lipumee sans le vouloir. Il faut que je prévienne le haut commandement que la mission est impossible.

- Ne le faites pas ! lui dit énergiquement Irul. Certains pourraient considérer cela comme un signe de faiblesse dû à Elda. Nous allons réfléchir et trouver un moyen de pénétrer cette installation.

Arko était impressionné par l’optimisme et la volonté de son subalterne. De toute sa vie de sangheili, il avait rarement vu quelqu’un comme Irul, prêt à tout pour remplir ses objectifs. Sauf que ce n’étaient pas vraiment des objectifs pour le jeune novice. Il abaissa la visière tactique de son casque et activa ses macro-jumelles pour observer la zone.

La base humaine se trouvait au beau milieu d’une vaste pleine qui n’offrait strictement aucun couvert, et elle n’était reliée au reste de la colonie que par une petite route de béton. Les seules autres installations que l’on pouvait apercevoir depuis la colonie constituaient en une petite ville portuaire située à plusieurs dizaines de kilomètres de là, et où des forces d’assaut de l’Alliance étaient déjà en train de débarquer pour faire diversion. Peut-être que l’attaque de leur cité va forcer les humains à envoyer des renforts ? pensa Irul. Cela pourrait affaiblir les défenses ennemies… mais rien n’est encore sûr, et cela signifierait d’attendre peut-être longtemps avant d’être fixés sur les ordres de mouvement des humains. Il faut trouver autre chose…

C’est alors qu’Irul aperçut un nuage de poussière apparaître à l’horizon, pour se diriger vers la base de ravitaillement. Il pointa son regard dans cette direction… et put clairement apercevoir les dizaines de camions transporteurs de troupes, appuyés par plusieurs chars de combat Scorpions et de quelques jeep Warthog. D’après la carte tactique… ces troupes proviennent de la base principale de cette région. Comment se fait-il qu’ils n’aient pas été stoppés ? C’est le premier endroit où notre armée aurait dû commencer l’assaut. Ils ont sans doute l’intention de se ravitailler en carburant avant de se diriger vers la ville. Nous devrions peut-être attendre qu’ils soient partis pour…

Soudain, un plan se dessina dans l’esprit d’Irul. Après avoir longtemps réfléchit sur chaque détail, il l’expliqua au capitaine. Celui-ci accueillit cette idée avec une certaine réserve :

- C’est un pari très risqué, Irul. Nous pourrions bien être tous massacrés… mais j’aime ça. Ce plan est tout ce qu’il y a de plus audacieux, et c’est justement ce que nous devons montrer à ces humains. Tout le monde ! Approchez ! Irul a un plan pour nous faire entrer.

Le convoi en provenance du Quartier Général avançait lentement. Cela était dû à la présence des chars Scorpion, dont l’allure n’était pas aussi grande que celle des véhicules de transport, et encore moins des jeeps. Le colonel Franck Rosten aurait préféré confier la garde de la colonne aux seuls véhicules légers pour éviter d’être ralenti par les tanks, mais le haut commandement avait jugé qu’il valait mieux offrir une couverture total aux troupes envoyées en renfort pour la ville de Passadonis. Quel crétin, ce général Halley ! jura intérieurement le colonel. Les scorpions nous obligent à avancer en formation resserrée. Même si nos warthogs fournissent une bonne couverture contre les chasseurs ennemis, nous sommes une cible bien trop tentante pour des bombardiers ou de l’artillerie. J’espère que nous ne croiserons ni l’un ni l’autre avant d’arriver à Passadonis…

La base de ravitaillement était enfin en vue, ce qui rassura quelque peu l’officier. Les véhicules avaient un besoin urgent d’être réapprovisionnés pour qu’ils puissent rester complètement opérationnels dans la défense de la ville. Personne ne veut de chars qui ne possèdent que dix heures de mobilité.

Il restait encore vingt kilomètres à parcourir avant d’attendre l’installation, mais d’après les éclaireurs, aucune force ennemie ne se trouvait dans les environs immédiats, et tout le monde était en alerte jaune. Seule la ville était attaquée pour le moment, encerclée par tout un bataillon de covenants disposants de lourds appuis blindés et aériens, sans compter le croiseur de combat qui stationnait au large. En réponse à cette menace, des forces de renforts avaient été envoyées par diverses bases militaires et avant-postes. Celle du colonel Rosten était la plus importante, et se constituait de quinze jeep, vingt-cinq chars, et trente transporteurs de troupes, dont l’ensemble de la cargaison représentait en tout quatre cent soldats prêts à défendre leur monde.

Ces énormes camions légèrement blindés étaient capables de transporter en tout une escouade complète de dix hommes ainsi que leur matériel et munitions. Et bien qu’ils soient des cibles faciles pour des unités anti-blindage, leur efficacité avait été démontré sur de nombreux fronts. Equipés d’un poste de mitrailleuse au niveau du poste de copilote, ce véhicule était tout à fait capable de se défendre contre l’infanterie ennemie. Le colonel savait que ces transporteurs allaient être vitaux pour la défense de Passadonis et l’évacuation de ses habitants. Mais d’abord, il faut qu’on fasse le plein.

Cependant, il n’existait aucune route directe entre le quartier général et la base de ravitaillement, ce qui faisait que la colonne devait progresser à travers la végétation. Du fait de la présence d’autant de véhicules, ils avaient été obligé d’éviter les forêts, mais le chemin le plus rapide passait par une longue clairière séparant les deux parties d’un grand bois, et au milieu de laquelle courrait une petite rivière facilement franchissable pour les véhicules. Large de vingt bons mètres, cette clairière avait été créer par les nombreux passages de troupeaux d’animaux qui longeaient le cour d’eau pour se rendre vers les terres intérieures, et le colonel Rosten avait trouvé que c’était le point de passage idéal pour ses propres troupes.

Mais alors qu’ils longeaient la forêt qui bordait les montagnes environnantes, la colonne s’arrêta brusquement. Franck ordonna au conducteur de la jeep qui le transportait de sortir du convoi pour aller voir ce qui se passait à l’avant, et il y vit un bien triste spectacle : l’un des warthogs était écrasé contre un arbre, son équipage mort.

- Qu’est-ce qui s’est passé ? demanda-il au soldat qui conduisait le premier transporteur.

- Je ne sais pas, colonel. Ils étaient en train de patrouiller sur notre flanc droit, lorsque j’ai entendu le warthog foncer dans l’arbre.

Franck mis pied à terre et s’approcha du véhicule crashé avec quelques hommes pour y chercher des survivants. Le tireur posté à la mitrailleuse lourde avait été projeté contre un rocher, et avait éclaboussé ce dernier avec sa cervelle. Quand au copilote, il avait reçut suffisamment d’éclats du pare-brise pour transformer son visage en un porc-épique de verre sans vie.

Mais le pilote n’était pas dans le véhicule. Il était tombé peu avant l’impact, et était étendu face contre terre à quelques mètres du crash. Son crâne avait été perforé par un tir, dont la chaleur avait cautérisé la plaie instantanément. Un tir de plasma… oh merde !

- Tout le monde en état d’alerte ! hurla Franck. Tireurs embusqués ennemis dans la zone ! Débarquez les troupes !

Les trois cent marines confinés dans les transporteurs jaillirent des véhicules, et la moitié se dispersa à travers la forêt pour rechercher l’ennemi. Mais ils eurent beau fouiller chaque recoin sur plusieurs centaines de mètres, il n’y avait rien, et aucune autre attaque ne fut déclenchée. Préférant ne pas s’attarder dans cette zone, le colonel Rosten ordonna à la colonne de se remettre en marche. Mais personne ne remarqua le sang qui coulait faiblement en dessous de l’un des camions de transports.


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Chapitre 12 : Première victoire... et premier échec


0849 unités de temps du 52ème jour de la quatrième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ Yvalos V, système Irulan.


- Qu… que… qu’est-ce que vous allez me faire ?

L’humain qui conduisait le camion de transport était terrorisé devant la vision des terribles guerriers de l’Alliance qui avaient massacré ses camarades avec une rapidité sans pareil. Ses yeux était rivés sur le fusil plasma qu’Irul pointait vers lui tandis qu’il répondais :

- Si tu nous conduit jusqu’à la base de ravitaillement, tu vivras. Sinon, l’enfer te semblera bien doux par rapport à ce que je te ferai.

Irul savait qu’il jouait les vies de ses camarades. Il suffisait que cet humain soit un tant soit peu récalcitrant pour que le sangheili soit obligé de le tuer, laissant son escouade incapable d’infiltrer leur objectif. D’autant que la colonne de véhicule allait bientôt partir, et qu’il valait mieux éviter l’attention en laissant le camion immobile. Il fallait convaincre cet humain de coopérer au plus vite.

- Je ne vous crois pas ! cria le pilote. Vous me tuerez quand même !

- De toute façon, qu’est-ce que cela changerait pour toi ? Dans les deux cas, tu vas mourir. Sauf que nous te proposons de survivre un peu plus longtemps. A ta place, j’essayerai quand même de le croire.

C’est alors que la radio du véhicule grésilla, et une voix autoritaire se fit entendre :

- Transporteur 24 ! Ici le colonel Rosten. Qu’est-ce qui vous arrive ?

Irul lança un regard assassin à l’humain, et leva son arme en direction de sa tête, jusqu’à toucher son front en sueur. D’une main hésitante, le conducteur prit l’émetteur radio et l’activa :

- Euh… rien, colonel. Un… petit problème de démarrage, c’est tout. Nous nous mettons en route immédiatement.

- Alors magnez-vous, sinon on vous laisse ici !

Dès que l’humain eut coupé la liaison, Irul se saisit de l’appareil pour l’éloigner de lui. Même si les vitres teintées du poste de pilotage empêchait tout ennemi de les voir depuis l’extérieur, il ne souhaitait pas être trahit par leurs communications. Le camion démarra quelques secondes plus tard pour rejoindre la colonne.

Le chemin jusqu’à la base de ravitaillement ne fut pas trop long, et les véhicules y entrèrent sans même s’arrêter. Les généraux humains semblaient très pressés de les envoyer défendre la ville assiégée, et ils avaient dû donner des ordres bien précis pour qu’ils ne soient pas ralentis. De ce fait, aucun véhicule ne fut inspecté, et l’escouade Delta attendit le moment propice pour lancer l’attaque.

Le camion qui les transportait n’était pas dans les premiers de la colonne, et se plaça dans une longue file d’attente menant aux réserves de carburants. Le capitaine Arko examina le terrain derrière les vitres du poste de pilotage tandis qu’Irul surveillait le conducteur. Après plusieurs secondes de réflexion intense, il se tourna vers ses troupes qui attendaient calmement :

- Soldats ! Nous allons sortir de ce véhicule. Voici notre plan d’action : sur notre droite en sortant à l’arrière se trouve un grand bâtiment ennemi, où nous allons nous retrancher. Il y a environ cinquante mètres à parcourir pour l’atteindre, donc nous allons devoir faire une diversion : Orilus ! Tu nous exploses les réserves de carburant ennemies. Est-ce que c’est clair ?

Les sangheilis acquiescèrent en silence et vérifièrent leurs armes. Ils n’avaient aucune idée du nombre d’ennemis qui se trouvaient à l’extérieur, mais rien ne pouvait ébranler leur détermination. L’audace était leur premier avantage, et Arko avait bien l’intention de l’utiliser au maximum.

- Et une dernière chose, ajouta l’officier. Bradius ! En sortant, place-moi une charge de type A sur tous les véhicules que tu peux.

Une fois que tout fut en place, le capitaine ouvrit lui-même l’arrière du camion et sortit le premier. Orlius le suivit immédiatement avec son canon à combustibles, et lâcha trois projectiles en direction des énormes citernes et bidons entreposés au fond de la base. Une énorme explosion emporta avec elle des dizaines de soldats et véhicules, tandis que les sangheilis se précipitaient à couvert.

Irul eut cependant un moment d’hésitation avant de sortir. Brusquement, il se précipita dans le poste de pilotage du camion et saisit l’humain qui les avait amené là pour le traîner au dehors. Après avoir fait quelques mètres, il le jeta à terre et lui dit :

- Maintenant, si tu veux vivre, caches-toi.

Les soldats de l’Alliance mitraillèrent les quelques ennemis qui se trouvaient sur leur chemin, et Naaldi enfonça la porte d’entrée du bâtiment. Trois grenades à plasma furent les premiers intrus à y pénétrer pour nettoyer le petit hall d’accueil de toute présence humaine. Arko et ses sangheilis se dispersèrent automatiquement, couvrant chaque accès pour recevoir les renforts ennemis qui ne tardèrent pas à arriver… pour être balayés par la supériorité des meilleurs de l’Alliance.

- Il nous faut trouver un poste d’observation, annonça le capitaine. Nous devons éliminer les chars ennemis à l’extérieur avant qu’ils ne décident de raser ce bâtiment.

L’escouade Delta se fraya un chemin vers les étages supérieur, semant la mort parmi ceux qui les croisaient sans la moindre difficulté jusqu’à une vaste pièce aux nombreuses fenêtres donnant sur l’énorme coure où s’amassaient les véhicules ennemis. Les charges de Bradius avaient pulvérisé plus d’une demi-douzaine de transporteurs et deux blindés, ainsi que les nombreux humains malchanceux se trouvant à proximité. Orlius épaula son arme anti-char et commença son œuvre de destruction. Ses premières cibles furent bien sûr les énormes tanks scorpions qui pointaient déjà leurs canons vers le bâtiment occupé, puis il passa aux transporteurs.

Pendant ce temps, Elda éliminait les nombreux tireurs d’élite humains postés sur la muraille de la base. Irul avait remarqué lors de leurs entraînement qu’elle maîtrisait le fusil de précision comme aucun sangheili, et c’est pourquoi il avait insisté auprès d’Arko pour qu’on l’assigne au rôle de sniper de l’équipe, et le capitaine avait immédiatement accepté. Une décision qu’il ne regretta pas une seule seconde en voyant la vitesse avec laquelle elle abattait chaque cible entrant dans son champ de vision.

Mais il fallait aussi se charger des humains à l’intérieur du bâtiment. Il était quasiment impossible de les empêcher d’entrer, ce qui faisait que l’escouade Delta devait les accueillir dans le couloir, une chose dont ils avaient l’habitude. Bien qu’il savait devoir protéger Elda, Irul décida de participer à la réception de l’infanterie ennemie, et se plaça dans le couloir avec la majorité de son escouade. De toute façon, je doute qu’un membre de l’équipe tente de la tuer dans un moment pareil.

Le massacre était gigantesque, dépassant tout ce qu’il avait jamais pu imaginer à travers leurs précédents affrontements. Des centaines d’humains tombèrent sous leurs coups, remplissant presque l’étroit espace de leurs cadavres que les survivants peinaient à enjamber. Les membres de l’escouade Delta n’avaient pas prévu d’avoir à faire face à autant d’ennemis, et beaucoup tombèrent rapidement à court de munitions. Naaldi chargea alors pour récupérer des armes humaines et des munitions. Même si cet équipement primitif les dégoûtaient, les sangheilis préféraient encore compter là-dessus plutôt que d’affronter le reste de leurs ennemis à main nues…

La bataille pour la base de ravitaillement humaine dura plus de deux heures durant lesquelles les membres de l’escouade Delta ne cédèrent pas un pouce de terrain, et ne montrèrent pas le moindre signe de faiblesse ou d’épuisement. Le calme qui suivit ce long chaos indescriptible fut presque surprenant pour les sangheilis, qui pensaient ne jamais en voir le bout.

Irul retourna alors dans la salle occupée… et fut soudain paralysé par une horrible vision : Elda était étendue sur le sol, immobile, du sang s’échappant de son armure perforée.

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Chapitre 13 : Protégez-la à n'importe quel prix


1537 unités de temps du 52ème jour de la quatrième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ croiseur de combat Angry Justice, en orbite autour de Yvalos V, système Irulan.


Irul regardait la salle médicale à travers la vitre blindée depuis maintenant plus d’une heure. Elda était allongée sur une table d’opération autour de laquelle s’afféraient des ingénieurs Huragoks. Bien que leur rôle principal soit d’entretenir et de réparer le matériel de l’Alliance, les ingénieurs étaient également des médecins experts, même si leur obsession de la mécanique les obligeait à considérer les êtres vivants qu’on leur confiait comme des machines. Pour eux, un corps n’était qu’un ensemble de mécanismes associant des principes physiques, chimiques et électriques, rien de plus.

Elda avait reçu de nombreux tirs d’armes humaines, dont la plupart des projectiles avaient été stoppés par son armure. Mais quatre balles avaient fini par percer sa protection, et elle avait fini par s’évanouir. Heureusement, aucun organe vital n’était touchés, et les hémorragies avaient été suffisamment faibles pour qu’elle survive le temps de l’évacuation. Le capitaine Arko avait aussitôt exigé une navette de transport, sans toutefois préciser pour quel type de blessé elle était destinée, et il avait ordonné à Irul de partir avec elle. Le reste de l’escouade Delta était resté à la surface de Yvalos V pour éliminer les derniers survivants de la base humaine, tâche qu’ils avaient certainement dû remplir sans trop de difficulté après l’énorme carnage.

Mais alors qu’il se tenait là, face à la douleur que devait ressentir la sangheile, Irul sentit un profond sentiment de honte. Je n’ai pas réussi à la protéger. J’ai échoué dans la mission qui m’a été confié dès la première mission, et à cause de moi, Elda a faillit mourir…

Pourtant je ne comprends pas comment elle a put subir autant de dégâts. Si un ennemi avait commencé à lui tirer dessus depuis l’extérieur, elle se serait écarté de la fenêtre pour attendre une opportunité de répliquer. Et pas un seul humain n’a put attendre la pièce dans laquelle elle se trouvait par le couloir. Je sais qu’elle est très compétente, même plus que la plupart des guerriers de mon escouade. Elle ne se serait pas laissé tirer dessus à moins que…

Soudain, un grand doute s’empara du sangheili, et des certitude qui lui semblait jusque là inébranlables s’effondrèrent par une seule pensée. C’est un membre de l’escouade qui lui a tiré dessus…

Qui ? Qui a osé faire une telle chose ? Pas Orlius, en tout cas. Il était dans la pièce avec elle, bien sûr, mais il n’a pas récupérer d’armes humaines pendant la bataille. Cette fois-ci, il avait prévu suffisamment de munitions. Alors qui ?

Les visages de chaque membre de l’escouade Delta passèrent devant les yeux d’Irul, et à chaque fois la même conviction lui disait que c’était impossible, qu’aucun d’entre eux n’avait put commettre un tel acte. Seulement le fait était là : Elda avait reçu un tir nourris de fusil d’assaut humain, et elle avait été dans l’incapacité de répliquer, ni même d’identifier le tireur. Pour l’instant, à part Orlius et le capitaine, tous sont suspects. Cela fait cinq coupables éventuels, et aucun d’entre eux ne me semble plus possible qu’un autre. Et même si Orlius est hors de cause, je ne peux quand même pas lui faire confiance. Le seul sur qui je peux compter, c’est le capitaine.

C’est alors que l’un des ingénieurs Huragoks sortit de la salle médicale pour se diriger vers Irul. Celui-ci tenta de dissimuler son inquiétude derrière un masque de neutralité très fragile, et demanda :

- Alors ? Comment va-t-elle ?

- Le sujet se porte bien, répondit le petit être flottant. Son système d’irrigation à perdu une grande quantité de fluide, mais trop peu pour mettre en danger les mécanismes principaux. Dans l’ensemble, tout fonctionne normalement et le sujet pourra être remis en service d’ici quelques heures de repos.

- Peut-on lui parler ?

- Affirmatif. Le sujet est actuellement activé et ses facultés d’analyses sont intactes. Les communications sont donc tout à fait possibles.

Irul essaya de ne pas s’emporter contre l’ingénieur en l’entendant parler ainsi d’un être vivant, et se contenta de le congédier d’un signe de la main. Puis il pénétra dans la salle médical et demanda aux autre Huragoks de partir. L’une après l’autre, il désactiva les caméra de surveillance avant de s’approcher d’Elda. Une expression bizarre marquait le visage de la sangheile.

- Alors ? fit-elle avec un ton ironique. Comment vas-tu ?

- Je suis désolé.

Le ton d’Irul était sincère, mais toujours ampli d’un profond sentiment de honte, voir même de haine envers lui-même. Si tu savais à quel point je suis désolé.

- Les Huragoks disent que tu vas très bien. Tu seras sur pieds d’ici la fin de la journée.

- Est-ce que tu sais qui m’a tiré dessus ?

- C’est… un membre de l’escouade.

Le regard d’Elda devint soudain lointain, presque vide, avant qu’un immense désespoir s’y logea pour en faire ressortir une larme. Les sangheilis, au delà d’un certains âge, ne pleuraient jamais. C’était une marque de faiblesse que beaucoup considéraient comme impardonnables. Pourtant Irul comprenait qu’Elda soit aussi affecté par un tel évènement, et oublia les préceptes.

- Je ne sais pas encore qui c’est, lui dit-il, mais je le trouverai. Je te le jure

- Même si tu le découvre, cela ne changera rien. Il y aura toujours quelqu’un pour tenter de me tuer. Je suis destinée à mourir de la main de mes frères.

Irul avait du mal à comprendre ce qui lui arrivait. Il avait été formé et endoctriné pour exprimer le moins de sentiments possible, de façon à être un combattant sans pitié et sans peur. Mais face à la terrible situation que vivait celle qui se trouvait devant lui, une émotion bizarre s’infiltra en lui. Une émotion qui semblait se transmettre par le regard perdu d’Elda qui était plongé dans le désespoir : la tristesse. Je la plain. Devoir porter sur soit une si lourde tâche alors que l’on possède tant d’ennemis des deux côté de la ligne de front est un acte héroïque, mais elle sait que dans la mission dont le commandant suprême l’a chargée, elle ne reviendra jamais vivante.

Mais je suis là.

- Je ne laisserai plus jamais personne te tirer dessus, Elda, lui dit-il en versant une larme.

Soudain, le haut-parleur de la salle d’opération laissa entendre la voix autoritaire du capitaine Arko :

- Soldat Irul Sulamee! Venez immédiatement dans ma cellule !

Le sangheili adressa un regard qui disait « courage » à Elda, puis quitta la salle après avoir remis en route les caméras de surveillance. Il verrouilla la porte en entrant le code de sécurité que le capitaine lui avait donné pour ce genre de cas, et se dirigea ensuite vers la section de l’escouade Delta.

Arko était assis sur son champ de repos gravitationnel, un système sophistiqué réservé uniquement aux sangheilis de haut grade. Cela permettait de maintenir le soldat dans un état d’apesanteur idéal pour le repos et la méditation. Seulement, le guerrier d’élite n’avait pas l’air d’avoir médité pour calmer ses nerfs. Une énorme colère se lisait dans ses yeux alors qu’il foudroya Irul du regard.

- Je me demande ce qui me retiens de vous tuer sur le champs, soldat !

Irul ne savait pas quoi répondre. Il savait bien qu’il n’avait aucun excuse pour avoir échoué ainsi à sa mission.

- J’ai été informé de l’état d’Elda. Vous avez de la chance que cela soit moins grave que ce que je pensais.

- Capitaine. Je suis convaincu que c’est un membre de l’escouade qui a fait cela.

- Mais moi aussi ! s’emporta l’officier en se levant pour s’approcher du soldat. Seulement vous êtes responsable de sa sécurité, Irul ! Cela implique que vous soyez en permanence auprès d’elle, afin de surveiller l’ennemi mais plus encore vos propres compagnons ! Cet échec est intolérable !

- Dites ce que je dois faire pour être pardonné et je le ferai.

Arko n’était maintenant plus qu’à quelques centimètres du visage d’Irul. Il regarda celui-ci droit dans les yeux, comme pour essayer d’y lire les pensées de son subordonné d’un simple mouvement de pupille. Ses mandibules claquèrent plusieurs fois dans une expression de considération bien inquiétante. Puis il lui tourna le dos pour annoncer d’un ton froid :

- Trouvez-moi celui qui a fait ça, et tuez-le.

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Chapitre 14 : Traqués


2209 unités de temps du 53ème jour de la quatrième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ ville assiégée de Passadonis, Yvalos V, système Irulan.


La navette de transport déposa les membres de l’escouade Delta au milieu de la grande place centrale de Passadonis avant de repartir en direction du Angry Justice. Les sangheilis se dispersèrent pour rechercher d’éventuels ennemis qui les auraient vu arriver, mais ils ne trouvèrent rien. Arko ordonna alors de faire mouvement en direction du secteur industriel de la ville, où d’après les renseignements de l’Alliance se trouvait leur objectif.

La cité humaine était totalement dévastée. L’attaque contre Yvalos V avait été lancée depuis seulement un peu plus d’un jour, et déjà la résistance ennemie faiblissait significativement devant les assauts répétés des troupes de l’Alliance. Partout les bâtiments étaient en prises aux flammes et les rues tapissés de cadavres sanguinolents, le ciel obscurci par les noires fumées s’échappant des carcasses de véhicules civils ou militaires.

L’attaque de l’escouade Delta contre la base de ravitaillement avait rendu facile la prise de la ville, d’autant qu’avec la destruction de la principale force de renforts ennemis, les autres troupes envoyées au milieu des édifices primitifs n’eurent à affronter qu’une faible résistance. Les guerriers du capitaine Arko y avaient cependant été envoyés, dans le but d’éliminer l’officier qui dirigeait les dernières troupes humaines.

Bien que la cible soit très bien protégée au milieu du dispositif de résistance ennemi, les sangheilis avaient largement leurs chances. En effet, après l’incroyable résultat de leur dernière mission, l’escouade Delta avait été intégrée à la section des commandos, et avait vu ses armures classiques remplacées par des armures noires avec un système camouflages optiques et une panoplie de capteurs très sensibles. C’était l’équipement idéal pour les assassinats.

Irul avait essayé, durant ces dernières heures, d’obtenir des indices sur qui avait tirer sur Elda lors de leur précédente mission. Mais il n’avait rien trouvé. Personne au sein de l’escouade ne semblait vouloir parler de cet incident, et certains devenaient même violents si le sujet était abordé. On dirait qu’ils me cachent tous quelque chose. Seraient-ils au courrant pour mon rôle de garde du corps ? Probablement non, mais il doivent bien se douter de quelque chose. Surtout si l’on considère les trois jours qui se sont passés sans qu’ils sachent où j’étais, juste avant qu’Elda n’intègre l’escouade. Il va me falloir agir autrement pour connaître la vérité.

Heureusement pour lui, Elda n’en avait gardé aucun rancœur. Au contraire, elle avait tendance à se rapprocher de lui et à montrer de plus en plus de sympathie à son égard. Elle supportait mieux le fait de devoir être protégée en permanence, et parfois même elle se sentait rassurée. Seulement, Irul était beaucoup moins confiant, surtout lorsqu’il se rappelait que la prochaine attaque contre Elda pouvait venir de n’importe qui. Et même si Orlius ne pouvait pas avoir commis la précédente, ce n’est pas une raison pour croire qu’il ne fera rien plus tard…

- Irul et Elda ! fit le capitaine. Partez en éclaireur et faites-moi un rapport toutes les dix unités de temps !

Les deux sangheilis savaient très bien que cet ordre n’avait pour but que de les écarter du reste du groupe, et ainsi éviter toute autre tentative d’assassinat. Ils partirent donc devant sans discuter en activant leurs camouflages.

La navette de transport les avait cependant largués bien loin de la zone industrielle, car les renseignements faisaient état de nombreux poste de tir anti-aériens ennemis dissimulés sur les toits des bâtiments plus loin. Cette section de la ville était la dernière présentant encore une résistance suffisante pour inquiéter le haut commandement, et c’était pourquoi on avait envoyé l’escouade Delta en mission commando.

Irul était soulagé de n’avoir à affronter que des humains pour l’instant, mais il savait bien qu’il leur faudra se regrouper avec le reste du groupe à un moment ou à un autre. Il profita de ce moment de relative tranquillité pour parler un peu avec Elda :

- Je ne t’ai toujours pas demandé… si tu allais mieux.

- Ca va, merci. J’ai encore quelques muscles endoloris, mais cela n’affecte pas trop mes capacités. Mes blessures auront cicatrisé d’ici quelques jours.

- C’est bien.

Soudain, le regard d’Irul fut attiré par un mouvement à une fenêtre d’un immeuble devant eux. Sans hésiter, il se précipita sur Elda pour la plaquer au sol derrière la carcasse d’une voiture. Un tir retentit dans la seconde qui suivit, et une balle traversa l’espace où se trouvait la tête de la sangheile. Un sniper ! Il a dû nous repérer avec des lunettes infrarouges. C’est mauvais…

- Elda ! Rentre dans ce bâtiment ! Vite !

- Est-ce qu’on ne devrait pas demander du soutient ?

- Même si je crains qu’ils te mettent en danger, je crains encore plus qu’ils se fassent descendre.

Ce genre de stratégie était typique des humains : placer des tireurs solitaires très difficiles à localiser, de façon à harceler les troupes sous des tirs meurtrier. Ciblant de préférence les officiers sangheilis, ces snipers était l’élément le plus dangereux de la guérilla humaine. La technique habituelle contre eux était de demander un bombardement par l’aviation ou l’artillerie, ou encore de demander un soutient blindé contre lesquels ils ne pouvaient rien faire. Mais là, nous n’avons ni l’un ni l’autre.

Les deux sangheilis pénétrèrent donc dans les ruines d’un immeuble administratif qui devait certainement être déjà désaffecté avant l’attaque de la colonie, et montèrent immédiatement au premier étage pour trouver un bon poste de tir. Une petite pièce se trouvant à l’angle du bâtiment possédait deux fenêtres donnant chacune sur un point de vue différent, ce qui en faisait l’endroit idéal pour ce qu’ils voulait faire. Irul se rendit soudainement compte qu’il ne savait plus où se trouvait le tireur embusqué ennemie. D’autant qu’il a certainement dû changé d’emplacement…

Le sangheili activa alors le panneau de contrôle de son armure et établi la liaison radio :

- Eclaireur Sulamee à escouade Delta ! Nous sommes sous le feu d’un sniper ennemi. N’approchez pas de notre zone, nous allons tenter de l’éliminer.

- Bien compris, répondit la voix du capitaine. Faites de votre mieux et restez en vie !

- Parfait, fit Irul en coupa la liaison. Maintenant je vais sortir pour obliger le sniper à me tirer dessus, de façon à ce qu’il révèle sa position. Tu n’auras alors plus qu’à le descendre.

- Mais tu risques de te faire tuer !

- Nous n’avons pas le choix. Il vaut mieux que ce soit moi que toi, et de plus, tu es la meilleure au tir. J’utiliserai des mouvements d’évasion pour éviter quelques balles.

Elda regarda longuement Irul comme pour tenter de savoir pourquoi il prenait autant de risques. Mais le sangheili avait déjà dissimulé ses émotions derrière son masque de guerrier, et il partit sans dire un mot.

Stanley Morlis inspira profondément pour tenter de reprendre son calme. Ses doigts étaient crispés sur la gâchette et le canon de son fusil de sniper, tandis que son œil droit scrutait la rue d’en face à travers la lunette infrarouge. Il ne comprenait pas comment cette élite avait réussi à le voir. Je suis immobile depuis plusieurs heures en attendant d’avoir une cible. Et lorsque j’en ai enfin une, elle réussi à m’échapper. Maintenant, même si j’ai changé de fenêtre, les covenants ne vont pas tarder à envoyer des renforts me déloger. Je pourrais peut-être fuir ? C’est toujours mieux que d’être pulvérisé ou enseveli sous les décombres…

Mais Stan n’eut pas le temps de réfléchir plus longtemps à cela. Le plancher derrière lui craqua lourdement, et le soldat se retourna immédiatement, dégainant son pistolet M6D aussi rapidement que possible.

Il n’y avait rien.

- Je dois être trop fatigué, se dit-il. Ou alors c’est le stress.

Rengainant son arme de poing, il se remit à son poste, scrutant de nouveau sa zone de tir à la recherche des deux élites qui lui avaient échappé. Ils s’étaient probablement mis à couvert pour attendre des renforts, mais Stanley savait par expérience que ces grands extraterrestres avaient un grand sens de l’honneur, qui était un puissant synonyme du mot « suicide », selon lui. S’ils veulent un tant soit peu m’affronter, ils se montreront. Je n’ai qu’à attendre.

C’est alors que Franck entendit un bruit étrange dans son dos. Un bruit fort et bref, mais clairement plasmatique. Avant même qu’il put se retourner, une douleur sans borne traversa sa colonne vertébrale pour le clouer au sol. Un filet de sang s’échappa de sa bouche alors qu’il se rendait compte que ses poumons étaient perforés. Une main énorme et écaillée le saisit à la nuque pour le soulever et Stan put alors voir son assassin : un énorme élite en armure noire, tenant dans sa main une épée plasma éblouissante. L’alien le nargua dans une série de claquements de mandibule, puis le jeta au loin pour le laisser agoniser.

La dernière chose que vit le soldat fut l’impressionnant extraterrestre s’accroupir à la fenêtre et prendre en main le fusil de sniper humain, avant de s’évanouir dans le décor grâce à son camouflage optique.

Irul s’élança à découvert dans la rue. Il savait que ses chances de survie étaient loin d’être grandes, mais c’était la seule solution pour protéger Elda. Il effectua de courts zigzagues irréguliers pour empêcher le sniper ennemi de le cibler correctement et se dirigea vers le bâtiment d’où était parti le tir. Mais bizarrement, aucune balle ne siffla auprès de lui. Peut-être est-il en train de changer de poste ? Il s’est peut-être enfui…

Ou alors il ne s’intéresse pas à moi, et il cherche à descendre Elda…

- Elda ! annonça Irul dans sa radio. Mets-toi à couvert immédiatement !

Mais il était trop tard. Une détonation retenti brusquement, et une balle traçante fendit les airs jusqu’à la fenêtre où se trouvait la sangheile. Irul fut paralysé pendant deux secondes entières, avant qu’il ne parle à nouveau dans sa radio :

- Elda ! Elda réponds-moi !

- Ca va, Irul, fit la guerrière. Je vais bien. Merci de m’avoir prévenu.

- Ne bouge plus de là ! Je m’occupe de lui !

Il courut alors droit vers le bâtiment du sniper, ne s’occupant plus d’effectuer des zigzagues pour privilégier la vitesse. De nombreuses autres balles traçantes furent tirés depuis une fenêtre dont Irul enregistra la position. L’ennemi essaye de tirer à travers les murs pour atteindre Elda. Mais les immeubles de cette zone sont tous faits de pierres et leurs murs sont sacrément épais, donc c’est complètement impossible, même avec leur meilleur matériel. Comment se fait-il qu’il ne le sache pas ?

Irul enfonça la porte d’entrée pour se précipité vers le premier escalier qu’il vit. Gravissant les marches quatre à quatre, le sangheili vérifia son fusil à plasma avant d’atteindre un long couloir aux nombreuses portes. Il calcula lesquelles pouvaient mener à l’ennemi selon ce qu’il avait vu à l’extérieur, puis s’approcha le plus discrètement possible. Lorsqu’il fut sur le seuil, Irul activa deux grenades à plasma et les lança dans la pièce de façon dispersée, afin d’être sûr de toucher le sniper, puis il pénétra à l’intérieur.

Mais à sa grande stupéfaction, l’humain était déjà mort. A sa place, posté à la fenêtre, se trouvait la forme floue d’un sangheili dont le bouclier de protection rayonnait sous la déflagration des grenades. J’aurais dû m’en douter…

- Qui est-tu ? Quel est ton supérieur hiérarchique ?

L’inconnu ne répondit rien, et se contenta d’activer une épée à plasma dont la vision terrorisa Irul. Cette arme n’était confiée qu’aux sangheilis les plus braves et les plus nobles, ayant prouvé leur valeur sur de nombreux champs de bataille. Il comprit rapidement que son adversaire possédait énormément plus d’expérience de combat que lui, et qu’avec une telle arme, il n’aurait aucun mal à le découper en morceaux. Mon fusil à plasma ne pourra jamais détruire son bouclier avant qu’il n’abatte sa lame sur moi. Et je n’ai rien d’autre pour améliorer mes chances au corps à corps. Ma seule option est de dialoguer.

- De quel escouade fais-tu parti ? Parle ! Pourquoi est-ce que tu cherches à tuer Elda ?!

Mais l’inconnu restait muet. Il étudia longuement Irul, comme pour se demander se qu’il devait faire. Puis, sans prévenir, il s’élança vers le novice… avant d’avoir le crâne transpercé par un tir de sniper à plasma. Elda…

Le corps du sangheili s’effondra sur le plancher de la pièce, non loin de celui de l’humain auquel il avait volé l’arme. Irul se pencha aussitôt sur lui pour l’examiner. Le tir lui avait complètement exploser le visage, et son armure ne portait bizarrement aucun code d’identification ni aucun numéro de série d’équipement, rien qui puisse renseigner sur son porteur ou sa provenance. Et merde ! Il ne reste plus que le test ADN pour savoir de qui il s’agit. Ce soldat n’a certainement aucune identité. Il doit faire parti des unités fantômes, ces escouades camouflées n’apparaissant jamais dans les rapports, opérant pour des commandants qui les dissimulent parmi les troupes régulière, et dont l’existence n’a jamais put être prouvée. Ce sangheili était un assassin, et on l’a envoyé spécialement pour abattre Elda…

- Irul, fit la sangheile dans la radio d’un ton hésitant et tremblant. C’était bien un sangheili que j’ai tué, non ?

Dans d’autres circonstances, Irul aurait préféré lui mentir. Sans compter le fait d’avoir abattu un frère de race, le fait d’avoir été la cible de celui-ci était encore plus perturbant pour elle. Mais Elda l’avait descendu avec son fusil de précision, et il était certain que le zoom de sa lunette de visée lui avait permis de voir clairement sa cible. Cela ne servait à rien de le lui cacher. D’un ton à moitié empli d’une tristesse étrangère à la race sangheili, il lui répondit :

- Oui. C’en était un.

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Chapitre 15 : Première ligne


2225 unités de temps du 53ème jour de la quatrième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ ville assiégée de Passadonis, Yvalos V, système Irulan.


- Escouade Delta ! fit Irul. Ici éclaireurs. Nous avons réglé le problème. Continuons notre progression vers l’objectif. Terminé !

Irul prit un échantillon de sang du sangheili mort dans l’un des tubes normalement utilisé pour contenir les magnétiseurs de rechanges pour son fusil plasma. Ces petits appareils en forme de cône servaient à polariser le plasma contenu dans l’arme afin de le diriger vers le canon à grande vitesse. Leur inconvénient était d’être assez sensibles à la chaleur, allant jusqu’à fondre partiellement lors des surchauffes, ce qui modifiait leur forme et réduisait énormément la précision. Chaque sangheili devait en emmener au moins un de rechange en mission, mais Irul n’avait pas trop de scrupule à se débarrasser de celui-ci. Les sages conseils de Karji lui avait éviter beaucoup d’ennuis techniques avec son équipement, et il était extrêmement rare qu’il fasse surchauffer son arme, surtout avec le nouveau contrôleur de température intégré aux armures sangheilis. J’ai bien plus besoin de savoir qui était ce sangheili. Je confierai cela au capitaine pour qu’il le fasse analyser.

Après cela, Irul et Elda reprirent leur progression vers les usines de la villes. Ils les atteignirent en quelques minutes sans rencontrer aucun autre humain, et commencèrent à repérer le terrain. Il y avait là un entrepôt de produits chimique, plusieurs installations de sidérurgie et d’informatiques, et une énorme fabrique de munitions dans lequel le chef humain devait se trouver. Irul activa alors sa radio et entama son rapport :

- Escouade Delta, ici éclaireurs ! Nous avons le bâtiment-cible en vue. Présence de nombreux tireurs d’élites sur les toits, ainsi qu’une paire de batteries anti-aériennes.

- Ici capitaine Arko ! Selon vous, quelle est la partie la plus vulnérable de leur dispositif de défense ?

L’officier sangheili avait lu les rapport du précédent lieutenant de l’escouade, et y avait vu les prouesses tactiques d’Irul. Il avait entièrement confiance en lui pour ne pas risquer inutilement la vie de ses camarades dans un plan suicidaires. Le soldat utilisa ses macro-jumelle à leur agrandissement maximum et observa méticuleusement chaque secteur de la zone industrielle. Il balaya du regard chaque parcelle de terrain plusieurs fois avant de donner son verdict :

- Eliminer les snipers un a un prendrait trop de temps et leur permettrait d’organiser leurs défenses. Les batteries anti-aériennes me semblent beaucoup plus faciles à éliminer. Je propose qu’Elda et moi-même allions faire sauter l’une d’entre elle et que le reste de l’escouade se charge de l’autre. Une fois cela fait, nous pourrons demander un soutient aérien pour faciliter notre entrée.

- Bien, fit Arko. Donnez-moi les coordonnées de notre cible, et attendez que nous soyons en position.

Les deux batteries étaient assez éloignées l’une de l’autre, ce qui rassurait Irul dans le fait que les autres membres de l’escouade Delta n’approcheraient pas Elda durant cette partie de l’opération. Celle qu’il allait devoir neutraliser avec la sangheile se trouvait au sommet d’une petite colline un peu à l’écart de la zone industrielle, ce qui en faisait une cible facile. Quant à celle que devait atteindre le reste de l’escouade était au milieu d’un parking, où les humains avaient aménagé des barricades avec les carcasses des voitures laissées là.

Arko et ses sangheilis arrivèrent en vue de la zone quelques minutes plus tard. Irul avait déjà prit ses précautions pour s’éloigner d’eux, et il leur était donc impossible d’avoir un visuel sur Elda. Dès que tout le monde fut en place, le capitaine ordonna l’assaut.

Le plan d’Irul était d’infiltrer les faibles défenses de la colline tandis qu’Elda lui fournirait un tir de couverture avec son sniper. Il ne voulait pas lui faire courir le risque de se retrouver encercler par l’ennemi. Et si jamais il se faisait lui-même tuer, elle pourrait toujours s’échapper et rejoindre l’escouade Delta. Bien qu’il y ait d’autres ennemis encore plus dangereux parmi eux…

Irul activa son dispositif d’invisibilité et avança parmi la végétation entourant la colline. Le vent y soufflait vivement, et le mouvement du feuillage environnant rendait la faible perturbation de son camouflage y était totalement imperceptible. Une sentinelle passa devant lui, et mourut l’instant d’après avant de s’effondrer dans un buisson, la nuque brisée. Irul fonça à découvert jusqu’à la tranchée qui encerclait la colline et s’y jeta. Aucun coup de feu n’avait retentit. Très bien. Je n’ai pas été détecté. Maintenant, il s’agit de frapper vite et bien.

La tourelle anti-aérienne n’était plus qu’à quelques dizaines de mètres devant lui et son seul moyen de la détruire était l’unique charge de démolition qu’il portait à la ceinture. Mais il devait d’abord sécuriser une partie de la tranchée pour éviter de se retrouver encercler une fois le travail accompli. Il dégaina alors l’épée plasma qu’il avait récupérée sur le corps du sangheili ennemi, avant de foncer sur le premier humain qu’il rencontra. Massacrant toute personne se trouvant sur son chemin, il traversa la moitié de la tranchée en laissant dans son sillage une rivière de sang et de cadavres. Une sirène d’alarme diffusa un son strident dans toute la zone, et les soldats ennemis commencèrent à se regrouper.

Irul en profita pour foncer en direction de la batterie de missiles sol-air et y placer sa charge de démolition. La petite installation disparu dix secondes plus tard dans un flash aveuglant suivit d’une grande explosion bleutée. Alors qu’il tentait de quitter la zone, des tirs commencèrent à siffler aux ouïes du sangheilis. C’est alors qu’il aperçu des tirs de snipers à plasma jaillir de la position d’Elda. Plusieurs crânes humains éclatèrent sous ses décharges extrêmement précises et Irul put alors la rejoindre en toute sécurité. Dès qu’il fut auprès d’elle, il activa sa radio :

- Escouade Delta, ici éclaireurs ! Objectif atteint. En attente d’ordre.

- Éclaireurs, ici Arko ! Nous sommes pris pour cibles par des tireurs d’élite. Impossible d’atteindre notre cible dans la situation actuelle. Vous devez prendre l’ennemi à revers pour nous permettre d’avancer.

- Bien reçut. On arrive !

De là où ils étaient, Irul et Elda pouvaient voir nettement les nombreux tirs et explosions qui parcouraient le parking, à seulement quelques centaines de mètres de leur position. Les humains s’y rassemblaient comme des ungoys attirés par une réserve de méthane, mais l’escouade Delta tenait bon. Ils s’étaient mis à couvert dans un petit bunker creusé au pied d’une installation énergétique, à la périphérie du parking. Irul activa ses macro-jumelles pour localiser les tireurs d’élite ennemis. Ils étaient cinq, postés sur le toit de l’usine chimique, et disposaient d’une garde rapprochée d’une quinzaine de soldats. Malheureusement pour eux, ils se trouvaient justement entre l’escouade Delta et les deux éclaireurs sangheilis.

- Elda ! fit calmement Irul. Cette fois-ci, tu ne pourras pas me couvrir de loin. Il suffirait que tu tires une seule fois pour que tous les snipers ennemis se retourne contre toi, et tu n’aurais alors aucune chance. Il vas donc falloir que tu viennes avec moi.

- J’y suis prête ! annonça-t-elle en échangeant son sniper contre une carabine à plasma.

Ils ne perdirent pas une seule seconde et foncèrent vers l’usine, leurs camouflages optiques activés et les armes au clair. Irul attendit de se trouver juste devant la première sentinelle pour activer son épée plasma, éliminant ce gêneur d’un simple revers sans même ralentir l’allure. Tandis qu’ils gravissaient quelques escaliers qui menaient jusqu’aux toits, les deux sangheilis vérifièrent une dernière fois leurs armes. Puis ils virent leurs victimes.

Trois humains gardaient l’escalier, mais aucun d’entre eux ne vit la mort invisible qui s’abattit sur eux, et ils furent massacrés en un instant sans que les sangheilis n’eurent à tirer. Les autres résistants ennemis se retournèrent immédiatement en entendant crier leurs compagnons. Ils tirèrent en aveugle et en automatique, espérant toucher quelque chose, mais Elda et Irul s’étaient déjà évanouit dans le décors. Leur seconde attaque le mena au beau milieu de la bande d’humains, qui pensaient être plus en sécurité s’ils étaient regroupés. Irul en trancha trois d’un simple coup d’épée. Elda ouvrit l’estomac d’un ennemi avec sa lame de combat tandis qu’elle en mitraillait deux autres de son fusil plasma.

De simples humains ne valaient rien contre de vrais guerriers sangheilis en combat rapproché, même s’ils se battaient à six contre un. Les boucliers des soldats de l’Alliance encaissèrent les quelques faibles coups qu’eurent le temps de placer leurs adversaires avant de mourir. En à peine quelques seconde, toutes les vies autres que celles d’Irul et d’Elda avaient quitté cet endroit.

- Escouade Delta ? Ici éclaireurs ! La voie est libre. Faites ce que vous avez à faire.


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Chapitres 16 : les armes d'un complot


2236 unités de temps du 53ème jour de la quatrième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ fabrique de munitions humaines, zone industrielle de la ville assiégée de Passadonis, Yvalos V, système Irulan.

Alors qu’à l’extérieur de l’usine, l’enfer se déchaînait sous la forme d’un intense bombardement effectué par plus d’une vingtaine d’appareils Séraphins, l’escouade Delta en explorait l’intérieur le plus furtivement possible. Leurs systèmes de camouflage leur avaient permis d’éliminer les quelques gardes qui surveillaient l’entrée principale du bâtiment sans donner l’alerte, ce qui laissait l’effet de surprise intact. Mais il était clair que les humains allaient très vite se douter des intentions de l’Alliance en voyant que les bombardiers au dehors ne ciblaient jamais l’usine de munitions. Au moins cela dissuadera l’ennemi de tenter une évacuation d’urgence, se dit Irul. Et s’il restent terrés ici, ils n’ont aucune chance. Nous n’avons plus qu’à leur faire penser le contraire.

Le bâtiment présentait tous les défauts de l’architecture humaine : sale, mal conçu et étroit. Il n’y avait absolument aucune logique apparente dans l’organisation des couloirs, conduits et cages d’escaliers, ce qui ne faisait pas de l’orientation une chose facile. Cependant, il était facile de comprendre que si les humains souhaitaient protéger un de leur officier, ils le placerait dans les profonds sous-sols de la structure, là où ils serait le plus à l’abris du bombardement. L’escouade Delta descendit donc au plus bas étage possible, éliminant sans remord les quelques gêneurs qui tentaient vainement de leur barrer la route.

C’était dans ces tréfonds de l’usine que se trouvaient la plus grande partie des stocks de munitions produits. Les sangheilis traversèrent des salles remplies d’énormes caisses de métal dans lesquelles reposaient d’innombrables balles de calibre moyen, qui n’attendaient que d’être utilisées. Irul fit bien attention à ce qu’aucun membre de l’escouade ne ramasse une arme humaine, et particulièrement Naaldi qui savait très bien les utiliser.

Soudain, Elda aperçut la cible.

L’officier humain était au milieu d’un tas de caisses alignées en un grotesque muret défensif, protégé par une bonne trentaine de soldats bien armés et déterminés. Ce dernier carré désespéré se trouvait au fond de la dernière salle d’entrepôt, séparé du reste des caisses de munitions par une courte zone découverte d’une dizaine de mètres. Trop facile. Il y a un piège.

Irul demanda au capitaine d’ordonner un arrêt, et celui-ci fit un signe de la main pour inciter tout le monde à rester à couvert. Irul passa alors furtivement sur le côté droit et vit les meurtrières creusés dans le mur latéral. De nombreux canons d’armes en dépassaient faiblement, traquant le moindre indice d’une présence ennemie, mais semblaient n’avoir pas détecté le sangheili camouflé. Prenant toutes ses précautions, celui-ci longea alors rapidement le mur jusqu’au petites ouvertures, et y glissa toutes les grenades à plasma qui lui restait. D’intenses cris de douleurs retentirent avant même les explosions qui emportèrent avec elle les quelques humains terrifiés. Irul jeta un regard furtif à travers l’une des meurtrières pour s’assurer qu’il ne restait aucun ennemi valide de l’autre côté, puis vérifia qu’il n’y avait pas de piège semblable dans le mur opposé, avant de rejoindre au plus vite ses coéquipiers. Dès qu’il eut donné le signal de « tout va bien », le capitaine Arko ordonna l’assaut.

Les huit sangheilis foncèrent vers les derniers humains en une manœuvre d’encerclement avec deux guerriers sur le flanc gauche, deux sur celui de droit, et quatre au centre. Leur charge fut d’une férocité incroyable, emportant en un instant la moitié des humains sans qu’ils ne comprennent ce qui leur arrivait. Les autres comprirent rapidement qu’ils n’avaient aucune chance, mais continuèrent de se battre avec détermination. Lorsque le dernier d’entre eux tomba à terre, sa tête arrachée par la force sans pareil de Karji, un grand calme s’empara des sangheilis.

Le capitaine Arko était étendu sur le sol, immobile.

Irul s’empressa aussitôt de vérifier ses signes vitaux. Il fut heureux de constater que son officier n’était pas mort, seulement inconscient. Mais alors qu’il se relevait pour l’annoncer aux autres, il vit le poing de Naaldi fondre sur lui. Irul esquiva le coup en effectuant une roulade en direction d’Elda, qu’il tenta de couvrir avec son propre corps. Le vétéran leva alors son fusil à plasma dans sa direction en disant calmement :

- Irul, écarte-toi s’il te plait.

- Jamais ! De toute façon tu ne peux pas la tuer devant autant de témoins ! Renonces et le capitaine se montrera peut-être clément.

- Des témoins ? répéta Naaldi avec amusement.

Les autres membres de l’escouade levèrent un à un leurs armes en direction d’Elda, mais Irul continua de s’interposer. Alors ils faisaient tous parti du complot ? … et moi qui les trouvais sympathiques. Finalement, ce ne sont que des brutes dépourvus de raison. Ils sont prêts à tuer un membre de leur race sans même sourcilier, et ils ont même osé frapper le capitaine pour cela. Que les dieux leur pardonne cet acte monstrueux.

- Si tu veux la tuer, Naaldi, il faudra d’abord me tuer moi !

- Pourquoi mourir pour une femelle, Irul ? Ce ne sont que des procréatrices. Elles n’ont rien à faire au sein de l’armée. Le combat est une chose sainte qui leur est à jamais interdit, et je ne permettrai à aucune d’entre elle de porter une armure.

- La tolérance est une faiblesse ! renchérit Karji. Seuls les mâles sangheilis possèdent l’union de la force physique et de la détermination spirituelle pour suivre le Grand Voyage à travers la Sainte Croisade.

- C’est faut ! répliqua Irul. Elda est la preuve vivante que les sangheiles sont capables autant que nous de suivre la voie du Guerrier, et de mériter leur place auprès des dieux en combattant les ennemis de l’Alliance.

- Mais elle va mourir, et toi avec si tu te refuse à nous laisser faire. Alors sois raisonnable et écarte-toi.

Irul chercha désespérément une solution. Il savait qu’essayer de raisonner ses coéquipiers ne serviraient à rien, mais cela lui donnerait un peu de temps pour réfléchir. Face à autant d’ennemis puissants, l’affrontement direct n’était pas une solution, même avec la terrible épée à énergie qu’il avait toujours sur lui, d’autant qu’il ne souhaitait blesser aucun de ses frères, et encore moins les tuer. La fuite était la seule option envisageable, mais il lui fallait un moyen.

Son regard parcourut rapidement la pièce à la recherche de quelque chose qui pourrait l’aider, et s’arrêta sur les caisses de balles qui se trouvait à côté de lui. L’une d’elle était ouverte, et cela donna une idée à Irul. Cependant, avant de le mettre à exécution, il devait en savoir plus :

- Qui vous a ordonné d’abattre Elda ?

Les autres sangheilis s’échangèrent alors des regards surpris en chuchotant entre eux, avant que Naaldi se retourne vers Irul, apparemment amusé de cette question :

- Pourquoi penses-tu qu’on nous a ordonné de faire cela ? Lorsqu’on nous a annoncé l’arrivée de cette… chose, nous avons immédiatement délibéré en secret, et nous sommes tombé d’accord sur le fait qu’elle ne méritait pas de vivre.

- Alors une dernière chose avant que tu ne nous tues tous les deux : je veux savoir qui à tirer sur Elda lors de notre mission de la base de ravitaillement.

Naaldi se tourna alors vers son partenaire vétéran, Karji, dont les mandibules étaient largement écartées dans un signe de satisfaction, ainsi que d’une expression de défit. Le puissant sangheili plongea son regard dans celui d’Irul comme si ses yeux avaient été des épées, mais celui ne broncha pas. Le jeune guerrier serra les dents et le poing pour contenir sa rage. Mais cela ne suffit pas, et il porta sa main à sa bouche pour y mordre un grand coup, faisant couler son sang à faible goutte. Puis il brandit le poing en direction de Karji et annonça :

- Je jure par mon sang de te faire connaître la souffrance éternelle à la Basilique des Tourments.

- Ah ah ah ! ricana Karji à pleine voix. Pour cela mon petit, il faudra d’abord que tu renaisse de tes cendres, car c’est tout ce que je laisserai de toi ! Et après, je m’occuperai de ta maudite femelle !

- Désolé de te décevoir, mais tu ne nous feras rien.

- A bon ? Tu crois peut-être que nous allons gentiment t’obéir et vous laisser partir ?

- Non, je n’ai pas besoin de ton accord pour ça.

Sur ces mots, Irul plongea sa main dans la caisse de munitions pour jeter autant de balles qu’il le put en direction de Kaarji, et alors qu’elles étaient encore dans les airs, il tira une salve de son fusil plasma. Plusieurs tirs touchèrent une balle et les firent exploser, créant une réaction en chaîne dont la force équivalait à deux grenades à fragmentation humaines. Le souffle projeta les sangheilis au sol tandis qu’Irul et Elda coururent vers la sortie.


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Chapitre 17 : les liens de la guerre


2259 unités de temps du 53ème jour de la quatrième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ fabrique de munitions humaines, zone industrielle de la ville assiégée de Passadonis, Yvalos V, système Irulan.

Le jour commençait à tomber sur cette partie de Yavlos V. La forêt entourant la ville en ruine de Passadonis commençait doucement à s’éveiller alors que les oiseaux chantaient et que les petits rongeurs sortaient de leurs terriers à la recherche de nourriture. L’un d’eux, une petite musaraigne, s’aventura jusqu’au pied d’un chêne plusieurs fois centenaire pour y rechercher quelques glands à grignoter. Courrant au milieu des énormes racine de l’imposant végétal, il inspecta minutieusement les graines tombées à terre, avant d’en apercevoir une particulièrement grosse qui attira immédiatement son regard.

Le petit animal se précipita alors vers ce formidable repas qui s’offrait à lui… et se cogna contre quelque chose, tombant à la renverse sous la force qu’avait donné sa vitesse à l’impact. Il se releva aussitôt, craignant qu’un autre animal ne se soit interposé, mais ne vit rien. Le gland était toujours là, encore plus gros qu’il ne l’avait crut à première vue. Il s’approcha alors plus doucement cette fois, mais là encore il rencontra un obstacle, apparemment invisible. Quelque chose se dressait entre lui et son festin. Quelque chose de grand.

La musaraigne gratta prudemment ce mur invisible de ses petites pattes griffues, tentant de comprendre de quoi il s’agissait. Mais soudain, il reçut un puissant choc, si fort qu’il l’envoya voler à plusieurs mètres de l’objet de ses désirs. Faiblement blessé et terrorisé par cet ennemi invisible, le petit être renonça à son repas et préféra fuir.

Irul se demanda comment cet animal avait put le repérer alors qu’il était resté parfaitement immobile. Peut-être que son odeur l’avait trahit ? Ou peut-être était-ce un pur hasard qui avait conduit le rongeur jusqu’à lui. En tout cas, il valait mieux faire attention à la faune environnante, car elle pourrait contenir des dangers inconnus dont Elda et lui n’avaient pas vraiment besoin. Le fait d’avoir des ennemis dans les deux camps de la guerre réduisait déjà de beaucoup leur espérance de vie, et être les proies d’un éventuel prédateur local serait faire s’acharner le sort contre eux.

Les deux sangheilis avait courut autant qu’ils l’avaient put, loin à travers la forêt qui, et loin de toute position tenue par l’Alliance. Une fois arrivés à bout de souffle, ils s’étaient résolu à se reposer un peu, avant de décider de ce qu’ils allaient faire.

C’est alors qu’un vaisseaux de transports et plusieurs chasseurs Séraphins traversèrent le ciel, et Irul surveilla leur trajectoire à travers le feuillage de la forêt. Il alla se perché sur une haute branche d’un arbre centenaire afin d’observer la zone industrielle à la jumelle, attendant que l’escouade Delta sorte de l’usine. Le terrain tout autour de la grande structure humaine n’était plus qu’une vaste étendue de cratère et de débris à moitié volatilisés sous le bombardement, et déjà de nombreuses troupes de l’Alliance étaient en train de s’y regrouper pour inspecter les quelques décombres fumantes. Les sangheilis de l’escouade Delta surgirent brusquement de l’usine, deux d’entre eux soutenant le corps inconscient du capitaine Arko, et furent immédiatement transporté par le vaisseau Phantom jusqu’au croiseur de combat positionné en orbite basse. Espérons que le capitaine se remettra rapidement…

Irul descendit alors de son poste d’observation improvisé pour rejoindre Elda. L’énergie de leurs armures allait bientôt s’épuiser à force d’user autant de leur système de camouflage, et il décida donc de les désactiver. Même si c’était un risque à courir, la probabilité qu’on les retrouve immédiatement restait assez faible. Par contre, si l’armée entamait des opérations de recherche à grande échelle, le problème serait totalement différent.

- Nous devons quitter cette planète, annonça calmement Irul. Si nous restons ici, tôt ou tard, il nous trouverons.

- A quoi est-ce que tu penses ? fit Elda à moitié inquiète.

- Nous pourrions nous emparer d’une navette de transport pour aller jusqu’en orbite, puis tenter de trouver un vaisseau humain en état pour un voyage en sous-espace parmi les épaves de la bataille spatial.

- Est-ce que tu réalises les probabilité que cela se réalise, Irul ?

- Oui, parfaitement. Mais c’est notre meilleure chance de survivre plus d’une journée.

Elda aurait voulu le contredire, mais aucun argument ne lui vint. Irul avait vu juste : c’était leur seule porte de sortie, aussi folle qu’elle soit.

- Mais si nous volons une navette de l’Alliance, remarqua-t-elle, ils saurons que c’est nous.

- C’est pourquoi nous avons besoin d’un appareil humain. Il y a une base aérienne ennemie à quelques kilomètres d’ici, enfouie sous cette montagne.

Irul désigna du doigt un énorme massif montagneux qui se dressait non loin de leur position, et dont le sommet enneigé reflétait faiblement les derniers rayons du soleil couchant. Elle parut soudain à Elda comme une impressionnante forteresse naturelle, ce qui n’était pas loin de la vérité.

- L’Alliance a préféré concentrer ses forces au niveau de la ville, et n’a envoyé que quelques troupes établir un blocus autour de cette base. Nous devrons donc nous y infiltrer et voler une navette spatiale aux humains, ce qui sera beaucoup plus difficile que de passer le blocus.

- Alors nous devons nous mettre en route immédiatement, fit Elda. Si nous perdons trop de temps ici, nous risquons d’être découverts.

Les deux sangheilis prirent alors soin de recouvrir leurs traces, comme ils avaient l’habitude de faire sur leur planète d’origine lors des chasses, puis prirent la direction de l’énorme montagne. La végétation promettait de leur offrir un épais couvert jusqu’à leur objectif, ce qui empêcherait d’éventuelles patrouilles aérienne de les repérer, et permettrait d’éviter facilement des troupes de recherches terrestres.

Alors qu’ils marchaient à pas rapide, d’un rythme qui donnait le meilleur rendement vitesse/dépenses énergétiques, Elda tourna la tête vers son coéquipier pour lui dire :

- Au fait, Irul. Je ne t’ai pas encore remercié pour m’avoir sauvé tout à l’heure.

- Ce n’est rien. Le fait de te voir en vie suffit à me récompenser.

- Mais pourquoi as-tu pris autant de risque ? Tu aurais put te faire tuer ! Et maintenant encore tu risque de mourir à cause de moi. Pourquoi ?

Irul ne comprit pas tout de suite le sens de cette question. Pour lui, il était normal de protéger Elda, même au prix de sa vie. Après tout, c’était la mission qu’on lui avait confié. Le capitaine Arko avait placé toute sa confiance en lui, et le fait d’échouer serait d’une honte impardonnable. Mais plus il réfléchissait, plus il sentait que ce n’était pas la vraie raison. Je voudrais croire que ce n’est qu’une question d’honneur quant à la réussite de ma mission… mais il y a autre chose. Quelque chose de plus profond, que je ne parviens pas à définir clairement.

Le sangheili se sentait perdu. Les mâles de sa race avaient l’habitude de ne pas laisser leurs sentiments les envahir sur le champ de bataille, car cela laissait place à la confusion, mettant en danger leur vie et celles de leurs coéquipiers. Il était de coutume parmi les sangheilis d’effectuer de profondes méditations pour se purifier de ces pensées inutiles, tout comme il était de coutume de prononcer les litanies de haines avant le début d’une bataille. Tout ceci n’avait pour but que de laisser place à la seule ardeur du combat et à la férocité guerrière qui avait fait la réputation de leur race.

Pourtant, Irul doutait. Il doutait de la nécessité de tout ceci. De tout cet endoctrinement qui leur apprenait que seul comptait l’honneur, qu’ils n’existaient que pour servir les prophètes, et que seuls les mâles sangheilis étaient dignes de participer à la Sainte Croisade. Tous ces dogmes lui semblaient subitement absurdes, tandis que ses émotions longtemps enfouies au fond de lui remontaient lentement à la surface. Ses sentiments lui apparurent de plus en plus clairement à mesure que les brumes de son endoctrinement se dissipaient, et il finit par trouver un semblant de réponse à la question d’Elda :

- Peut-être que… je me suis attaché à toi.


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Chapitre 18 : Entre le marteau et l'enclume


0837 unités de temps du 53ème jour de la quatrième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ fabrique de munitions humaines, alentours de la base aérienne humaine de Zerilos, Yvalos V, système Irulan.

Il y avait longtemps que plus aucun animal ne se trouvait dans cette région dévastée de la planète. La montagne de Zérilos toute entière n’était plus qu’un énorme amas de roches fragmentées sans plus la moindre once de vie d’aucune sorte, et dont les masses de terres qui la recouvraient autrefois avait été vaporisées sous les bombes à plasma. Cependant, la base humaine était enfouie profondément sous la surface, et il aurait fallut utiliser plusieurs fois l’ensemble de l’arsenal de la flotte pour pouvoir l’atteindre. Le pilonnage de cette zone n’avait pour objectif que d’enlever tout ce qui aurait put servir de couvert pour l’ennemi sur la montagne ou dans ses alentours.

Le blocus de l’Alliance était essentiellement constitué de chars d’artillerie Apparitions et de nombreuses tourelles fixes anti-aériennes, et se contentait d’empêcher les humains d’effectuer des raids avec les nombreux appareils que renfermaient la montagne. Les quelques troupes affectées à cette opération n’avaient pas pour ordre d’essayer de pénétrer dans la base, car cela devait être la prochaine mission de l’escouade Delta.

Irul avait d’ailleurs très peur que les membres de son escouade n’effectuent cette mission même sans lui et Elda, ce qui risquait de compliquer les choses. Si jamais ils venaient à les rencontrer, leur fuite n’aurait alors servie à rien. Pourtant ils devaient entrer dans cette base, car c’était leur seule chance.

- Il va nous falloir saboter quelques tourelles anti-aériennes si nous voulons pouvoir ressortir de là, annonça Irul alors qu’il observait la zone à la jumelle.

- Avec le peu de troupes qui se trouvent dans le coin, ce ne sera pas un problème, fit Elda d’un air résolu.

- Mais ce qui sera le plus dur sera de pénétrer dans la base ennemie sans que les troupes de l’Alliance ne le sachent. Et si jamais ils venaient à le découvrir, nous devrons agir au plus vite avant qu’ils ne s’organisent pour tenter de nous récupérer.

Elda était impressionnée par l’esprit stratégique démontré par Irul. Les sangheilis dotés d’un sens de réflexion aussi poussé était rare, la plupart des membres de leur race préférant se fier à leurs instincts guerriers. Mais c’était surtout la détermination qu’avait son garde du corps à la protéger qui l’impressionnait le plus. Jamais elle n’aurait cru qu’un soldat comme lui agir comme cela pour elle.

Sans dire un mot, Irul activa son camouflage, et Elda en fit autant. Ils se dirigèrent tous les deux vers une batterie de dix tourelles anti-aériennes placées à l’arrière de la force de blocus. Elles étaient alimentée par un énorme générateur cylindrique protégé derrière un champ de protection énergétique. Cet écran pouvait encaisser plusieurs tirs de barrages d’artillerie sans faiblir, mais les objets plus lents comme les êtres vivants n’étaient pas affectés par son énergie protectrice. Cela permit aux deux sangheilis d’atteindre le panneau de contrôle du générateur sans être ralentis ni repérés.

Vu que les tourelles alimentées par ce générateur disposaient d’un système d’acquisition automatique d’un genre bien sophistiqué et ne nécessitaient personne pour les manœuvrer, Irul n’hésita pas une seule seconde pour surcharger l’énergie contenue dans leurs réservoirs à plasma. Cela les fera exploser lorsque le plasma se concentrera dans la chambre d’accélération de leurs canon. De cette façon, personne ne se rendra compte qu’elles ont été sabotées avant qu’elles ne tirent. Il faut juste éviter que les humains fassent quelque chose de stupide en tentant de faire sortir leurs appareils.

Après cela, Irul mena Elda jusqu’à l’endroit où se trouvait l’essentiel des troupes d’infanteries de la force de blocus de l’Alliance. C’était là que se trouvait l’accès principal à la base humaine, au fond d’une longue galerie creusée dans la montagne, et renforcée par d’imposantes plaques de titane l’empêchant de s’effondrer. Parfait. La longueur de cet accès empêchera peut-être les sangheilis postés ici de nous voir « ouvrir » la porte.

Sans se soucier de savoir s’ils avaient été repérés, Irul et Elda s’engouffrèrent dans la sombre galerie, dont l’éclairage avait été détruit depuis longtemps lors de la première tentative d’assaut par quelques troupes avides de combats. De nombreux cadavres d’humains et d’ungoys, ainsi que de rares corps de sangheilis, avait été laissés là sans aucune préoccupation. Irul n’y prêta qu’un instant d’attention afin de prier pour les âmes de ses frères avant de continuer son chemin. Le large couloir se finissait sur une lourde porte blindée qui avait subi plusieurs tirs sans pourtant l’entamer véritablement, et qui ne semblait pas très coopérative pour laisser passer les deux sangheilis.

Mais Irul avait prévu cela, et c’était pourquoi il avait prit une réserve plasmatiques prévue pour recharger l’armement des chars Apparitions. Il posa la cuve cylindrique devant la porte avant de demander à Elda de reculer pour se mettre à l’abris. Puis il actionna une grenade qu’il posa sur le réservoir avant de rejoindre la sangheile en courrant. L’explosion qui suivit fut d’une telle puissance que la porte vola littéralement en éclats, soulevant un imposant nuage de poussière qui réduisait grandement la visibilité.

C’était idéal pour Irul et Elda, qui se précipitèrent à l’intérieur en abattant toutes les silhouettes humaines qu’ils apercevaient à travers les visions thermiques de leurs armures. Des cris retentirent aux quatre coins du couloir enfumé tandis que quelques officiers ennemis tentaient d’organiser leurs troupes désemparés. Mais ni Irul ni Elda n’étaient là pour une opération d’extermination, et ils continuèrent leur chemin pour s’enfoncer plus profondément dans la base souterraine. Personne ne pouvait s’opposer à eux, mais ils savaient qu’une fois que la surprise de leur assaut serait passée, la contre-attaque humaine se montrerait terrible, et ils savaient aussi que cela pouvait ne pas prendre beaucoup de temps. Ils leur fallait localiser le hangar à chasseurs au plus vite.

Malheureusement, comme toutes les structures humaines, cette installation était un véritable labyrinthe dans lequel il était strictement impossible de se repérer. Et même si Irul avait appris à parler le langage primitif des humains, il était bien incapable de comprendre le sens des inscriptions affichées ça et là dans les couloirs tous identiques de cette base. Lui et Elda cheminèrent longtemps sans savoir où il allaient, et déjà les humains se faisaient plus nombreux dans les couloirs.

Les deux sangheilis se retrouvèrent brusquement pris entre les feux croisés de deux groupes d’humains qui les encerclèrent. Les sangheilis furent obligés de s’engouffrer dans une pièce servant apparemment à ranger des outils d’entretient. Depuis cette position retranchée, ils déversèrent un déluge de plasma sur les ennemis qui les assaillaient. Elda faisait preuve d’une incroyable habilité en abattant un humain par tir avec sa carabine, tandis qu’Irul comptait sur la cadence de son fusil pour toucher ses cibles. Mais ils avaient beau descendre leurs assaillants par dizaines, il en venait toujours plus.

- Nous allons finir par y rester ! cria Elda pour se faire entendre dans le chaos du combat permanent. Il nous faut sortir d’ici.

- Non ! Nous devons continuer !

De toute façon, il leur était certainement aussi difficile de retrouver le chemin de la sortie que de découvrir le hangard. Mais Irul était d’accord sur le fait que leur espérance de vie n’était pas grande dans la situation présente. Mais les cadavres ennemis nous permettent quand même de savoir si nous sommes déjà passés quelque part. Au bout d’un moment nous finirons bien par trouver ce que nous cherchons.

C’est alors que la radio d’Irul se mit à grésiller, et diffusa la voix forte et autoritaire d’un sangheili qu’il connaissait bien :

- Ici le capitaine Arko ! A toutes les escouades ! Dispersez-vous dans la base et éliminez les humains ! Si vous trouvez les fugitifs, arrêtez-les, mais évitez l’usage de la force ! Escouade Delta, avec moi ! Pour les forerunners !


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Chapitre 19 : adieux


0840 unités de temps du 53ème jour de la quatrième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ fabrique de munitions humaines, base aérienne humaine de Zerilos, Yvalos V, système Irulan.

Irul ne put pas éviter de voir la peur qui avait envahi le visage d’Elda. La situation avait empirer au-delà de ce qu’il craignait avec l’attaque des troupes de l’Alliance et l’intervention de l’escouade Delta. Cependant, le capitaine Arko pourrait également la protéger des autres sangheilis s’il nous découvrait en premier… mais c’est un risque que je ne prendrais pas. Je préfère encore continuer seul avec Elda. Si jamais nous rencontrions l’une des autres escouades de l’Alliance, ils pourraient très bien lui tirer dessus sans hésiter. Le seul problème est que nous n’avons toujours pas localiser le hangard…

Soudain, Irul perçut dans le couloir la voix très autoritaire d’un humain qui hurlait des ordres à ses hommes, et il y vit leur porte de sortie. Sans attendre une seule seconde, il surgit de la pièce où il se retranchait avec Elda, camouflage activé, et se précipita vers le gradé ennemi et ses gardes du corps. Il n’activa son épée à énergie qu’au dernier moment afin d’éviter d’être repéré trop vite, puis lacéra intégralement tous ceux qui se dressaient entre lui et sa cible. Celui-ci n’eut pas le temps de réagir qu’Irul le tenait déjà par le col, entouré par les cadavres des soldats qui se trouvaient là il y avait encore un instant. L’armure couverte de sang du sangheili lui donnait l’apparence d’un démon de la guerre venu détruire tout ce qui s’opposerait à lui, terrorisant celui qu’il avait laissé vivre pour un temps.

- Où se trouve le hangard à vaisseaux ! lui hurla Irul.

- P… pa…

- Vite ! Ou je te ferais voir toutes tes organes de tes propres yeux !

- Par là ! cria l’officier en pleurant et en désignant du doigt le bout du couloir. Prochaine intersection… à droite ! Gr… grande porte blindée !

- Le code !

Irul savait bien qu’il faudrait un code pour pénétrer dans ce genre de zone, surtout quand toute la base serait en alerte maximale. Mais lorsqu’il prononça cette dernière demande, il vit soudain le regard de l’humain devenir livide, presque fantomatique. La réponse lui vint alors toute seule, et il ne perdit pas un instant de plus à réfléchir. D’un coup net, il trancha la main de l’humain qui s’effondra sur le sol en se tordant de douleur. Mais il ne souffrit pas longtemps, sa vie s’interrompant brusquement sous l’impact d’un tir de plasma d’Irul qui lui traversa le crâne.

- Qu’est-ce que tu fais ? s’écria Elda qui arrivait derrière lui après avoir nettoyé le couloir. Pourquoi est-ce que tu l’as tué ?

- Ne t’inquiète pas, je sais comment il faut faire. J’ai déjà connu ça. Suis-moi !

Maintenant que la base était attaqué par d’autres troupes de l’Alliances, les humains semblaient ne plus trop s’occuper des deux sangheilis solitaires qui se dirigeaient vers les hagards. Irul admis finalement que cet intervention du capitaine Arko les avait en fait bien servi. Lui et Elda arrivèrent rapidement devant une énorme porte blindée couverte d’inscriptions qu’ils ne comprenaient pas. Mais ils n’avaient pas à les comprendre, et Irul plaça hâtivement la main tranchée de l’officier humain sur le scanner d’empreintes digitales qui se trouvait sur le mur d’à côté, ouvrant la porte dans un lourd coulissement de métal.

Ils pénétrèrent dans les hangars par une passerelle surplombant une énorme cavité de plusieurs centaines de mètres creusée dans la montagne et remplie d’appareils en tout genres : chasseurs, intercepteurs, bombardiers, bombardiers lourds, et tant d’autres que les deux sangheilis ne connaissaient pas. Comme Irul l’avait pensé, il n’y avait aucun humain présent dans cette gigantesque salle, l’ensemble de leur troupes étant nécessaires à la défense de la base contre les sangheilis. Utilisant ses jumelles, il scruta chaque recoin pour finalement trouver ce qu’il cherchait : un chasseur Longsword de classe V-13.

Il avait eut de nombreux cours à l’académie sur les batailles spatiales menées contre les humains, et ce type d’appareil était connu pour être la véritable plaie des croiseurs légers, du fait de leur grande puissance de feu anti-blindage mais surtout grâce à leur incroyable furtivité. On ne savait pas vraiment comment fonctionnait leur système de brouillages radars, ni comment ils réussissaient à tromper les scanners des vaisseaux de l’Alliance, mais Irul avait bien l’intention d’utiliser ces admirables capacité pour emmener Elda en sûreté.

Il mena la sangheile jusqu’à l’appareil qui trônait au milieu d’un groupe de bombardiers légers, et actionna l’ouverture menant au cockpit. Mais soudain, la détonation d’une grenade plasma parvint jusqu’à ses oreilles, et il vit alors l’escouade Delta pénétrer sur la passerelle d’observation du hangar. D’un geste brusque, il saisit Elda pour la jeter à l’intérieur du chasseur… juste à temps pour lui éviter le tir du sniper Lidios.

- Cessez le feu !ordonna le capitaine Arko. Nous devons les prendre vivants ! Irul ! Je vous ordonne de sortir de ce vaisseau et de vous rendre immédiatement ! Si vous obtempérez, le Conseil sera peut-être clément.

- Capitaine, je ne peux pas obéir à cet ordre.

- Et pourquoi cela, soldat ?!

La rage du capitaine était d’une nature étrange aux oreilles d’Irul. Elle ne semblait pas totalement franche, et paraissait plutôt nécessaire ou volontaire, comme s’il voulait qu’on le croit en colère. Malgré cela, il entra dans le cockpit de l’appareil avant d’en fermer le sas.

- Irul ! hurla le capitaine dans sa radio. C’est de la haute trahison ! Le Conseil ne vous le pardonnera jamais !

- Est-ce de la trahison que de tout entreprendre pour accomplir la mission dont on m’a charger ? fit Irul d’une voix au clame fragile.

- Qu’est-ce que vous voulez dire ?

- Je n’ai pas fuis les idéaux de l’Alliance. Je n’ai pas fuis les saints prophètes ou la Grande Croisade vers les dieux. J’ai fuis ce sentiment de haine qu’il y a au fond de chaque sangheili, et dont Elda est la cible. J’ai fuis pour la protéger de tous ceux qui veulent sa mort.

- Vous êtes devenu paranoïaque, Irul ! Revenez à la raison, et rendez-nous Elda ! Elle ne craint absolument rien tant que je serai là et vous le savez.

- Mais vous n’êtes pas toujours là, capitaine.

Un grand silence envahi la liaison radio, où seuls quelques parasites se firent entendre. Arko ne savait pas quoi dire face à cet état de fait qui l’accablait : il n’était pas capable de surveiller Elda continuellement. C’était d’ailleurs bien pour cela qu’il avait chargé Irul de lui servir de garde du corps.

- Lors de notre dernière mission, Naaldi vous a assommé, et toute l’escouade Delta a essayé de tuer Elda. Voilà pourquoi nous avons dû fuir.

- Ne l’écoutez pas, capitaine ! s’emporta Karji. Il essaye de se disculper en nous accusant !

- Taisez-vous ! fit Arko avec une fureur cette fois ci bien réelle. Je veux entendre sa version des f…

Mais l’officier sangheili n’eut pas le temps de finir sa phrase. Un tir de sniper à plasma traversa le hangar depuis la passerelle jusqu’au cockpit de l’appareil, et fut arrêté par la vitre blindé. Le coup avait été dirigé droit vers Elda.

- Désolé Lidios, fit Irul dans la liaison, mais ce vitrage est bien plus résistant que tes nerfs. Tu viens de prouver les réelles intentions qui motives chaque membre de l’escouade Delta. Ces raisons qui m’obligent à vous quitter.

- Irul ! hurla Arko. Dis-moi au moins où je pourrais te retrouver ! Ne vas pas te perdre pour l’éternité !

Mais Irul ne répondit pas, et activa les commandes de l’engin humain avant de pousser la manette d’accélération. Il dirigea son appareil vers les énormes portes de sortie du hangars, qu’il détruisit d’une volée de missiles Tempest, et décolla dans un bruit assourdissant. Adieu mes amis, et au revoir, capitaine. J’espère que vous réussirez à nous retrouver.


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Chapitre 20 : proximité


1627 unités de temps du 62ème jour de la quatrième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ quelque part dans le système solaire Mordanus.

Irul et Elda traversèrent avec précaution le long couloir à la lumière de leurs lunettes de vision nocturnes, enjambant les cadavres humains en décomposition dont la puanteur était heureusement évacuée par le système de filtration d’air. C’était peut-être la dernière chose qui fonctionnait sur la station spatiale abandonnée, avec les portes automatiques et les sas divers. Il était assez ironique que les deux sangheilis aient tant souhaité avoir des générateurs en parfait état de marche alors qu’Irul et l’escouade Delta avaient détruit l’alimentation principale de l’énorme structure toujours profondément ancrée dans son astéroïde protecteur. L’Alliance n’avait pas jugé nécessaire de perdre du temps à anéantir le misérable roc flottant après avoir totalement annihilé ses occupants, un geste qu’Irul et Elda apprécièrent en cet instant.

Ils avaient réussi à trouver une frégate humaine très peu endommagée. En vérité, seule la section bâbord avait été moyennement touchée, et l’officier en charge du bâtiment devait certainement avoir ordonné un peu hâtivement une évacuation d’urgence, laissant le vaisseau à la dérive. Cela avait été une aubaine pour les deux fugitifs qui eurent vite fait d’en prendre les commandes afin de le diriger vers le système solaire de Mordanus. Irul avait bien prit la précaution de faire le voyage en plusieurs étapes de sauts sub-espaces afin d’éviter toute éventuelle poursuite. Apparemment, leur technique avait fonctionné.

Ils étaient donc là, dans cette station spatiale humaine abandonnée avec une frégate ennemie capturée en guise de transporteur, et cela depuis sept jours. Les deux structures contenaient suffisamment de vivres pour entretenir une armée pendant plusieurs mois, et les générateurs de secours de la base suffisaient à alimenter les principaux systèmes de survie. C’était donc l’endroit rêvé pour se cacher et attendre. Mais attendre quoi ? se dit Irul. Qu’on nous retrouve ? Mais qui sera chargé de nous retrouvé ? Si le capitaine Arko a réussi à faire remonter les informations importantes jusqu’au commandant suprême, les choses pourraient bouger en notre faveur. Espérons qu’il a survécu pour venir nous secourir…

Bien que la probabilité qu’il reste encore des survivants dans la base humaine était quasi inexistantes, les deux sangheilis ne se quittaient jamais du regard. Irul souhaitait plus que tout veiller sur Elda, et Elda sentait plus que tout avoir besoin de protection et d’une présence rassurante. De ce fait, ils ne se déplaçaient jamais l’un sans l’autre, et vivaient alors en parfaite synchronisation, mangeant et dormant aux mêmes heures, et faisant leurs rondes de surveillance ensembles.

Cette promiscuité dans ce lieu fantôme sans rien à faire les avaient obligé à tuer le temps. C’est pourquoi ils avaient longtemps fouillé parmi l’équipement et les affaires privées des défunts soldats humains, découvrant ainsi qui ils étaient, d’où ils venaient et les personnes qui leur étaient chères. Irul avait été frappé par cette omniprésence de photographies dans les casiers des soldats, réalisant à quel point ces hommes et ces femmes avaient besoin d’attachements. C’est comme s’ils avaient besoin de ressentir une présence auprès d’eux. Comme si leurs esprits étaient liés à ces personnes lointaines qu’ils n’avaient certainement plus revue depuis longtemps. Comme s’ils se sentaient incapable de vivre sans leurs souvenirs de ces êtres chers…

Ce genre d’attachement était totalement étranger à la race sangheili, dont les membres préféraient se considérer comme faisant parti d’une Fraternité soudée, et n’ayant donc pas besoin de nouer des relations sentimentales. Ils faisaient parti d’un tout uni dans la guerre et l’effort du combat pour le Grand Voyage.

Mais Elda était exclue de ce tout. Irul le savait : elle ne serait jamais totalement acceptée au sein de la Fraternité des plus fiers guerriers de l’Alliance. Elle était seule, isolée quelque part entre la Fraternité et les Sœurs Reproductrices. Non. Elle n’est plus seule.

Lorsqu’ils avaient eut fini d’éplucher les vies passées de ceux qu’ils avaient occis voilà vingt jours de cela, les deux sangheilis avaient passé leur temps à discuter en explorant la base fantôme. Au début, leurs échanges s’étaient plutôt limité à leurs espoirs mutuels d’être rapidement secourus par le capitaine Arko, et les divers craintes qu’ils avaient sur d’autres futurs moins heureux. Mais peu à peu, ces discussions s’étaient faites plus profondes, les deux combattants dévoilant progressivement leurs vies respectives, jusqu’à se les livrer l’un à l’autre dans les plus petits détails.

Depuis sa conception, l’existence d’Elda avait été une exception. Cela avait été décidé par le commandant suprême Orna Fulsamee, qui s’était alors porté volontaire pour apporter son patrimoine génétique. Il avait fait surveillé la procréatrice par une importante garde rapprochée jusqu’à la naissance de sa fille, puis avait dû la retirer à sa mère qu’il abandonna plus par nécessité qu’autre chose. L’existence d’Elda avait été un secret bien gardé au sein du Grand Conseil jusqu’à son seizième anniversaire. Durant tout ce temps, elle avait été sous la garde du capitaine Arko, qui lui avait tout appris de l’art du combat ainsi que de nombreuses notions de stratégies. Lorsqu’elle fut jugée prête, elle passa devant le Grand Conseil qui lui donna sa bénédiction avant de la joindre à l’escouade Delta.

Irul, contrairement à la sangheile, n’avait pas eut une vie aussi exceptionnelle. Comme beaucoup de mâles, il ne connaissait pas sa mère ni son père, et avait été élevé par les Sœurs Procréatrices. Entre chacune de leur naissance, les femelles sangheiles disposaient d’une année de repos afin de ne pas fatiguer leur métabolisme corporel, et étaient alors chargé durant ces périodes de non-procréation pour faire l’éducation primaire des jeunes. Ironiquement, des deux sangheilis, c’était Irul qui avait eut le plus de contacts avec les femelles.

Après plusieurs années d’apprentissage élémentaires, il intégra l’académie à dix ans, comme tous les mâles de sa race. Là, il y appris l’histoire de son peuple, de l’Alliance, et le but ultime qu’ils devaient tous atteindre. Avait alors débuté un long programme d’entraînement autant physique que mentale, composé de combats virtuelles en réalité simulée et de séances de méditations au travers des paroles de vétérans de la guerre. Et au terme de tout ceci, il avait finalement rejoint l’armée de l’Alliance.

Ces confessions totales avaient rapproché les deux sangheilis au-delà de ce qu’ils croyaient possible. Souvent, l’un pouvait anticiper les paroles de l’autre avec une facilité déconcertante, et lire dans ses yeux beaucoup plus aisément qu’avec des mots. Cela les rendait incroyablement heureux, car pour le moins que cela puisse paraître aux yeux de la race sangheili, ils se sentaient bien ensembles. Le simple fait de s’éloigner l’un de l’autre faisait immédiatement monter leur tension, et ils s’empressaient alors de se rapprocher afin de sentir le regard rassurant de l’autre.

Mais au bout de sept jours, alors qu’ils exploraient une nouvelle section de la base humaine, Elda entendit un bruit inconnu, que ni eux, ni les divers instruments qui fonctionnaient encore sur la station n’aurait put produire : un chalumeau à plasma.

- Quelqu’un essaye d’entrer ici, dit-elle brusquement.

Irul et elle se précipitèrent vers la source du bruit, et s’aperçurent avec horreur qu’il s’agissait du sas d’entrée principal de l’un des docks de la station. Une lueur bleue presque blanche était en train de découper la porte pressurisé.

- Le radar n’a détecté aucun vaisseau, vérifia Irul en se connectant à l’interface de la structure.

- Cela signifie qu’il s’agit de sangheilis rangers avec réacteurs dorsaux et combinaisons spatiales.

- C’est la seule possibilité. Et s’il ouvrent cette porte, alors tout l’air de cette base va être expulsé dans la vide… et nous avec.

- Donc ce n’est pas le capitaine Arko, en déduisit Elda en poussant un long soupire de tristesse. Nous allons mourir.

Et c’était bien ce qui semblait être également pour Irul. La porte était déjà à moitié découpée, et le plus proche sas vers les niveaux intérieurs de la station se trouvait à plus de deux cent mètres de là. Il faut qu’on le tente.

- Viens ! fit-il à Elda en l’agrippant par le coude. Dépêchons-nous !

Ils coururent alors comme il n’avaient jamais courut, sentant le sang bouillir dans leurs muscles et se transformer en acide. Chaque partie de leur corps les faisait souffrir, d’autant que sept jours d’inactivité avait relâché leurs efforts physique, et cette soudaine dépense était plus douloureuse qu’aurait put l’être une course de plusieurs kilomètres. Mais Irul savait que malgré leur vitesse, ils allaient beaucoup trop lentement. Sautant par-dessus les cadavres humains qu’ils regrettaient désormais de n’avoir pas entasser quelque part, ils se rendaient compte progressivement qu’ils n’atteindraient jamais le sas à temps.

Pourtant, il continuèrent, inondés par la rage de survivre. Elda, qui était un peu plus légère que son partenaire, allait un peu plus vite, et prenait continuellement de l’avance. Mais soudain, Irul trébucha contre le corps d’un soldat humain et tomba lourdement sur le sol poussiéreux du couloir. Elda se retourna et voulu aller l’aider, mais il leva une main pour l’arrêter :

- Non ! hurla-t-il. Continue !

- Pas sans toi ! répondit-elle en se précipitant vers lui.

Mais alors qu’elle se penchait pour le relever, la porte du sas d’entrée principal explosa sous la force d’une charge de démolition énergétique. Sentant la fin approcher, Irul serra Elda contre lui, attendant d’être propulsé dans l’espace avec elle.


.

… ? … qu’est-ce qui se passe ? Je ne sens rien ?


- Et bien et bien, fit la voix grave d’un sangheili. Ne sont-ils pas mignons ?

Irul et Elda ouvrirent les yeux ensembles et regardèrent tous deux vers le sas détruit… pour y voir le capitaine Arko dans son armure blanche scintillante, accompagné par une quinzaine de sangheilis d’élite.

- Ca fait du bien de vous revoir, capitaine ! dirent de concert les deux jeunes avant de sombrer dans l’inconscience.


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Chapitre 21 : La force de la pureté


1635 unités de temps du 62ème jour de la quatrième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ station spatiale humaine abandonnée, système solaire Mordanus.

Elda et Irul furent réveillés par les secousses de la navette qui les emportaient hors de l’astéroïde qui avait été leur cachette durant sept jours. Ils étaient allongés sur deux couchettes aménagées dans la soute de l’appareil, et le capitaine Arko et ses sangheilis d’élite semblaient attendre patiemment leur émergence. Il s’agit probablement de son escouade d’origine, pensa Irul, celle qu’il dirigeait avant de recevoir le commandement de l’escouade Delta.

C’est alors qu’Irul se rendit compte qu’ils était dans un vaisseau qu’il ne connaissait pas, et se souvint brusquement des circonstances de ces retrouvailles.

- Capitaine ! dit-il d’une voix encore un peu faible. Qu’est-ce qui c’est passé ? Comment ce fait-il que le radar de la station n’ai pas détecté votre vaisseau ? Vous nous avez fait une peur bleue.


- Désolé pour ça, répliqua l’officier. Cette navette est d’un genre qui n’est accessible qu’aux plus hauts membres de la hiérarchie militaire l’Alliance du fait de l’incroyable technologie qui y est rassemblé : c’est un appareil totalement furtif, avec un système de camouflage optiques semblable à celui de nos armures, qui le rend donc impossible à détecté. Il dispose également de moteurs sub-spatiaux qui en font le plus petit appareil de l’Alliance à pouvoir effectuer des sauts dans le sous-espace.

- Et vous disposez d’un tel équipement ?

- Non, pas moi. C’est le commandant suprême qui me l’a confié pour cette opération. Je ne souhaitais pas que les espions du complot ne nous suivent jusqu’ici.

Irul et Elda furent enfin complètement rassurés, et poussèrent tout deux un long soupire de soulagement.

- D’ailleurs, continua Arko, c’était une excellente idée de venir vous réfugier ici. La plupart des sangheilis répugneraient à se cacher dans ce genre d’endroit, et personne n’a pensé à venir vous chercher ici avant que je retrouve la localisation de cette station dans les mémoires du lieutenant Erdo.

- C’était si clair que cela, pour vous ? fit Elda avec surprise.

- Connaissance la personnalité d’Irul, oui. Il pense très différemment de la plupart d’entre nous, probablement grâce à ta présence, Elda. Et je dois admettre qu’il m’a toujours surpris, même si la dernière surprise a faillit me coûter cher.

Arko fit tomber son regard sur sa main droite, dont le poignet était traversé d’une cicatrice qu’Irul n’avait encore jamais vu, et qui semblait très récente. Il a eut des ennuis pour nous avoir laissé nous échappé ? Non. Sinon il n’aurait jamais put venir nous chercher aussi vite, et aurait été mis en méditation forcée pendant au moins vingt jours.

- Je vais vous raconter ce qui c’est passé dans la base humaine après votre départ, dit finalement le capitaine.

Base aérienne humaine de Zerilos, Yvalos V, système Irulan / sept jours plus tôt.

Arko regarda le bombardier furtif humain emporter ses deux guerriers fugitifs en dehors de la base, impuissant. Il ne s’étonna pas de ne voir aucun tir anti-aérien essayer d’intercepter l’appareil, comprenant qu’Irul avait certainement pris ses précautions. Il avait tout prévu, pensa-t-il. Mais qu’est-ce qu’il compte bien faire avec un engin aussi petit. Il ne dispose pas de moteur sub-spatial et sera forcément coincé dans ce système stellaire. A moins que…

Le capitaine réfléchit un long moment sur ce qu’avait bien put pensé Irul en prenant un tel risque. Il aurait été tellement plus facile pour lui et Elda de voler un vaisseau de l’Alliance. Mais ils auraient été trahis par la balise de l’appareil. Et bien qu’ils sachent parfaitement qu’ils ne peuvent pas se cacher ici, ils n’ont pas prit de vaisseau capable d’effectuer de sauts. Pourquoi ? Serait-il possible… oh mais oui ! … Irul, mon cher Irul. Tu ne finiras donc jamais de m’étonner. Bien joué ! Il ne me reste plus qu’à trouver vers quel système ils se sont dirigé. Il doit certainement y avoir un indice que moi seul pourrait trouvé.

Mais Arko n’eut pas le temps de prolonger plus longtemps ses réflexions, et effectua une roulade sur le côté pour éviter le puissant coup qu’allait lui porter Karji dans le dos.

- La même ruse ne marchera pas deux fois sur moi ! lança-t-il. Alors c’est vrai, tout ça ?

- Nous sommes profondément désolés, capitaine, dit simplement Naaldi. Mais nous devons éliminer cette chose qui a sali l’honneur de notre escouade.

- Alors il faudra me passer sur le corps !

Sur ces mots rageurs, Arko activa son épée, dont la terrible lueur d’un blanc pur le rendait encore plus impressionnant. Les membres de l’escouade reculèrent immédiatement à la vision de l’arme éblouissante, puis se ressaisirent lentement de cette première frayeur. Ils savaient qu’ils avaient le nombre pour eux, mais affronter un capitaine ultra, membre de la section d’élite et un envoyé du commandant suprême avait de quoi faire déglutire de peur les nombreuses recrues de l’équipe. Arko en profita pour saper encore un peu plus leur moral :

- Je suis Arko Lipumee. Capitaine de la première escouade de sangheilis d’élite du commandant suprême, la section spéciale chargée de sa sécurité personnelle. Je ne crains rien ni personne ! Mais j’ai vu couler beaucoup trop de sang fraternel, et le faire couler moi-même me torture plus que n’importe quelle blessure.

Le capitaine regarda dans les yeux chaque membre de l’escouade Delta, lisant dans chaque paire de pupille la peur indicible qui s’y était logé, puis désactiva son épée plasma avant de conclure :

- Et c’est pour cela que je vais vous corriger à main nue.

Voyant que leurs compagnons ne semblaient pas très sûr de vouloir affronter un tel guerrier si sûr de lui, les deux vétérans s’empressèrent de les encourager :

- Il est seul, frères ! commença Naaldi. Il ne peut rien contre nous !

- Nous allons l’écraser, continua Karji. Les Dieux sont avec nous ! Ils nous ordonnent de tuer la femelle, et ils ne nous laisseront pas échouer dans cette sainte mission ! Attaquez !

Portés par la rage et le discourt aveuglant des deux anciens, les novices se jetèrent sur Arko avec une détermination qui l’étonna. Mais c’était exactement ce qu’il souhaitait. Ils sont trop confiant. Et au lieu de s’éloigner pour me cribler de tirs, ils s’approchent. Quelle bande d’inconscient ! Heureusement que le lieutenant Erdo n’est plus en vie pour voir ça…

Bradius fut le premier sangheili à se retrouver à porté du poing d’Arko, qui l’envoya contre un mur d’un coup direct à la mâchoire. D’un mouvement tournant, il mit à terre trois autres adversaire avant qu’un autre ne l’agrippe par derrière, tentant de l’immobiliser. Mais le capitaine était nettement plus fort que toutes ces jeunes recrues, et il se libéra de la faible étreinte pour saisir ce lâche qui l’avait attaqué dans le dos. Faisant preuve d’une incroyable puissance, il lui fit effectuer un demi-cercle dans les airs pour l’envoyer contre le dernier novice qui semblait hésiter. Les deux sangheilis se percutèrent avec une violence telle qu’il roulèrent sur la passerelle pendant une dizaine de mètres avant d’être brusquement stoppé par une caisse de ravitaillement humaine.

Sur les cinq recrues qui s’étaient jetées sur lui, seules trois se relevèrent en titubant légèrement, et pas une goutte de sueur n’avait perlé sur le corps d’Arko.

- Je vous donne une dernière chance de vous rendre ! lança-t-il.

Mais ses adversaires ne répondirent pas. Au lieu de cela, Naaldi corrigea l’erreur qu’ils avaient commise dans leur première attaque et ordonna :

- Reculez-vous ! Ne le laissez pas approchez et faite feu !

Cependant, la plupart des soldats sangheilis avaient perdu leurs armes dans le combat, et seuls les vétérans furent capables de tirer sur le capitaine. Celui-ci ne sembla pas se soucier des décharges à plasma qui pleuvaient sur lui et avança avec une lenteur qui terrorisa les novices, son bouclier absorbant l’ensemble du plasma envoyé contre lui.

- C’est inutile, fit Arko d’une voix emplie de satisfaction. Mon armure est parmi les meilleures de l’Alliance. Son bouclier pourrait supporter l’impact direct d’une roquette humaine.

- Mais contre un tir continue, répliqua Naaldi, il finira bien par…

Le vétéran fut incapable de finir sa phrase. Son fusil cessa brusquement de tirer, tout comme celui de Karji. La fumée plasmatique caractéristique d’une surchauffe s’échappait de chacune des deux armes, et la sécurité s’engagea pour désactiver le système de tir.

C’était l’occasion qu’attendait Arko, qui se jeta comme un fauve sur le premier novice qui lui barrait la route, l’envoyant à terre d’un simple crochet qui lui désarticula deux mandibules. Le second reçut un terrible coup de pied à l’estomac qui lui fit cracher du sang avant de s’effondrer, tandis que le troisième attendit, paralysé, d’être rendu inconscient par un simple coup de tête.

Il ne restait plus que les deux vétérans, qui attendaient vainement que les canons de leurs armes se refroidissent. Mais Arko était déjà sur eux. De rage, Karji jeta son fusil à la tête du capitaine, mais celui-ci intercepta le projectile pour le broyer d’une seule main, avant de le laisser tomber par terre. Arko sauta vers Naaldi, et son genoux trouva facilement le torse de Naaldi, dont les compétences au corps à corps étaient loin d’être à la hauteur. Le vétéran s’effondra, le souffle coupé, et fut incapable de se relever.

- Maintenant approche ! fit Arko dans un signe de défi à Karji.

- Avec plaisir, capitaine !

Sans même s’accroupir un peu, Karji effectua un bond impressionnant vers son adversaire qui n’eut pas le temps d’anticiper ce geste soudain. Il évita de juste que les mains du vétéran ne prennent prise sur son cou, et les deux combattants tombèrent sur le sol de la passerelle, échangeant coup sur coup sans jamais paraître affaiblit. La résistance de Karji était impressionnante pour un simple soldat, tout comme la force qui se diffusait dans ses poings. Mais Arko possédait lui aussi une grande puissance pour le corps à corps, dont les sangheilis d’élite étaient si friands, et avait l’avantage de l’expérience.

Il laissa volontairement passer un coup de poing vers sa tête et l’encaissa avec la plaque de protection de son casque. Cela lui donna une ouverture pour placer sa propre main, solide comme un roc, dans un terrible uppercut qui sonna à moitié son adversaire, lui laissant le temps de placer un deuxième coup, puis un troisième, et enfin un quatrième qui envoyèrent Karji au tapis pour le faire sombrer dans l’inconscience.

Alors qu’il se relevait et vérifiait qu’il n’avait rien, l’escouade Epsilon de soldats sangheilis pénétra sur la passerelle du hagard. Le lieutenant Kasumee qui commandait l’équipe se précipita vers Arko :

- Qu’est-ce qui s’est passé ici, capitaine ?

- Ces sangheilis ont trahit l’Alliance et le Grand Conseil. Ils doivent être mené à la prison du Angry Justice, qui les conduira jusqu’à Grande Bonté pour y être jugé. Je ne doute pas qu’ils seront amenés à connaître la Basilique des Tourments.

Tandis que les soldats du lieutenant Kasumee emmenaient les traîtres, Arko établi une liaison avec le Angry Justice et contacta le commandant Urtanee.

- Commandant ! dit-il d’un ton autoritaire. Nous partons pour Grande Bonté dans une heure ! Faites évacuer les dernière troupes à la surface et ordonnez à la flotte de vitrifier ce monde. L’opération Séraphine est terminée.

Le silence régna pendant plus d’une minute parmi les sangheilis, laissant le lourd bruit des propulseurs et des générateurs furtif de la navette retentir de leur pleine puissance. Irul s’amusa à penser que si le son pouvait se propager dans le vide stellaire, tous ces systèmes destiné à rendre ce vaisseau indétectable serait complètement inutiles. Le récit du capitaine l’avait captivé, tout comme Elda dont le visage exprimait pleinement combien elle était impressionnée et reconnaissante envers le capitaine.

- Merci d’être venu nous chercher, finit-elle par dire pour briser le silence.

- C’était ma mission, s’excusa Arko. Mais je dois dire aussi que je m’inquiétais beaucoup pour vous deux. L’Alliance ne mérite pas de perdre d’aussi précieux éléments. Et Irul, je tiens à te félicité pour la manière dont tu a protégé Elda.

Le soldat se contenta d’hocher la tête en signe d’acceptation. Mais soudain, un bruit strident se fit entendre dans l’appareil. Cela ressemble à un signal d’alerte, pensa Irul. Je n’aime pas ça.

L’un des sangheilis d’élite se précipita vers le cockpit et y vit ce à quoi Arko s’attendait le moins, et ce qu’il redoutait le plus :

- Alerte de proximité ! C’est une frégate de combat de l’Alliance !

- Trouvez-moi son nom ! ordonna le capitaine. Je veux savoir à quelle flotte elle est rattachée et quels sont ses ordres de mission !

- Oui capitaine, je… non, c’est impossible.

- Qu’est-ce qu’il y a ? Vous avez un nom ?

- Oui mais… ce n’est pas possible. L’ordinateur affirme qu’il s’agit du Ghost Striker… qui a disparu il y a trois ans de cela.


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Chapitre 22 : pur de cœur


1635 unités de temps du 62ème jour de la quatrième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ station spatiale humaine abandonnée, système solaire Mordanus.

La frégate fantôme finit de sortir du sous-espace, et tous purent observer sa coque complètement noire, se fondant dans le décor vide de l’espace, n’étant trahi que par les étoiles qu’elle dissimulait. Arko avait du mal à l’accepter, mais ils avaient bien été suivis. Il n’y avait aucune chance que ce vaisseau surgit des tréfonds de l’histoire soit apparut dans ce système par hasard. Je n’ai dit à personne où j’allais. Peut-être sont-ils tombés sur les même déductions que moi concernant la cachette qu’avait choisit Irul ? Ou alors avaient-ils un moyen de nous pister ?… cependant, avec notre système de furtivité, il est totalement impossible qu’ils puissent nous prendre en chasse, désormais.

Mais les pensées du capitaine rencontrèrent rapidement une réalité très différente lorsque la frégate fantôme ouvrit le feu dans leur direction. Une salve complète de quatre torpilles à plasma filèrent vers la navette furtive, suivant une trajectoire d’interception absolument parfaite qui se corrigeait avec le déplacement de l’appareil.

- Ils ont un moyen de nous verrouiller ! s’écria Arko avec incompréhension. C’est impossible !

- Y a-t-il un système de brouillage radio à bord de ce vaisseau ? demanda Irul.

- Bien sûr. Pourquoi ?

- Activez-le immédiatement !

Arko appuya sur une série de touches et aussitôt le réseau de communication fut rempli de parasites de brouillage. Deux secondes plus tard, les torpilles cessèrent de corriger leur trajectoire et continuèrent leur course droit devant elle, manquant la navette furtive de plusieurs centaines de mètres.

- C’est bien ce que je pensais, fit Irul. Il y a un émetteur à bord.

- Un émetteur ? s’étonna le capitaine. Mais c’est impossible.

- Quelqu’un a dû en placer un lorsque ce vaisseau était à quai. Le brouillage empêche les torpilles de détecté sa trace radio, mais la frégate possède des senseurs bien plus puissants et peuvent toujours détecter notre position approximative.

- Alors que vont-ils faire s’ils ne peuvent pas nous tirer dessus ?

- Ils vont nous aborder.

Les sangheilis considérèrent la situation durant un bref moment. La meilleure chose à faire pour garder tout le monde en vie serait certainement fuir en sautant dans le sous-espace pour rejoindre la protection de Grande Bonté, mais Arko voyait dans les yeux d’Irul qu’une certaine justice devait être appliquée.

- Seize guerriers d’élites et deux recrues contre l’équipage de toute une frégate ?

- Ils sont sans doute moins nombreux que les effectifs habituels sur ce genre de bâtiment, argumenta Irul. Son équipage doit certainement faire entièrement parti du complot, comme le sangheili dont je vous ai donné un échantillon sanguin.

- J’ai fait les analyses, mais d’après nos archives, ce sangheili était mort depuis près de cinq ans. Tous ceux qui se trouvent dans cette frégate doivent être du même genre : des guerriers qu’on a déclaré morts pour pouvoir s’en servir comme assassins. C’est inacceptable ! Je ne sais pas qui commande cet escadron fantôme, mais je le ferai payer !

- Alors on y va ?

Arko plongea son regard dans celui d’Irul, et il y vit une détermination plus forte qu’il n’en avait jamais vu chez aucun sangheili. Ce soldat est exceptionnel. Il n’est pas seulement courageux, fort et diablement intelligent. Il est surtout pur de cœur. Un véritable chevalier sangheili des temps anciens, de ceux qui faisaient régner la justice dans les ténèbres qui enveloppaient notre civilisation il y a très longtemps. Il est né pour devenir un héros de l’Alliance, l’égal du commandant suprême lui-même, s’il survit assez longtemps. Et je vais l’aider à forger sa légende, dès maintenant.

- On y va, ordonna Arko. Dirigez l’appareil vers la baie d’amarrage bâbord du vaisseau ennemi. S’il doit y avoir un abordage, autant que ce soit nous qui le fassions.

L’un des sangheilis d’élites désactiva alors le pilotage automatique et dirigea l’engin droit vers la frégate. Elle ne se trouvait qu’à quelques dizaines de kilomètres de leur position, et son équipage n’eut donc pas le temps de modifier sa trajectoire. Les systèmes de défense de proximité du vaisseau noir furent activés, mais la furtivité de la navette rendait les probabilités de la toucher quasi nuls, et l’abordage se passa sans encombres. Dès qu’ils furent amarrés à l’un des docks de la baie bâbord, Arko et ses sangheilis sortirent de la navette par le dessous de la soute, là où les ingénieurs Huragoks ouvraient normalement l’appareil pour y vérifier les système de camouflage. Ils se retrouvèrent ainsi au niveau inférieur de la baie, parmi les caisses de matériel.

Cela leur permis d’éviter de se faire cribler de plasma par le comité d’accueil placé sur les passerelles au-dessus. Il devait bien y avoir là plus de vingt élites dans ce seul hangard, tous portant des armures totalement noires. Mais contrairement aux unités de commandos, dont l’équipement était d’un noir très brillant, presque bleu sombre, ceux-là étaient d’un noir mat, qu’aucune lumière ne semblait pouvoir éclaircir. Alors la légende des Disparus existent belle et bien ? se dit Irul. Ces guerriers qui ont accepté de quitter la chaîne de commandement de l’Alliance en étant déclarés morts pour rejoindre une section spéciale, destinée à accomplir les tâches les plus sombres de notre Croisade Sainte. J’ai entendu beaucoup de rumeur sur leur absence totale de morale, et leur grande férocité. Des assassins parfaits pour éliminer Elda…

Par une série de gestes silencieux, Irul conseilla à Arko de contourner l’ennemi en montant à l’étage supérieur depuis l’autre côté du hangard. Le capitaine acquiesça et guida ses guerriers jusque dans le dos de leurs ennemis, qui ne se doutèrent de rien. La charge seule des quinze sangheilis d’élite suffit à éliminer l’ensemble de la troupe ennemie, qui fut réduite en un instant à un ramassis de cadavres trempant dans leur sang.

- Bien, fit Arko. Cela devrait donner l’alerte dans tout le vaisseau. Il ne reste plus qu’à attendre l’ennemi.

Les différents membres de l’équipe se dispersèrent dans tout le hangar, couvrant chaque accès de son fusil et de sa lame. Comme la survie d’Elda était prioritaire, elle fut placée avec Irul au milieu de la passerelle du niveau supérieur, entourée d’un ensemble de trois bouclier énergétiques fixes. Disposant d’une large ligne de vue et équipés de divers armes de tir à longue portée, ils devaient se contenter d’apporter un appuie distant aux divers troupes d’élite.

Les premiers ennemis ne tardèrent pas à arriver. D’abord par petites vagues de quatre à huit sangheilis, qui se firent promptement écraser par la force brute des soldats d’élite, puis vinrent des groupes de plus en plus importants. Les combats se firent féroces, et plusieurs fois il fallut regrouper les forces d’Arko pour repousser l’attaquant. La situation empira lorsqu’un important groupe d’assaut ennemi réussi à abattre les deux puissants guerriers qui étaient postés à une porte du niveau supérieur.

- Irul ! Elda ! cria le capitaine. Retenez-les !

Mais l’ennemi arrivait bien trop vite, et même si Elda faisait mouche à chaque coup de son fusil sniper, il lui fallait atteindre deux fois la tête de chaque cible pour la descendre. Ils ont vraiment un bon équipement, eux aussi. Mais ils ne peuvent rien faire contre une lame énergétique.

Sur ce, Irul activa sa propre lame et s’interposa une fois de plus pour protéger Elda. Il avait face à lui plus de vingt sangheilis vétérans bien armés, mais la peur n’avait aucune prise sur lui. Il attendit calmement derrière l’un des bouclier de protection que ses adversaires soient suffisamment proches, puis il chargea.

Sautant par-dessus l’écran énergétique, il trancha les têtes de deux guerriers avant même de toucher le sol, puis se mit à faire effectuer de grands mouvements circulaires à sa lame, découpant les membres avec une facilité extrême. Personne ne réussi à le toucher, tant sa rapidité lui permettait de trancher l’ennemi dès qu’il rentrait dans son champs d’action. La moitié des attaquant étaient déjà à terre, morts ou gravement blessés dans une énorme mare de sang bleue, quand Arko et deux de ses guerriers arrivèrent pour secourir Irul. Mais le capitaine réalisa vite qu’il aurait très bien put se débrouiller tout seul.

Lorsque le carnage fut terminé, Arko s’approcha de sa recrue et lui posa une main sur l’épaule.

- Tu es décidément plein de surprise, Irul. Où as-tu trouvé cette épée ?

- Je l’ai récupéré sur le corps du sangheilis fantôme qui nous a attaqué Elda et moi sur Yvalos V.

- Tu as la force et le courage de trois de mes propres guerriers. Je ne doute pas que tu puisses me surpasser qu’un jour.

- C’est trop d’honneur que vous me faite, capitaine. J’accomplis seulement la tâche que vous m’avez confiée, et je préfèrerais mourir que faillir.

- J’en suis sûr. Seulement…

Irul n’avait encore jamais vu le capitaine Arko hésiter pour quoi que ce soit, et de le voir ainsi se questionner perturba le jeune soldat. Les hauts gradés de l’Alliance, et particulièrement les sangheilis, devaient être confiants et sûrs d’eux, ne faisant montre d’aucune faiblesse d’aucune sorte. Et pourtant, Arko hésitait. Mais sur quoi ?

- Qu’avez-vous ? demanda Irul avec une légère crainte.

Le capitaine le regarda droit dans les yeux, puis il fit de même avec Elda, qui s’était approché pour écouter leur conversation. La vision de la sangheile sembla lui faire de la peine, et Irul crut même voir surgir brièvement une minuscule larme au creux de son œil.

La bataille pour le contrôle de la frégate avait finalement cessé. Des dizaines de cadavres de sangheilis fantômes gisaient sur les différents niveaux de la baie à vaisseaux, et trois des guerriers d’Arko étaient tombés au champs d’honneur pour cela. Pour chaque combat, pensa le capitaine, il y a toujours un prix à payer. Chaque victoire a ses morts, chaque triomphe a ses blessures, et toutes les légendes ont une fin. Même le plus grand guerrier finit par connaître la Mort.

Irul ne comprenait pas ce qui arrivait au capitaine. La mort de trois de ses combattants devait certainement l’affecter quelque peu, mais c’était certainement insuffisant pour affaiblir autant la volonté d’un tel chef. Et lorsque Arko tourna le dos à lui et à Elda, il comprit que ce qu’il avait à leur dire était très grave, et qu’il ne pourrait pas prononcer ces lourdes paroles s’il subissait le poids de leurs regards :

- Vous êtes les deux éléments les plus prometteurs de l’Alliance. Vos seules existences nous promettent la victoire contre tous nos ennemis. Malheureusement, l’Histoire nous a souvent montré que les héros ne vivent pas éternellement.

Les sangheilis d’élites survivants s’étaient rapproché pour entendre les mots sincères de leur capitaine, et on pouvait lire dans leurs yeux le respect mêlé de compassion envers cet être qui les avait guidé depuis si longtemps, et qui aujourd’hui montrait un signe de faiblesse. Un silence de mort avait envahi l’ensemble du vaisseau. Plusieurs minutes passèrent comme si le temps s’était arrêté, immobilisant l’assistance du capitaine qui regardait le sol tâché du sang de ses frères, perdu dans des pensées qu’il n’aurait jamais cru pouvoir exprimer, se demandant s’il devait se libérer de cette vérité qui l’assiégeait ou ne rien dire.

Puis, finalement, comprenant qu’il n’avait plus le choix, il avoua :

- Bien que cela me peine de devoir l’avouer, si l’un de vous deux devait mourir… je préfèrerais que ce soit Elda.


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Chapitre 23 : Les Premières Lames


2237 unités de temps du 67ème jour de la quatrième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ base souterraine humaine principale, planète Alkador, système Telarius.

Le silence était enfin tombé dans le complexe souterrain avec la mort du dernier de ses défenseurs humains, abattu froidement par Elda d’un tir en pleine tête. Elle l’avait descendu depuis une position retranché à plus de deux cent mètre avec une carabine à plasma. Irul sembla hésiter entre la satisfaction de contempler la magnifique précision de sa coéquipière et la frustration de s’être fait volé sa proie alors qu’il l’avait presque à porté de son épée plasma. Alors qu’il désactivait sa lame pour la remettre à sa ceinture, le capitaine Arko s’approcha de lui :

- Excellent travail ! Que tout le monde retourne aux ascenseurs ! Nous partons !

Après l’incident sur Yvanos V et la fuite forcée d’Irul et d’Elda, le commandant suprême Orna Fulsamee avait été informé par le capitaine de l’ampleur du danger invisible qui menaçait la sangheile. Il avait donc décidé de la rattacher, avec son garde du corps, à l’unité d’élite que commandait Irul, et dont la fidélité des guerriers ne pouvait être mise en doute. Ils avaient tous été choisis au travers d’innombrables tests, et Orna Fulsamee savait qu’ils n’oseraient jamais toucher à sa fille.

Les escouade de sangheilis d’élite ne faisaient pas partie de la chaîne de commandement militaire ordinaire de l’Alliance, et ne recevaient leurs ordres que du commandant suprême en personne. Lorsque celui-ci ne leur assignait pas de mission, ils disposaient tout de même d’une autorisation sans limite pour réquisitionner du matériel militaire et participer à toutes sortes d’affrontements, même sur des terres sacrées. L’escouade du capitaine Arko était la plus célèbre parmi cette section spéciale de l’Alliance, et avait donc reçu la désignation prestigieuse de l’escouade des « Premières Lames », car elle rassemblait les meilleurs combattants existants à ce jour. Voir un simple soldat et une sangheile être affectés à une équipe aussi meurtrière avait de quoi paraître bizarre, mais les deux étrangers avaient eut de nombreuses occasion de prouver leurs talents à leurs frères d’arme.

Cette escouade un peu particulière avait donc été chargée de remplir des missions à haut risque, ce qui était le quotidien des sangheilis d’élite. Durant cinq jours, ils participèrent activement à la lente destruction du monde humain d’Alkador qui, même s’il ne contenait aucun lieu sacré forerunner, était une colonie disposant d’importantes forces militaires terrestres. Cela en faisait le lieu parfait pour continuer à tester les capacités d’Elda. Jusque là, les Premières Lames avaient anéanti trois bases humaines et pris en embuscade deux convois de renforts ennemis, remplissant à chaque fois ces dures tâches seuls, et sortant victorieux sans la moindre perte.

Le complexe souterrain situé au cœur de hautes montagnes à l’intérieur des terres, était une base de lancement pour missiles nucléaires pouvant aussi bien atteindre les troupes au sol que les vaisseaux dans l’espace. A cause de cette installation, l’assaut contre cette planète avait dû se faire sur la face opposée afin d’éviter d’exposer les croiseurs à cette terrible puissance de feu, mais ce changement de plan ne s’est pas fait avant que l’Alliance ait perdu plus de cinq bâtiments. Après cinq jours de conflit, ces souterrains étaient enfin à porté pour une attaque d’infanterie, et les Première Lames avaient donc été envoyée sur cet objectif puissamment protégé. Mais malgré les importantes défenses dont la base humaine disposait, elle n’avait pas été capable de stopper la fureur de si grands guerriers.

C’est donc avec la satisfaction de cette nouvelle victoire éclatante que l’escouade d’Arko sortit du complexe et ordonna leur évacuation, en même temps que l’envoie des équipe de démolition qui s’assurerait que les humains ne puissent plus jamais utiliser cette installation. La nuit était déjà tombé depuis plusieurs heures sur cette partie de la planète, et Irul se surprit à observer les étoiles dans le ciel.

Il n’y avait aucun nuage dans le ciel, et aucune autre lumière dans les environs, ce qui faisait qu’il pouvait voir jusqu’au plus petit de ces astres lointains. Il songea alors à l’immensité de l’espace, dans lequel se trouvait, quelque part, ce qui mènerait tous les sangheilis vers le Grand Voyage. Et avec les humains qui contrôlent tant de ces systèmes stellaires… vivrais-je assez longtemps pour voir la réalisation de notre transcendance ? Et Elda ?

Il s’aperçut brusquement que la sangheile s’était placé juste à côté de lui pour observer elle aussi le ciel nocturne. Son regard croisa le sien et il se senti soudainement très faible. Ce n’était pas un épuisement physique, mais comme un affaiblissement de son esprit, comme s’il se sentait éloigné de lui-même. Je ne sais pas pourquoi, mais je commence à croire que je ne pourrais jamais vivre sans elle. Qu’est-ce qui m’arrive ? Les barrières dogmatiques de notre race seraient-elles en train de s’effondrer en moi ? J’ai l’impression d’être affaibli… alors que c’est de ce sentiment que me vient ma force. Maintenant je comprends : je ne me battrai jamais mieux que pour la protéger.

- Qu’est-ce qu’il y a ? demanda soudain Elda.

- … Rien, finit-il par mentir.

Irul ferma les yeux pour se concentrer. Il ne s’était pas rendu compte du temps qu’il avait passé à la regarder, pensant à tellement de choses présentes et à venir, oubliant un long instant le monde réel. Il détourna alors le regard de la sangheile pour éviter d’être déconcentrer, et aperçut la navette de transport qui arrivait pour les récupérer. C’était un appareil privé de la garde rapproché du commandant suprême, et les pilotes étaient aussi sûrs que chaque sangheili des Premières Lames. Irul était satisfait de voir qu’autant de moyens étaient mis en place pour veiller à la sécurité d’Elda, et se sentit soudain quelque peu inutile. Depuis que nous avons intégrer cette escouade, mon efficacité a terriblement chuté. Je n’ai tué que trente humains aujourd’hui… si ça continue, le capitaine Arko va finir par me congédier pour me renvoyer dans une autre escouade. Il faut avouer que combattre parmi de si grands combattants n’est pas une chose facile, tellement on se sent insignifiant par rapport à eux…

Ces sombres pensées continuèrent à hanter le jeune guerrier alors qu’il prenait place dans la navette aux côté d’Elda. Mais lorsqu’elle prit doucement la main d’Irul dans la sienne, tous ses doutes s’envolèrent, laissant place à une certitude plus puissante que tous les dogmes de l’Alliance réunis. Elle ne laissera rien nous éloigner elle non plus.

L’appareil décolla avec la douceur habituelle de ses moteurs antigravitationnels, et se dirigea vers la flotte pour rejoindre la frégate spéciale Darkest Crusader. L’équipage de ce vaisseau n’était composé que d’ingénieurs Huragoks et de sangheilis d’élites, et tous étaient entièrement dévoués au commandant suprême. Cela rendait les probabilité d’une attaque contre Elda quasi nulle.

Mais avant que la navette ne puisse prendre de l’altitude, un message d’alerte strident retentit dans le cockpit et la soute.

- Missile anti-aérien en approche ! cria l’un des pilotes. Accrochez-vous !

Tous les sangheilis se cramponnèrent à leurs sangles de sécurité, non sans exprimer la stupéfaction la plus complète. Normalement, toute cette partie de la planète avait été sécurisé en ce qui concernait la protection anti-aérienne humaine. La moindre batterie de défense ennemie dans un rayon de cent kilomètres était détruite ou passé sous contrôle de l’Alliance. S’il restait encore la plus petite menace contre la navette des Premières Lames, ils auraient d’abord été évacué par transporteurs terrestres, mais le feu vert pour une évacuation aérienne avait été donné. Il était d’ailleurs étrange que les humains n’essayent de les intercepter que maintenant ; ils auraient très bien pût le faire alors qu’ils approchaient du complexe souterrain par le même moyen. Oh non ! réalisa soudain Irul. Ce sont nos propres frères qui utilisent les batteries humaines pour descendre notre appareil !

Lorsque le missile percuta la navette, le bouclier de protection ne suffit pas pour contenir la puissance de l’explosion. Une terrible secousse remua les passagers dont certains perdirent prises tandis que le pilote annonçait l’étendu des dégâts :

- Moteur gauche endommagé, capitaine ! Nous perdons de l’altitude !

- Essayez de trouver un terrain dégagé pour un atterrissage d’urgence ! ordonna Arko.

- Capitaine ! Nous sommes encore au beau milieu des montagnes ! Nous n’avons aucune zone appropriée !

- Alors activez l’ascenseur gravitationnel et abaisser notre vitesse au minimum, en essayant de vous maintenir une altitude basse ! Et envoyez un message de détresse au Darkest Crusader immédiatement !

Le sas de l’ascenseurs de la navette s’ouvrit alors et un cylindre lumineux l’envahit aussitôt. Arko fit signe à quatre de ses guerriers de descendre en premier pour sécuriser la zone, au cas où ils seraient attendus. Puis ce fut au tour d’Irul, suivit de prêt par Elda. Même si la navette était toujours en mouvement, l’attraction du rayon gravitationnel leur permettait de rester dans l’axe de l’ascenseur. Le contact avec le sol rocheux de la montagne, bien qu’influencé par la vitesse encore grande de la navette, se fit relativement bien, et tous les passagers purent atterrir sans grande douleur.

Mais malheureusement, les pilotes n’eurent pas le temps de quitter leur appareil qui alla se crasher sur le flanc de la montagne.

- A tous les soldats ! annonça Arko dans la radio. Regroupement au site du crash !

Irul s’étonna d’entendre autant de parasite sur la liaison malgré la proximité du capitaine, mais préféra laisser ce détail de côté pour l’instant. Après s’être assuré qu’Elda n’avait rien, ils se dirigèrent tous les deux vers la navette écrasée pour y retrouver les autres membres des Premières Lames. Arko pénétra à l’intérieur de l’épave et alla s’enquérir de l’état des pilotes. Irul le suivit.

L’un des deux sangheilis était mort, le thorax perforé par l’une des barres de maintient de la coque, tandis que l’autre était encore en vie, mais avait le corps immobilisé par le tableau de bord qui s’était écrasé contre lui. Le cockpit était maculé de leur sang bleu, et le capitaine compris qu’il était inutile d’espérer sauver le survivant. Dans un dernier élan de volonté, celui-ci se tourna vers Arko et dit d’une voix faible :

- Capitaine… impossible de joindre notre frégate. Les liaisons… brouillées. Je…

Mais il n’eut pas le temps de finir sa phrase, car toute vie avait déjà quitté son regard, et ses yeux commençaient à se recouvrir de sang.


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Chapitre 24 : Seuls


2247 unités de temps du 67ème jour de la quatrième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ zone montagneuse de la planète Alkador, système Telarius.


Arko, Elda et Irul observaient la vallées verdoyante en contrebas du plateau montagneux où s’était crashée leur navette, avec des regards plutôt inquiets. En effet, cette région de la planète était une véritable concentration de centres militaires importants, principalement des centres d’entraînement pour l’infanterie ennemie. Afin de facilité la mission des Premières Lames, cette zone aurait dû subir plusieurs attaques majeures pour détourner l’attention de la plupart des humains… mais aucune force covenante d’aucune sorte n’était en vue.

Toutes les bases ennemies aux alentours étaient entièrement intactes. A travers le grossissement de leurs macro-jumelles, les sangheilis pouvaient nettement voir l’intense activité qui régnait dans chacun des complexes militaires ennemis, certainement due à la dernière mission des Premières Lames. Ce que les services de renseignement de l’Alliance pensaient être le quartier général des humains dans ce secteur se trouvait d’ailleurs juste au pied de la montagne où ils se tenaient.

- La situation est très mauvaise, annonça Arko tout en sachant que son expression était bien faible. Ils sont certainement en train de préparer une contre-offensive.

- Ils vont se diriger droit vers le complexe souterrain, fit Irul. Et nous sommes en plein sur leur route…

- Si nous abandonnons la navette, nous n’aurons plus aucun moyen de contacter la flotte. Seul le transmetteur du cockpit est assez puissant pour atteindre les vaisseaux en orbite.

- Peut-être pourrions-nous espionner leurs transmissions radios pour connaître leurs plans ? proposa Irul.

- Bonne idée ! Zupa ! Scanne toutes les fréquences et trouve-moi celle qu’utilise les humains !

Ils ne fallut pas longtemps au sangheili d’élite pour capter des transmissions ennemies. Bien que le signal soit partiellement brouillé par quelques parasites, la qualité était suffisante pour comprendre les paroles humaines. Une voix forte distribuait des ordres presque comme autant de beuglements :

«  Ici le colonel Guerdick ! Que le troisième et le quatrième bataillon d’infanterie se tiennent prêts à partir ! Nous allons montrer à ces salopards de covenants ce dont les marines sont capables ! Départ dans quinze minutes ! »

Alors qu’Irul écoutait cette voix avec attention, une idée émergea brusquement jusqu’à lui. Il scruta l’intérieur du quartier général ennemi à la jumelle durant plusieurs dizaines de secondes avant de trouver ce qu’il cherchait.

- Elda ! J’ai besoin que tu descendes quelqu’un !

- Quoi ? fit la sangheile avec une surprise non contenue.

- L’officier humain en uniforme, au centre du camp.

- Mais il y a au moins cinq kilomètres de distance !

- Je sais que tu peux le faire.

Peut-être que si quelqu’un d’autre lui avait dit ces mots, Elda n’y aurait pas crut. Seulement, il n’y avait rien dans tout l’univers qui aurait put donner plus de force, plus de courage, ni plus de détermination que le regard d’Irul posé sur elle. Il y avait quelque chose de magique en lui, qui lui faisait envie et peur à la fois. Un pouvoir qui la dépassait complètement, imbibé dans les étranges yeux verts du jeune soldat. Si une bombe à fragmentation serait tombé juste à côté d’elle à ce moment, elle n’en aurait certainement pas ressentit la moindre peur.

- D’accord, dit-elle. Je vais le faire.

Lentement, Elda épaula son fusil de précision et s’allongea par terre, avant de connecter l’optique de son arme au minuscule écran qui sortit de son armure pour se placer juste devant sa rétine droite. Même avec un grossissement maximum, sa cible ne devait pas faire plus de trois millimètres de haut, et il lui fallait pourtant réussir à atteindre la tête. Car il était certain que si elle ratait son tir ou ne le tuait pas sur le coup, les autres humains aux alentours allaient immédiatement essayer de protéger cet officier.

Mais le doute avait totalement disparu de l’esprit d’Elda. Aucun tremblement n’était visible sur la moindre partie de son corps, et lorsqu’elle pressa la détente, la décharge de plasma fila droit vers sa cible pour lui perforer la boîte crânienne d’une oreille à l’autre. Le soldat humain chargé des communications qui se tenait à côté du colonel fut complètement recouvert de morceaux de cervelle ensanglantées, tandis que dans toute la base une panique indescriptible s’était emparé des troupes.

- Excellent, Elda ! la félicita Irul. Magnifique ! Je savais que tu y arriverai !

- Cela va nous faire gagner un peu de répits le temps qu’ils essayent de se réorganiser, fit Arko. Maintenant retournons à la navette !

Mais soudain, la radio de Zupa se mit à grésiller alors qu’une nouvelle transmission humaine se faisait entendre, tandis que dans le ciel, d’étranges météores étaient apparus pour filer droit vers le quartier général humain.

« A toutes les troupes du CSNU dans le secteur de Zankym ! A partir de cet instant, 2251 heures, temps militaire standard, la DAGSN (Direction des Affaires Guerrières Spéciales de la Navy) prend le contrôle de cette opération ! Tout le personnel militaire de cette zone répond désormais à nos voies hiérarchiques ! Continuez votre mobilisation ! Nous partons dans douze minutes ! »

Le quartier général était en effervescence. Partout, la nouvelle de la mort du colonel Guerdick s’était répandu à une vitesse affolante, principalement due au fait qu’il avait été impossible de ne pas voir l’éblouissant trait de plasma jaillir des montagnes dans la nuit noire. Le cadavre de l’officier gisait à terre dans une mare de son propre sang, et toute la coure intérieure de la base avait été désertée, de peur que quelqu’un d’autre se fasse descendre par ce tireur exceptionnel. Une panique indescriptible s’était emparé des troupes… jusqu’à l’arrivée des renforts.

Sur une planète assiégée de toute part, ces renforts étaient inattendus, quasi inespérés. Ils étaient tombés du ciel par des capsules de largage comme autant de messages de mort pour leurs ennemis, et un espoir incomparable pour tout humain qui posait les yeux sur eux. Leur seule vision donnait la certitude de remporter la bataille.

Ils étaient deux. Enormes, grands, impressionnants, et parfaits. Vêtus d’armures qui leur donnait l’aspect de véritables dieux de la guerre, ils avançaient fièrement au milieu des troupes, les dévisageant derrière les visières polarisées de leurs casques. Partout où ils allaient, ils apportaient le courage et la détermination dans les cœurs humains, de la même façon qu’ils savaient perforer ceux de leurs ennemis d’une peur sans limite avant d’y joindre leur quota de plomb. Ils étaient des spartans, et rien ne semblait pouvoir leur résister.

Tous les soldats du CSNU s’écartèrent alors que ces formidables guerriers se dirigeaient vers l’armurerie. Dès qu’ils y pénétrèrent, les personnes qui s’y trouvaient sortirent immédiatement dans un sentiment d’admiration mêlé d’une profonde crainte. Profitant qu’ils étaient seuls, l’un des deux spartans retira son casque pour respirer autre chose que de l’air filtré, laissant apparaître le visage d’une jeune femme aux cheveux bleus, aux yeux rouges et au visage d’ange.

Rei-114 était une particularité chez les spartans. Elle avait été recrutée sur une planète éclairée par un soleil bleu, nommé Icarus. Cet astre énorme dégageait tellement d’énergie que seule la neuvième planète de son système était habitable, et les autres calcinées sous la puissance de l’étoile géante. Ce monde avait été parmi les premiers découvert par le CSNU durant l’époque de la Grande Migration, et les explorateurs n’avaient pas été très regardants sur les critères d’acceptation à la colonisation. Des milliers d’humains furent alors envoyés à la surface de cette planète pour y vivre sous l’étrange lumière de leur nouveau soleil. Les effets ne fut connue qu’à la dixième génération de colons, dont les rétines s’étaient adaptées à l’omniprésence d’ondes bleues, et avaient pris une coloration rouge vive. De plus, les cheveux des Icariens devinrent systématiquement bleus afin de renvoyer un maximum des ondes lumineuses et éviter l’insolation. Rei faisait donc partie de ces « mutants », mais à part ces deux traits morphologiques très « exotiques », elle était une humaine comme les autres. Son entraînement de spartan l’avait conduit à devenir un soldat d’élite totalement polyvalent, capable de remplir n’importe quel type de mission… tant que son coéquipier de toujours était avec elle. Alors qu’elle observait les diverses armes que contenait l’armurerie, elle lui dit doucement :

- Tu devrais enlever ton casque toi aussi, Jack.

- Merci du conseil, fit l’autre spartan en imitant sa partenaire.

Jack-115 n’était pas aussi spécial que Rei, d’un point de vue visuel. Avec ses cheveux bruns mi-court et ses yeux bleus, il passerait presque inaperçu. Bien que son visage avait comme tous les spartans une expression habituelle très froide, c’était sans compter sur le teint pâle de sa peau qui le rendait tout aussi angélique que Rei. Comme elle, il n’excellait nul part et préférait largement se sentir très compétent dans toutes les disciplines militaires existantes. Sa passion était la documentation. Il passait souvent des nuits entières avec Rei à lire les livrets techniques des derniers équipements ou véhicules du CSNU, de façon à pouvoir user au mieux du matériel à disposition. Sa principale caractéristique était d’être particulièrement déterminé : lorsqu’il commençait quelque chose, peu importe les épreuves qu’il restait à traverser, il le finissait toujours.

Rei et Jack ne se séparaient jamais, et avaient toujours effectué toutes leurs missions ensembles depuis le début de leur entraînement sur Reach, alors qu’ils n’avaient encore que six ans. Les spartans avaient coutume de dire que chacun d’eux était une partie d’un même corps ou d’une même âme, car ils agissaient toujours de manière coordonnée et synchronisé. Mais rien ne se rapprochait du travail d’équipe de ces deux combattants. Ceux que leurs comparses spartans appelaient avec respect « les Deux Anges de la Mort » vivaient et combattaient dans une parfaite symbiose, agissant et pensant de la même manière sans même avoir à se parler. Certaines rumeurs de liens télépathiques courraient à leur sujet, mais ils étaient les seuls, avec le Dr Halsey, à connaître la véritable raison de ce leur proximité :

Lors de l’opération d’augmentation physique des spartans, parmi les substances qu’on leur avait injectées se trouvait un implant thyroïdien catalytique destiné à augmenter la fabrication d’hormones de croissances pour renforcer leur corps. Cet implant avait cependant un effet secondaire, bien que jugé largement acceptable pour un programme militaire : il supprimait toute pulsion sexuelle. Mais apparemment, cet effet ne s’était pas manifesté chez Rei ni chez Jack. De ce fait, l’intense amitié qui liait les deux spartans n’avait pas été rompue, et s’était même renforcer, jusqu’à devenir probablement bien plus qu’une simple amitié…

- Si on doit aller déloger ces enfoirés du complexe souterrain, fit Jack, mieux vaut privilégier les armes de proximités. Plan de bataille…

- … epsilon IV avec équipement de type P, acheva Rei à sa place en armant le chien de son fusil à pompe. C’est déjà fait.

- Parfait. Maintenant, allons les cueillir ! Remettant méthodiquement leurs casques, ils sortirent tous deux dans la coure intérieure de la base. Tout en faisant bien attention de ne pas se mettre dans la ligne de tir de l’ennemi, il avancèrent jusqu’au poste de communication et là, Jack demanda un rapport sur l’état de préparation des troupes :

- Tout le monde est prêt, monsieur ! fit le seconde classe derrière ses instruments. Et j’ai quelque chose qui peut vous intéresser.

- Qu’est-ce que c’est ?

- Notre satellite espion a intercepté une communication covenante provenant apparemment de leur vaisseau amiral. Bizarrement, ils le transmettaient sur une fréquence qu’ils n’ont encore jamais utilisée jusque là. Voici un enregistrement : Le soldat appuya sur une série de touches, puis la voix grave caractéristique d’un élite surgit des hauts-parleurs, s’exprimant bizarrement dans la langue humaine :

- Ici le commandant Urtanee ! J’appelle le groupe de combat Alpha ! La navette de Sa Sainteté le Prophète de la Pénitence a été abattue par les humains et s’est écrasée ! Mais notre Guide est toujours en vie, et plusieurs de ses gardiens sont encore là pour le défendre. Toutes nos forces sont actuellement mobilisées sur l’autre face de la planète, ce qui fait que tout renfort est impossible pour l’instant depuis notre position. Vous êtes le seul groupe disponible dans ce secteur pour leur porter secours. Rendez-vous au plus vite à ces coordonnées et défendez la zone le temps que nous puissions intervenir ! Commandant Urtanee, terminé !

- Avez-vous analysé les coordonnées envoyées avec ce message.

- Oui monsieur. Elles coïncides parfaitement avec celles d’un l’appareil ennemi que nous avons descendu non loin d’ici.


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Chapitre 25 : Convergence


2256 heures, 13 octobre 2542 (calendrier militaire) / quartier général du secteur de Zankym , colonie humaine Alkador, système Telarius.


Dès le début de la guerre contre les covenants, il avait été clairement établi par les services de renseignement de l’ONI que les intentions de ces extraterrestres belliqueux étaient d’un ordre religieux. Plusieurs indices dans leurs communications laissaient penser qu’ils agissaient sous les ordres d’une caste dirigeante spéciale, mais cela n’avait jamais été prouvé jusqu’à ce jour.

Jack considéra longuement l’opportunité que représentait la capture de l’un de ces « prophètes » ennemis. Cela pourrait nous permettre d’obtenir un moyen de pression sur l’ennemi afin de le forcer à nous laisser évacuer la planète. Et cela offrirait aussi une incroyable source de renseignement pour le SRN sur l’organisation covenante et ses croyances. Mais si nous voulons le capturer, nous devons agir vite, avant que les renforts de l’ennemi ne l’atteigne.

- Savez-vous de quel groupe de combat ce covenant faisait allusion ? demanda-t-il au spécialiste des communications.

- Négatif, monsieur. Nous n’avons repéré aucune force ennemie dans ce secteur.

- Alors soit ils sont plus loin que ça et c’est très bien, soit ce sont des unités commandos que nous n’avons pas repérées et c’est très mauvais.

- Nous devrions hâter notre départ, proposa Rei derrière lui.

- C’est ce à quoi je pensais.

Les spartans se dirigèrent alors vers le bâtiment de commandement, où plusieurs officiers organisaient l’envoie des troupes et la logistique de l’opération. Tous se mirent immédiatement au garde à vous, quel que soit leur grade, en voyant entrer les deux soldats en armure. Jack ne perdit pas de temps et leur exposa la nouvelle situation :

- Messieurs, le plan de bataille va devoir être légèrement modifié car un élément nouveau est apparut à l’instant : il semblerait que nous ayons abattu une navette transportant un haut représentant de la religion covenante, un prophète, et qu’il serait toujours en vie. Nous allons donc mettre sur pied un groupe de combat qui aura pour mission de la capturer et de le ramener ici avant l’ennemi.

- De quoi avez-vous besoin, spartan 115 ? demanda immédiatement un lieutenant près de lui.

- Il me faut au moins une quarantaine de marines, et cela le plus vite possible.

- Dans ce cas, laissez-moi venir avec mes hommes. J’ai deux pelotons d’infanterie sous mes ordres, et je peux vous réquisitionner une escouade de TCAO dans la minute.

- Parfait. Quel est votre nom ?

- Lieutenant Eliot Bravery, monsieur.

- Alors préparez vos troupes, Eliot. On se retrouve à la sortie de la base.

Les Premières Lames étaient retranchées à l’intérieur de leur navette. Trois des sangheilis d’élite de l’escouade montaient la garde à l’extérieur, tandis que les autres attendaient patiemment que les communications avec la flotte soit rétablie. Mais les minutes s’écoulaient, et l’étrange brouillage qui avait envahi les fréquences de l’Alliance ne faiblissait pas. Irul commençait à se demander si la flotte ne les avait pas tout simplement abandonné. Peut-être sont-ils partis ? Ou alors ils vont délibérément refuser de nous envoyer de l’aide…

C’est alors que l’un des sangheilis d’Arko pénétra dans la navette :

- Capitaine ! Les humains font mouvement !

- Combien sont-ils ?

- Une cinquantaine environ, dont quinze membres de leurs troupes de choc.

Irul et Arko se dévisagèrent comme pour voir qui avait l’air le plus inquiet, mais s’aperçurent qu’aucun d’eux ne montrait la moindre faiblesse d’esprit. Les Premières Lames avaient déjà relevé des défis bien plus dangereux, et celui-là n’allait pas être une exception.

- Rassemble tout le monde pour la bataille ! Nous allons les prendre en embuscade avant qu’ils n’arrivent ici.

Mais alors qu’Irul se relevait pour sortir de la navette, Arko l’arrêta d’un signe de la main :

- Non, Irul. Tu restes ici avec Elda.

- Mais capitaine, je veux me battre moi aussi.

- Je le sais. Mais les Première Lames sont très bien capables de remplir cette mission tous seuls. Nous avons besoin de quelqu’un pour surveiller les fréquences radio, et je ne peux pas me priver d’un seul soldat d’élite. Tu resteras donc avec Elda pour demander du secours, des que les liaisons seront rétablies. Irul n’aimait pas ça. Non parce qu’il était frustré d’être laissé derrière, mais parce qu’il avait un très mauvais pressentiment. L’intuition était quelque chose que les sangheilis avaient l’habitude de ne pas écouter, ne faisant confiance qu’à la rationalité et au raisonnement stratégique. Mais quelque chose au fond d’Irul semblait essayer de le prévenir, l’avertir d’un évènement grave. Ce sentiment permanent d’un danger tout aussi inconnu qu’immense lui conseillait d’enfreindre les ordres et de suivre le capitaine. Mais Irul en oubliait sa place. Il n’était qu’un simple soldat, une recrue avec à peine trente jours d’expérience du terrain, alors qu’Arko était le chef de la garde d’élite du commandant suprême. Il y avait trop de différence entre eux. C’est donc avec regret qu’il obéit aux ordres, et regarda les Premières Lames partir à la rencontre des humains.

Rei rattrapa d’un geste rapide et précis la pierre qu’elle était sur le point de faire dévaler la crête rocheuse où elle se tenait. Provoquer un éboulis n’était pas une bonne chose si elle voulait conserver sa furtivité ainsi que cette de Jack. Posant la pierre délicatement derrière elle, la spartan continua de surveiller la pente de la montagne où progressaient les hommes du lieutenant Bravery. Leur poste d’observation surplombait largement cette partie de la montagne, offrant une vue sur presque tout le terrain environnant ainsi que le plateau où s’était crashé la navette ennemie. Et c’est de là qu’ils s’assurait qu’aucune mauvaise surprise n’arrive.

Les spartans avaient préféré servir d’unité de reconnaissance et de soutient longue portée plutôt que de devoir disperser les marines et les rendre plus vulnérables à une embuscade. D’autant que les TCAO ne semblaient pas trop apprécier leur présence. Les vieilles blessures sont toujours ouvertes, pensa tristement Rei.

- Mouvement détecté, annonça Jack. Trois contacts à dix heures. Distance : vingt mètres.

- L’ennemi essaye de prendre les marines par le flanc.

Rei et Jack se mirent à couvert pour éviter d’être détecté par l’ennemi en approche. Il ne leur fallut pas attendre longtemps pour voir les impressionnants élites dont les armures blanches éclatantes scintillaient sous la lumière des astres nocturnes. Ils se déplaçaient en silence, dans un calme terrifiant pour des guerrier de leur espèce, se dirigeant droit vers le détachement humain qui arrivait en contrebas.

- Peut-être y a-t-il d’autres covenants sur l’autre flanc, fit Jack.

- S’il s’agit de la garde rapprochée du prophète, il ne faut pas s’attendre à des enfants de cœur. Ces gars-là sont certainement capables de ravager notre force d’assaut sans problème.

- Ouais ! Mais il ont oublié un petit détail.

- Deux petits détails, corrigea Rei.


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Chapitre 26 : Les démons approchent


2326 unités de temps du 67ème jour de la quatrième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ zone montagneuse de la planète Alkador, système Telarius.


Le capitaine Arko observait la bataille depuis les hauteurs de la montagne avec ses deux derniers sangheilis d’élite. Voir tomber ainsi ses fiers guerriers lui avait fait le même effet que si on lui avait arraché le cœur. Même Zupa, son meilleur sangheili qui s'était si férocement battu, n’avait rien put faire contre ces étranges humains en armure. C’était la première fois qu’Arko voyait ce genre d’ennemi, et pour une première rencontre, ils avaient de quoi le rendre très inquiet. Ils ont un sens tactique impressionnant et des capacités de combat proches de nos meilleures guerriers sangheilis, et semble également posséder une bien meilleure technologie que les humains de base. Ils allient parfaitement la puissance physiques et le raisonnement stratégique. Mais sans le soutient des autres humains, ils seraient déjà morts… nous devons les couper du reste des troupes ennemies.

Cependant, Arko savait parfaitement qu’avec seulement deux soldats d’élite, il ne pourrait absolument rien faire. Sa seule solution était de retourner à la navette et préparer un plan avec Irul et Elda. Ce n’est qu’en unissant nos forces et nos matières grises que nous pourront espérer survivre face à ces adversaires.

Irul surveillait les alentours de la navette au travers des nombreuses meurtrières que le crash avait ouvertes dans la coque. Cela faisait plus de dix unités de temps qu’il avait vu les explosions des armes humaines dans le lointain, signe de la terrible bataille qu’avaient dû engager les Premières Lames. Et il commençait à se demander combien de temps ce combat allait durer lorsqu’il aperçut Arko et deux de ses sangheilis revenir à la navette. Et les autres ?…

- Elda ? Est-ce que les communications sont rétablies ?

- Non, toujours pas.

C’est alors qu’Arko pénétra dans la navette par l’accès de l’ascenseur gravitationnel. Dès qu’il vit l’expression dans les yeux d’Elda, il compris que le problème de la radio n’était toujours pas réglé, et son propre regard devint encore plus sombre.

- Capitaine ! fit Irul. Où sont les autres membres de l’équipe ? Que c’est-t-il passé avec les humains ?

Arko resta silencieux, le visage figé dans une expression de regret immensément profond, laissant présumer de sa réponse :

- Les Premières Lames ont été anéanties. Les humains étaient menés par deux être en armure, et nous n’avons pas put tuer plus d’une demi-douzaine de leurs simples soldats.

- Quoi ?!

Irul s’était attendu à tout, mais pas à ce genre de chose. Des sangheilis d’élites, les meilleurs éléments dont disposaient l’Alliance, avaient été si facilement vaincus. La situation était soudainement passée de mauvaise à catastrophique.

- Nous devons absolument préparer un plan contre ces humains, annonça Arko, sinon nous allons tous mourir.

- Abandonnons la navette ! proposa immédiatement Irul.


- Impossible. Sans moyen de communication ni balise, la flotte ne nous retrouvera jamais. Nous sommes très loin derrière les lignes ennemies, et sans soutient nous ne tiendrons jamais plus d’une journée.

- Mais si nous restons ici, l’ennemi va nous encercler !

- Le problème ne vient pas des humains de base, mais des deux guerriers en armure qui les dirigent. Apparemment, ils sont capables de nous voir malgré nos camouflages optiques, et leur force physique est égale à celle de mes sangheilis.

- Où se trouvent-ils dans la formation ennemie ? demanda Irul.

- Lorsque nous sommes partis, ils étaient en première ligne.

Irul s’assis alors sur un débris du moteur et ferma les yeux pour réfléchir. Il sentait l’énorme pression qui l’entourait peu à peu comme pour essayer de l’étouffer, l’écraser avant même la bataille. Apparemment, Arko et ses sangheilis étaient à court d’idée, et Elda était trop désespérée pour donner le moindre avis. Tous les espoirs reposaient donc sur Irul. Ces humains spéciaux semblent avoir été capables de déjouer l’embuscade d’Arko, donc non seulement ce genre de technique nous est interdit, mais en plus ils sont désormais sur leurs gardes… à moins qu’on ne les surprenne d’une autre façon.

- J’ai un plan, annonça-t-il finalement.

Jack et Rei avançaient en tête de la formation en triangle des marines, scrutant continuellement chaque angle de vue à la recherche d’autres embuscades. Mais aucune autre présence ennemie ne fut détectée jusqu’à ce qu’ils eurent enfin la navette ennemie crashée en visuel. Lorsque Jack vit l’appareil partiellement enfoncé dans la roche, il se rendit soudainement compte que quelque chose clochait. Comment se fait-il qu’une personne aussi importante qu’un prophète covenant soit transporté dans une navette sans aucune escorte. S’il était vraiment aussi important que la transmission qu’on a intercepté le laissait penser, il aurait dû être accompagné d’au moins une demi-douzaine d’autres transporteurs, surtout s’il se trouvait derrière nos lignes…

- Quelque chose ne va pas ? fit Rei d’un ton inquiet.

Jack était toujours étonné de constater à quel point la spartan pouvait lire en lui si facilement. Il se demanda qu’est-ce qui l’avait trahi cette fois-ci, mais préféra attendre de poser cette question à Rei après la mission, et se concentra sur ce qu’il voyait devant lui. Des signes de chaleur étaient visibles à travers les trous dans la coque de la navette. Mais ça peut tout aussi bien être des traces d’incendie ou des vapeurs issues des moteurs à plasma.

Bien qu’il n’aimait pas mettre tous ses œufs dans le même panier, il ordonna à tout le monde de conserver une formation serrée. Comme Rei et lui étaient les seuls à voir les ennemis furtifs, disperser les troupes signifiait les rendre bien plus vulnérables à une autre attaque surprise. Tout en essayant de rester le plus à couvert possible, ils avancèrent vers leur objectif, avant de s’arrêter à une centaine de mètre de lui. Puis Jack se retourna vers les marines et leur annonça :

- On aura droit qu’à un seul essai, les enfants ! Alors pas le droit à l’erreur ! Vous allez tous nous suivre et tirer dans les directions qu’on vous indiquera. Ne gaspillez pas vos munitions parce que vous avez cru voir quelque chose bouger. Prêts ?

Jack prit le risque de désactiver sa vision thermique un instant pour voir les visages des marines. Ils exprimaient tous une grande confiance, en grande partie due au combat précédent. C’est vrai que nous les avons vaincu sans trop de pertes, mais on a eut beaucoup de chance. Cette fois-ci, je doute que l’ennemi nous laisse d’aussi bonnes opportunités…

Mais le temps n’était plus à la réflexion. L’heure du véritable combat avait sonné. Réactivant sa vision thermique, Jack regarda une dernière fois les cent mètres à parcourir jusqu’à la navette. Sur les vingt dernier, il n’y avait presque aucun couvert disponible, et le sol était principalement constitué d’innombrables fragments d’un éboulis rocheux qu’avait dû causé l’appareil lors de sa chute. C’était cette zone qui lui faisait le plus peur. Mais alors qu’il réfléchissait, Rei posa doucement sa main sur la sienne. Un geste de ce genre était extrêmement difficile à accomplir pour un spartan, car leur vitesse de mouvement ainsi que leur force augmentée rendait leurs mouvements beaucoup plus violent que ceux d’un humain normal. Un tel geste était lourd de sens, chez eux, et particulièrement dans le cas de ces deux-là…

Jack comprit que Rei voulait le rassurer, ce qu’elle réussissait à merveille. Il forma un V avec deux doigts sur sa visière, le signe des spartans pour « sourire », puis se tourna vers les marines :

- Allez ! On y va !


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Chapitre 27 : Affrontement de héros


2324 heures, 13 octobre 2542 (calendrier militaire) colonie humaine Alkador, système Telarius.


Jack et Rei guidaient les marines d’un couvert à un autre au milieu des grands rocs dispersés sur cette zone du plateau montagneux. Jusque là, apparemment, ils n’avaient pas été repérés, ce qui rassurait quelque peu les spartans. Cela signifiait qu’il restait trop peu d’ennemis près de la navette pour surveiller les alentours. Si ça se trouve, pensa Jack, on les a peut-être déjà tous tués… non, ils ont sans doute laissé quelques soldats pour protéger leur prophète. Nous devons rester prudents…

C’est alors qu’un tir de sniper à plasma partit de la navette et frôla le casque de Jack. Aussitôt, tout le monde se jeta à terre et commença à ramper jusqu’au couvert le plus proche. Rei s’empressa alors d’ordonner :

- Equipes d’armes lourdes ! Tir de suppression sur la navette !

Trois secondes plus tard, six roquettes tracèrent des filets de fumée jusqu’à l’appareil contre lequel elles explosèrent, faisant taire les tirs ennemis. Profitant de cela, les spartans se relevèrent pour courir droit vers leur objectif, suivis de près par les marines. Il pénétrèrent dans les vingt derniers mètres les séparant de la navette, et le sol de gravas glissait sous leurs pieds, ralentissant leur allure. Jack et Rei balayaient frénétiquement la zone du regard, mais aucun ennemi ne se présentait. Ils seraient donc tous dans la navette ?

Mais c’est alors que Jack se posait cette question qu’un élite surgit de sous les gravas pour se précipiter vers les marines, suivit bientôt par un deuxième, et finalement un troisième. Ces impressionnants guerriers en armures blanches activèrent leurs épées plasma en un instant et commencèrent à découper les frêles humains qui se tenaient devant eux. Bizarrement, ils n’avaient pas activé leurs camouflages et semblaient complètement ignorer les spartans. Ceux-ci hésitèrent grandement à ouvrir le feu dans l’énorme mêlée qui s’était créé au milieu de la formation des marines.

Ils étaient sur le point de foncer dans le corps à corps lorsqu’un autre tir de sniper à plasma traversa l’espace, frôlant cette fois la tête de Rei pour frapper un marine qui se trouvait malheureusement juste à côté d’elle. Merde ! Ce tireur semble clairement nous viser tous les deux. Si nous nous exposons dans le combat, il va nous aligner sans aucun problème.

C’est alors que la voix forte du lieutenant Bravery retentit au milieu des troupes humaines désemparées :

- Spartans ! Allez à la navette ! Nous nous occupons de ceux-là !

- Vous êtes sûr ? fit Rei.

- Le prophète ne doit pas nous échapper ! Foncez le cherchez et prenez-le en otage !

- Bien compris ! Bonne chance !

- Marines ! hurla le lieutenant. Mitraillez-moi ces enfoirés !

Irul et Elda scrutaient l’énorme combat qui s’était engagé entre les humains et Arko et ses sangheilis. Même s’ils n’étaient que trois, les derniers membres des Premières Lames faisaient preuve d’un talent et d’une puissance contre laquelle leurs ennemis étaient dépassés. Seul le nombre pouvait avoir raison d’eux, mais c’était un risque qu’ils avaient accepté. Tout cela dans le seul but de donner à Elda l’opportunité d’abattre les humains en armure. Mais après ses deux coups ratés, ces derniers s’étaient mis à couvert.

Soudain, deux grenades de forme cylindrique surgire de derrière le rocher où ils s’étaient dissimulés, et il en sortit rapidement une épaisse fumée qui se répandit sur une large zone. La visibilité à l’intérieur était quasi nulle, et les deux sangheilis n’eurent pas le temps de réagir lorsque les deux humains spéciaux surgirent du rideau de fumée pour se précipiter à l’intérieur de la navette. Irul dégaina immédiatement son épée plasma et tenta de trancher le premier qu’il vit, mais celui-ci réagit bien plus vite que prévu et esquiva l’attaque avec une grande facilité, avant de décharger une cartouche de fusil à pompe sur le sangheili. Le bouclier d’Irul céda et plusieurs balles traversèrent son armure, lui arrachant un cri de douleur intense, mais il ne tomba pas. Utilisant la souffrance comme un catalyseur de force, il se jeta sur l’humain dont il découpa l’arme avec sa lame énergétique. Mais cela permit à son adversaire de lui saisir les poignets.

Pendant ce temps, Elda vidait le chargeur de sa carabine en direction du deuxième ennemi, mais celui-ci trouva refuge derrière une partie de la coque interne de la navette qui avait été déchirée. Lorsque son arme fut vide, la sangheile envoya une grenade à plasma par-dessus l’obstacle, mais son opposant effectua une roulade pour éviter la déflagration, tout en déversant un torrent de balles sur Elda. Son bouclier encaissant sans peine les projectiles tandis qu’elle se jetait sur l’humain pour engager un corps à corps furieux.

De son côté, Irul s’opposait à l’humain dans une épreuve de force. Tenant fermement sa lame de plasma, il tentait de la rabattre sur son ennemi, mais celui-ci résistait diablement bien à la force qu’exerçait Irul sur ses bras. Il est fort. Aussi fort que moi, au moins. Arko m’avait bien dit de ne pas les sous-estimés.

C’est alors qu’Irul décida de feinté, et au lieu de pousser sa lame en avant, il la tira vers le haut. L’effort de l’humain se retrouva sans aucune opposition et le propulsa vers Irul, qui profita de ce mouvement pour faire effectuer à sa lame un demi-cercle en direction des jambes de son adversaire. Ce dernier ne put éviter la lame qu’à la dernière seconde, juste avant de tomber à la renverse sur Irul. Heureusement, la poignée de l’épée énergétique était très petite, et il n’y avait pas assez de prise supplémentaire pour que l’humain puisse s’en saisir sans en toucher sa terrible lame. Il frappa en direction du visage de son ennemi, mais avec une vitesse inouïe, celui-ci ramassa un morceau de la coque du vaisseau et s’en servit comme bouclier, tandis que de l’autre main, il saisit Irul à la gorge pour l’étrangler.

Les matériaux qui composait cet alliage étaient parmi les plus résistants de l’Alliance, capable de supporter un tir d’artillerie nourris sans montrer le moindre signe de fragilité. Sa résistance fut éprouvée par la lame éblouissante qui s’enfonça peu à peu. Mais le morceau de coque était très épais, et Irul savait qu’il serait mort étouffé avant même que son épée n’en ait traversé la moitié.

Irul saisit alors la poigne de fer qui essayait de l’étrangler, et avec une force doublée d’une volonté sans faille, l’écarta lentement de sa gorge. Voyant qu’il ne pourrait pas en finir ainsi, l’humain libéra sa main droite de l’emprise d’Irul et saisit un couteau de combat accroché à sa ceinture. Le sangheili vit la terrible lame foncer vers sa tête, pointe en avant. Ne pouvant bloquer l’arme, il tenta de s’écarter, mais ne put le faire à temps. L’énorme lame d’acier trancha net ses deux mandibules gauches comme de simples bouts de bois. Une fois encore, la douleur s’empara d’Irul alors qu’il saisissait le couteau que brandissait l’humain. Je ne peux pas mourir. Pas maintenant. Je dois protéger Elda. Je dois la sauver, l’emmener loin de cet endroit pour qu’elle prouve à toute l’Alliance la valeur des sangheiles. Je ne dois pas faillir maintenant ! Il me faut un moyen !

Et soudain, une idée lui apparut. Le sangheili désactiva sa lame énergétique et passa la poignée de celle-ci sous le bouclier improvisé de son adversaire, avant de la réactiver. La lame jaillit telle une étoile filante dans l’obscurité et transperça l’humain de part en part.

Mais alors que, songeant déjà à s’occuper du deuxième ennemi, Irul tournait son regard, il vit une scène qui restera à jamais gravée dans sa mémoire.

Elda se trouvait étendue à terre, un couteau de combat humain planté au travers du thorax, et le deuxième humain se relevait lentement pour se tourner vers Irul… et s’immobiliser lui aussi.


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Chapitre 28 : deux cœurs brisés


2348 heures, 13 octobre 2542 (calendrier militaire) / colonie humaine Alkador, système Telarius.

Les deux combattants se regardèrent sans bouger pendant plus d’une minutes. Au bout d’un moment la douleur invisible qui frappait l’esprit d’Irul finit par lui saper toutes ses forces, et il relâcha le bouton d’activation de son épée. Son adversaire vaincu s’écroula sur le sol immédiatement, où il se traîna péniblement en direction du deuxième humain. Ce dernier et Irul se regardèrent encore quelques secondes, puis ils hochèrent chacun la tête dans un signe d’accord. Aussitôt, il se précipitèrent chacun vers leur partenaire pour s’en occuper, oubliant totalement le combat.

- Jack… toussa faiblement Rei en tendant une main vers lui.

Le spartan prit la main qu’elle lui donnait et la serra aussi doucement que possible. Tout en lui se retrouvait bouleversé à la vision de cet être cher si gravement blessé, faisant bouillonner en lui un profond sentiment d’impuissance auquel il ne pensait pas pouvoir survivre.

- Rei ! cria-t-il. Est-ce que ça va ?

- Je…

- Non ne parle pas ! dit-il finalement en voyant que cela aggravait son état. Je vais regarder.

Jack connecta son armure à celle de Rei et demanda une analyse corporelle. Elle avait de nombreuses hémorragies internes, qui avaient été freinées par le gel hydrostatique, deux de ses côtés étaient brisées, et une partie de son poumon droit était perforé. C’est mauvais… si elle ne reçoit pas des soins intensifs très vite, elle va…

Rei releva alors la visière de son casque laissant apparaître son doux visage sur lequel coulait de nombreuses larmes. Ses yeux étaient remplis d’une tristesse infinie dans lequel ceux de Jack se noyaient, déversant très vite eux aussi plusieurs larmes, et il releva sa propre visière pour que Rei les voit. Les deux spartans unirent leurs mains sans se quitter des yeux, puis Jack prit Rei dans ses bras pour la soulever. Il se retourna alors vers Irul, qui avait fait de même avec son propre blessé. J’ai dû moi aussi toucher les poumons… cet élite doit être dans le même cas critique que Rei. Avec un peu de chance, je pourrais partir sans que son copain ne me découpe…

- Vous pouvez garder votre prophète, annonça Jack pour tenter de négocier. Nous partons.

- Qu’est-ce que vous dites ? demanda Irul avec une surprise des plus humaines.

- Je n’ai plus aucune raison de me battre, ni aucune raison de continuer ma mission. Ma seule préoccupation maintenant, c’est de sauver celle que j’aime.

- Vous vous trompez, humain. Il n’y a jamais eut de prophète dans cette navette.

- Quoi ?

- Je suppose que cette information provient de notre propre flotte. Et ils ont probablement utilisé une fréquence non réglementaire pour que vous soyez les seuls à l’intercepter. Vous vous êtes fait manipuler.

Jack était abasourdi. Malgré ses nombreuses blessures et la perte de ses mandibules gauches, Irul ne laissait transparaître aucune souffrance physique. Il parlait avec un ton dénué de tout sentiment, mais on pouvait bien voir dans ses yeux la même tristesse qui accablait Jack, et qui prouvait qu’il ne mentait pas. Tout cela… tous ces combats, tous ces morts, et Rei… c’était pour rien ?

- Ils vous ont utilisé pour tuer l’espoir de l’Alliance, continua Irul. Le meurtre parfait pour ces traîtres.

- Je ne comprends absolument rien de ce que vous dites.

- Vous n’avez pas besoin de comprendre. Maintenant partez. Je vous tuerai une autre fois.

Le spartan ne saisissait pas totalement le raisonnement d’Irul, mais il ne se fit pas prier deux fois pour sortir de la navette. Au dehors, un silence de cimetière était tombé sur le plateau, signe que le combat était terminé. Les corps des marines jonchaient le sol, alors que l’unique survivant sangheili, le capitaine Arko, s’appuyait contre un rocher afin de continuer à se tenir debout. Lorsque celui-ci vit les deux spartans sortir de la navette, il courut immédiatement dans leur direction, oubliant ses nombreuses blessures.

Jack n’eut pas le temps de réagir, et même s’il avait put, il lui aurait fallut laisser tomber Rei pour se défendre, une chose qui lui était complètement impossible. Mais à sa grande stupéfaction, Arko passa à côté de lui sans même le regarder, pour se précipiter à l’intérieur de la navette. Sans chercher à comprendre ce qui se passait, il continua son chemin le plus vite qu’il pouvait en direction du quartier général, et activa sa radio :

- Commandement ! Ici spartan 115 ! Le spartan 114 est grièvement blessé est requiert des soins urgents ! Envoyez immédiatement une équipe médicale par Pélican!

- Ici commandement. Est-ce que vous avez le prophète ?

- … négatif ! Notre groupe de combat a été anéanti, et nous avons dû battre en retraite !

- Bien reçut. Nous envoyons les secours. Jack fut à moitié rassuré par cette annonce. Des ses bras, Rei continuait de respirer de façon très irrégulière, et il sembla un instant au spartan que son cœur battait sous la même irrégularité.

- Tiens bon Rei ! Tu ne dois pas mourir ! Mais alors que l’état de la spartan empirait, Jack vit soudain des lumières semblables à des étoiles se déplacer à grande vitesse vers lui. Rapidement, les formes d’une dizaine de vaisseaux de transports apparurent autour de ces lumières.

Quelques secondes plus tard, les onze transporteurs Phantoms s’arrêtèrent au-dessus de la navette crashée et se mirent en position stationnaire. Immédiatement, des sangheilis d’élites en surgirent par dizaines. Irul regretta simplement que ces renforts ne soient pas venus plus tôt.

Quand tous les sangheilis furent débarqués, un dernier descendit par l’ascenseur gravitationnel d’un appareil aux armatures argentées. Sont armure était faite d’or scintillant, et sur chacune de ses plaques de protection étaient gravées des insignes honorifiques parfois marquées dans un rouge de sang. C’était le commandant suprême de l’Alliance, le leader de la section des sangheilis d’élites, celui qui contrôlait toutes les forces militaires de l’Alliance sous la bénédiction des prophètes : Orna ‘Fulsamee.

Lorsque celui-ci vit Irul transporter Elda dans ses bras, ses yeux se relâchèrent faiblement dans une expression de tristesse avant de reprendre leur air habituel. Un tel chef ne pouvait se permettre de montrer le moindre signe de faiblesse, même en des temps aussi désespérés. D’un simple regard, il ordonna le départ. Irul et Elda embarquèrent à bord de sa navette personnelle, et l’ensemble des vaisseaux filèrent à pleine vitesse en direction de la flotte.

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Chapitre 29 : Causes perdues


0027 heures, 14 octobre 2542 (calendrier militaire) / colonie humaine Alkador, système Telarius.

Plus aucune odeur n’était perçu dans l’air saturé d’éther de la salle d’opération. Plus aucun mot ne se faisait entendre alors que les médecins examinait leur patiente inhabituelle. Et plus aucune expression ne pouvait se voir désormais sur le visage de Jack. Les yeux rivés sur ceux, fermés, de sa partenaire, il revoyait en boucle tout ce qu’ils avaient vécu ensemble depuis le début. Les spartans avaient pour coutume de dire qu’ils n’avaient jamais eut de vie avant leur entrée dans le programme Spartan-II, et pour Jack et Rei, cela signifiait encore bien plus.

Jack se demanda depuis combien de temps il n’avaient pas été séparé, avant de se rendre compte qu’il n’arrivait pas à s’en souvenir. D’aussi loin qu’il se souvienne, ils avaient toujours tout fait ensemble, quelle que soit la situation ou le danger qui se trouvait devant eux. Ils étaient les deux corps d’un même esprit, d’une même âme.

Et là, assis sur une chaise posée à sa demande dans un coin de la salle d’opération Jack observait, priant quiconque pouvait entendre ses pensées de sauver Rei à tout prix. Il se repassa dans sa tête le combat contre les deux élites dans la navette, et des dizaines de scénarios différents s’interposèrent à chacune de ses actions, à chaque moment où il aurait put, peut-être, la sauver.

Soudain, un médecin se dirigea vers lui, la mine inquiète, et Jack se leva immédiatement :

- Alors ? fit-il. Est-ce qu’elle va s’en tirer ?

- Je… suis désolé, spartan. Nous avons tout essayé, mais les blessures sont beaucoup trop graves.

- N’y a-t-il vraiment aucun moyen ? Le médecin fut grandement perturbé par le profond désespoir qui se voyait dans les yeux du spartan. Ces guerriers légendaires étaient connus pour ne connaître aucune faiblesse, et voilà qu’il avait devant lui un spartan mourrant et un autre sur le point de s’effondrer. Il réfléchit longuement, passant en revue le matériel dont il disposait dans ce complexe. Mais il semblait bien qu’aucune solution n’existait pour sauver la spartan, d’autant qu’elle possédait un métabolisme différent de celui d’un humain normal, et qui sortait de son domaine de compétences. S’il avait été possible de l’emmener sur Reach…

- La seule possibilité que je vois est que nous la mettions en cryogénie et la transportions sur Reach. Là-bas, vos médecins spécialisés pourront peut-être faire quelque chose. C’est tout ce que je peux faire.

- Combien de temps peut-on encore attendre avant cela ?

- Je dirais entre deux et trois heures.

- Alors dans ce cas, j’aimerai rester quelques minutes avec elle, seul. L’effet des anesthésiants vont bientôt se dissiper ?

- D’ici une demi-douzaine de minutes.

- Bien. Maintenant sortez. Je vais attendre qu’elle se réveille.

Pour la seconde fois, Irul observait les ingénieurs Huragok analyser Elda derrière la vitre blindé de la salle d’opération. Seulement cette fois, son état était beaucoup plus grave que la dernière fois. Le sangheili avait du mal à comprendre ce qu’il ressentait, pourquoi il avait si mal au fond de lui, à cet endroit de son corps qu’il n’arrivait pas à situer. Probablement parce que c’était tout son corps qui souffrait en même temps, ressentant une douleur invisible qu’il découvrait pour la première fois.

Arko et deux autres sangheilis envoyés par Orna Fulsamee étaient également là avec lui. Le commandant suprême n’avait pas voulu assister lui-même à cette scène, n’étant pas sûr de pouvoir supporter de voir sa fille dans cet état. Irul comprenait parfaitement cette pensée, et se demandait s’il n’avait pas fait une erreur en venant ici, lui. C’est alors que l’un des Huragok sortit de la salle et s’avança vers le groupe de sangheilis, qui attendait impatiemment le verdict :

- Le sujet est dans un état critique qui laisse présager un arrêt définitif d’ici peu. Apprendre une telle nouvelle n’est jamais agréable, et encore moins lorsqu’il s’agit d’un être aussi important. Mais l’apprendre de cette façon, avec cette manière si désagréable de considérer les personnes comme des objets, c’était au-delà de ce qu’Irul pouvait supporter.

- N’y a-t-il vraiment aucun moyen de la sauver ?

- Négatif, déclara l’Huragok d’un ton neutre en se tournant vers Irul. L’événement d’arrêt définitif est inévitable. Des sections vitales de son système de fonctionnement ont été trop gravement endommagées, et nous ne disposons pas des moyens pour effectuer les réparations. Et je dois vous transmettre que le sujet a tenu à effectuer ses dernières transmissions avec vous.

C’en était trop. Avec une rage non retenue, Irul saisit brusquement l’Huragok de ses deux mains et le frappa de toutes ses forces contre le mur du couloir, sur lequel il s’écrasa comme un insecte, répandant son sang et ses organes sur une large zone. La fureur de ce geste fit sursauter les autres sangheilis qui s’écartèrent aussitôt, et le laissèrent pénétrer seul la salle d’opération. Voyant le funèbre destin qui avait frappé leur congénère, les autres Huragoks quittèrent la pièce en flottant, sans dire un mot.

Lorsqu’ils furent totalement seuls, Irul se pencha sur Elda. On lui avait retiré intégralement son armure, et son visage exprimait une fatigue extrême, à la fois physique et mentale, qui planta une lame invisible dans le cœur d’Irul. C’est dans ces moments là que nous nous rendons compte des profondes failles de notre Alliance : si nous surpassons nos ennemis par notre technologie et nos connaissances des merveilles divines, notre savoir dans la médecine est infime par rapport à ce que les humains possèdent. Je devrais les envier de pouvoir autant compter sur leurs médecins…

- Je vais mourir, c’est ça ? demanda Elda avec lassitude.

Irul ne savait pas quoi répondre. Les sangheilis avaient un code d’honneur qui leur interdisait de mentire, et bien que beaucoup d’entre eux allaient souvent à l’encontre de ce code, Irul n’était pas de ceux-là. Mais dire à Elda qu’elle avait raison était comme accepter qu’elle parte, et ce n’était pas le cas.

- C’est peut-être mieux comme ça, continua-t-elle. Mon existence va cesser de diviser l’Alliance. Mon père n’aura plus à se soucier de moi. Et tu n’aura plus à veiller sur moi contre l’univers entier…

- Si je pouvais choisir entre te voir mourir et te protéger pour l’éternité, je choisirais que tu vives.

- Mais tu ne peux pas choisir, Irul. Tout comme tu n’a pas put choisir d’être chargé de ma protection. C’était le destin qui m’a introduit dans ta vie, et c’est de la même façon qu’il va me faire quitter ce monde. Mais je continuerai de vivre à travers toi.

Irul n’arrivait pas à comprendre ce qu’elle voulait dire, et Elda s’en rendait bien compte. C’était peut-être l’approche de la mort qui modifiait sa façon de voir les choses, et sa façon de s’exprimer. De nombreuses choses n’avaient plus aucune importance pour la sangheile. Tout ce qui importait désormais pour elle était ces derniers mots qu’elle adressait à Irul.

- A travers tes souvenirs de moi, les émotions que tu as ressentis à ces moments, les pensées que tu as exprimées, je continuerai à exister. Si tu n’oublies pas ce que nous avons vécu, alors mon âmes vivra en toi, afin de te guider à travers l’incertitude de l’avenir.

- Jamais je ne t’oublierai, Elda. Tu es la chose la plus incroyable qui me soit arrivée.

La sangheile tendit alors sa main droite vers Irul. A son poignet était accroché une chaîne argentée au bout de laquelle pendait un symbole fait d’or, représentant sept rectangles agencés en cercle, dont l’un était significativement plus grand. Alors qu’elle la plaçait dans la main d’Irul, Elda lui dit :

- Ce symbole représente les sept anneaux sacrés qui nous mèneront auprès des Dieux. Je veux que tu le prenne, afin que tu te souvienne de moi, et du destin qui nous attend tous. Qu’il te rassure en te rappelant que nous serons tous les deux réunis lors du Grand Voyage.

Irul serra la main d’Elda aussi fort qu’il le put, fermant les yeux pour contenir sa douleur. Mais celle-ci fini par s’échapper, sous la forme d’une larme qui coula le long de ce qui restait de ses mandibules gauches. Cette blessure allait aussi être un souvenir de cette journée et du sang qu’il avait versé pour Elda. Une marque impossible à oublier, que ce soit dans son corps ou dans son cœur.

Il rouvrit soudain les yeux pour dire encore quelques mots à Elda… mais le regard de la sangheile s’était figé. La vie l’avait finalement quitté, et avec elle tous les autres instants magiques qu'aurait voulu vivre Irul... avec elle.

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CHAPITRE 30 : Jugement


1637 unités de temps du 68ème jour de la quatrième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ salle du Grand Conseil, cité sainte de Grande Bonté.

Irul se tenait debout, aussi droit et fier que son état le lui permettait, c’est à dire assez peu. Seul sur le petit piédestal face aux trois grands prophètes, entouré par les tribunes des conseillers sangheilis et des hiérarques. Parmi les conseillers se trouvaient le commandant suprême, ainsi que le capitaine Arko, tous deux aussi affaiblit que le simple soldat qui comparaissait ainsi devant le Grand Conseil. Irul ressentit une certaine compassion dans leur regard, ce qu’il comprenait assez bien.

D’un autre côté, il ressentit très peu de sympathie dans les regards des autres conseillers présents à la tribune. Et lorsque le prophète de la Vérité leva une main pour demander le silence, Irul se sentit brusquement comme sous le feu de dizaines d’armes.

- Mes frères hiérarques ! commença Vérité. Conseillers ! Nous sommes aujourd’hui réunis pour discuter d’un grave sujet : l’arrêt prématuré du programme Séraphine. Soldat Irul ! Vous avez été chargé de la sécurité du soldat de test. Pouvez-vous nous expliquer dans quelles circonstance ce drame est arrivé ?

- Très saint prophète, répondu Irul en rassemblant tout son courage, cette tragédie est la conséquence de nombreuses choses qui ont débuté dès la mise en place du projet.

- Expliquez-vous plus clairement. Faites-nous votre rapport complet. Irul raconta alors au Grand Conseil tout ce qui s’était passé depuis l’affectation d’Elda à l’escouade Delta, et les nombreuses tentatives d’assassinat perpétrées à son encontre. Et si l’histoire du sangheili fantôme eut très peu d’impact sur son assemblé, la rébellion de toute l’escouade Delta intéressa particulièrement les grands prophètes. A ce moment du récit d’Irul, Vérité leva une nouvelle fois la main pour l’interrompre :

- Vous essayez de nous dire qu’une escouade de combat a assommé son capitaine et a tenté de tuer le soldat de test ?

- C’est exacte. Et c’est pour cette raison que nous avons dû fuir la planète et trouver refuge ailleurs.

- Capitaine Arko, pouvez-vous confirmer ces informations ?

Arko se leva alors, le torse gonflé par la profonde inspiration qu’il avait prit pour contenir la fureur associée à ces souvenirs. D’un ton fier et assuré, il répondit :

- Tout à fait, grand prophète. Les membres de l’escouade Delta m’ont même avoué leur intentions, et j’ai dû les maîtriser par la force pour éviter d’être moi-même tué. Ils sont actuellement détenus à la basilique des tourments. «  Et je tiens également à témoigner sur l’existence de ce sangheili fantôme qu’à mentionné le soldat Irul. Il m’a remit un échantillon de sang prélevé sur son cadavre, que j’ai d’ailleurs sur moi.

Le capitaine sortit alors de sous son armure une petite fiole au contenu d’un bleu sombre.

- Il a été certifié par nos laboratoires que ce sang provient d’un sangheili déclaré mort il y a cinq ans de cela. Il en est de même pour l’ensemble de l’équipage du Ghost Striker, déclaré disparut il y a trois ans, et que nous avons pourtant bien rencontré il y a seulement huit jours.

Cette déclaration fit naître de nombreuses discussions entre les différents hiérarques et conseillers. Il y avait bien sûr des rumeurs concernant l’existence d’une section secrète de sangheilis fantômes, mais jusqu’à ce jour aucune preuve n’avait été apportée. Depuis là où il se trouvait, Irul put voir une certaine expression d’inquiétude sur les visages de plusieurs conseillers. Et lui… je vais le faire payer aujourd’hui.

- Continuez votre discourt, soldat, ordonna le prophète de la Pitié.

Irul reprit alors le court de son histoire, racontant comment lui et Elda avaient fui Yvalos IV, comment Arko les avaient retrouvé, et la bataille contre l’équipage du Ghost Striker. Le capitaine des défuntes Premières Lames confirma chaque passage de son récit, rajoutant même plusieurs détails qui ne donnèrent que plus de crédibilité à Irul. Ce dernier aborda alors la campagne d’Alkador et les diverses missions qu’ils y avaient menées.

- Mais dans la nuit du 67ème jour de notre Ere, notre navette a été abattue par la défense anti-aérienne ennemie. Cela est dû au fait que, pour retourner à notre vaisseau, nous sommes passé par un secteur de la planète qui aurait dû être nettoyé par l’armée régulière, selon les ordres du commandant suprême. Mais pour des raisons inconnues, cela n’a pas été fait. « Quelques heures plus tard, nous avons été attaqué par un important groupe de combat humain, mené par deux combattants en armures spéciales qui leur ont permis d’anéantir complètement les Première Lames du capitaine Arko, et de tuer Eld… le soldat de test.

A cette hésitation, le regard du prophète de la Vérité devint soudain très suspicieux, tout comme ceux de plusieurs autres hiérarques et conseillers. Irul comprit rapidement qu’il avait fait là une terrible erreur. C’est alors que le commandant Urtanee se leva et dit d’une voix noyée de reproches :

- Soldat Irul ! Vous seriez-vous attaché à cette femelle durant votre mission ?

Irul baissa la tête. Son honneur lui interdisait de mentir. Seulement, avouer qu’il avait éprouvé des sentiments envers Elda serait faire preuve de faiblesse, et donner un argument en faveur des sangheilis opposés au projet Séraphines. Il chercha longtemps ses mots, puis finit par dire simplement :

- Oui, c’est le cas.

- Ceci est impardonnable, enchaîna immédiatement Urtanee. C’est la preuve qu’intégrer des femelles dans notre armée ne ferait qu’affaiblir la volonté et la force de nos troupes !

- Il est tout à fait normal de s’attacher à un coéquipier de combat, se défendit Irul, et surtout lorsqu’on est chargé de le protéger. Cela implique de se rapprocher de lui.

- Voulez-vous parler de ce genre de rapprochement ?

Sur ces mots, Urtanee sortit de sous son armure un petit disque de métal, et pressa l’un de ses boutons avant de le jeter en direction d’Irul. L’objet atterrit à quelques mètres seulement du soldat, et s’alluma aussitôt. Brusquement, une scène holographique de plusieurs mètres apparut dans une lumière bleutée, montrant à tous Irul et Elda seuls dans la salle d’opération. Le cœur d’Irul se serra comme sous un immense étau à cette vision, et il lança alors un regard ampli de haine à Urdanee. Il a osé ! Ce traître ! Je vais le…

Mais Irul calma son esprit en serrant fermement le bracelet d’Elda, qu’il dissimulait sous la plaque de protection de son bras gauche. Il garda les yeux fermés alors que l’hologramme montrait les derniers instants de vie d’Elda, mais il ne pouvait pas empêcher son esprit d’écouter ces paroles qui le faisaient tant souffrir. De son côté, le commandant suprême adoptait la même attitude, tentant d’éviter cette pénible scène le plus possible. Lorsque ce fut enfin finit, Urtanee affichait un visage ravi, rempli d’une joie qu’Irul reconnut comme étant un sentiment qu’il ne pensait jamais trouver chez un sangheili : de la cruauté.

- Ainsi, dit-il avec assurance, très saints prophètes, frères conseillers, voici la preuve que le soldat Irul Sulamee ici présent a succombé à des état d’âmes indignes d’un sangheili. De ce fait, je ne le considère plus comme un guerrier de l’Alliance, et je suggère qu’il soit destitué de son rang pour cette faiblesse qui tient de l’hérésie.

- Personne ne se pliera à tes désirs, espèce de traître !

Irul avait prononcé ces mots avec une telle violence que les sangheilis escortes hésitèrent à pointer leurs armes vers lui, mais un signe discret du commandant suprême les incita à ne rien faire. De leur côté, les hiérarques et grands prophètes étaient abasourdis, tandis qu’Urtanee tentait de rester le plus confiant possible.

- Soldat ! fit le prophète du Regret. C’est une accusation grave que vous portez là ! Vous n’avez pas le pouvoir de juger ainsi un supérieur hiérarchique sans preuves !

- Mais j’en ai, des preuves.

Le sangheilis sortit alors de sous son armure un petit objet rectangulaire, constitué d’un minuscule écran digital et de plusieurs boutons, sur lesquels étaient inscrits des signes que même Irul ne comprenait pas.

- Soldat ! fit aussitôt Vérité d'un air effrayé. C’est un objet humain que vous tenez là !

- En effet, très saint prophète. Laissez-moi le temps de vous raconter son histoire : «  Une fois que la scène dont vous venez tous d’être témoins se fut déroulé à bord du Darkest Crusader, j’ai décidé de retourner sur la planète afin d’essayer de trouver l’humain en armure qui avait tué la séraphine Elda. Malheureusement, l’ennemi avait déjà évacué la plupart de ses troupes, et même s’il se trouvait encore quelques humains à étriper par la force de ma colère, je n’ai pas rencontrer celui que je cherchais. «  Mais alors que je fouillais les installations humaines, j’ai trouvé cet objet dans l’un de leur centre de communication, accompagné d’une petite note marquée avec du sang, sans doute dans le but d’attirer le regard. Cette note disait : « Pour celui qui a perdu la même chose que moi ». J’ai alors compris que cela m’était adressé, car j’ai moi-même blessé l’un des étranges humains en armures spéciales, et il s’est avéré qu’il s’agissait d’une femelle. « J’ai longtemps cherché comment fonctionnait cet appareil, afin de vous en faire tous profiter aujourd’hui, tout comme le commandant Urdanee vous a fait profiter de ce pour quoi je me battrais désormais. Voici ma preuve !

Irul appuya alors sur un bouton sur lequel était gravé un unique triangle dirigé vers la droite, et aussitôt, la voix du commandant Urtanee se fit entendre, légèrement masquée derrière d’infimes parasites :

«  Ici le commandant Urtanee ! J’appelle le groupe de combat Alpha ! La navette de Sa Sainteté le Prophète de la Pénitence a été abattue par les humains et s’est écrasée ! Mais notre Guide est toujours en vie, et plusieurs de ses gardiens sont encore là pour le défendre. Toutes nos forces sont actuellement mobilisées sur l’autre face de la planète, ce qui fait que tout renfort est impossible pour l’instant depuis notre position. Vous êtes le seul groupe disponible dans ce secteur pour leur porter secours. Rendez-vous au plus vite à ces coordonnées et défendez la zone le temps que nous puissions intervenir ! Commandant Urtanee, terminé !

_

CHAPITRE 31 : Nouvelle Croisade


2146 unités de temps du 68ème jour de la quatrième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ croiseur de combat Powerfull Sorrow.

Une certaine nervosité parcourait en permanence les sangheilis de l’escouade de combat Gamma. Alignés en rang dans leur armurerie, ils attendaient l’arrivée de leur lieutenant pour recevoir les instructions de la future campagne. Il était rare qu’une flotte soit envoyée aussi vite après la destruction d’un monde humain. Généralement, l’Alliance attendait plusieurs semaines pour réorganiser ses troupes et analyser les artefacts récupérés durant la dernière bataille. Mais là, c’était différent. Et même s’ils étaient satisfaits de retourner aussi vite au combat, une certaine inquiétude étaient quand même apparue en eux.

C’est alors que la porte de l’armurerie s’ouvrit et que leur lieutenant pénétra dans la salle. Immédiatement, les sangheilis le saluèrent en frappant d’une main leur poitrine, à l’emplacement du cœur, et le son du coup contre leur armure résonna puissamment à travers la pièce. Comme il était de coutume lors de l’arrivé d’un nouveau chef, ils inclinèrent la tête en signe de respect, puis observèrent celui qui devait remplacer leur précédent lieutenant mort au combat.

Ils furent surpris de voir à quel point ce lieutenant était jeune. Son armure était neuve, totalement vierge de combat, ce qui signifiait qu’il venait tout juste d’obtenir ce grade, et cela ne fit qu’accroître l’inquiétude des soldats. Par contre, son visage était porteur d’une terrible blessure qui lui avait tranché deux de ses mandibules. Mais ce qui impressionna particulièrement les sangheilis était ses yeux d’un vert rubis, dont l’éclat semblait aussi vif que celui d’une lame de plasma. Une détermination sans borne se lisait dans son regard, et il suffit à chaque soldat d’y plonger un seul instant pour ressentir un immense respect envers lui. Des rumeurs courraient sur ce sangheilis, disant qu’il avait affronter de puissants démons sur Alkador, et qu’il aurait participé à la destruction des commandos fantômes de l’Alliance, et aurait dévoilé le chef de cet organisation secrète devant le Grand Conseil.

Irul était impressionnant dans sa nouvelle armure. Cette récompense pour son dévouement lors de sa dernière mission et le fait d’avoir démasquer le traître Urtanee lui donnait un moyen de mieux servir l’Alliance, et il avait bien l’intention de s’en servir au maximum. Lorsqu’il s’arrêta devant ses troupes, il déclara d’un ton empli de charisme :

- Soldat ! A partir d’aujourd’hui, je serai votre lieutenant. Avant que l’un d’entre vous ne fasse cette remarque, je tiens à vous dire que je n’ai que 24 ans, et que j’ai intégré l’armée de l’Alliance il y a seulement 30 jours. Sachez aussi que j’ai reçu ce grade pour des actes dont je ne pourrais jamais vous parler, sous peine de trahir le serment de silence que j’ai fait aux prophètes. «  Mon premier ordre sera que vous me considériez non pas comme votre supérieur, mais comme l’un d’entre vous. Nous sommes tous frères, et c’est en nous connaissant mieux que nous pourront mieux combattre, pour protéger ceux qui nous sont chers. En tant que coéquipiers, nous faisons tous partie d’une même famille dont les liens pourront pas être détruits par la Mort elle-même, et c’est cela qui fait notre force ! Avec, nous détruiront nos ennemis et poursuivrons notre but ultime de la recherche des Dieux !

Les guerriers émirent tous un puissant cri d’approbation. La confiance de ses troupes était déjà acquise pour Irul, et il s’en réjouit intérieurement. Ils sont prêts à me suivre au combat. Durant le voyage, je vais devoir essayer de connaître chacun d’entre eux du mieux possible, et estimer leurs capacités. Je me demande si j’ai vraiment les moyens pour devenir un chef…

Mais Irul mis ses inquiétudes de côté alors qu’il congédiait ses soldats. Il repartit alors dans sa cellule personnelle, et s’étendit sur le dispositif de repos anti-gravitationnel qu’on lui avait gracieusement installé. Ils veulent vraiment me félicité pour ce que j’ai fait, alors que j’ai échoué à ma mission… le Grand Conseil voulait-il vraiment voir le programme Séraphine réussir ? Nous verrons cela lorsque la prochaine génération sera mise en place. Cette fois-ci, ils ont prévu de créer une escouade complète, de façon à les laisser agir indépendamment. C’est peut-être la meilleure solution pour tester l’efficacité des sangheiles. Seulement, il faudra certainement de nombreuses années avant qu’elles ne soient opérationnelles. Espérons que tout se passera bien, cette fois.

Irul sortit alors de sous son armure le pendentif d’Elda. Il émettait une étrange lumière pâle dont il n’arrivait pas à comprendre d’où provenait l’énergie, mais savait que tout ce qui touchait aux forerunners possédait une part de mystère. Il revit alors le visage d’Elda, souriante, pleine d’espoir et de vie, et fut réconforté par cette présence invisible à l’intérieur de lui.

C’est alors que l’image du Démon lui apparut de la même façon, ainsi que l’horrible vision d’Elda transpercé par son couteau primitif. Cet humain spécial dont le Grand Conseil veut garder le secret… je n’aurais jamais cru que de tels être puissent exister. Les prophètes m’ont fait un immense honneur en me révélant la vérité sur ces démons. Bien que nous ne sachions ni leur nombre ni leurs réelles capacités, et encore moins le type d’équipement qu’ils utilisent, j’ai apporté la preuve qu’ils ne sont pas invincibles. Mais je dois faire plus.

Je traquerai les démons où qu’ils se cachent. Je les trouveraient, et je les tuerai de mes propres mains. Je ne le ferai pas pour l’Alliance, ni pour mes frères, mais pour Elda. Je jure devant les dieux que je la vengerai.


FIN


L'HISTOIRE CONTINUE DANS :

Le Guerrier de la Foi II : L'émergence d'une Légende

Posté le : 12/12/2008


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