Veuillez patientez...


DIVERS - Fan fiction

Le Guerrier de la Foi III : La croisade de Halo

Introduction : Reach est en ruine, et les humains qui peuplaient ce monde ont été massacrés par les véritables guerriers choisis par les dieux. Mais alors que le croiseur sur lequel a embarqué Irul poursuit un unique vaisseau ennemi en fuite, celui-ci découvre ce que l'Alliance recherche depuis sa création, et qui renferme en lui le secret du Grand Voyage : Halo.


CHAPITRE 1 : Ambassadeurs


1305 unités de temps du 153eme jour de la neuvième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ destroyer de l’Alliance Truth and Reconciliation, localisation inconnue.

L’atmosphère de la salle de contrôle du Truth and Reconciliation était remplie d’un mélange d’angoisse et d’excitation dégagé par chaque guerrier sangheili présent, ce que Irul pouvait parfaitement ressentir également en lui-même. Bien que le commandant suprême n'y soit pas présent, chacun percevait l'importance de ce moment. Tous étaient tournés vers l’écran principal qui affichait l’image de l’objet représentant la concrétisation de leurs volonté : un immense anneau de dix mille kilomètres de diamètre et épais d’environ vingt kilomètres, dont la rotation maintenait une atmosphère sur la surface intérieure où on pouvait voir, même avec la distance, un mélange de déserts, de jungles, de glaciers et d’océans.

Halo.

Rien n’était plus beau ni plus important que cette structure sainte, vestige des forerunners, et qui devait mener l’Alliance vers le Grand Voyage. Il n’existait que sept anneaux tel que celui-ci, dispersés à travers l’univers, et grâce aux reliques et artéfacts accumulés depuis trente années, la mission des sangheilis arrivait enfin à son terme.

Entouré de ses nouveaux compagnons d'arme ainsi que du capitaine Arko, Irul ne pouvait détourner ses yeux de cette merveille, véritable chef-d’œuvre ultime des dieux, qu’il croyait ne jamais pouvoir contempler. Mais soudain, son attention fut détourné par l’apparition d’un triangle rouge sur l’écran principal. Quelques secondes plus tard, une mention s’afficha aux côté du triangle : VAISSEAU DE COMBAT HUMAIN DE CLASSE C-II. C’est le vaisseau que nous poursuivions…

Le jeune sangheili était ampli de doutes. Quelque chose ne tournait pas rond. Comment les humains ont-ils fait pour découvrir les anneaux-mondes que l’Alliance recherche depuis plus d’un siècle ? Ce vaisseaux serait-il tombé dessus par hasard ?… sans doute, car sinon, les humains auraient déjà activé la sainte structure. Nous devons maintenant les arrêter avant qu’ils ne l’endommagent.

C’est alors que la voix roque et autoritaire du commandant suprême Orna’Fulsamee se fit entendre dans les haut-parleurs :

- Préparez-vous à lancer les torpilles à plasma. Vous les larguerez à mon commandement.

Immédiatement, le centre de contrôle reprit vie et les opérateurs se préparèrent au tir. Des messages en provenance des dix autres croiseurs de l’Alliance confirmait l’imminence de l’attaque. La destruction du vaisseau ennemi semblait certaine, mais lorsque la voix du commandeur Fulsamee se fit de nouveau entendre, ce fut pour annoncer :

- Annulez l’ordre précédent. Chargez quatre transporteurs de soldats et lancez un autre vol de chasseurs. Neutralisez l’armement des intrus avant que les vaisseaux d’abordages n’atteignent leur cible.

Pendant que les opérateurs s’affairaient à exécuter leurs ordres, Irul se retourna vers Arko.

- Allons-nous participer à l’abordage, capitaine ?

Le capitaine restait froid et austère. On aurait presque put le croire insensible à cette situation historique, mais son regard possédait tout de même une lueur où se mêlaient l’impatience du combat et celle d’aller sur le Halo-monde. Après un bref silence, il répondit :

- Non, Irul. Vous faites parti du corps des vétérans sangheilis, et nous ne participons qu’aux affrontements les plus importants. L’équipage de ce vaisseau ne fera jamais le poids contre quatre transporteurs de troupes, et nous aurons bientôt une mission bien plus importante.

Soudain, comme en réponse à la prédiction du capitaine, la porte de la salle de contrôle s’ouvrit et le commandeur Fulsamee entra.

Il se dégageait de cet être une aura formidable de puissance et de certitude, comme si les esprits de milliers de guerriers l’entouraient à chacun de ses pas. Son regard était ampli d’une détermination sans borne, et son corps tout entier respirait la force même de la race sangheili, prêt à balayer tout obstacle se dressant entre lui et le destin qui reposait sur ses épaules : celui de l’Alliance, bien sûr, mais plus important encore, celui de tous les sangheilis.

Il se dirigea immédiatement vers le capitaine Arko et lui annonça :

- Capitaine ! Vous et vos hommes allez vous rendre les premiers sur Halo. Si les dieux nous y attendent, nous devons leur envoyer nos plus fiers représentants.

- A vos ordres, frère.

- Soyez digne de votre armure et fier de votre passé.

Sur ces mots, le commandeur sortit aussi calmement qu’il était entré, et les vétérans se dirigèrent vers les hangars à navette sans perdre un instant.

Quelques instants plus tard, le Phantom des Premières Lames se dirigeait droit vers la surface de l’anneau, verrouillé sur une localisation bien précise. C’était le premier vaisseau envoyé sur Halo, et transportait une dizaine de guerriers vétérans sangheilis dont Irul faisait désormais parti. Il n’avait pas encore eut l’occasion de faire connaissance avec ses nouveaux coéquipiers dont le plus jeune semblait être au moins deux fois plus âgé que lui, mais il savait que son expérience avec le capitaine Arko lui permettrait d'être rapidement accepté parmi eux. Cependant, un certain doute légèrement dissimulé derrière un faible respect se voyait dans les yeux des vétérans. Je ne leur inspire pas confiance. Ils me trouvent certainement trop jeune pour appartenir à leur caste, mais je leur prouverai que je suis digne de cette armure. J’ai vaincu les plus puissants soldats humains jamais vus, et je suis sûr qu’ils le savent. Il ne me reste qu'à reproduire cet exploit à leurs côtés…

- Préparez-vous au largage ! annonça le pilote. On arrive sur la zone dans quarante secondes.

L’objectif était en vue : une immense montagne émergeant de l’eau au milieu d’un lac aux dimensions impressionnantes. Le sommet était baigné d’une intense lumière blanche dirigée vers le ciel en un rayon visible jusqu’aux plus hautes atmosphères de l’anneau. Une petite structure pyramidale au revêtement argenté émergeait du flanc de la montagne sur laquelle on ne voyait pas la moindre présence végétale. L’immense rocher semblait représenter la désolation par son absence totale de vie apparente. Même les animaux aériens, dont le Phantom avait croisé quelques spécimens, ne s’en approchaient pas à moins de dix kilomètres. Dans quel obscure but les forerunners ont-ils construit cet endroit ? En quoi ce sombre lieu peut-il représenter la récompense ultime du Grand Voyage ?

Le capitaine Arko cessa soudain d’observer l’écran de visualisation pour se tourner vers ses guerriers :

- Soldats ! L’Alliance nous a envoyé ici pour découvrir comment utiliser Halo et accomplir la transcendance. La lumière de cette structure nous a guidé jusqu’ici dans un but précis, et nous devons savoir pourquoi. Et sachez que sur cette terre sainte, nous devons nous attendre à tout.

- Largage dans quinze secondes ! fit le pilote. Activation de l’ascenseur gravitationnel !

Le centre de la navette s’illumina soudain d’une pâle lumière violette zébrée d’éclairs. Chaque sangheili fit mentalement le décompte jusqu’à ce que le Phantom se retrouve en position stationnaire au-dessus de l’entrée de la structure pyramidale. Une sortie circulaire s’ouvrit au niveau de la lumière, et les sangheilis commencèrent à sauter l’un derrière l’autre. Irul voulu avancer vers l’ascenseur, mais un autre vétéran l’arrêta et passa devant lui sans dire aucun mot, tout comme le fit le reste des nouveaux coéquipiers du jeune guerrier, qui resta le dernier dans la navette avec le capitaine. Celui-ci lui adressa un regard de compassion, et lui avoua :

- Avant d’obtenir la confiance et le respect de tes partenaires, il faudra que tu leur prouve ta valeur. Ton exploit sur Reach t’a donné le privilège de faire partie des plus puissants guerriers de l’Alliance, mais cela ne fait pas encore de toi un véritable vétéran à leurs yeux. Sache qu’aucun d'entre eux ne te viendra en aide avant ta confirmation, et je ne pourrais pas t'apporter mon soutient jusque là. Tu devras vaincre seuls les terribles dangers contre lesquels nous seront envoyés, et lorsque ta véritable force aura servi ta nouvelle escouade, tu sauras que tu en fait vraiment partie. D’ici là, prend tout ceci comme un test, et ne t’attend à aucune pitié de qui que ce soit, y comprit de tes frères.

Sur ces mots, Arko sauta dans l’ascenseur gravitationnel et laissa sa nouvelle recrue tétanisée par ces dures paroles. Ainsi, voilà ce qui fait la force des vétérans : une initiation ayant pour but de faire connaître la véritable puissance d’un guerrier. Mais je sais que je traverserai cette épreuve. Rien ne peut être plus dangereux que ce par quoi je suis passé, et aucun obstacle ne peut être assez grand contre ma détermination. C'est sans doute ce qu'aurait dit Elda...

C’est avec ces pensées qu’Irul plongea vers son destin.

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CHAPITRE 2 : Les Gardiens du Temple


1316 unités de temps du 153eme jour de la neuvième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ Structure inconnue à la surface de Halo.

La surface de la montagne semblait encore plus stérile vue du sol. La roche au gris nettement ténébreux qui la composait n’était fracturée en aucun endroit, et ne possédait pas la moindre imperfections. Irul se rendit alors compte que le mont tout entier n’était formé que d’un seul et unique bloc. L’entrée de la pyramide, qui ne comportait aucune porte, était de dimensions titanesque, capable de laisser passer deux vaisseaux de transport de front. Une faible lumière se dégageait de l’ensemble de sa structure. C’était comme si la roche elle-même créait de la luminosité, donnant un éclairage homogène et agréable à l’œil, mais qui déroutait quelque peu les sangheilis.

L’escouade pénétra avec prudence dans ce qui semblait bien être un temple, le regard attentif et le doigt sur la gâchette. L’immensité du couloir avait quelque chose d’angoissant, et donnait une grande impression de vulnérabilité, augmenté par le fait qu’ils étaient très peu nombreux. Les sangheilis observaient avec attention les nombreuses inscriptions affichées par une holographie semi-solide, mais ce langage leur était complètement étranger, et ils décidèrent de laisser cela aux spécialistes des hiérarques qui arriveraient bientôt. Quelques dizaines de mètres plus tard, ils aperçurent un ascenseur aux proportions adaptées au reste du temple, c’est-à-dire gigantesque, pouvant accueillir cinq groupes de combats entiers.

Les guerriers de l’Alliance se sentirent quelques peu seuls lorsque l’ascenseur descendit lentement vers les entrailles de Halo, et ses nombreux mystères.

- Prenez garde, mes frères, fit Arko. Nous sommes au seuil du Grand Voyage, et seuls les dieux savent quels obstacles ont été placés ici pour tester notre foi. Ne les décevons pas.

Plusieurs grognements d’enthousiasme résonnèrent entre les parois du puit de l’ascenseur. Et lorsque celui-ci arriva au bout de son voyage, les sangheilis purent admirer un spectacle qui n’avait pas d’égal dans toute leur existence.

Ils se trouvaient à la périphérie d’un gigantesque dôme, environ deux à quatre fois plus grande que celui de Grande Bonté, et dont les parois réfléchissaient avec une teinte légèrement pourpre l’intense éclairage d’une énorme colonne de lumière se trouvant en son centre. Un pont paraissant fait d’énergie pure reliait la position des sangheilis et le centre, surplombant de plusieurs centaines de mètres une véritable forêt d’ordinateurs et de consoles de commande. Ceux-ci baignaient dans la froide lumière de leurs propres instruments, ainsi que des nombreux éclairs qui parcouraient cette plaine informatique comme un vent divin. Incroyable. Ce temple symbolise à lui seul la puissance sans limite des forerunners. Jamais aucune civilisation ne pourrait bâtir une telle chose, même avec un milliard d’âmes en un milliard d’année. C’est magnifique.

- Avançons, fit le capitaine pour tirer ses soldats de leur contemplation. Notre destin nous attend.

C’est ainsi que le petit groupe s’avança sur le pont de lumière. Le contacte de sa surface était déroutant, mélange de la sensation d’un support solide et de celle d’un ascenseur gravitationnel. Chacun de leurs pas leur semblait plus léger que le précédent, et plus ils se rapprochait de cette immense colonne de lumière, plus ils se sentaient attirés par elle. Lorsqu’ils se trouvèrent à quelques pas seulement de son rayon aveuglant, ils cherchèrent quelque chose qui leur expliquerait la fonction de tout ceci, mais ils ne trouvèrent rien. Et maintenant ?

Filsunee se tourna alors vers son tout nouveau membre d’escouade :

- Irul ! Entre là-dedans !

Le jeune sangheili eut du mal à accepter le fait qu’il avait parfaitement entendu l’ordre de son capitaine. En regardant lentement chacun de ses nouveaux coéquipier, il ressentit une frustration commune. Ces guerriers voulaient être les premiers à entrer dans le rayon, et au lieu de cela, leur capitaine choisissait une nouvelle recrue qui n’avait encore participé à aucune mission avec eux. Irul se tourna alors vers Arko, et vit dans son regard une grande confiance. La décision du vieux vétéran n’était pas guidé par son expérience ou même ses sentiments, mais par quelque chose de plus subtile, de plus indescriptible. Il voulait que ce soit Irul qui entre le premier, quelles qu’en soit les conséquences.

Inspirant à fond, le jeune guerrier observa sans peur la lumière. Peu lui importait de mourir aujourd’hui si c’était pour l’Alliance et pour ses frères. Il ne faillirait pas devant cette épreuve des dieux. Se plaçant à un mètre à peine du rayon, il approcha sa main et ressentit une douce chaleur, ainsi qu’un léger picotement électrique. Alors, sans hésitation, il entra dans le rayon.

Mais il ne se passa rien. Irul se retourna vers son escouade, mais la luminosité ambiante à l’intérieur du faisceau était telle qu’il ne pouvait rien distinguer de l’extérieur. Il était sur le point de sortir lorsqu’il commença à se sentir bizarre. C’était comme si tout ses muscles étaient bandés au maximum de leurs capacité, agités par une force inconnue. Et soudain, ce fut comme si son cerveau explosait. Il voulu porter la main à sa tête, mais son corps ne répondait plus. Ses yeux étaient fermés par la douleur, et des images de lieux inconnus passèrent devant son regard intérieur, si furtives et si nombreuses qu’il ne put en retenir aucune. Il y en avait des milliers qui défilaient dans son crâne à toute vitesse, et la douleur augmentait à chaque secondes. C’est alors que malgré la souffrance et l’effet du rayon sur son corps, Irul réussi avec énormément de peine à mettre sa tête entre ses deux mains pour hurler de douleur.

Et soudain, tout s’arrêta. Irul tomba alors sur le sol, épuisé aussi bien physiquement que mentalement. Il était cependant toujours à l’intérieur du rayon, et fit un effort terrible pour se relever et revenir vers son escouade. Lorsqu’ils le virent émerger de la lumière, ses coéquipiers restèrent ébahis.

Son corps avait complètement changé. Sa musculature avait nettement augmenté, fracturant certaines des parties les plus rigides de son armures, tandis qu’une aura lumineuse l’entourait. Sa peau semblait avoir gardé un peu de la lumière du faisceau, lui donnant un aspect quasi divin. Mais ce qui étonnait le plus, c’était ses yeux. Irul avait déjà la particularité d’avoir des yeux d’un vert rubis, contrairement aux autres sangheilis donc les yeux étaient d’un noirs ténébreux. Mais la lumière forerunner semblait les avoir empli d’un rayonnement mystique, et ils dégageaient désormais une force aussi profonde que l’abîme qui se trouvait sous leurs pieds, capable d’abattre les plus énormes obstacles qui pourraient se trouver sur son chemin. Irul était devenu bien plus qu’un sangheili.

Sa force physique lui revenait peu à peu, comme un bouclier qu’on recharge, et il put se maintenir debout. C’est alors qu’il remarqua que les lumières des ordinateurs situés en-dessous avaient disparu, ainsi que les éclairs, plongeant le fond de la demi-sphère dans une obscurité totale. Arko s’avança vers lui et le regarda attentivement.

- Par les forerunners, que t’est-il donc arrivé ?

- Je… je ne sais pas, répondit Irul avec peine. C’était comme si toutes les images de l’univers étaient entrée en moi. J’ai vu tellement de lieu et tellement de gens… que je ne me souviens d’aucune de ces choses. Et il y avait cette douleur…

- Tu es passé par une grande épreuve, frère.

Mais soudain, un bruit résonna dans l'énorme dôme. Un murmure. Comme le marmonnement de quelqu’un qui réfléchit, mais au son déformé, mécanique, voit artificiel. Ce murmure semblait venir de partout, et les sangheilis regardèrent tout autour d’eux sans pourtant apercevoir ce qui produisait ce bruit. La voix se fit de plus en plus forte, et pressentant qu’elle approchaient vers eux, les guerriers sortirent leurs épée en signe de défie.

Brusquement, quelque chose émergea du faisceau lumineux : une sphère mécanique entourée d’une protection métallique aux contours étranges, laissant apparaître en son centre une lumière d’un bleu nuancé de blanc. Les sangheilis savaient très bien de qui il s’agissait. Les prophètes leur avaient parlé de ces êtres sacrés laissés par les forerunners, ces gardiens des secrets des anneaux.

- Par les prophètes ! s’exclama Arko. C’est l’Oracle !


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CHAPITRE 3 : Élévation de l'Esprit


1358 unités de temps du 153eme jour de la neuvième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ Structure inconnue à la surface de Halo.

- Des organiques ! Enfin ! Cela fait si longtemps ! Quel dommage que les circonstances soient si fâcheuses…

La voix de l’Oracle était remplie d’une tristesse tellement exagérée qu’elle semblait ironique. Pourtant Irul avait le sentiment que son passage dans le rayon avait causé un réel problème, obligeant l’Oracle à venir jusqu’ici.

- Quelles circonstances, oracle ? demanda Arko.

- L’intégralité du système de stockage des données internes de la station a subit une surcharge équivalent au décuple du débit maximum de transfert. Cela a causé une perte totale de la mémoire des programmes de maintenance. En dehors, bien sûr, de ceux gérant le grand confinement qui ne se trouvent pas sur ce réseau.

Irul ne s’aperçut pas tout de suite qu’il avait, contrairement à ses frères de guerre, entièrement comprit la réponse de l’Oracle. Leurs esprits étaient emplis de doute causé par l’incompréhension frustrante de ces paroles saintes. Mais Irul n’avait eut aucune de ces difficultés. C’était comme s’il puisait dans une mémoire qui n’était pas la sienne. Il demanda alors à l’Oracle :

- Qu’est-ce qui a causé tout ceci ?

- Le rayon de transfert sol-espace a été intercepté par une entité organique qui a été considéré comme une mémoire d’accueil. Une boucle de transfert s’est donc créé entre l’entité et le système de stockage, entraînant à terme une surchauffe généralisée des bases de données. Et d’après mes capteurs, vous devez être cette entité. Il est étonnant qu’un organique de votre constitution ait réussi à supporter un tel flux.

- Par les anneaux ! pesta le capitaine. Que dit-il, Irul ?

- Il semblerait que ce faisceau lumineux était destiné en fait aux échanges de données informatique entre Halo et un éventuel vaisseau en orbite. Lorsque j’y suis entré, les ordinateurs m’ont considérés comme un vaisseau vers lequel ils devaient transférer leurs informations, et c’est donc ce qu’ils ont fait. Mais comme je suis un être vivant, toutes les données qui m’étaient envoyées, mon corps les renvoyaient à la source, et les ordinateurs ont considéré cela comme autant d’échec de transfert. Ils ont alors renvoyé les données à l’infinie alors que mon corps faisait de même, jusqu’à ce que tout le système surchauffe.

- Et ce grand confinement dont il parle. Qu’est-ce que c’est ?

- Je n’en sais rien. J’ai beau avoir reçu toutes les données de Halo plusieurs fois, je ne m’en souviens pas consciemment.

Irul se sentait éloigné de ses frère. C’était comme s’il n’était plus des leurs, comme s’il était devenu autre chose.

- Un magnifique exemple d’assimilation subconsciente, commenta joyeusement l’Oracle. Mais je doute que cela perdure longtemps. Votre système nerveux va lentement épurer sa mémoire de toutes ces informations résiduelles. Seuls les organiques sont capables de telles merveilles. C’est excitant ! Que d’agitation !

Le jeune sangheili fut rassuré de savoir qu’il redeviendrait bientôt lui-même. Mais l’attitude excentrique de l’Oracle était loin de le rassurer tout autant. Quelle conscience démente les dieux ont-ils emprisonné dans cette machine ? Serait-il possible que les intelligences artificielles connaissent des altérations mentales ? Son comportement est bien loin de tout ce que j’imaginais…

Mais soudain, un bruit de réacteurs de vaisseau se fit entendre, et un Phantom surgit du puit de l’ascenseur pour se diriger vers l’escouade. Les sangheilis branchèrent leurs liaisons radios avec le pilote et celui-ci leur annonça :

- Capitaine ! Nous devons retourner sur le Truth and Reconciliation ! Les humains ont attaqué le croiseur en force et le commandant Fulsamee vous réclame sur-le-champ !

- Bien comprit pilote, répondit Arko avant de se retourner vers l’Oracle. Mais d’abord nous devons éclaircir quelques points avec…

Mais le vide fut la seule chose que le vétéran put contempler. Il n’y avait plus de rayon lumineux depuis longtemps, et l’Oracle avait disparu.

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CHAPITRE 4 : La Souillure des Infidèles


1429 unités de temps du 153eme jour de la neuvième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ Croiseur de commandement de la flotte Truth and Reconciliation en position stationnaire au-dessus de Halo.

Il était difficile pour Irul de s’imaginer comment les humains avaient put faire autant de dégâts. Les couloirs étaient couverts du sang des guerriers de l’Alliance, et la moitié de l’équipage ayant été massacré, tandis que presque aucun corps ennemi ne gisait sur le sol du vaisseau. L’état général du croiseur était d’ailleurs assez lamentable, les humains ayant placé des charges de démolition au niveau des hangars à navettes et de l’armurerie.

Des dizaines de civières sur aéroglisseurs transportaient les nombreux blessés, principalement des frères sangheilis dont la forte constitution et leur équipement les avaient sauvé. Des centaines d’ungoys agonisaient en gémissant dans leur coin sans que personne n’y prête attention. Même les ungoys survivants n’osaient pas s’en occuper, de peur d’être confondus avec eux lorsque les engins de transport balanceront les corps par-dessus bord sans aucune distinction.

C’est dans cette antichambre de l’enfer que les Première Lames marchaient en direction du centre de commandement du croiseur, remplissant tour à tour les nombreux contrôles de sécurité qui avaient été décuplées. Cette section du vaisseau avaient heureusement été préservée des humains par la garde d’honneur du commandeur Fulsamee, et celui-ci pouvait donc aisément coordonner les actions de son armée, pour organiser une contre-attaque qui promettait d’être sanglante. Lorsqu’il vit les vétérans sangheilis pénétrer dans la pièce, il abandonna ses cartes holographique et se dirigea vers eux d’un pas lourd.

- Capitaine Lipumee, enfin. Je pense que vous avez contemplé l’ampleur du désastre…

- Ne nous apitoyons pas sur la conséquence d’une légère faille de sécurité dont nous ne devons que tirer des leçons. Si vous me disiez plutôt pourquoi vous nous avez rappelé de notre mission ?

- Nous n’avons pas réussi à totalement éliminer les profanateurs humains. Ils ont abandonné leur vaisseau qui s’est écrasé à la surface de l’anneau-monde, et ont investi une structure forerrunner à quelques kilomètres d’ici. Mais il y a beaucoup plus important…

C’était la première fois que le capitaine sentait de l’angoisse dans les mots de Fulsamee. Cela eut pour effet de le déstabiliser profondément, et il préféra se taire pour laisser continuer le commandant :

- Nos enregistrements ont confirmé la présence d’un humain en armure spéciale durant l’assaut contre notre croiseur. Il semblerait qu’il appartienne au groupe de combat que votre nouvelle recrue a affronté sur Reach.

Le silence s’imposa alors de lui-même alors que les deux sangheilis se tournaient vers Irul. Celui-ci était perplexe. C’est lui. Cela ne peut être que lui, il n’y a pas de doutes. Tous les autres spartans étaient sur Reach, et ils sont morts. Cela ne peut être que ce Jack-115. Le destin a donc voulu que ce soit en terre sainte que je le rencontre finalement pour le tuer…

- Soldat Irul, dit Fulsmaee. J’aimerais connaître votre sentiment concernant ce combattant humain.

- Et bien… ceux que j’ai affronté sur Reach étaient d’une efficacité bien plus grande que tous les sangheilis que j’ai connu. Ils possédaient une force quasiment égale à la nôtre, une précision et une puissance de feu capable de balayer un bataillon entier sans grands problèmes. De plus… ils possèdent des boucliers énergétiques. J’ai put le voir de mes yeux. Et j’ai de bonnes raisons de penser que leurs boucliers sont supérieurs aux nôtres.

- Quoi ?

La voix du commandeur était emplie d’une fureur terrifiante qui glaça le sang des autres sangheilis. Ses doigts étaient crispés comme pour étrangler un ennemi invisible. Et soudain, sans avertissement, il frappa Irul à la tête avec une force immense. Mais son bouclier amortit le choc, faisant passer le coup pour une simple gifle.

- La technologie de ces boucliers que vous portez nous a été offerte par les dieux, et rien ne peut la surpasser ! Douter de la suprématie des dons forerrunners est une hérésie !

Irul avais presque l’impression que le commandeur allait l’étriper sur place et jeter son cadavre dans l’espace en exemple. Toutes les veines de ses bras semblaient être sur le point d’éclater tandis que sa forte respiration faisait trembler son corps tout entier. Le jeune sangheili fut content de s’apercevoir qu’il ne portait pas d’épée à plasma à la ceinture, ou aucune autre arme. Sinon, je n’aurais été qu’un jouet sur lequel il aurait déverser sa rage.

C’est alors que Fulsamee se tourna vers le capitaine Arko :

- Capitaine ! Votre lame, je vous pris.

Une goutte de sueur coula soudain le long du visage d’Irul jusqu’à ce qui restait de ses mandibules gauches. Une angoisse comme il n’en avais jamais connue l’envahit. Le commandant semblait vraiment hors de lui, et il activa l’épée plasma du capitaine avec une violence terrible. Et soudainement, il frappa. Sa lame frôla la gorge d’Irul de suffisamment près pour complètement désactiver son bouclier, et le sangheili ressentit un léger picotement électrique sur son cou. S’il avait bougé ne serais-ce que d’un millimètre, il aurait eut la gorge tranchée. Pourquoi ?

- Ceci est l’épreuve que je réserve à tous mes gardes du corps, lui avoua le commandeur. Je dois m’assurer de leur inflexibilité et les vider de toute emprise que la peur pourrait avoir sur eux. J’ai eut l’occasion de tester de nombreux sangheilis, et vous pourriez être le meilleur d’entre eux.

Sur ce, il désactiva l’épée et la rendit au capitaine, avant de se diriger vers les écrans de la salle de contrôle. Ils affichaient une images satellite d’une partie de la surface de Halo, entièrement couvert par les glaces. Sans faire plus attention à ce qui venait de se passer, le commandant se retourna vers les vétérans et leur annonça :

- Vous aurez bientôt d’autres chances de rencontrer cet humain. Pour activer Halo, nous devons trouver la salle de contrôle de l’anneau. Or, nous avons découvert le cartographe silencieux, et nous savons désormais où elle se trouve. J’ai déjà envoyé bataillon entier de mes troupes pour prendre position à la salle de contrôle et découvrir comment utiliser Halo. En attendant que nos spécialistes analysent les saintes écritures qui s’y trouvent, vous devrez vous rendre au Cartographe silencieux pour y attendre les humains.

- Ils connaissent donc l’existence de cet endroit ? demanda Arko.

- Nous avons de fortes raisons de croire qu’ils sont capable d’infiltrer notre réseau d’information et de décoder nos transmissions. J’ai cependant pris mes précautions pour qu’ils ne puissent pas découvrir l’emplacement de la salle de contrôle de cette façon. Maintenant partez, et puissent les dieux guider vos pas jusqu’au Grand Voyage !

Irul et Arko quittèrent alors le centre de commandement. Alors qu’ils cheminaient vers le hangar à navette, le capitaine dit à son guerrier :

- C’est un immense honneur que t’a offert le commandant aujourd’hui. Il n’est pas accordé à tout le monde de pouvoir faire partie de sa garde d’honneur, bien que ce test ne suffise pas.

- Dois-je comprendre qu’il ne m’y affecte pas ?

- Non. Et puis de toute façon, le commandant suprême ne se préoccupe pas tant que ça de sa sécurité. Il préfère savoir un bon guerrier au combat plutôt que bloqué sur son destroyer à devoir le protéger. De plus… il m’a semblé voir en lui une grande admiration.

- De quel genre ?

- Du genre de celles qui précède l’égalisation des grades.

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CHAPITRE 5 : Par-delà les Limites


1458 unités de temps du 153eme jour de la neuvième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ salle de contrôle de Halo.

Jamais Irul ne s’était sentit autant en harmonie avec l’héritage des forerunners. La salle de contrôle était d’une telle magnificence que tous les sangheilis se sentaient totalement insignifiant face à elle. Une passerelle circulaire surplombait un puit sans fond, et l’hologramme gigantesque de Halo et celui de la planète Threshold tournait au-dessus des têtes des vétérans. On pouvait gérer chaque partie de l’anneau depuis cette salle, et cela donnait un profond sentiment de puissance à quiconque s’y trouverait.

Mais ce n’était pas le moment de flâner. Irul et son escouade avaient une mission qui ne pouvait attendre. Leur premier objectif était de découvrir ce qui brouillait leurs communications et les empêchait de contacter Grande Bonté, puis trouver une solution sans endommager la sainte structure. Le deuxième objectif était d’en apprendre le plus possible sur la façon d’activer Halo, afin d’en rendre compte aux grands prophètes lorsqu’ils arriveraient pour commencer le Grand Voyage.

Le problème, c’était que les symboles des terminaux de contrôles n’avaient aucun sens pour eux. Et appuyer au hasard risquait plus de créer de nouveaux problèmes que de résoudre ceux qu’ils avaient pour l’instant. Tous les sangheilis savaient pertinemment que l’œuvre des forerunners pouvait tout aussi bien leur ouvrir les portes de la transcendance du physique que les plonger dans le néant. Et comme Irul n’arrivait pas à puiser dans sa mémoire inconsciente les informations nécessaires pour maîtriser cette salle de contrôle, les Premières Lames avaient ordonné le transport d’ingénieurs huragoks pour analyser le système de contrôle.

Les petits être flottants s’amusaient donc à étudier les différents panneaux de contrôle, ainsi que l’hologramme de l’anneau monde et même la structure de la passerelle. Il y en avait au moins une trentaine, et tous était extrêmement excités. Leurs tentacules frôlaient la matière pseudo-solide des consoles de commande comme autant de senseurs, détectant les circuits holo-électriques et analysant les programmes de gestion afin de reconstituer dans leurs esprits l’ensemble du système de contrôle.

Au début, les sangheilis s’intéressèrent au travail des huragoks, mais peu à peu, leur tâche devint lassante, et ils commencèrent à s’impatienter. Le capitaine Arko s’approcha alors de l’un des ingénieurs et lui ordonna de lui faire un rapport. La petite créature s’exécuta immédiatement :

- Mes frères sont en train de sonder le système informatique contrôlant la structure. Mais celui-ci est assez énorme, et il nous faudra certainement plusieurs heures pour tout analyser.

- Avez-vous trouvé la source du brouillage radio ?

- Cette tâche est actuellement accomplie à 68%. Elle sera terminée d’ici quatre unités de temps, si les conditions restes favorables.

- Alors dépêchez-vous ! Ou vous finirez en nourriture à Kig-Yar.

Sous cette menace, qui était connue et redoutée dans toute l’Alliance, l’huragok se remit au travail avec une frénésie redoublée. Arko était sur le point d’ordonner à ses guerriers de quitter la salle lorsqu’Irul fut attiré par l’un des boutons du panneau de contrôle. J’ai déjà vu ça quelque part. Pourquoi est-ce que je ne me rappel que de ce bouton en particulier ?

Il approcha alors sa main… mais hésita. C’est peut-être la commande activant le Grand Voyage. Pour avoir une telle importance dans mes souvenirs… dois-je vraiment y toucher ? Peut-être que les dieux veulent me tester…

Mais soudain, sans avertissement, un éclair parti de sa main vers le panneau de commande, et une douleur terrible s’empara du cerveau du jeune sangheili. La même douleur qu’il avait subie dans le rayon de lumière. Sauf que celle-ci ne dura pas plus de deux à trois secondes, et l’éclair disparut net. Irul se rendit alors compte que ses pensées étaient désormais beaucoup plus claires, plus rapides. Il réfléchissait à une vitesse qui le terrifiait, et percevait le moindre mouvement de chaque être vivant dans la salle de contrôle simplement par le biais de son ouïe et des infimes vibrations qu’il recevait par le sol ou les mouvements d’air. Sa perception avait atteint un niveau hors du commun, tout comme ses facultés de réflexion, et ses réflexes devaient également avoir augmenté. C’est alors qu’il se rendit compte qu’il avait perdu sa mémoire inconsciente hérité de Halo.

Soudain, il perçut la présence d’une nouvelle entité. Elle devait se trouver à quelques centaines de mètres en-dessous de lui, et se rapprochait à grande vitesse. Lorsque ses frères le virent porter la main à son arme, ils se mirent immédiatement tous sur la défensive, et les huragoks se rassemblèrent dans un coin de la salle pour tenter de se protéger.

C’est là que, pour la seconde fois, l’Oracle leur apparut.

- Hum… bonjour ! chantonna l’entité sacrée. Je suis 343 Guilty Spark. Je suis le moniteur de l’installation 04.

L’Oracle s’approcha du groupe de sangheili, puis eut comme un sursaut.

- Oh ! C’est encore vous ! Il est étonnant qu’à chaque fois que quelque chose d’excitant arrive sur cette station, ce soit dû à votre présence.

- Que m’est-il arrivé exactement, Oracle ? demanda respectueusement Irul.

- Votre encéphale à rejeté la mémoire reçue par la station dans la banque de stockage de la salle de contrôle. C’est une chance que de telles données ne soit pas perdues, finalement.

Guilty Spark se dirigea vers le panneau de contrôle qu’Irul avait touché, ou presque, et y projeta un bref éclair complètement silencieux avant de se tourner de nouveau vers le jeune guerrier.

- Hum… je détecte une importante activité synaptique dans votre cerveau. Il semblerait que la mémoire virtuelle de la station y ait éveillé d’innombrables cellules somatiques afin d’y être stockée. Maintenant que ces données ont été déplacées, vos capacités cérébrales ont été décuplées plusieurs fois. Quelle magnifique exemple de la merveilleuse capacité d’adaptation des systèmes organiques !

Les autres vétérans étaient abasourdis. Les nouvelles de l’Oracle étaient tout simplement bouleversantes car Irul avait atteint un autre niveau de réflexion désormais. Lentement, ils s’éloignèrent de sangheili comme s’ils redoutaient qu’ils ne les attaque. Je leur fais peur. Cela se voit dans leurs yeux. Le capitaine doit certainement se demander s’il ne faudrait pas me faire examiné au bloc médical. Il faut que je leur fasse oublier cela.

- Oracle ! fit Irul. Pouvez-vous nous dire ce qui brouille nos communications radios.

- Ceci est l’une des nombreuses précautions du Grand Confinement, bien sûr. Protocole 54984 : si un vaisseau inconnu est détecté par les senseurs de l’installation, un puissant système électromagnétique brouille l’ensemble des fréquences radios existantes. Cela permet d’empêcher ce vaisseau de transmettre les coordonnées de l’installation et ainsi éviter toute arrivée d’autres engins inconnus. Car si jamais le Grand Confinement venait à être brisé, ces vaisseaux pourraient permettre une expansion involontaire de la contamination.

- Et où se trouve ce brouilleur, Oracle ?

Guilty Spark s’éleva alors dans les airs pour se diriger vers une partie de l’hologramme de Halo. Il s’arrêta devant la représentation d’une vaste région couverte de jungle, puis envoya un éclair sur une position bien précise.

- Ici ! Au niveau du mur de confinement A. Niveau 245, section Béta-37.

- Parfait ! s’exclama Arko d’un claquement de mandibule. Allons-y ! Et merci de votre aide, saint Oracle.

Les sangheilis marchèrent donc à grands pas vers la sortie de la salle de contrôle, et le capitaine était en train d’ordonner à ce qu’on leur amène un vaisseau de transport lorsque Guilty Spark demanda :

- Que faite-vous ? Vous n’avez pas l’intention de désactiver le système de brouillage, non ?

- Cela est nécessaire pour l’accomplissement du Grand Voyage, se justifia Arko.

- Mais vous ne pouvez pas ! Ces précautions ont été établies pour des raisons bien précises. La désactivation du brouilleur risquerait d’endommager les systèmes de protection de l’installation.

Le capitaine dévisagea du regard ses troupes, et il y vit la même détermination à l’accomplissement de leur destinée. C’est donc avec la même certitude qu’il lança :

- Nous devrons donc en passer par là.

- Vous ne savez pas ce que vous faites. J’aurais dû m’en douter, de la part de simples formes organiques. Je suis désolé, mais je ne peux pas vous laisser faire cela.

- Les dieux nous ont déjà présenté de nombreux obstacles, annonça le capitaine, et nous affronterons celui-ci avec la même force.

Soudain, les sens d’Irul s’emballèrent. Il ressentit des vibrations provenant de nombreuses présences supplémentaires, apparemment de faibles taille, et provenant du vide sous leurs pieds. Elles volaient à grande vitesse. Lorsqu’elle arrivèrent à leur niveau, un vétéran ne put s’empêcher de s’écrier :

- Des sentinelles !

Il y avait au moins une vingtaine de ces gardiens sacrés, encerclant complètement l’escouade de sangheilis, leurs armes à rayons pointées sur eux. Les guerriers sortirent aussitôt leurs fusils à plasma et commencèrent à mitrailler les engins. Cinq sentinelles tombèrent quasi immédiatement, et les autres ouvrirent le feu, leurs rayons se croisant pour ne laisser aucune chance à leurs adversaires de tous les éviter. Sauf pour Irul qui esquivait avec une souplesse incroyable chaque tir dirigé contre lui, et éliminant les sentinelles avec une rapidité terrifiante. Il ne se rendit pas tout de suite compte qu’il arrivait à calculer la trajectoire de chacun de ses tirs, anticiper les trajectoires des rayons ennemis et adapter ses mouvements en conséquence, le tout en seulement quelques fractions de secondes.

Mais ses frères n’avaient pas besoin de faire preuve d’autant d’habilité. Les boucliers des Premières Lames étant les plus résistants dont disposait l’Alliance, et ils survécurent tous à l’affrontement. Par contre, les huragoks n’avaient pas eut autant de chance, et toutes leurs études avaient brusquement disparut avec eux. Quand à l’Oracle, cela faisait longtemps qu’il s’était évaporé dans les ténèbres sous leurs pieds.


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CHAPITRE 6 : l'Irréparable


1627 unités de temps du 153eme jour de la neuvième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ section Béta-37 du mur de confinement de Halo.

Les trois phantoms débarquèrent leurs troupes le plus rapidement possible sur le toit de ce que l’Oracle avait appelé le Mur de Confinement. Et avant que les sentinelles majeures ne surviennent, tous les combattants s’étaient déjà infiltrés dans la gigantesque structure qui enclavait près d’un quart de la surface de Halo. L’intérieur était d’un aspect assez étrange, avec des formes semblant totalement aléatoires, comme s’il n’y avait ni sol ni plafond. C’était des alternances de couloirs à moitié encombrés par des piliers irréguliers, de plate-formes sans aucun accès visibles, de tunnels à peine assez grand pour faire passer une personne accroupie, le tout alterné par des gouffres sans fin et sans le moindre ponts pour les franchir. Un véritable parcourt d’obstacle.

La progression se faisait lentement, au rythme des combats contre les sentinelles qui sortaient des éventuels conduits prévu à cet effet. De temps en temps, il fallait contourner un précipice, et cela prenait souvent plusieurs dizaines de minutes, mais Irul arrivait toujours à retrouver son chemin parmi le dédale mécanique qui paraissait vouloir les étouffer pour les engloutir. Quelque chose en lui orientait ses mouvements comme une boussole intégrée, alors qu’aucun repère apparent n’était visible à l’intérieur de ce dédale immense. Et bien que le capitaine Arko ne cessait de l’inquiéter sur l’état de son meilleur soldat, il préférait de loin le laisser guider l’escouade plutôt que de chercher lui-même à trouver leur chemin. Au bout de deux heures de marches et de combat épuisants, les Premières Lames arrivèrent finalement devant la salle du brouilleur.

En fait, cette salle avait plus les dimension d’un hagard à navette que d’une pièce standard. La moitié de l’espace n’était pas occupé, principalement les quelques dix ou douze derniers mètres en hauteur, et au centre se trouvait une énorme sphère d’un noir absolue, sans aucun éclat. La matière qui la constituait semblait même absorber la lumière autour d’elle, mais ses contours étaient d’une perfection digne du travail des dieux. Il suffisait de voir que les radios n’arrivaient même pas à fonctionner entre deux soldats se trouvant côte à côte pour savoir qu’il s’agissait du brouilleur. En face de cette sphère se trouvait un unique terminal, et les sangheilis s’en approchèrent doucement comme s’il s’agissait d’un ennemi inconnu.

Soudain, un nombre incroyable de sentinelles majeures fit irruption dans la salle, et ouvrirent immédiatement le feu sur les intrus. Comme il n’y avait aucun autre couvert à disposition, les soldats de l’Alliance utilisèrent la sphère du brouilleur pour se protéger, mais les exécuteurs eurent vite fait de les encercler, ne leur laissant aucune chance de repli. Irul sentait ses compagnon faiblir devant la difficulté de la tâche. La plupart étaient déjà épuisés par la longue marche depuis le débarquement, et leurs armes allaient bientôt avoir besoin d’être rechargées. Sans savoir comment cela était possible, Irul ressentait les impressions de chacun des guerriers qui l’entouraient rien qu’en voyant leur visage. Ils étaient tous exténués, aussi bien physiquement que mentalement. Leurs corps et leurs esprits étaient sur le point d’atteindre leurs limites, et l’espoir commençait à s’échapper alors que d’autres sentinelles majeurs continuaient d’arriver. Mais il nous reste toujours la foi. Tant pis si j’outrepasse ma fonction, mais nous n’avons pas le choix. Il faut que quelqu’un mène ces guerriers par-delà leurs plus grandes peurs, vers la victoire ultime contre les forces qui veulent nous interdire la transcendance.

Dans un geste rageur, Irul activa son épée et pointa l’ennemi le plus proche de sa lame aveuglante. Puis, d’une voix plus forte et plus charismatique que celles de tous les héros de l’Alliance rassemblés, il hurla à ses frères :

- Pour les forerunners ! La mort ou la gloire !

- La mort ou la gloire ! crièrent les sangheilis.

Et les Premières Lames se jetèrent à l’assaut de leurs ennemis, dégainant leurs épées à plasma pour découper tout ce que les sentinelles laissaient à leur portée. Le capitaine Arko fut le dernier à se ruer au combat, car étant un instant impressionné par l’action de son subordonné, qui avait prit une dimension de meneur. Irul jeta une grenade à plasma, qui se colla juste au niveau des senseurs d’un exécuteur qui alla s’écraser sur le sol quelques secondes plus tard. Puis il grimpa sur la sphère du brouilleur afin de sauter sur le dos d’un autre ennemi, avant de le trancher en deux avec sa lame. Avant que la sentinelle ne tombe dans le vide, il était déjà sur une autre machine, qui fut découpée elle aussi en un éclair. De leurs côtés, ses coéquipiers s’en sortaient bien aussi, et il ne fallut que quelques minutes pour mettre en pièce l’ensemble des sentinelles envoyés contre les sangheilis. Mais malgré cette terrible lutte digne des légendes, sept vétérans ne se relevèrent pas à la fin du combat.

- Aucun guerrier mort pour le Grand Voyage n’a périt en vain, récita le capitaine Arko. Allez, finissons ce travail et partons !

Mais les commandes du terminal étaient toutes aussi incompréhensibles que celles de la salle de contrôle de Halo, et les sangheilis commencèrent à désespérer. Irul s’approcha alors et essaya de décrypter la symbolique des différentes commandes. Au bout de quelques minutes d’observation, une signification logique commença à surgire de ces signes étranges, et il commença à actionner plusieurs boutons dans un ordre bien précis, sous les yeux médusés de ses semblables.

- Arrêter ! s’écria Guilty Spark en surgissant de l’un des tunnels d’accès. Vous ne devez pas faire ça !

- Il le faut ! contra Arko avec tout ce qui lui restait de force. Seuls les hiérarques peuvent ouvrire la voie du Grand Voyage ! Nous devons absolument les prévenir que nous avons découvert l’un des anneaux sacrés !

- Je ne peux vous laisser compromettre le confinement ! Ces commandes sont reliées au système de sécurité du Mur, et votre ignorance de cette technologie risque de causer l’irréparable ! Les protocoles stipulent que des entités inconnues ne doivent pas…

Mais Arko n’écoutait déjà plus l’Oracle. Cette machine lui semblait aussi bête et bornée qu’un ungoys n’ayant pas mangé depuis plus d’une demi-journée, et ce n’était pas peu dire. Sans plus tenir compte de ce que débitait le moniteur, il se retourna vers Irul et ordonna :

- Assez perdu de temps ! Désactive ce brouilleur immédiatement !

Le jeune sangheili continua alors son travail. Guilty Spark n’avait aucune raison de s’inquiéter, car sa compréhension de ce système dépassait tout ce qu’il avait put imaginer. Il s’étonna lui-même de saisir presque parfaitement le sens des divers thermes écrits sur les holo-commandes, mais ne perdit pas de temps à se demander d’où lui venait ce savoir. Il était sur le point d’entrée la dernière séquence d’ordre, mais l’Oracle projeta soudain vers lui un éclair bleuté. Cependant, Irul avait ressentit l’attaque du moniteur, peut-être même avant que le premier rayon de lumière n’apparaisse dans son dos, et il calcula en un instant son mouvement d’esquive. Mais alors qu’il se préparait à éviter le tir, l’un des sangheilis se trouvant à ses côtés se précipita sur lui pour le plaquer au sol, et se retrouver sur la trajectoire du rayon. Le malheureux reçut la décharge de plein fouet, et son corps tout entier s’illumina d’innombrables éclairs faisant tressaillir ses muscles. Ses spasmes devinrent rapidement de plus en plus violent et de la bave commença à surgir de sa bouche en grande quantité, mais il était toujours debout. Et pire que tout, il était toujours conscient.

Les yeux du pauvre sangheili devinrent blanc alors qu’ils dirigeaient leur pupilles vers l’intérieur de son crâne, où son cortex subissait la pleine puissance de la décharge énergétique. Au bout de quelques secondes, il s’agita soudain dans tous les sens, balançant ses bras selon les courants qui les traversaient, et finit par s’effondrer. Mais dans sa chute, l’une de ses mains frôla l’une des holo-commandes de la console de contrôle, dont toutes les lumières devinrent subitement rouge. Son corps tressaillit encore un long moment avant de s’immobiliser dans une pose grotesque et indigne du fier guerrier qu’il avait été.

Soudain, les conduits des sentinelles explosèrent littéralement et le mur de confinement tout entier trembla légèrement. Irul observa la commande que son frère mort avait actionné, et traduisit en un éclair ce qui y était écrit : DESACTIVATION TOTALE. Il comprit alors que son défunt frère, bien que dans un acte très courageux et compréhensible, avait sans le vouloir commis l’irréparable tant redouté.

- Inconscients ! s’écria Guilty Spark. Vous avez désactivé les systèmes de sécurité de la zone de quarantaine ! Seuls des organiques peuvent commettre des erreurs aussi critiques ! Je dois absolument engager les contre-mesures !

Et sur ces mots, le monitor disparut dans les profondeurs de l’installation.


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CHAPITRE 7 : Le Fléau des Dieux


1627 unités de temps du 153eme jour de la neuvième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ navette de transport Phantom en approche du Truth and Reconciliation.

Il avait fallut deux heures au groupe de combat pour réussir à sortir du Mur de Confinement et obtenir une évacuation par navette. Alors qu’ils étaient transportés vers le Truth and Reconciliation, Irul put voir que tous ses frères sangheilis étaient complètement épuisés. Cette mission avait certainement été la plus difficile qu’ils aient eut à mener depuis leur existence, et ils avaient déjà de la chance d’en être sorti vivants. Ils avaient besoin de repos. De toute façon, ils auraient tout le temps de se reposer en attendant que le reste de la flotte arrive avec Grande Bonté. Et lorsque les prophètes seront enfin là, le Grand Voyage pourra alors commencer.

Mais soudain, Irul fut rappelé à la réalité par le cri pétrifié du pilote :

- Capitaine ! Regardez !

Irul et Arko s’approchèrent du cockpit, et purent alors voir le pire désastre qu’ils aient connu jusque là : le Truth and Reconciliation n’était plus qu’une épave, sa coque percée de nombreux trous causés par des explosions internes, son liquide de refroidissement s’échappant à grand flots des réservoirs, et on pouvait voir au sol des centaines de combattants covenants qui luttaient contre un ennemi qu’ils n’auraient jamais voulu affronter de leur vivant. Sa simple mention de son nom était une douleur terrible pour celui qui le prononçait.

- Le Parasite… murmura Arko.

Ils étaient bien plus nombreux que les soldats de l’Alliance et les débordaient de tous les côtés, ne reculant que face à quelques puissants noyaux de résistance organisés par les lieutenants sangheilis. La bataille était d’une violence extrême, des explosions illuminant la nuit qui était tombée sur cette partie de l’anneau. Le sol du canyon sous le croiseur était couvert de cadavres de différentes origines dont le parasite était en train de prendre possession, et de la pourriture se répandait peu à peu comme une invasion de sauterelles.

Des dizaines de tourelles shades prises par l’ennemi tirèrent sur les Phantoms en approche, mais leur blindage encaissait sans problème la faible puissance des salves. Cependant, le hangar à navettes était complètement envahit. Le repos était encore loin pour les survivants des Premières Lames…

- Débarquement immédiat ! ordonna Arko. Sortez vos épées, et faites honneur à votre race ! Pour le Grand Voyage !

Tous les sangheilis surgirent du Phantom en hurlant des cris de guerre, avant de se jeter vers les parasites de combats qui pullulaient sur toute la baie du croiseur. Leurs épées massacrèrent la pourriture avec une aisance terrifiante, libérant le hangar en quelques secondes. Mais ces guerriers étaient déjà bien affaiblis, et il était certain que si l’ennemi venait à continuer d’arriver sur eux en vagues incessantes, ils périraient tous. Ce combat tenait plus de la rage que d’autre chose.

Des floods surgissaient des ponts supérieurs, sentant qu’il y avait quelque chose à assimiler ici, et les vétérans se placèrent en formation défensive pour éviter d’être encerclés. L’immondice ennemie vint mourir en grand nombre sous leurs lames, et particulièrement sous celle d’Irul qui ne semblait pas fatigué le moins du monde. Alors qu’il ressentait ses frères faiblir de plus en plus, il se tourna vers Arko :

- Capitaine ! Donnez-moi votre lame ! Placez-vous en arrière et utilisez vos armes de tir ! Je vais m’occuper de cette vermine.

Arko n’était pas sûr concernant les chances qu’avait Irul d’affronter seul autant d’adversaires. Cependant, il savait que son jeune prodige n’avait pas encore montré son plein potentiel, et il se résigna à suivre son conseil. Alors qu’il lui confiait son épée plasma, il s’adressa à ses guerriers :

- Soldat ! Repliez-vous au fond du hangar ! Fournissez un tir de soutient pour Irul !

Rapidement, les Première Lames reculèrent en dégainant leurs fusils à plasma. Ils déversèrent un torrent de tirs sur la multitude de parasites qui affluaient vers eux pendant qu’Irul massacrait par dizaine les horreurs se dressant contre lui. Ils anticipait chaque attaque et contre-attaquait avant même que l’ennemi n’ait frappé, ses lames éblouissantes purifiant les corps corrompus qui tentaient de le faire rejoindre leurs rangs. Il maniait ses armes avec une telle virtuosité qu’on aurait put croire qu’il avait fait ça toute sa vie, mais Arko savait bien que c’était dû à autre chose, de bien plus mystérieux.

C’est alors que les bruits de plusieurs navettes en approches se firent entendre derrière les sangheilis. Trois appareils pénétrèrent dans le hangar pour y déverser leurs troupes de sangheilis et d’ungoys commandos, qui ouvrirent immédiatement le feu sur l’ennemi. Deux pilotes de banshees vinrent également poser leurs engins sur le sol de la baie pour participer au combat et reprendre le croiseur. Et soudain, alors que l’affrontement était à son paroxysme, Irul aperçut une ombre sur la passerelle qui surplombait le pont du hangar. Une ombre humaine.

Le sangheili n’eut pas le temps d’informer le capitaine que l’ombre sauta en contrebas pour se diriger droit vers les banshees. C’était l’humain en armure spéciale. C’est impossible ! Que fait-il encore ici ? Nous devons le stopper !

- Soldats ! ordonna-t-il à un groupe de commandos. Tuez cet humain ! Tuez-le !

Irul aurait tant voulut s’en occuper lui-même, mais les nombreux parasites autour de lui l’empêcher de rejoindre son véritable ennemi. Les commandos se ruèrent alors vers l’intrus inattendu en déchaînant une tempête de plasma dans sa direction. Mais son bouclier énergétique le sauva des tirs, et le fusil à pompe qu’il portait tua trois sangheilis avant qu’il ne s’enfuit dans l’un des banshees se trouvant là. Des décharges explosives tirées par quelques canons à combustions portés par des ungoys tentèrent de le détruire, mais l’humain manœuvrait l’engin d’une main experte, et il s’éloigna du croiseur complètement intact.

Alors qu’Irul découpait son dernier adversaire mort-vivants sans même le regarder, le regard rivé sur le chasseur capturé qui s’éloignait, il ne put s’empêcher d’avouer :

- C’est un ennemi coriace, que je me ferais une joie d’étriper…

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CHAPITRE 8 : Les Graines du Doutes


1627 unités de temps du 153eme jour de la neuvième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ Croiseur de commandement Truth and Reconciliation en position stationnaire à la surface de Halo.

Bien que le brouilleur avait été désactivé et que Grande Bonté soit enfin en chemin, le commandeur suprême Orna’Fulsamee était d’une humeur furieuse. Non seulement le Parasite avait complètement envahi son vaisseau amiral et l’avait rendu totalement inutile, mais le Démon avait également réussi à y pénétrer et à en repartir sous le nez de ses troupes. Plus de la moitié de ses soldats sangheilis postés sur le Truth and Reconciliation avaient été massacrées et transformées en zombis affamés, rôdant dans les couloirs du croiseur en recherchant les derniers survivants. Il allait falloir changer leurs plans en attendant que Grande Bonté arrive.

Orna Fulsamee avait avec lui dans la salle de commandement le capitaine Arko, ainsi que Irul et les survivants de l’opération sur le mur de confinement. Ils regardaient tous la chose massifs qui avait pris place ici, un profond dégoût ancré dans la gorge. D’origine clairement parasite, elle ressemblait à un énorme cerveau suintant et dégoulinant de pourriture visqueuse, mais on pouvait tout de même observer la maigre silhouette d’un humain en son centre. Sa tête avait été perforée au niveau du crâne d’un trou aussi grand que le poing, et on pouvait voir les vestiges des connections nerveuses entre l’énorme cerveau parasite et ce qui restait de celui de l’humain. Jamais de sa vie Irul n’avait vu une chose aussi répugnante.

- D’après les rapport de nos troupes, annonça le commandeur, le Démon est venu ici pour sauver cet humain, mais le Parasite avait déjà prit possession de lui. Nos enregistrement montrent qu’il a récupéré quelque chose dans le crâne de son congénère avant de quitter le vaisseau, pour se diriger vers son propre croiseur qui s’est écrasé à quelques kilomètres d’ici.

- Doit-on le poursuivre ? demanda Arko.

- Non. Pas vous, capitaine. J’ai déjà envoyé plusieurs factions prendre le contrôle de ce bâtiment. Si l’humain est quelque peu sensé, il se rendra compte qu’il n’a aucune échappatoire et finira par se rendre. Pendant ce temps, nous allons rejoindre l’Ascendant Justice, puis nous quitterons ce système. Quant à cette chose, je n’ai jamais vu quoi que ce soit de ce genre. Son étude pourrait nous en apprendre beaucoup sur le Parasite. Qu’elle soit scellée et transportée dans les cales de notre nouveau croiseur de commandement.

- A vos ordres, commandant.

Alors que les sangheilis quittèrent le pont de commandement pour rejoindre la baie d’embarquement, ils croisèrent une équipe de commandos que Arko avait chargé de sécuriser la chose. Ils avaient avec eux un couple de Lekgolo, qui constituaient actuellement la meilleur défense contre le parasite, ainsi que quelques Huragok transportant un caisson de confinement. Irul n’avait aucun doute sur le fait qu’ils puissent ramener cette monstruosité jusqu’à l’Ascendant Justice, mais quelque chose lui disait au fond de lui que cette chose ne leur apporterai que des catastrophes. Même si ils en étaient maintenant bien éloignés, son odeur écœurante continuait d’empoisonner l’esprits des sangheilis. Tandis qu’ils marchaient au milieu des cadavres et du sang répandus dans les couloirs, le commandeur finit par annoncer :

- Le saint hiérarque du Dédain est mort, tué par le Parasite.

- Puisse son âme être acceptée pour le Grand Voyage, récitèrent en cœur les guerriers.

- Sa perte est regrettable, continua le commandeur, mais nous devons continuer le combat sans lui et redonner sa pureté à l’Anneau Sacré avant que Grande Bonté n’arrive.

- Le Parasite ne sera pas purifié aussi facilement, argumenta Arko. Les dieux ont placé cet épreuve sur notre route, mais nous n’y étions pas préparé et nos soldats non plus. Il faudrait peut-être attendre que…

- Attendre que quoi ?! rugit soudain Orna Fulsamee. Que l’infection du Parasite prenne une ampleur telle que même Grande Bonté se retrouvera dans l’incapacité de la contrer, et que le Grand Voyage nous soit interdit à jamais ? Je me refuse à laisser cela se produire ! Du moins pas sans combattre ! Vous préparerez vos hommes pour la bataille sur l’Ascendant Justice, capitaine ! Je les veux prêts à retourner sur Halo dans moins d’une heure !

Derrière Arko, les Premières Lames ne purent s’empêcher de lâcher des grognements de lassitude. Ce n’était pas encore maintenant qu’ils allaient pouvoir se reposer. Irul pouvait presque ressentir chacune de leurs blessures comme si elles étaient les siennes, mais la fatigue ne semblait pas avoir la moindre prise sur lui. Le jeune vétéran savait qu’il avait changé bien au-delà de ce qu’il pouvait imaginer, mais il ne souhaiter pas expérimenter les limites de son évolution face à un adversaire aussi féroce et impitoyable que le Parasite. Le destin semblait jouer avec lui, et ne semblait pas être prêt de s’en lasser…

Soudain, le commandeur s’arrêta net, et tout le reste du groupe fit aussitôt de même. Croyant que leur chef avait ressentit une présence ennemie, les Premières Lames se mirent en position de combat et portèrent la main à leurs épées. Mais Irul avait des sens bien plus aiguisés que eux tous réunis, et il savait bien qu’aucun parasite ne se trouvait dans les parages. Calmement, il attendit la raison de cet acte. Orna Fulsamme était reconnu pour être un profond penseur, qui prenait toujours son temps pour juger une situation, même au milieu de la bataille. C’était la première fois qu’Irul le voyait réfléchir ainsi, et il se demanda si ce ne serait pas la dernière…

C’est alors que le commandeur se mit à parler, sans même se tourner vers les autres sangheilis. Il parla d’une voix lente et détachée, sur un ton très cérémonial qui inquiéta beaucoup ses semblables, sauf Irul.

- Vétéran Irul Sulamee. Vous saviez que Elda Kisamee était ma fille, n’est-ce pas ?

- Oui, commandeur. Je le savais.

- Mais saviez-vous ce que représente ce qu’elle vous a laissé ?

Brusquement, le jeune sangheili sentit son corps s’engourdir, comme si on lui avait attaché un char Apparition aux pieds. Depuis le jour où Elda était morte, il ne s’était jamais séparé de ce pendentif, et il avait toujours pris ses précautions pour que personne n’en connaisse l’existence. Le fait qu’Orna Fulsamee soit au courrant signifiait donc qu’il était d’une certaine façon lié à cet objet, et cela n’était pas pour rassurer Irul. Cependant, il connaissait la réponse à la question du commandeur, car Elda elle-même lui avait expliqué le sens de ce symbole. D’un ton le plus neutre possible, il dit :

- Il représente les sept anneaux sacrés qui nous mènerons auprès des Dieux.

- Elda le croyait aussi.

Irul n’était pas certain de comprendre le sens de cette phrase, aussi laissa-t-il le commandeur s’expliquer :

- De part son exclusion par la majorité des membres de l’armée de l’Alliance, elle était devenue très croyante. Chacun de ses actes était accompli dans le but d’être jugée dignes d’accomplir le Grand Voyage, et rien d’autre ne comptait plus dans sa vie… jusqu’à ce qu’elle vous rencontre.

- Commandeur, s’excusa immédiatement Irul, je…

- Depuis le jour de sa majorité où je lui ai offert cet artéfact, continua Orna en se retournant, je ne lui ai jamais dis ce que représentait ce symbole. Je voulais voir si elle pouvait par elle-même le découvrir. Mais sa dévotion lui a brouillé l’esprit et influencé sa vision des choses, tout comme tant d’entre nous.

- Que voulez-vous dire, commandeur ?

- Tout simplement que nous nous encombrons de croyances et de symbolismes religieux qui n’ont pas lieu d’être, et que nos existences mêmes sont menées par des sentiments dangereux implantés au plus profond de chacun de nous.

Irul ressentit des émotions violentes s’emparer du capitaine Arko et de ses Première Lames, constituées d’une grande inquiétude mêlée d’une surprise sans borne. Les propos du commandeurs, s’ils avaient été entendu par un hiérarque ou un membre de la sainte inquisition, l’auraient immédiatement fait condamné pour hérésie. Irul crut tout d’abord que c’était la situation catastrophique dans laquelle ils se trouvaient tous qui influençait les pensées du commandeurs, mais se rappela de la force mentale de ce sangheili et ne put qu’accepter les faits : il pensait sérieusement ce qu’il venait de dire.

- Commandeur, fit le jeune vétéran. Qu’essayez-vous de nous dire ?

- Tout simplement que l’Alliance se voile la face depuis bien trop longtemps. Toute ces chimères que nous créons autour de nous pour justifier nos actions et continuer la Croisade, alors que tout est tellement plus simple. Ce pendentif, par exemple, que je sais que vous portez toujours sous la plaque d’armure de votre avant-bras gauche. Lorsque je l’ai découvert sur une colonie humaine avec mes guerriers, les prophètes ont immédiatement vu en lui la symbolisation des sept anneaux sacrés. Et au début, j’y ai moi-même cru de toutes mes forces. «  De par mon rang, j’ai été autorisé à garder cet artéfact avec moi, afin de pouvoir me remémorer la fabuleuse victoire que j’avais obtenu contre les humains sur ce monde. Mais au bout de quelques mois, je commençais à me questionné sur la nature profonde de cet objet. Peu à peu, ce doute a grandis pour transformer mon questionnement en véritable obsession. J’ai alors décidé de faire examiné cet objet par des ingénieurs Huragoks.

- Mais c’est strictement interdit ! s’écria le capitaine Arko. Seuls les prophètes peuvent autoriser les ingénieurs à toucher les saints artéfacts !

- Et pourquoi croyez-vous que c’est interdit, capitaine ?

- Cela a toujours été ainsi !

- C’est exact. Et sur cette simple justification qui n’en est pas une, nous acceptons de vivre dans l’ignorance de la vérité.

Irul commençais à ressentir une dangereuse colère monter à travers les nerfs de ses frères sangheilis. La discussion était devenue très dangereuse, et il se demanda s’il allait avoir à se battre. Et plus important encore, il se demanda quel camps il devrai choisir…

- Et finalement ? demanda Arko. Qu’est-ce que c’est réellement.

- Un émetteur. Un émetteur à très longue distance, capable d’être détecté d’un bout à l’autre bout de la galaxie. Il cache en lui une puissante technologie de radio-communication miniaturisée au niveau atomique, et s’alimente grâce à d’infimes proportions d’éléments radioactifs qui créent également cette lumière étrange. Voilà tout ce que c’est. «  Et toute notre vie est ainsi. Nous recouvrons de croyance les choses qui nous dépassent au lieu d’essayer de les comprendre. Et le Parasite fait partie de ces choses. Ce n’est pas une épreuve que des dieux auraient placé devant nous pour éprouver notre foi, mais une monstruosité dont l’origine nous est tout simplement encore inconnue. Nous avons enveloppé tant d’autres choses du voile de la croyance pour masquer notre ignorance, et aujourd’hui, nous avançons en aveugle vers un destin incertain.

- Assez !!! hurla Arko. Je me refusais de le croire jusque là, mais vos paroles sont celles d’un hérétique !

En entendant ce mot, Irul banda ses muscles instantanément. Son corps était prêt à bondir au combat, mais son esprit ne savait pas vers qui. Ses convictions lui ordonnaient de se ranger du côté de son capitaine pour mettre le commandeur aux arrêts. Mais les propos du père d’Elda avait éveillé en lui un sentiment qu’il croyait avoir perdu avec la mort de la sangheile : le besoin de vérité.

- Orna Fulsamee ! annonça Arko. Je vous destitue de vos fonctions de commandeur suprême pour hérésie ! Premières Lames ! Escortez ce sangheilis jusqu’au hangar à navette !

Toute sa vie, Irul avait dévoué sa vie à l’Alliance, sans même se soucier d’autre chose. Mais son aventure avec Elda lui avait appris que les choses étaient loin d’être aussi simples qu’on voudrait le croire, et que l’univers réel était toujours un pas au-dessus de la logique. Les explications des saintes écritures expliquaient probablement tous les mystères de l’univers, mais elles n’apportaient aucune preuve. Hors, depuis qu’il avait dû combattre le complot mis en place contre l’opération Séraphine, la perception d’Irul avait changé, pour devenir plus matérielle et moins spirituelle. Depuis la mort d’Elda et jusqu’à ce jour, il ne croyait qu’en ce qu’il voyait, et pour le reste, il faisait confiance aux prophètes. Mais désormais, il avait besoin de preuves.

Dans un mouvement gracieux, Irul bondit en avant tout en dégainant son épée plasma. Alors qu’il était dans les airs, il tourna sur lui-même pour atterrir en faisant face aux Première Lames, et s’interposer entre eux et le commandant suprême.

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CHAPITRE 9 : Désillusion


1631 unités de temps du 153eme jour de la neuvième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ Croiseur de commandement Truth and Reconciliation en position stationnaire à la surface de Halo.

- Irul ! s’écria le capitaine. Par les anneaux, vous êtes devenu fou ?!

- Au contraire, capitaine, je n’ai jamais été aussi sérieux.

Le système d’éclairage du vaisseau agonisait. Le Parasite devait avoir neutralisé l’alimentation principale afin de désactiver les défenses du bâtiment et faciliter leurs assauts. Rapidement, le couloir ne fut plus éclairé que par la lumière des épées énergétiques des sangheilis. Une tension extrêmement grande pouvait se ressentir dans le regard des combattants, et cette tension risquait fort d’exploser en un combat d’une intense férocité. Mais bien que Irul ait activé sa propre lame et que les vétérans du capitaine Arko se tiennent prêts à bondir sur lui, le commandeur Orna n’avait pas sortie son arme. Il restait étrangement calme, comme s’il s’était attendu à ce que Irul le protège.

Cependant, même s’il se sentait parfaitement capable de vaincre en duel Arko et ses Premières Lames sans problèmes, Irul avait du mal à croire qu’il arriverait à tuer un seul d’entre eux. La situation était critique pour les soldats de l’Alliance, et ce n’était pas le moment d’engager un conflit interne pour encore diviser leurs forces déjà très affaiblies. Tout ce que je peux faire, c’est faire hésiter Arko, et ainsi donner un peu de temps au commandeur pour le convaincre. S’il n’arrive pas à le raisonner, je serai peut-être obligé de le tuer.

- Capitaine, fit Orna. Depuis combien de temps me servez-vous ?

- Vingt-cinq ans.

- Et depuis quand faites-vous partie de l’Inquisition ?

- Depuis sept ans.

Irul se raidit brusquement. L’inquisition, la caste bénie des prophètes, était une faction totalement indépendante de la hiérarchie militaire dirigée par les sangheilis. Ces guerriers étaient choisis par les hiérarques pour leur dévotion envers la cause de l’Alliance, et recevaient la dure tâche de veiller au maintient de la foi parmi les troupes. Cela impliquait parfois de tuer, qu’il s’agisse de simples ungoys ou de frères sangheilis. Peu importe sa race ou son rang, personne n’est à l’abri de l’inquisition.

Le capitaine Arko porta sa main au plastron de protection de son armure, et appuya sur un minuscule bouton dissimulé à l’intérieur. Soudain, la couleur de son uniforme changea, passant en quelques seconde du blanc immaculé à un noir plus sombre que la nuit la plus ténébreuse. Sur ses épaulettes, le symbole de l’anneau sacré brillait d’une lumière d’un rouge de sang humain, tandis que d’autres ornements mineurs parcouraient son armure de bout en bout. Seuls les plus hauts membres de l’Inquisition avaient l’honneur de porter une armure à double apparence, qui leur servait à agir au cœur même de l’armée de l’Alliance sans être suspecté. Les prophètes aimaient à employer cette méthode pour rappeler que personne ne peut échapper à leur yeux attentifs, et que la moindre trace d’hérésie est aussitôt effacée.

- Vous êtes très perspicace, fit le capitaine.

- Je l’ai sût dès le premier jour où vous avez porté cet armure. Depuis que je n’ai plus vu l’entaille qu’elle a reçue pour me sauver la vie il y a si longtemps.

- Ce temps là est révolu. Vous vous êtes détourné de la Foi qui doit nous guider vers l’illumination. Il est de mon devoir de vous arrêter.

- Vous agissez pour des raisons qui vous échappent tout simplement parce qu’elles sont fondées sur des choses abstraites. J’agis pour le bien de l’Alliance, mais surtout pour le bien de tous les sangheilis. Si vous souhaitez condamner notre race, alors arrêtez-moi, mais faites-le en sachant bien les conséquences de votre action.

Malgrès le torrent d’agressivité qui se déversait de la bouche d’Arko, pas un instant le commandeur n’avait haussé la voix. Le calme dont il faisait preuve avait de quoi énerver encore plus le capitaine, et Irul s’attendait à le voir bondir d’un instant à l’autre. Cependant, par delà toute la rage qui fulminait en lui, par delà le devoir sacré dont il était chargé et auquel il était interdit de faillir, quelque chose retenait encore Arko et l’empêchait d’agir. Lui et le commandeur étaient beaucoup trop liés pour qu’une telle décision soit prise à la légère, sans véritables preuves. Ils avaient traversé tant d’épreuves et partagé tant de moments de gloire qu’ils avaient acquis une parfaite confiance l’un dans l’autre. Et alors que Orna avait toujours sût l’appartenance de son premier capitaine à l’Inquisition, il n’en avait rien dit, et maintenant il dévoilait un aspect de sa vision qui risquait de le condamner à mort.

Arko réfléchit longuement, essayant de raisonner clairement. Mais il se rendit vite compte qu’il n’arrivait pas à avancer un seul argument sans employer des raisons provenant de ses croyances ou des ordres des prophètes. Ne sachant plus quoi pensé, il demanda à son vieil ami :

- Si vous m’apportez une nouvelle preuve de ce que vous avancez, alors je vous croirais peut-être.

- Très bien, fit Orna. Irul ? Donnez-moi votre épée !

Irul se retourna vers le commandeur d’un air étonné, mais celui-ci le rassura immédiatement :

- Ne vous inquiétez pas. Après cela, nous ne risquerons plus rien. Et puis, je pense que vous êtes tout à fait capable de les battre à main nues, non ?

Bien que ce soit plus par envie de croire ces paroles que par réelle conviction, Irul accepta et tendit son arme au commandeur. Lorsque ce dernier activa la lame, il ferma les yeux comme s’il ressentait un vent de quiétude traverser son esprit. D’une voix lente au ton neutre, il s’expliqua :

- Irul, je ne sais pas depuis combien de temps vous posséder cette épée ou si Arko vous a expliqué ce qu’elle représente, mais je pense que vous avez dût en subir les effets, même si ce n’est qu’inconsciemment. Ce n’est pas une épée ordinaire : elle imunise son porteur à toute sorte de fatigue physique ou mentale. Peu importe sa tâche ou les épreuves qu’il doit affronter, celui qui brandit cette lame ne verra jamais ses capacité diminuer. C’est la seule dans son genre. Elle est absolument unique. Je lai offerte au capitaine lorsque j’ai fait de lui un vétéran, il y a vingt-sept ans de cela. Mais je ne lui ai jamais expliqué d’où venait son pouvoir. «  Cependant, je voudrais savoir ce qu’elle représente à vos yeux, capitaine.

Une expression furtive traversa le visage de Arko. Un sentiment que personne, à part Irul, ne put analyser en un si court instant : celle de la peur de perdre tout ce en quoi il croyait, et pour lequel il s’est battu. Si ce que disait le commandeur était vrai, cette arme était d’une puissance redoutable. Irul ne s’était pas aperçut de son pouvoir car peu après l’avoir reçut, il avait été transformé par Halo, mais le capitaine avait eut tout le temps de s’en rendre compte. Durant les quinze ans où il l’avait portée, cette arme avait dû se remplie de sens, de symbolisme et d’autres pensées justifiées par sa seule foi. Peu de choses devaient être aussi importantes pour lui que cette épée.

- Cette lame… commença Arko… est un cadeau que les dieux nous on offert pour purifier les infidèles. Leur puissance divine y est enfermée pour nous ouvrir un chemin jusqu’au Grand Voyage dans le sang de nos ennemis. Elle est la preuve que nous somme le peuple qui a été choisit pour retrouver les Halos et rejoindre les forerunners dans la transcendance du physique. Voilà ce que cette lame représente pour moi. Maintenant, dites-moi ce qu’elle est réellement.

- C’est très simple : lorsqu’elle est activée, un lien psychique exercé par modulation d’ondes cérébrales se crée entre elle et son porteur. Un nano-ordinateur analyse en quelques secondes les capacités physiques et mentales de l’utilisateur, puis transmet à son cerveaux les ordres nécessaires pour le maintenir en permanence au maximum de ses capacités. Quand il s’agit d’un sangheili, les deux hémisphères de son cerveaux fonctionnent en alternance pour le ménager, et son corps produit des protéines d’un genre inconnu alimentant les muscles bien plus efficacement. C’est ainsi que cette arme fonctionne.

Il était difficile d’expliquer l’état d’abattement qui s’était brusquement emparé du capitaine Arko. Tout ce en quoi il croyait et pour lequel il avait versé sang et sueur venait de disparaître en un instant. Alors qu’une terreur immense se lisait dans les yeux du vétéran, Orna porta le coup de grâce de son discourt :

- La magie divine n’existe pas, il n’y a que la science. Une science incroyable qui dépasse de loin tout ce que nous connaissons, c’est vrai, mais c’est toujours de la science. Les ingiénieurs ne savent pas encore recréer une telle technologie, mais ils savent au moins l’analyser et expliquer comment elle fonctionne. Un jour, peut-être, quelques centaines d’années plus tard, nous parviendrons peut-être à égaler la technologie des forerunners, mais nous sommes beaucoup trop occupés à nous battre pour des buts stupides. «  De ce point de vue là, les humains sont certainement bien plus dans le vrai que nous : eux au moins, ils se battent pour le bien de leur race. Et vous, capitaine ? Etes-vous prêt à sacrifier vos semblables pour une cause perdue et sans raisons ?


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CHAPITRE 10 : Un Ennemi Implacable


1631 unités de temps du 153eme jour de la neuvième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ Croiseur de commandement Truth and Reconciliation en position stationnaire à la surface de Halo.

Avant même que le capitaine n’ai répondu, Irul savait qu’il avait changé. Son regard était rempli d’un besoin existentiel de croire en quelque chose. Sa foi avait été ébranlée par le discourt du commandeur, laissant son esprit sans rien pour se rattacher à la réalité. Lentement, ses mandibules s’ouvrirent comme un mécanisme rouillé par des décennies d’immobilité :

- Je… je reconnais mon ignorance, commandeur. Veuillez me pardonner pour mon aveuglement. Ma vie vous appartient, comme cela a toujours été.

Orna Fulsamme se contenta de poser une main fraternelle sur l’épaule de sa Première Lame. Il se dégageait du regard du commandeur une fierté exemplaire qui suffisait à elle seule pour exprimer ses sentiments, et Arko se sentit brusquement revivre. Il avait trouvé un nouveau but, une nouvelle raison de se battre.

- Bien, fit Orna. Je pense que nous avons perdu suffisamment de temps comme ça. Il nous faut rejoindre le hangar à navettes au plus vite et réorganiser nos troupes. Irul ! Prenez la tête !

Le jeune sangheili obéit sans discuter, heureux de voir qu’ils avaient évité un bain de sang inutile. Ses sens en alertes, il fit parcourir les couloirs du vaisseau à ses frères. Bizarrement, il ne ressentit aucune présence ennemie tout le long du chemin, malgré l’abondance de cadavres. Des corps de ungoys et de kig-yars que le Parasite n’avait pas réussit à assimiler étaient rassemblés en immenses charniers dans plusieurs salles, et des morts sangheilis disséminés un peu partout présentant plusieurs stades de mutation ne donnaient aucun signe de vie. Comme le temps leur manquait, les Premières Lames ne prirent pas le temps de purifier ces corps infectés avec leurs épées plasma, et de toute façon, ce croiseur serait immédiatement pulvérisé par la flotte dès que le commandeur serait en sûreté.

Lorsqu’Irul arriva finalement au hangar à navette, il se retrouva face à un spectacle qui lui retourna le cœur : les troupes de l’Alliance qui y étaient postées avaient été attaquées par des vaisseaux de largages capturés par le Parasite. Ces transporteurs s’étaient écrasés sur le sol du hangar pour y déverser des vagues sans fin de monstruosités, face auxquelles même les troupes d’élite postées là n’avaient rien put faire. Bien que le combat fasse encore rage sur toute la vaste salle, il était clair que le Parasite ne mettrait pas longtemps à l’emporter.

Soudain, Irul ressentit de nombreuses nouvelles présences derrière lui. Alors qu’il se retournait vers le commandeur et son escorte, il aperçut au fond du couloir le cadavre infecté d’un sangheili se relever. Peu après, plusieurs dizaines de Parasites apparurent pour se précipiter vers le petit groupe de survivants.

- Premières Lames ! hurla Irul. Derrière vous !

Les sangheilis vétérans réagirent au quart de tour, et activèrent leurs épées tout en se retournant vers l’ennemi. Ce premier mouvement leur permit de découper la première vague d’assaillants, puis de se mettre en position de combat afin d’accueillir les suivants. Irul sentit son sang se glacer alors qu’il ressentait de plus en plus d’entités monstrueuses se diriger vers eux. C’était comme si tous les cadavres présents sur le Truth and Reconciliation venaient de revenir à la vie. Une véritable armée de morts-vivants convergeait vers leur position. Il fallait évacuer le commandeur au plus vite.

- Commandeur ! Capitaine ! Suivez-moi ! Nous devons évacuer au plus vite ! Premières Lames ! Couvrez nos arrières !

Irul fraya un chemin à ses supérieurs à travers la bataille qui faisait rage dans le hangar. Les rares survivants sangheilis qu’ils rencontrèrent se joignirent à eux, créant un petit groupe compacte et solide. Mais à chaque instant, de plus en plus de Floods se rapprochaient d’eux. Irul commençait à se dire que l’ennemi avait détruit toutes les navettes disponible lorsqu’il aperçu soudain un transporteur de classe Phantom encore intact. Un couple de Lekgolos le défendait avec une férocité incroyable, massacrant quiconque tentait de s’en approcher. D’innombrables corps broyés ou écrasés recouvraient le sol dans un fleuve de sang verdâtre immonde, mais le Parasite continuait d’attaquer par vagues incessantes pour avoir les deux géants à l’usure. L’arrivée d’Irul et de ses frères permis aux Lekgolos de se placer en position de soutient avec leurs énormes canons, tandis que le commandeur et Arko embarquaient dans la navette.

Soudain, une plaque d’aération du sol s’ouvrit pour laisser s’échapper une véritable marée de minuscules floods parasitaires. Ils se jetèrent immédiatement sur les Lekgolos et se mirent à les dévorer de tous côtés. Il ne leur fallut que quelques instants pour abattre les deux béhémots qui s’effondrèrent dans un véritable tremblement de terre qui fit aussitôt fondre les espoirs des sangheilis.

Mais Irul n’était pas prêt à abandonner aussi vite. D’un bond furieux, il se jeta au milieu de la masse des combattants parasites et commença à donner la mort avec une rapidité et une virtuosité sans pareille. Chacun de ses membres était une arme mortelle et le moindre de ses mouvements tuait au moins un adversaire, chaque mort étant une note de la symphonie sur laquelle il jouait. Il ne se souciait plus d’employer ce qu’il avait apprit du maniement de l’épée, et se fiait uniquement à ses propres capacités, calculant instantanément chaque attaque avec toujours trois coups d’avance. Peu importait le nombre de ses ennemis, ils n’avaient aucune chance de le vaincre. L’effet énergisant de l’épée du commandeur commençait à apparaître alors qu’il enchaînait les mouvements compliqués sans faiblir un seul instant. Il fallait qu’il couvre la fuite de ses supérieur, et c’est ce qu’il ferait.

C’est alors que les Premières Lames se précipitèrent pour l’aider, se frayant un passage jusqu’à lui à travers les innombrables abominations qui les entouraient. Lorsqu’ils furent à ses côtés, l’un d’eux annonça à Irul :

- Frère Sulamee ! Repliez-vous avec le capitaine et le commandeur ! Nous retiendrons l’ennemi ici !

- Je ne peux pas vous laisser mourir ici ! répondit Irul sans s’arrêter de combattre.

- C’est un ordre du commandeur lui-même ! Ne vous inquiétez pas pour nous : ce sera un honneur que de vous sauver la vie.

Bien que ce soit à contrecœur, Irul accepta d’abandonner le combat et ses frères pour embarquer dans le Phantom. Dès qu’il fut à l’intérieur, celui-ci décolla pour quitter le hangar à navette. Quelques minutes plus tard, plusieurs séries de torpilles à plasma furent tirés depuis la flotte en orbite et réduisirent le Truth and Reconciliation à l’état de poussière.


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CHAPITRE 11 : Les Restes d'une Croisade Perdue


1631 unités de temps du 153eme jour de la neuvième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ Croiseur de commandement Ascendant Justice.


Irul ressentait chacun des tremblements de rage du commandeur et de son capitaine alors qu’ils observaient les écrans des caméras extérieures du croiseur. Depuis qu’il était un soldat de l’Alliance, le jeune sangheili avait vu et vécu énormément de choses. Et même si les plus étranges et les plus terrifiants évènements provenaient des derrières vingt-quatre heures, il n’avait jamais perdu courage. Depuis la mort d’Elda, Irul n’avait jamais reculé devant l’ennemi pour honorer sa mémoire, en poursuivant sans relâche son meurtrier.

Il avait toujours pensé que les Démons n’étaient que de simples humains qui, malgré leurs atouts technologiques, possédaient les mêmes faiblesses que leurs semblables. Quel que soit leur nombre, ils pouvaient toujours être submergés, découragés, ou confiné par un blocus, puis vaincu. Et peu importait leur détermination, il leur était impossible d’empêcher l’Alliance d’atteindre son but ultime. Mais ce qu’il voyait à travers les yeux mécaniques des caméras extérieures venait de renverser cette certitude de la façon la plus totale :

Halo, la plus sainte de toutes les structures des forerunners, était complètement détruit.

Le Démon avait fait explosé les réacteurs à fusion de son vaisseau, créant une onde de choc qui avait brisé l’anneau dont les différents morceaux de taille considérable se perdaient encore lentement dans le vide spatial. Leur surface était en flamme, et des explosions continuaient de détonner de plus en plus sur sa partie extérieure, émiettant toujours plus le travail des dieux.

- Jamais les prophètes ne pardonnerons un tel échec ! cracha le commandeur. Leur fureur sera terrible.

- Devons-nous toujours attendre l’arrivée de Grande Bonté ? demanda Arko. Nous pourrions fuir leur courroux et nous réfugier quelque part.

Irul était surprit par ce changement brutale dans les raisonnements de son capitaine. Il avait du mal à croire que de telles propositions pouvaient sortir de la bouche d’un membre exécutant de l’inquisition des prophètes. Mais le commandeur ne partageait pas le même avis :

- Non, nous ne fuirons pas. Mais je me refuse de voir l’ensemble de mes troupes châtiées pour cette défaite. Les hiérarques voudront un coupable… et je vais leur en donner un.

Irul frémit à cette déclaration. Il lui suffisait de plonger son regard dans les yeux d’Orna pour comprendre ce qu’il voulait dire : il voulait se sacrifier pour eux tous.

- Vous ne pouvez pas, commandeur ! s’écria Irul. Vous êtes le général en chef de l’armée de l’Alliance ! Que ferons-nous sans vous ?

- Et c’est justement pour cela qu’il faut que ce soit moi qui accepte le rôle de bouc-émissaire. Je suis celui pour lequel le jugement du conseil pourra être le plus clément. J’assumerai l’entière responsabilité de cet échec pour vous permettre de survivre.

Un grand silence tomba subitement. Le geste de Fulsamee était brave et digne d’un vrai héro sangheili, et il savait que sa perte sera très dure à supporter pour l’armée de l’Alliance. Afin de changer de sujet, le commandeur demanda au capitaine Arko :

- Combien de vaisseau nous reste-t-il ?

Le capitaine pianota sur les panneaux de contrôles, puis leva la tête avec un air de désolation :

- L’Ascendant Justice est le seul croiseur qu’il nous reste. Seules quatre frégates ont échappé à la déflagration. Ils attendent les ordres.

- … Qu’ils fouillent les ruine de l’anneau pour rechercher des survivants. Si des frères ont réussi à survivre à cette catastrophe, nous devons les récupérer. Je n’abandonnerai aucun sangheili vivant derrière moi.

Pendant plusieurs minutes, l’Ascendant Justice et ses frégates fouillèrent ce qui représentait le cauchemar de l’Alliance, sans trouver le moindre survivant. Le commandeur savait qu’il était presque impossible de retrouver quelqu’un de vivant dans ces débris. La disparition de Halo était la destruction la plus terrible et la plus puissante qu’il ait jamais vu, et il était difficile de penser que quelqu’un ait put y survivre. Sa seule satisfaction fut de constater que si ses frères sangheilis n’avaient put échapper à ce triste destin, le Démon ne devait pas avoir eut plus de chance.

Mais soudain, un écho non identifié apparut sur les écrans radars. Irul demanda une analyse aux ordinateurs de bord, puis annonça :

- Les capteurs ont détecté un appareil ennemi de type Longsword. Attendez ! J’ai un deuxième contact : un transporteur Pélican.

Une rage terrifiante s’empara des deux autres sangheilis. L’un des anneaux sacrés était détruit, la moitié de leur flotte avait été anéantie et les seuls survivants qu’ils retrouvaient étaient des humains. C’en était trop. Orna ordonna au reste de la flotte d’ouvrir le feu, mais il y avait trop de débris parmi lesquels les humains pouvaient se cacher, et aucun tir ne les atteint. Pendant ce laps de temps, le Longsword avait disparut… non sans avoir lâché une salve de missiles qui percutèrent les tourelles à plasma du croiseur au moment même où elles tiraient… en abaissant leurs boucliers de protection. Les explosifs touchèrent directement la coque et l’armement, détruisant trois tourelles bâbord.

- Déployez trois escadrilles de banshees pour intensifier les recherches ! ordonna Fulsamee. Je veux ces humains morts !

Trente chasseurs quittèrent la baie de largage pour donner la chasse aux humains, mais plusieurs minutes passèrent et ils étaient toujours introuvables. Et soudain, les deux appareils ennemis réapparurent sur l’écran radar.

- Commandeur ! annonça Arko. Ils sortent à découvert !

Le commandeur se dirigea vers le capitaine a grand pas et ordonna :

- Il n’arriveront jamais à nous fuir. Placez-nous derrière eux et lancez une salve complète de torpilles !

- Commandeur, je ne peux pas, fit Arko avec une grande gêne dans la voix.

- Pourquoi ?

Le vétéran sangheili eut du mal à répondre avec une certitude parfaite tant cette réponse ne semblait irréelle. Pourtant, les instruments étaient formels, et ce fut avec difficulté qu’il répondit au commandeur :

- Parce qu’ils se dirigent droit sur nous.

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CHAPITRE 12 : Le plus Dangereux des Ennemis


1803 unités de temps du 153eme jour de la neuvième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ Croiseur de commandement Ascendant Justice.


- Vous pouvez répéter ?

- Les deux appareils ennemis se dirigent à pleine vitesse vers nous, confirma Arko. Je crois qu’ils ont l’intention de nous aborder.

- Mais ce genre d’engin ne pourrait jamais transportait suffisamment de troupes pour prendre le contrôle de croiseur !

C’était vrai. L’Ascendant Justice disposait de plusieurs centaines de troupes de défenses qui pouvaient affronter une armée ennemie sans difficultés. Le geste des humains était soit fou, soit justifié par quelque chose qui pouvait signifier une catastrophe toute proche. Irul sentait bien que ses deux frères connaissaient la raison d’un tel acte de la part de l’ennemi, mais il attendit quelques secondes avant qu’il ne finisse par l’annoncer :

- Le Démon est avec eux.

A ce mot, les visages de Filsunee et de Fulsamee devinrent sombres. Cet humain en armure spéciale était bien la dernière personne qu’il voulait rencontrer, et particulièrement sur l’un de leurs croiseurs. Le fait qu’il ait survécu à l’explosion de Halo était une nouvelle preuve de l’incroyable danger qu’il représentait, et pardonnait tous ceux qui avaient été incapables de le tuer jusqu’ici. Pourtant, Irul pouvait voir dans les yeux du commandeur un désir sans borne de voir le Démon périr, ne serait-ce que pour venger la perte de l’anneau. D’une voix forte et décidée, Orna Fulsamee ordonna à ses lieutenants sangheilis :

- Faites tirer toutes les tourelles plasma ayant une ligne de vue sur l’ennemi, et que tous les appareils qui nous reste aillent les intercepter.

Plusieurs torpilles à plasma filèrent vers l’engin de tête, qui était le Pélican, et six chasseurs lourds Séraphins quittèrent le croiseur. La cible fut pulvérisée, mais une vingtaine de petits objets sortir de l’épave pour se diriger vers les engins de l’Alliance.

- Des mines ! s’écria Fulsamee. Faites-les dégager de là immédiatement !

Mais il était déjà trop tard : six panaches de fumée explosèrent pour illuminer la noirceur de l’espace. Les tourelles à plasma du croiseurs se préparèrent à libérer une deuxième salve… lorsque le système d’armement et celui du bouclier se trouvèrent brouillée sans raison apparente. Le Longsword continuait d’approcher sans que rien ne puisse l’arrêter.

- Mais par les prophètes, que ce passe-t-il ?

- Nous avons une infiltration informatique, expliqua l’un des opérateurs. Probablement une intelligence artificielle humaine.

- Envoyez toutes les troupes disponibles au niveau des hangars à navettes ! ordonna Fulsamee. Et que notre intelligence artificielle verrouille tous les accès vers les secteurs vitaux du vaisseau.

Les sangheilis observèrent les caméras du hangar à navette bâbord avec une grande angoisse. Le chasseur humain s’engouffra dans l’air de largage avec une habilité magistrale, et le feu de ses réacteurs envahit la salle en carbonisant tous les ungoys et les ingénieurs qui traînaient là. Les réservoirs de méthanes des petits grognards explosèrent comme autant de grenades à plasma, envoyant voler leurs corps aux quatre coins du hangar, tandis que le Longsword sortait ses patins d’atterrissage et se posait.

Les renforts arrivèrent subitement par les différents accès du vaisseau, mais aussitôt les canons mitrailleurs de l’appareil ennemi faucha tout ce qui se trouvait à sa portée, et il n’y eut bientôt plus aucun soldat de l’Alliance en vie dans cette partie du croiseur. Le système anti-incendie étouffait les immenses mares de carburants enflammées qui avaient envahit l’espace pendant que les humains débarquaient. C’est là que le Démon apparut.

Son armure était terriblement abîmée, couverte d’impacts, de brûlures et de sangs de diverses origines, témoin d’un long et dur périple. Il se déplaçait comme une ombre, les sens toujours en alerte. Derrière lui suivaient quatre autres humains aux uniformes divers. Tous les sangheilis présent dans la salle de contrôle émirent alors un grognement de rage en pensant au nombre de leurs frères qui avaient périt sous ses mains.

- Quels sont les effectifs qui nous restent ? demanda Fulsamee.

- L’une de nos compagnies d’ungoys est toujours en faction au niveau des réacteurs, et une centaine de guerriers sangheilis sont en approche du hangar.

- Alors verrouillez tous les couloirs pouvant permettre aux humains d’éviter nos troupes. Que nos frères effectuent un assaut coordonné, et que les ungoys restent à leurs postes. Ils seraient bien inutiles contre le Démon…

- Attendez, commandeur ! L’IA ennemie est toujours dans notre réseau. Elle a prit le contrôle de notre système de sécurité et a déjà verrouillé plusieurs portes d’accès… oh non ! Par les anneaux ! Elle est en train de faire fonctionner les compresseurs atmosphériques à l’envers ! Plus des trois quart des couloirs sont en train de se vider de leur air !

Les sangheilis regardèrent par les caméras leurs frères suffoquer jusqu’à la mort. En quelques secondes, il ne resta plus qu’une dizaine d’entre eux en vie dans les couloirs qu’avait épargné l’intelligence artificielle des humains… et l’un des tracés utilisables menait jusqu’à la salle de contrôle du croiseur.

- Que devons-nous faire, commandeur ? demanda Filsunee.

- Ce Démon a déjà tué plusieurs centaines de nos frères à lui seul, et je doute que même à nous trois nous arrivions à l’éliminer. Capitaine, vous allez rester ici pour leur interdire l’accès à cette salle pendant que nous rejoindrons l’un des autres croiseurs de la flotte. Si vous nous faites gagner suffisamment de temps, nous pourrons ordonner de détruire ce vaisseau, et le Démon avec.

- Ce sera un honneur pour moi que de mourir pour tuer cet humain, annonça Filsunee. J’affronterai cette épreuve avec la force de ma conviction, et non plus avec ma foi.

- Je suis heureux de l’entendre, mon vieil ami.

Le commandeur se tourna ensuite vers les autres sangheilis présents dans la pièce, et d’un regard leur ordonna de le suivre. Mais Irul ne pensait pas à fuir ainsi l’ennemi, et surtout celui qui arrivait :

- Commandeur, dit-il. Je souhaite rester ici avec le capitaine !

- Je sais, et je ne vous ne l’autoriserai pas. Je ne tiens pas à vous sacrifier vous aussi, même pour abattre le Démon.

- Mais pourquoi ?

Orna Fulsamee détourna son regard pour échapper aux yeux pénétrants d’Irul. Le jeune sangheili pouvait voir dans l’expression du commandeur une grande inquiétude, mais qui n’était dû ni à l’approche du Démon, ni à la destruction de Halo, et encore moins au châtiment qui l’attendait pour cela. Ce fut avec une grande difficulté qu’il avoua à Irul les raisons de ce choix :

- C’est parce que vous êtes tout ce qui reste d’elle.

Ces mots touchèrent Irul plus profondément que n’aurait pu le faire la meilleure des lames. Même s’il était devenu l’un des plus puissants guerriers sangheilis de toute l’histoire de l’Alliance, Irul possédait de profondes blessures, qui ne se refermeraient probablement jamais. C’était sa seule faiblesse, et il savait que cela pouvait le perdre dans cette situation. Le démon qui se trouvait maintenant sur ce vaisseau pouvait très bien être celui qui avait tué Elda il y a si longtemps. La vengeance était un sentiment interdit pour les sangheilis, car cela pouvait fausser leurs jugements et les rendre incroyablement vulnérables.

Irul voulait que le Démon meure, mais il n’était pas nécessaire que ce soit de sa main. Si le capitaine pouvait le retenir assez longtemps pour que les autres vaisseaux de l’Alliance pulvérise l’Ascendant Justice, alors Irul serait enfin en paix. Pour accomplir ce plan, il devait faire en sorte que le commandeur rejoigne le reste de la flotte le plus vite possible.

Sans rien dire, il passa devant Orna et se dirigea vers les nacelles de sauvetage. Quelques instants plus tard, l’ensemble du groupe de commandement de l’Ascendant Justice avait évacué le croiseur, laissant le capitaine Arko seul face à l’ennemi.


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CHAPITRE 13 : Les Survivants d'un Désastre


1815 unités de temps du 153eme jour de la neuvième ère de la Reconquête, Marche du Silence/ nacelle de survie de l’Alliance.


Irul et Orna regardaient l’Ascendant Justice qui s’éloignait au loin. Même s’il n’avait été le vaisseau-amiral de la flotte que pendant un court moment, sa perte était extrêmement difficile à supporter pour les deux sangheilis. D’abord parce que l’Alliance perdait ainsi un excellent bâtiment de guerre, et surtout car cela prouvait l’impossibilité de tuer le Démon au combat. La fierté de la race sangheili avait été ébranlée par la rencontre avec cet ennemi mortel et implacable.

Afin d’oublier un instant tout cela, le commandeur s’empressa de contacter le reste de la flotte grâce au système de communication de la nacelle :

- A tous les vaisseaux de l’Alliance. Ici le commandeur Orna’Fulsamee. L’Ascendant Justice a été abordé par des humains. Je vous ordonne de le détruire immédiatement.

- Ici le lieutenant Asornee de la frégate Hopefull Desctructor. Je suis désolé de devoir vous l’apprendre, frère, mais vous avez été démis de vos fonctions par le saint pouvoir des prophètes. Nous avons ordre de ne plus obéir à votre autorité.

Soudain, un profond abattement envahit le regard de l’ancien commandeur. Ses yeux, où personne n’avait jamais vu autre chose qu’une détermination sans faille, étaient désormais noyés de désespoir. Le puissant commandeur qu’il avait toujours venait de perdre son aura guerrière. Et Irul pouvait ressentir toute la terrible puissance de cette malédiction qui semblait les avoir frappé. Je ne pensais pas que sa destitution serait si rapide, pensa Irul. La destruction de Halo a rendu les communications possibles vers Grande Bonté, mais cela ne s’est passé qu’il y a quelques dizaines d’unités de temps. La décision de le juger responsable de cette défaite devait certainement être prévue bien avant. Cependant, il y a bien plus urgent : si nous ne faisons rien, le Démon va nous échapper, et je ne peux pas le permettre.

- Ici le commandant Irul Sulamee, vétéran de l’Alliance. J’ordonne à votre flotte de détruire notre croiseur immédiatement !

Un bref silence suivit la demande d’Irul. Le sangheili dirigeant le Hopefull Destructor devait se demander si les ordres des prophètes s’appliquaient à tous les sangheilis présents sur l’Ascendant Justice. Mais les hiérarques n’auraient pas risqué de condamner aussi rapidement tant de soldats. Et personne ne peut douter de ma parole : un sangheili ne peut pas mentir. Cela fait partie de notre code d’honneur.

- Ici le Hopefull Destructor. Avis à tous les vaisseaux disponibles ! L'Ascendant Justice est désormais considéré comme un vaisseau ennemi ! Ordre de destruction immédiat ! Commandant Sulamee, je vous autorise à atterrir sur l’emplacement Gamma-3 du hangar bâbord.

- Merci lieutenant.

Irul dirigea la nacelle jusqu’à l’emplacement désigné, avec la lenteur habituelle de ce genre d’engin. Mais lui et Fulsamee furent étonnés de voir que le hangar était rempli de guerriers sangheilis alignés en rangs, semblant les attendre. Lorsqu’ils sortirent de l’appareil, ils furent aussitôt reçus par un lieutenant qui leur annonça d’une voix austère :

- Même si cela ne me plaît en aucune manière je dois vous annoncer que j’ai ordre de mettre le commandeur Fulsamee aux arrêts.

- Ce n’est pas de votre faute, frère, répliqua l’ancien commandeur d’un ton vide.

- Puisse la justice des prophètes vous être clémente.

Quatre sangheilis d’élite emmenèrent l’ancien général en chef jusqu’aux casernes, où on avait certainement déjà aménagé une cellule pour lui. Quel sombre ironie. Se faire escorter jusqu’à sa prison par ceux qui était hier sa garde d’honneur.

- Quant à vous, Commandant Sulamee, je serais ravi que vous preniez la tête des opérations, en tant que plus haut gradé de cette flotte.

- J’accepte, mais ce n’est pas de gaieté de cœur. Je le fait uniquement pour tout mettre en œuvre afin de tuer l’humain qui nous a coûté l’anneau sacré.

- Oui, acquiesça tristement le lieutenant Asornee. Nous avons été mis au courant à propos de ce « Démon ». Vous pouvez compter sur nous, commandant.

Irul et Arsonee marchèrent à vive allure vers le centre de commandement du vaisseau. Lorsqu’ils y arrivèrent, le jeune vétéran demanda immédiatement un rapport de situation. L’Ascendant Justice avait jusque là réussit à résister aux tirs de la flotte, les humains en ayant apparemment pris le contrôle, mais sa résistance arrivait bientôt à sa limite. Alors qu’il observait la carte tactique, Irul trouva un moyen d’abattre ses ennemis : la planète géante gazeuse de Threshold. Elle se trouvait à peine à quelques milliers de kilomètres des ruines de Halo, et l’Ascendant Justice s’en rapprochait sans le vouloir pour tenter d’échapper à ses poursuivants.

- Parfait, fit-il d’un ton confiant. Nous allons maintenant l’écraser comme un insecte sous notre poigne de fer. Que deux vaisseaux continuent de le poursuivent, et essayent de l’attirer vers Threshold. Le champ de gravité de cette planète devrait l’empêcher de s’échapper dans le sous-espace. Pendant ce temps, le reste de la flotte effectuera une manœuvre de contournement pour l’encercler. Puis nous frapperons.

- Bien, commandant.

Le lieutenant Arsonee transmit aussitôt les ordres aux autres vaisseaux encore disponibles, qui suivirent le plan de bataille d’Irul. Bien que ces frégates disposent d’une puissance de feu supérieure à celle de bien des vaisseaux humains, l’Ascendant Justice était un croiseur résistant équipé de solides boucliers énergétiques. Les torpilles à plasma avaient du mal à abaisser son champ de protection pour atteindre sa coque. D’autant que les humains faisait effectuer au croiseur des acrobaties qui, bien que ridicules et inadapté à la doctrine de combat spatial sangheili, avait pour mérite de lui éviter bien des impacts.

Mais la chance commençait à tourner pour les humains : comme Irul l’avait prévu, l’Ascendant Justice fut forcé de se diriger vers la géante gazeuse de Threshold, et même à s’enfoncer dans sa haute atmosphère. La coque du croiseur chauffait terriblement sous la pression, mais son bouclier l’aidait à tenir le coup. Il ne pourra plus nous échapper tant qu’il sera sous l’emprise du champ magnétique. Aucun saut dans le sous-espace ne peut être effectué dans une atmosphère planétaire. Maintenant il ne reste plus qu’à faire le dernier mouvement.

- Commandant, fit Arsonee. Deux de nos frégates sont en position pour l’interception.

- A tous les vaisseaux ! ordonna Irul. Feu à volonté ! Utilisez toutes les torpilles disponibles !

Des dizaines de masses plasmatiques téléguidées filèrent comme autant d’insectes vers leur cibles, pénétrant également dans l’atmosphère. Il y avait là suffisamment d’explosifs pour éliminer une quinzaine de vaisseaux de ce type, avec ou sans boucliers. La destruction des humains était inévitable. Mais au bout de quelques instants, leurs trajectoires devinrent confuses, voir totalement aléatoire. La plupart explosèrent d’un coup, et les autres continuèrent leur parcourt en ligne droite sans jamais atteindre le croiseur capturé.

- Par les prophètes ! jura Irul. Qu’est-ce encore que cette sorcellerie ?

- Le champ magnétique de la planète perturbe le système de guidage des torpilles. Les signaux disparaissent après cinq kilomètres.

- Alors rapprochez-vous autant que possible. Assurez-vous d’être à porté avant d’ouvrir de nouveau le feu.

Le croiseur capturé était déjà bien enfoncé dans l’atmosphère de Threshold, mais n’importe quel vaisseau de l’Alliance était capable d’en faire autant. Les frégates refermèrent encore plus le piège et, lorsqu’elles furent suffisamment proches, délivrèrent une deuxième salve destructrice. Cette fois-ci, ils ne s’en sortiront pas.

Irul aurait tellement préféré simplement détruire le bouclier des humains afin qu’ils soient carbonisés par le frottement thermique de l’atmosphère et souffrent le plus possible pour ce qu’ils avaient osé faire. Mais il avait une mission, et l’échec n’était pas une possibilité pour lui. Il pouvait ressentir l’excitation de l’instant chez chaque sangheili se trouvant dans la salle de commandement. Mais lorsque les tirs furent sur le point d’atteindre leur cible, une bulle d’énergie électro-magnétique se forma autour du croiseur ennemi, et celui-ci disparut en une micro-seconde. Il venait d’effectuer un saut sub-spatial. Impossible !

C’est à ce moment que l’espace s’illumina de milliers de sorties sub-spatiales, d’où surgirent autant de vaisseaux de l’Alliance. Et soudain, au beau milieu de cette immense flotte, Grande Bonté apparut.


L'histoire continue dans

Le Guerrier de la Foi IV : La Malédiction de Bracktanus

Posté le : 08/12/2008


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