Veuillez patientez...


DIVERS - Fan fiction

Naissance d'un Spartan - Beau lancer Major !

19h45, le 17 juillet 2517 (calendrier militaire)/Système stellaire Eridanus, planète Eridanus 2, Elysium City


-On va se faire bouffer ! hurla le garçon.

-Cours ! Samuel. Cours !...

Courir n’était plus l’apanage que des militaires et des enfants. Au 26ème siècle, les déplacements d’une certaine distance pouvaient tous se faire par tapis roulant supraconducteur, en attendant la téléportation domestique. Les colons des villes, loin d’être sédentaires, considéraient l’effort physique à son minimum. La moyenne de vie était de 115 ans, la médecine continuait ses combats contre les mondes viraux et bactériens, la nourriture microdosée amenait toutes les substances nécessaires pour parfaire un squelette et un corps « performant ». l’électromyostimulation permettait si besoin à la masse musculaire d’être adaptée au corps.

Un militaire se devait de connaître la douleur pour estimer ses limites, tant physiques que psychiques. L’idéal étant que le plaisir passe par l’effort. John partageait ce point de vue. D’autant que son patrimoine génétique l’avait doté dès la naissance d’une vélocité et d’une rapidité hors normes, couplées à un système réflexe supérieur à la moyenne. John était un parfait ambidextre. Cela signifiait que la dextérité de ses deux mains, était égale dans l’une comme dans l’autre. Au jeu du galet, il était toujours celui qui lançait le plus juste et le plus près de la cible. De même, pour que sa pierre ne roule pas trop ou ne rebondisse, il savait calculer d’instinct l’angle de tir, la hauteur et la force du lancer pour parvenir au but. Le vieux pneu du warthog reposait à trente mètres sur un terrain plat. Neuf fois sur dix, John réussissait son jet. La pierre disparaissait derrière les structures gommelées du pneu … à l’écœurement des autres participants.

Cette précision allait lui servir abondamment dans ses affrontements futurs , lui sauvant maintes fois la vie, à lui et aux Marines qui combattraient à ses côtés.

John ne se sentait pas supérieur pour autant. A six ans et un mois, il avait déjà intégré l’idée que d’autres que lui le dépasseraient dans d’autres domaines. Que seul, il n’était pas grand-chose, mais que la notion d’équipe, la collaboration, prévalait sur l’individualisme. Le « Diviser pour Régner » avait été banni de l’éducation que Jonathan, son père, lui avait inculquée très tôt.

-Estime tes amis comme des frères. Soit tout pour eux, mais sans qu’aucun ne le soit pour toi.

Cette phrase raisonnait dans chacune de ses actions. Quand un ami chutait, il était là pour le relever et son regard bleu n’avait d’autre signification que « tu peux compter sur moi »… sa force résidait bien au-delà de l’utilisation brute de sa musculature.


… le chien avait donc estimé que ces deux petites personnes l’avait dérangé pendant qu’il rongeait son os, et qu’on ne passait pas impunément devant sa propriété sans en payer le prix. D’autant que l’imitation de l’aboiement de Samuel faisait passer la race canine au rang du caquètement d’une poule pondeuse ou d’un canard enrhumé. Cela s’apparentait ni plus ni moins à une provocation.

L’animal cessa instantanément de rogner son repas. Un autre que lui aurait négligé les lamentables imitations de ce petit humain, préférant le goût inimitable de la moelle que l’on va chercher dans l’os qui se ramollit avec la salive et une patiente mastication. C’était oublié qu’il en va de même pour les chiens comme pour les hommes : l’un fuira une situation, l’autre l’affrontera, le troisième aboiera, le suivant choisira la soumission. Ce chien là - qui aurait fait un bon soldat dans le choix de sa décision – jugea que la meilleure défense était l’attaque.

John, dénué de tout sens de divination, comprit cependant ce qui allait se produire : le chien attaquerait sans aucun doute. Pas une de ces attaques où l’animal tente simplement d’impressionner son adversaire, se contentant de montrer les crocs sous des babines relevées et la crête dorsale avec le poil hirsute. Non ! Là, il s’agissait d’une attaque tout ce qu’il y a de plus franche.

C’était le moment de faire chauffer les quadriceps et les mollets, et de remercier le professeur de sport qui chaque lundi de la semaine poussait aux fesses les retardataires sur le chronomètre…


Eradinus II complétait son cycle autour de son étoile en 383 jours. Les saisons étaient un tantinet plus longues que sur Terre, mais la distance du « soleil » et de la planète était sensiblement identique à celle du système solaire. Le CSNU, dans un souci de ne pas compliquer le calendrier, décida de garder le rythme des 7 jours et des semaines ; seuls les mois avaient été augmentés d’un à deux jours. Cependant toutes les colonies humaines – extérieures et intérieures - étaient sujettes à respecter le calendrier Georgien en vigueur sur Terre quand il s’agissait de parler de concert sur la date d’un évènement, de remplir des formulaires administratifs, les impôts, un anniversaire, etc..


Ainsi, chaque lundi, les deux heures de sport mettaient à l’honneur Endurance et Résistance. La course à pied n’était pas la discipline favorite des élèves, qui voyaient plus d’attrait dans les sports collectifs. Néanmoins la natation était privilégiée, plus pour les parties de rigolades entre copains d’une même classe, les concours de bombes avec les plus grands des classes supérieures, ou les acrobaties pour épater la galerie. Notamment les filles, qui étaient rarement moins de trois quand elles se rassemblaient, et qui papotaient sur des sujets dont les garçons n’avaient que faire…

-Te retourne pas Sam ! Fonce !

John avait déjà pris vingt mètres d’avance sur son ami. Sa main était allée cueillir au fond de sa poche un des cailloux mais il courait toujours.

Dans la ville d’Elysium, en grande partie asphaltée ou plexiglacée, il n’était pas aisé de trouver des cailloux ou quelque chose qui y ressemble. Heureusement John avait souvent quelques petites pierres dans une poche. Non loin de chez lui, une nouvelle maison se construisait et les sous-bassements de la structure malgré les nouveaux matériaux robustes et légers, nécessitaient du béton pour y être plantés. Un tas de sable d’une hauteur de trois mètres (qui aurait fait une belle colline pour jouer à « King of the Hill ») et un autre tas de cailloux de la même taille, lui faisaient face. Chaque matin, malgré l’interdiction de sa mère, il se servait discrètement sur le tas sans vraiment savoir le pourquoi de son geste. « Les garçons aiment lancer des cailloux, voilà tout. » pensa-t-il…

Le chien venait de passer la palissade de ses maîtres. La course des garçons qui s’éloignaient le stoppa quelques secondes. Peut-être allait-il faire demi-tour, et retourner lécher son ossement. Mais il en avait déjà trop fait et tenait à donner une leçon. Les deux compères avaient une avance confortable, Samuel se croyant en sécurité en profita pour se retourner et lancer à nouveau un aboiement des plus douteux.

-Mais t’es dérangé de la cervelle. Tu veux mourir aujourd’hui ? Maugréa John, qui cachait cependant un sourire au bord des lèvres.

La cervelle du chien quant à elle, fonctionnait admirablement, surtout la zone mémorielle. Ce visage et cette voix assurée… c’était celle du garçon de Olah, le chien cyborg qui avait pénétré un soir d’automne dans le périmètre de sa demeure et déterré un bel os de bœuf –directement importé d’Harvest, la planète agricole et bovine - dont il comptait se délecter les jours d’hiver arrivant… Le chien avait maintenant deux bonnes raisons de rattraper les enfants fuyards.

Aucun endroit susceptible de se cacher. Aucun monticule pour échapper à l’animal. Les enfants n’avaient pour seule option que de continuer à prendre leurs jambes à leurs cous. John repris en ligne droite sa course puissante et de nouveau distança Sam. Le chien rattrapait son retard et fixait dans son collimateur l’arrière train de Samuel. John fit halte, se retourna et sans hésitation visa… une poubelle douze mètres devant le chien. Le caillou atteignit en son milieu le couvercle au passage du chien, qui fit un écart et rabaissa une fraction de seconde sa queue entre ses antérieurs. Le bruit qui le fit tressaillir fit gagner encore quelques secondes aux enfants pour trouver un lieu où s’abriter.

-Par ici Samy, tourne à droite ! Cria le futur spartan.

-Attends-moi Johnny ! J’ai plus de souffle !

Un angle de rue donnant dans une ruelle semblait mettre encore de la distance avec le chien et peut-être pouvait-il provoquer l’abandon de l’échappée. Mais l’animal poursuivit sa course sans ralentir. John courait toujours devant. Non pas qu’il abandonnait son ami à un triste sort ; il n’avait pas de plan mais attendait le moment propice. Ce moment arrivait. Sur ce coup là, il le jouerait à l’instinct.

John saisit un second caillou dans sa poche, un peu plus gros et plus lourd que le premier. Il en restait encore un troisième… Sam venait de tourner sur sa droite et empruntait à son tour la ruelle. Il est en train de battre son record de course à pied, se dit John. Cinq mètres… une flaque d’eau… dix mètres… le chien n’est toujours pas visible. Quinze mètres… le voici ! John arma son bras tandis que l’animal approchait une distance équivalente au pneu du warthog. Il jeta le projectile après avoir retenu sa respiration…


… la grenade retomba entre les pieds de l’élite sans qu’il s’en fût aperçu dans l’acharnement de la bataille. Deux grunts en armure Major soutenaient leur leader. Deux secondes plus tard la vie quitta le corps des trois covenants sous la déflagration de la grenade. De leur côté les marines épaulés des ODST nettoyaient le passage qui menait au Prophète.

-Beau lancer Major ! Faudra m’apprendre ! décocha Samuel-034. John sourira derrière sa visière.


Durant un instant, l’enfant jetant son caillou et le Spartan lâchant sa grenade, ne faisait plus qu’un. L’homme en armure verte émeraude eut un flash rétrograde. La précision de ses jets avaient été la conséquence de laborieux entraînements de lancers, qui avaient débuté dans les rues d’Elyséum… « Nous sommes ce que nous faisons et avons fait, John » lui confiait son père dans son enfance. Les paroles retenues à défaut d’être comprises par l’enfant, prenaient tout leur sens pour le Spartan : Nous devenons ce que nous faisons…

Le caillou de John amorça sa phase descendante tandis que le chien ouvrait sa gueule à quatre mètres des fesses de Samuel.

-Baisse la tête Samy ! s'écria John.

Le projectile tourbillonnant finit sa course sur l’échine de l’animal, lui occasionnant une entaille qui le piqua vivement. Un cri plaintif se fit entendre mais aucun os ne fut brisé. Pourtant la douleur fut prompte à lui faire abandonner sa course. la plainte continua encore quelques instants. Samuel rejoignit son ami. Enfin, il pouvait s’arrêter de courir...


Samuel était son meilleur ami. Un jour de Septembre pourtant, cette amitié sera définitivement et brutalement réduite en cendres. Son père, sa mère, Olah, Samuel et quelques autres parmi ses proches, ne seraient plus que des fantômes qui traverseraient régulièrement les cauchemars des premiers mois d'exil sur Reach. Un autre Samuel dans la saison d'Automne, sera pour lui un pilier et un nouvel ami qui le secondera. Samuel-034 portera sans le savoir jamais le deuil d'une enfance sacrifiée et l'espoir consummé d'un ami disparu... qui renaîtra tel un Phoenix.

Posté le : 02/07/2009


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