DIVERS - Fan fiction
Toha - Les chroniques d'un guerrier de l'alliance
- Donne-moi ça ! s’exclama Baln ‘Okonomee avant de saisir la grenade à plasma que le petit Sangheili tenait dans sa main.
Celui-ci, qui jusqu’alors la secouait de toutes ses forces pour voir ce qui allait en résulter, commença à pleurer, ses mandibules largement ouvertes.
Son oncle Baln rangea la grenade dans une des poches de sa ceinture. Puis il prit le jeune dans ses bras et essaya de le calmer, mais rien n’y fit.
Jara, sa sœur, déboula dans le salon pour voir ce qui se passait :
- Qu’est-ce qu’il y a ?
Baln soupira avant de répondre, essayant de couvrir le tumulte que le petit faisait :
- Toha était encore en train de jouer avec une grenade !
Jara leva les yeux au ciel :
- A-t-on idée de laisser traîner des objets aussi dangereux ici ?
- Il a du la prendre dans ma poche alors que j’étais occupé… avoua le grand Sangheili, un peu embarrassé.
Puis il ajouta :
- Ce gamin a la fâcheuse manie de jouer avec les grenades dès qu’il en a l’occasion ! Un jour, il va faire sauter la maison ! Mais comme je reprends bientôt mon service, il ne devrait plus y avoir de problèmes…
- Donne-le moi, soupira Jara en prenant son fils dans ses bras. Alors, petit chenapan ? On joue encore avec les grenades de son oncle ? fit-elle en souriant à son fils.
Celui-ci arrêta de pleurer et regarda sa mère avec ses grands yeux jaunes.
- Il a les mêmes yeux que son père, fit remarquer Baln.
- Oui, affirma Jara. D’ailleurs, pourquoi n’es-tu pas en service ? demanda-t-elle sur un ton plus curieux que de reproche.
Baln poussa un soupir avant d’expliquer :
- Je suis revenu car j’ai pu profiter d’une petite « récompense » en raison de ma promotion de rang, quelques jours de repos mais je vais bientôt repartir pour rejoindre Yuno. Les Humains sont de plus en plus agités.
La mine de Jara s’assombrit. Elle n’aimait pas cette histoire de Grand Voyage et désapprouvait grandement cette « Alliance Covenante », ainsi que cette guerre.
- Les Prophètes ne sont pas ce qu’ils prétendent être, fit-elle observer à son frère.
- Je sais, fit Baln, mais c’est ça et être jugé comme des Hérétiques et devoir fuir, se cacher.
Jara plissa les yeux.
- Crois-tu que les Hérétiques actuels se cachent, eux ? répliqua-t-elle.
- Non, admit Baln, mais ils ont la haine de leur peuple à supporter. Et je ne veux pas que ça nous arrive alors que Toha est si jeune, ajouta-t-il en regardant son neveu.
- Tu parles comme s’il s’agissait de ton fils, rétorqua Jara.
- C’est mon neveu tout de même, remarqua Baln avec un calme olympien.
Un silence s’ensuivit dans la pièce.
- Je veux juste te protéger, expliqua-t-il. Toha est mon neveu et tu es ma sœur, je tiens à ce que vous restiez en vie.
- Oui, mais toi, tu ne tiens pas à ta vie, répliqua Jara. Qu’adviendra-t-il de Toha et de moi si vous mourriez à la guerre, Yuno ou toi ?
Baln sourit. C’était bien sa sœur, ça.
- Vous vous en sortirez, répondit-il doucement.
- Mais qui a dit que ce ne serait pas le cas ? rétorqua-t-elle, l’œil à la fois mauvais et plein de tendresse envers son frère.
- Alors, pourquoi me poses-tu la question ?
Jara fit mine de ne pas avoir entendu et reporta son attention sur son enfant. Dire que dans à peine deux ans, un « oncle », en somme un maître d’armes formé dans l’éducation guerrière des jeunes esprits comme Toha, viendrait le chercher pour l’emmener à jamais. Jara s’y opposait formellement, un comportement normal pour une mère, mais elle ne pouvait rien y faire. Et cacher Toha n’arrangerait pas les choses, car cela finirait par se savoir. Tout finit par se savoir, ici.
* * * *
- Discipline. Foi. Tels sont les maîtres mots qui serviront à vous guider lors de votre ascension vers le Grand Voyage. Je ne veux pas d’âmes vacillantes dans mon groupe, je ne veux pas non plus de pleurnichards, c’est bien compris ?
Le chef-instructeur K’nos ‘Verolomee balaya ses recrues de son regard pénétrant. Il gonfla sa poitrine couverte de cicatrices, mains croisés dans le dos, et se tourna vers la forêt de Fryu. Derrière lui, les jeunes Elites, seulement habillés d’un bas miteux, attendaient en trépignant d’impatience la suite, se jetant des coups d’œil les uns aux autres. Il reprit :
- Au cours de ces deux dernières années, votre entraînement n’était que de l’échauffement, de la théorie. A présent que vous êtes bien développés, il est temps de passer à la pratique.
Il fit à nouveau face aux jeune Sangheilis qui le regardaient tous avec une timidité et une attention particulière. Etirant ses mandibules en un sourire sans joie, le maître d’armes s’approcha d’eux et prit celui qui se trouvait devant lui par l’épaule.
- Toi. Viens avec moi.
Il le lâcha et s’avança près des arbres, de façon à être vu par ses vingt apprentis. Le jeune le suivit, l’air hésitant et surtout inquiet. K’nos l’invita d’un geste de la main à se positionner en face de lui, et le Sangheili mentor déclara à l’adresse des autres :
- Je vais vous montrer ce que tout bon guerrier de l’Alliance Sainte se doit de savoir manier : l’art de la lame. Quel est ton nom ? ajouta-t-il à l’adresse de son jeune élève avec qui il faisait face.
- Arzh, répondit ce dernier d’un ton hésitant, Arzh ‘Lopemee.
- Le fils de Duir ‘Lopemee ? demanda K’nos en fronçant les sourcils.
Le dénommé Arzh hocha lentement la tête avec une certaine appréhension.
- Je connais ton père, déclara le maître d’armes avec un sourire doucereux, nous avons été formés ensemble.
Il se saisit d’un objet accroché à sa ceinture, un manche, qui tenait tout juste dans sa paume, avec une bosse au milieu et de mystérieuses inscriptions aux extrémités, et le lança à son interlocuteur qui le rattrapa au vol, l’air de moins en moins rassuré. Puis il sortit un objet identique de sa lourde ceinture, et donna une brève secousse en le prenant les doigts entre la bosse. Deux lames, s’affinant progressivement jusqu’au bout et transparentes, jaillirent dans un éclair blanc. A leur vue, tous les élèves poussèrent des exclamations de stupeur et d’émerveillement. K’nos sourit. Cela faisait toujours son petit effet la première fois.
Il dévisagea son jeune adversaire.
- Allume ton épée, ordonna-t-il.
Sa voix, douce et calme, était néanmoins grondante. Arzh tressaillit, mais s’exécuta maladroitement. Il faillit lâcher le manche de l’épée lorsqu’elle celle-ci s’alluma avec un clash sec et électrique. K’nos eut un petit rire rocailleux mais son visage redevint vite posé.
- Attaque-moi, dit-il, sa voix résonnant dans l’air chaud de Sanghelios.
Arzh ne fit aucun mouvement, pétrifié. Il ne semblait pas avoir encore assimilé ce que son éducateur venait de lui dire.
- Attaque-moi ! répéta K’nos, d’une voix plus forte.
Arzh hésita quelques secondes, puis, levant son épée, il fondit sur le puissant Sangheili. Ce dernier resta immobile, épée tombante le long du corps, alors qu’Arzh fondait sur lui à une vitesse alarmante. Le corps du gamin était en pleine forme et, pour autant que les autres puissent en juger, il avait peut-être une chance de s’en sortir au vu de sa rapidité.
Mais bien vite, les jeunes guerriers furent détrompés : K’nos avait esquissé un mouvement d’esquive au moment où Arzh lui arrivait dessus, lames en avant. L’adulte agrippa le poignet de l’enfant, lui faisant desserrer son arme d’une simple pression, et le projeta violemment à terre, lui arrachant un gémissement de surprise et de douleur. Le chef-instructeur souleva le jeune Sangheili par le cou et passa la lame sur sa poitrine, créant une entaille peu profonde mais sans doute douloureuse car Arzh hurla.
K’nos le relâcha et il s’affala dans l’herbe, la respiration précipitée, des larmes coulantes le long de ses joues. Il ne criait plus, mais c’était pire que s’il l’avait fait. Tous ses camarades étaient figés de terreur, leurs regards horrifiés sur le sang qui s’écoulait sur le flanc de sa poitrine.
K’nos se tourna vers ses élèves, indifférent à ce qui venait de se passer, et lança :
- La douleur. Vous devez apprendre à la maîtriser. Elle ne doit pas être un signe de faiblesse, mais au contraire de force ! Vous vous devez de montrer à vos ennemis que vous n’avez pas mal, que vous n’éprouvez rien d’autre que la rage de vaincre.
Il reporta son attention sur Arzh.
- Lève-toi.
Mais Arzh ne bougea pas. Il respirait toujours bruyamment, les mandibules serrées par la souffrance.
- Je t’ai dit de te lever ! insista K’nos, menaçant.
Arzh roula sur le côté, gémissant. Il s’appuya sur ses bras tremblants et se força à se mettre debout, bien que ses jambes flageolaient elles aussi. Le sang coulait toujours de l’entaille de sa poitrine. Il vacilla et dut se tenir contre un arbre pour ne pas s’effondrer à nouveau.
- Sois fort, fils, grogna le maître d’armes, car ce que tu es en train d’endurer n’est que le début. Bien, ajouta-t-il à l’adresse du reste du groupe, nous allons former des duos. Toi avec toi, toi, avec toi…
Il continua ainsi jusqu’à ce que tout le monde se trouve avec tout le monde.
Toha était anxieux, cependant il tenta de ne pas le montrer. Se tournant vers son partenaire, il engagea la conversation :
- Je m’appelle Toha. Toha ‘Okonomee. Et toi ?
Son coéquipier le dévisagea avec ses yeux d’un bleu profond, chose rare chez les Sangheilis, et répondit avec un sourire :
- Moi, c’est Eht’t ’Zurkanovee.
Toha lui rendit son sourire avant de reporter son attention sur K’nos, qui à présent avait sorti d’on ne sait où une boîte contenant une vingtaine de manches semblables à ceux qu’il avait décroché de sa ceinture.
- Vous allez chacun prendre une épée à énergie, expliqua-t-il, et vous allez vous entraîner dès lors avec, contre votre partenaire. Celui qui réussira à désarmer l’autre sera proclamé vainqueur du duel, la seule restriction étant de ne pas le tuer pour ça… et je n’ai pas dit que ce n’est jamais arrivé.
Il se tut, laissant la gravité de ses mots traverser chaque jeune esprit en face de lui. Personne ne réagit, ou plutôt ne laissa entrevoir sa réaction extérieurement.
Dès que K’nos se fut écarté, toutes les recrues se dirigèrent d’un pas lent vers la caisse, et prirent à tour de rôle une garde. Toha attendit que Eht’t eut pris son arme avant de désigner la lisière des sous-bois, devant lui :
- Allons là-bas. Nous y serons tranquilles.
Sa voix ne souffrait aucune peur, aucune appréhension, ce qui surprit le jeunot d’autant plus que c’était ce qu’il ressentait avant tout. Eht’t acquiesça sans un mot et le suivit jusqu’à l’endroit choisi.
- D’accord, fit Toha en se positionnant face à son adversaire, plus pour lui-même que pour quelqu’un d’autre. C’est parti.
Autour d’eux, les autres couples de duellistes se mettaient en place, presque en silence, ne parlant qu’en murmures pour se donner du courage ou pour demander à l’autre s’il était prêt. K’nos, en retrait, les observait, le regard perçant, mains liées dans le dos.
Toha se concentra en toisant Eht’t. Il sentait sa main gauche, tenant l’épée, légèrement moite. Eht’t lui rendait son regard de ses yeux perçants.
Pas un bruit ne venait troubler le silence qui s’était installé. Toha n’entendait que sa propre respiration, qu’il avait du mal à contrôler d’ailleurs.
Ni lui ni son adversaire ne consentait à attaquer, alors qu’autour d’eux les autres avaient déjà engagé le combat. Le claquement des lames à énergie les unes contre les autres emplissaient l’air, mais cela ne troublait pas les deux jeunes, qui s’obstinaient à rester immobiles, attendant une faiblesse de l’autre pour bondir.
Toha fléchit légèrement les genoux. Ramena son épée en position d’attaque. En face de lui, le visage d’Eht’t se durcit, tendu par l’attention. C’était inutile d’attendre plus longtemps. Le jeune Sangheili bondit, épée en l’air, en direction de son partenaire qui réagit juste à temps pour parer l’attaque. Leurs épées se rencontrèrent, et Toha eut le souffle coupé. Il sauta en arrière, loin de Eht’t, et repartit à l’assaut une deuxième fois, tout aussi superflu car Eht’t le bloqua sans difficulté apparente. Puis, sans lui laisser le temps de se reprendre, ce dernier marcha sur Toha, essayant de le déstabiliser avec sa lame. Heureusement, il n’était pas plus entraîné que son adversaire, et Toha put le contrer à son tour.
Les deux jeunes, après une dernière joute, se séparèrent et reprirent leur place initiale à reculons, sans quitter l’autre des yeux. Ils commençaient à avoir le dos en sueur, mais ce n’était pas encore fini. Ce n’était que le premier round.
Les combats se prolongèrent durant deux heures entières. Aucun des apprentis ne lâchait prise, bien que beaucoup, dont Toha et Eht’t, souffraient de quelques blessures administrées au cours des duels et de la fatigue qui commençait à se répandre dans leurs muscles.
Au bout d’un moment, K’nos s’avança et leva le bras droit. Tous les élèves s’interrompirent instantanément, le regardant avec un air fatigué et soulagé.
- C’est un bon début, admit le maître d’armes, mais ce n’est, justement, que le début. A présent, nous allons finir avec un petit parcours du combattant.
Les jeunes parurent désemparés. K’nos, lui, souriait à la vue de leurs visages. Ils allaient souffrir, qu’ils le veuillent ou non.
Posté le : 24/08/2010
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