Veuillez patientez...


DIVERS - Fan fiction

Hero of War

Guerre. 
       C’est une notion impitoyable. Complexe et incomprise pas la plupart des gens. En fait, je pense que les personnes aptes à cerner complètement ce terme sont les gens comme moi. Les « héros ». Héros ? Si vous étiez à ma place, vous n’utiliseriez pas ce terme. Si vous connaissiez ma vie, mon parcourt dans cet atroce enchevêtrement d’actes abominables et injustes qu’est la guerre, vous sauriez comment m’appeler. 
       C’est d’ailleurs ce que je vais faire. Vous raconter ma vie. Banal comme acte, me direz-vous. Une autobiographie pour renforcer ses arguments. D’aucuns diraient que c’est pathétique. Mais je l’assume pleinement. 
       C’était il y a dix ans de cela. Mon père est venu me voir, fier, souriant. Il me fit assoir et me demanda si j’avais vu le monde. Qu’entendait t-il par là ? Je n’en savais rien. Mais j’étais curieux de savoir. Il m’a dit « Fils, prends simplement cette arme, tu seras même payé ! ». Sans que je n’en sache rien, je fus enrôlé dans l’armée de mon pays. Portant dans ma main ce drapeau coloré. 
       J’étais fier ! J’étais endoctriné en bon soldat et étais prêt à mourir si nécessaire. Pour ce drapeau, pour ce qu’il représente. En quelques jours, j’avais mon uniforme, mes bottes noires brillantes tant j’avais craché dessus pour les nettoyer. 
       Puis ils m’ont coupé les cheveux. Malgré une mine affreuse et un mauvais pressentiment, tout allait bien. Je me trouvais bien. A ma place, parmi tous ces soldats. Des clones pour ainsi dire. Presque chauves, toujours la même tenue. Chantant la même chanson, marchant au pas. On est tous devenus amis, alors que nous apprenions à nous battre. 
« Un héros de guerre. C’est ce que je vais être ! Et quand je rentrerai à la maison, ils seront fiers de moi. » Disais-je. Ce drapeau, je le porterai, jusqu’à la mort s’il le faut ! Parce que c’est un drapeau que j’aime. Un drapeau en lequel j’ai confiance !
       Le front. Les missions suicides. Les attentats. Les prises d’otages. Les infiltrations. Les assassinats. Les tortures. C’est très rapidement devenu un quotidien. Je me rappellerai toujours la première fois. 
       J’ai défoncé la porte, hurlé mes commandements. Les enfants pleuraient dans leur coin, mais j’ai eu mon homme. On l’a alors emmené, un sac sur la tête, loin de sa famille et de ses amis. Arrivé au campement, ils lui ont retiré ses vêtements. Ils lui ont pissé dans les mains ! Je leur ai demandé de s’arrêter. Mais très vite, j’ai fais comme eux. 
       Riant aux éclats, ils… on l’a frappé avec nos armes et des bâtons. Pas juste une fois ! Mais encore et encore. Jusqu’à son dernier souffle. Il avait dit tout ce qu’il savait. 
       Ouais ! Un Héros de guerre. C’est ce que je vais être ! Et quand je rentrerai, ils seront fiers de ce que j’ai fait. Mais ce drapeau, je l’aime ! Je crois en lui, et je le transporterai jusqu’à la tombe s’il le faut !
       Lorsque mon dernier jour de front arriva. Lorsque je sus que je rentrerai le lendemain chez moi, mon endoctrinement s’est définitivement effondré. Cette petite fille, une ennemie. Elle marchait au milieu des balles et du brouillard de guerre. 
       Je lui ai demandé de s’arrêter. Je l’ai suppliée de rester où elle se trouvait. De rentrer chez elle. Mais elle a avancé. Alors j’ai obéi. J’ai levé mon arme, gravement. Mon regard plongé dans le sien. On avait le visage embué de larmes, tous les deux…
       Et j’ai tiré. 
       Les cartouches fusèrent l’air. Traversèrent la fumée. Pénétrèrent dans le sable, que le sang avait déjà imbibé. Elle s’est écroulée. Son corps inerte était secoué de spasmes. Elle vivait encore. Elle agonisait. 
       Je l’ai achevée. 
       C’est alors que je le vit. Dans sa main, elle portait un drapeau. Un drapeau blanc comme neige. 

       Un héros de Guerre ! C’est ce que je suis. C’est tout ce qu’il voit ! Juste des médailles, des cicatrices indélébiles sur le corps. Fiers de moi. Mais ils ne voient pas les cicatrices au plus profond de mon être.
       Ce drapeau, je l’ai ramené à la maison. Aujourd’hui il prend la poussière. Mais c’est un drapeau que j’aime. Le seul drapeau en lequel j’ai cru. 

       « Guerre ». Ce n’est pas qu’un simple mot. C’est une notion, impliquant des centaines de milliers de vie. Une notion bien étrange, tout comme le mot Héros. 
       La Guerre, c’est l’erreur humaine. C’est tout ce qu’il y a de mauvais en nous. C’est la critique des sociétés, la critique de la hiérarchie. Des ordres injustifiés tels que l’assassinat pur et simple d’une porteuse de paix. 
       Je n’oublierai jamais son visage. Je n’oublierai jamais la Guerre. 
       Et aujourd’hui, je peux te répondre Papa. Oui, j’ai vu le monde. Et je ne l’ai que trop compris.

Posté le : 13/09/2012


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