Veuillez patientez...


DIVERS - Fan fiction

La Réécriture

CHAPITRE 1 : JAMES MILLER:


Les aiguilles d’une horloge défilent à pleine vitesse.

Le temps. Un plan indissociable de l’existence.
En effet, il y a un temps pour tout.

Un homme marche dans les bas-fonds d’une plateforme forestière.

Il y a un temps pour s’amuser, apprendre, aimer… et même pardonner…
Mais selon moi, il y a deux étapes temporelles qui ne peuvent être modifiées.

Il pense à la photo d’un jeune garçon.

Il y a un temps pour vivre… 

Il pense à la photo d’une femme magnifique.

Et un temps pour mourir. 

L’homme continue de marcher.

Cela fait maintenant dix ans que je protège le secret de l’Ordre.
Déjà dix ans que j’ai vu la vérité au sein de ce module.
Dix ans que je connais mon heure.
Le 5 décembre 2134 à 11 h 17, c’est-à-dire aujourd’hui, dans cinq minutes.
Dans cinq minutes, James Miller, émissaire de l’Ordre, rendra son dernier souffle.
Étrangement, je n’ai pas peur… je ressens même un genre d’apaisement.
Tout est prêt… il ne reste plus qu’une chose à faire…

James met en marche son transmetteur.

– I.A Lucina, est-ce que vous me recevez ?

Un bruit de radio, comme une réponse étouffée.

Écoutez-moi bien… il me reste peu de temps.
Le jour où mon petit frère décidera de partir en mission aux coordonnées ci-jointe, je voudrai que vous activiez le protocole d’urgence n°56.
La sécurité de l’Ordre en dépend.

James éteint son transmetteur.
Un tireur d’élite embusqué s’accroupit et se place à un endroit haut perché, James apparaissant dans son viseur.
James se place au centre de la plateforme.

– Le temps est venu.

Un coup de feu retentit

CHAPITRE 2 : SIX ANS PLUS TARD:


À l’intérieur d’une base, deux hommes en armure discutent au travers d’un écran.

– Est-ce que tu as quelque chose ?

– Ça n’a pas été facile mais j’ai finalement réussi à convaincre l’émissaire de ma bonne foi.
Je viens de t’envoyer les coordonnées. 
Il s’agit d’une immense plaine désertique.

– Des infos à ce sujet ?

L’image de ce désert apparaît à l’écran.

– Eh bien, l’endroit a été jugé inhospitalier par les autorités gouvernementales parce qu’aucune vie n’arrivait à y pousser.
Il y a seize ans, des membres de l’Ordre ont fait des recherches là-bas…

Une illustration d’une énorme plaine recouverte de neige apparaît, d’étranges structures violettes élevées en son sein.

J’ai eu accès à leurs notes, et, selon eux, cet endroit était auparavant couvert de glace, et un peuple de créatures ancestrales y aurait vécu. 
Il paraîtrait même qu’ils avaient appris à maîtriser le temps.
Un jour, l’une de ces bestioles aurait mal utilisé cette technologie et aurait créé une faille dans l’espace-temps.
Ha ! Ha ! De sacrées foutaises, pas vrai ?

– Continue.

– Hein ? Bah ils pensent que la faille aurait fait purement et simplement disparaître cette race dans l’espace et dans le temps.
La seule trace restante de leur existence se trouverait là.
Ils ont même nommé cet endroit « la Réécriture ».
Si tu veux mon avis, je pense qu’ils ont fumé la moquette par les deux bouts.
Je ne vois vraiment pas pourquoi ils font tout ce cinéma pour cacher des inepties pareilles…

– Je verrai sur place, merci de ton aide. 
J’ai déjà procédé à ton paiement. 
Je te recontacte au besoin, Billy.
Mes respects à ta femme.

– OK, pas de problème.
À la prochaine, Craig.

L’écran s’éteint, Craig se tourne légèrement et parle dans le vide.

– Perséphone ?

Une apparition holographique se forme et la voix d’une jeune femme emplit son armure

– L’hélicoptère est déjà prêt.
L’objectif se trouve à deux heures trente et une minutes et cinquante-deux secondes de notre base.
Les images satellite ne montrent aucune patrouille aérienne ou terrestre.
Le climat…

Perséphone s’interrompt et prend une voix plus robotique.

Coordonnées reconnues.
Protocole d’urgence n° 56 activé.
Message vocal adressé à Craig Miller.
Contenu du message :
« Craig, tu ne dois jamais réécrire une fin. »
Fin du message.

– Comment ?!

– Répétition du message :
« Craig, tu ne dois jamais réécrire une fin. »
Fin du message.

– Perséphone, qu’est-ce que cela signifie ?

Elle reprend une voix normale

– L’analyse de ces coordonnées a fait réagir un protocole d’urgence.
Ce sont des mises en garde que l’on fait passer d’une IA à une autre afin de pallier toute situation dangereuse.

– Qui a créé ce message ?

– Analyse… il s’agit de James Miller.
Émissaire de l’Ordre décédé sur…

– Amadine, une planète forestière.
C’était mon grand frère, Perséphone.

– Oh… toutes mes condoléances.

– Ne t’inquiètes pas pour moi, je l’ai très peu connu.

– Est-ce que tu as compris le message ?

– Pas vraiment… mais les membres de l’Ordre ont tendance à exagérer lorsque l’on s’approche de trop près de leurs prétendus secrets.
Mon frère ne faisait pas exception.
Il est grand temps de lever le voile sur cette histoire de technologie temporelle…

– Permission de t’accompagner ?

– Permission refusée. L’Ordre surveille peut-être les technologies avancées.
Mieux vaut ne pas se faire repérer.

– D’accord… Sois prudent.
Essaye de ne pas revenir dans trop longtemps, agent Craig.
Au revoir.

– À tout de suite, Perséphone.

L’hologramme s’efface, Craig s’en va et prend l’hélico à l’extérieur de la base dans une vallée enneigée.

CHAPITRE 3 : LE MANIPULATEUR:


L’hélicoptère atterrit sur la Réécriture.
Craig en descend, et suit les coordonnées jusqu’au milieu de la plaine.

– OK essayons cette fréquence.

Il active un émetteur ; celui-ci émet quelques bips
La fréquence lumineuse se disperse
L’entrée s’ouvre et l’agent l’emprunte
Il fait une grande chute et atterrit sur un faisceau lumineux qui lui évita de s'écraser en atténuant son arrivée.

– Un ascenseur gravitationnel… voilà donc où passaient les fonds de l’Ordre.

Après un rebont, il descend du mécanisme. Il repère un objet au milieu de la salle.

– Qu’est-ce que c’est que ça ?

Il s’approche. L’objet se met à parler.

– Je vous attendais, visiteur.

– Hein ?! Où êtes-vous ?

– Vos semblables m’ont nommé « module temporel ».

– Vous arrivez à me parler, j’en conclus que vous êtes un genre d’IA, c’est ça ?

– Inexact, vos intelligences artificielles humaines sont trois cents fois moins complexes et effectives que moi.
Approximativement traduit dans le dialecte de mes créateurs, je suis un Manipulateur des flux du Destin.

– Alors cette histoire de créatures serait vraie… mais pour faire simple, à quoi sers-tu ?

– Si je me réfère à votre culture… disons que je suis une machine qui permet de se déplacer dans l’espace et le temps.
Souhaiteriez-vous essayer ?

– Euh… pourquoi pas ? J’ai de sérieux doutes.

– Quel point de l’espace-temps avez-vous choisi ?

– Je voudrais me rendre au port de Lati, sur la planète Sireina.

– Vous avez oublié les coordonnées temporelles.

– Disons… 14 janvier 2050.

– Il faut me tenir entre vos mains.

Craig s’empare du Manipulateur. Ils disparaissent soudainement
Et réapparaissent sur le quai d’un port.

– Bon Dieu ! C’est incroyable !
Je ne l’avais vu que sur des photographies d’époque !
Il sera détruit dans trois jours à cause de l’explosion nucléaire…

Un petit laps de temps s’écoule tandis que l’agent regarde l’océan

– Souhaiteriez-vous aller à un autre point, visiteur ?

– Euh… je ne sais pas… 

– Si vous le désirez, je peux vous proposer un point d’espace-temps aléatoire.

– Non. J’ai une idée.
Emmène-moi au 5 décembre 2134… vers 11 heures du matin.

– Vous avez oublié les coordonnées spatiales mais je devine le point que vous comptez choisir.
Je peux vous y mener, mais je dois d’abord vous avertir qu’il s’agit d’un point fixe.

– OK, allons-y !

Ils s’effacent à nouveau du quai.

CHAPITRE 4 : LE CHOIX:


Cette fois-ci, ils apparaissent sur la plateforme forestière.
L’horloge affiche 11 h 16.
Craig se trouve derrière le tireur d’élite.

– Hé ! Lâchez votre arme !

L’intéressé se retourne et sort son pistolet.
Craig le frappe assez fort pour qu’il s’effondre.
James se retourne et voit la version future de son petit frère.
L’horloge affiche 11 h 17.

– Craig ! Je t’avais bien dit de ne jamais réécrire une fin !

– Mais de quelle fin parles-tu ?

– La mienne !

De l’énergie sort de nulle part, et se déplace en tout point de l’univers
Le Manipulateur s’énerve.

– Je vous avais prévenu ! Vous avez rompu un point fixe ! 
L’espace et le temps sont perturbés ! Une faille va s’ouvrir !
Vous devez corriger les flux du Destin !

L’énergie s’intensifie.

– Comment faire ?

– Il faut que vous reveniez à 11 h 17 tapantes.

– Mais si je fais ça… je rencontrerai mon double du passé !

– Exact, le paradoxe provoquera la destruction de cette planète.
Cela créera un nouveau point fixe qui remplacera celui que vous avez rompu.

– Et si je ne le fais pas ?

– Vous subirez le même sort que mes créateurs… les points fixes de votre race rempliront la faille jusqu’à ce qu’elle se referme.
Il vous reste une minute pour vous décider.

– Euh… je voudrais revenir il y a vingt minutes, ça me laissera le temps de réfléchir…

– Vous ne comprenez pas, visiteur.
Quels que soient l’heure ou le lieu que vous choisissez, la faille se formera et absorbera les points fixes de l’humanité dans quarante-cinq secondes.
Il vous faut choisir entre cette planète et l’humanité.

– Si je choisi la planète, est-ce que je vais mourir ?

– Impossible à dire, je ne peux prédire que les effets à grande échelle des paradoxes.
Vous n’avez plus que trente-deux secondes.

L’énergie se déplace de plus en plus vite. Un bruit léger s’entend sur la totalité de la planète.

– Et si je choisis la faille, est-ce que l’humanité sera éradiquée ?

– Possible. Tout comme il est possible que la faille soit comblée après avoir absorbé un seul et unique point fixe de l’existence humaine.
Il vous reste vingt secondes.

– Donc, si je choisis le paradoxe, la planète est foutue… et si je choisis la faille, l’humanité peut autant survivre qu’être éradiquée.

Les formes commencent à bouger. Le léger bruit se transforme en grondement.

– Il reste quinze secondes.

– La première créature qui a déstabilisé un point fixe, a-t-elle eu le choix ?

Tout devient flou par à-coups. Le grondement augmente.

– Oui, cet individu a eu le choix.
Plus que dix secondes.

– Il a donc préféré choisir la faille en espérant que sa race survive…

– Cinq secondes.

– Mieux vaut compter sur le paradoxe… Je choisis la planète !

– Accordé. Retour à 11 h 17.

Craig disparaît… et réapparait juste devant son double du passé.
Les deux se mirent à hurler alors que tout devint blanc.
La planète devint un énorme soleil l’espace d’un instant..
Puis le silence et la nuit retombèrent.

CHAPITRE 5 : FIN DE PARCOURS:


Craig se réveille, flottant près d’une plage.
Des agents de sécurité le regardent depuis leurs véhicules.
L’agent courbaturé se relève.

– Oh… ma tête…
Euh… Où suis-je ?
Qui êtes-vous ?

L’agent de sécurité en chef s’avance.

– Vous vous trouvez près de l’installation industrielle de Terrapolis.
Nous sommes les agents de sécurité.

– Terrapolis ? Sur quelle planète ?

– Sacré nom de Dieu, que diable a-t-il bien pu vous arriver pour que vous ne sachiez même pas sur quelle planète vous êtes ?
Nous sommes sur Tarfaren, une planète côtière à deux mille années-lumière de la Terre.
Votre vaisseau s’est écrasé dans l’océan ?

– Euh… ouais, on va dire ça comme ça…
Mes… instruments… se sont mis… à devenir fous.
J’ai eu juste le temps… de prendre… un module de secours.

– Ah ! C’est sûrement l’explosion de cette planète forestière, l’impulsion a dû vous atteindre.
Amadine ne se trouve pas si loin d’ici après tout.
Allez, on va vous raccompagner.
Où alliez-vous avant votre accident ?

– Euh… je revenais sur Terre.

– Ok, montez, je vous emmène à la petite station à dix kilomètres d’ici.
Vous pourrez vous y reposer et manger un petit quelque chose en attendant la navette.

–D’accord, merci.

Craig les accompagne. Ils se dirigent vers la station.
Craig ressort tranquillement.

– Bon, que je résume…
J’ai croisé mon double… la planète a explosé… et je me retrouve sur la planète voisine ?!
Le Manipulateur… il faut que je le retrouve !

Le Manipulateur apparaît

– Bon retour, visiteur.

– Hein ? Comment… Peu importe, que s’est-il passé ?

– Difficile à dire. La faille ne s’est pas ouverte et le paradoxe a bel et bien désintégré la planète, mais…

– Mais ?

– Disons que le paradoxe a agit comme un cyclone… et que vous étiez dans l’œil à ce moment-là.
Votre double était revenu au moment même où vous aviez fait votre premier saut avec moi… 
Et au lieu d’aller au port, vous aviez été projeté à un point d’espace-temps proche du cataclysme.

– Et mon frère ?

– Votre propre flux a été réécrit afin que le paradoxe s’annule…
Mais la mort de James Miller se produisant à ce moment précis avant la perturbation, il y avait peu de chances pour que son flux subisse des modifications.
Il est possible qu’il soit mort lors de l’explosion.

– Et maintenant, que fait-on ?

– J’imagine que je vais revenir à mon point initial, en attendant le prochain visiteur.
Vous, vous pouvez attendre la prochaine navette pour la Terre.
Elle arrivera dans quinze minutes et trente-trois secondes précisément.

– J’ai une dernière question : comment mon frère a-t-il su que c’était son heure ?

– Parce qu’il me l’a demandé.

– Tu connaissais la date de sa mort ?

– La date et l’endroit. J’ai retenu tous les points fixes de l’univers dans ma mémoire.

– Ah ouais… Trois cents fois plus complexe et efficace qu’une IA, hein ?

– En effet.

– Pourrais-tu me donner la date et l’endroit de ma mort ?

– Hors de question. Je suis capable de retenir des leçons de mes erreurs.
C’est parce que j’ai dit à votre frère que sa mort était un point fixe que celui-ci a créé un protocole d’urgence.
C’est à cause de ce protocole que vous vous êtes souvenu de lui et que vous êtes venu le sauver.
C’est parce que vous êtes venu le sauver qu’une faille s’est produite.
C’est à cause de cette faille que vous avez choisi de créer un paradoxe.
C’est parce qu’il y a eu un paradoxe que la mort de votre frère est devenu un point fixe.
Et ainsi de suite.
En donnant cette information, j’ai formé une boucle spatiotemporelle.
Si je n'étais pas intervenu, vous n’auriez pas reçu de message, et même si vous vous étiez rappelé de lui vingt ans après, il aurait toujours été temps de le sauver en réécrivant sa mort.
Tout bien réfléchi, je crois que je suis bien trop dangereux pour l’intégrité de l’univers.
Je pense que le temps est venu pour moi de m’effacer.
Cependant, je ne peux pas le faire par moi-même. Il me faut votre assistance, visiteur.

– Es-tu certain que c'est ce que tu veux ?

– Je suis la dernière trace de l’existence de mes créateurs…
Mais je suis aussi celui qui a provoqué leur extinction.
Ce que je veux, c'est ne plus provoquer de catastrophes.
Ma désactivation définitive est nécessaire.

- Comment… dois-je procéder ?

- Analyse…
Le plus simple serait de me lâcher dans l'eau, cela provoquera un court-circuit.

- D'accord…

Craig attrape le Manipulateur et se dirige vers l'océan.
Il s'arrête au dessus de l'eau et reste pensif.

- Qu'attendez-vous, visiteur ?

Craig ne répond pas.

- Agent Craig Miller, mes analyses montrent que l'activité de votre cortex cérébral augmente.
Qu'avez-vous l'intention de faire ?

Craig s'éloigne de l'eau.

- Je vous ordonne de me lâcher immédiatement !

Craig murmure quelque chose, un son empêche de l'entendre.

- Je comprends… c'est accordé.

Les deux individus s'évaporent.
L'image d'un gigantesque brasier apparaît.

- Ainsi, tu ne feras plus jamais de mal.

FIN

Posté le : 28/07/2012


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