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DIVERS - Fan fiction

Chroniques d'un assassin

Prologue

La respiration du général était courte et rauque, sa trachée encombrée de glaviots sanguinolents. Sa vision était trouble, ses yeux injectés de sang, sa pupille dilatée. Son armure autrefois luisante d'un rouge vermeil dans le tumulte des batailles contre les humains était à présent mauve du sang de ses frères. Son fusil à plasma était vide, son épée détruite avant même qu'il aie pu l'utiliser. Et maintenant, il était assis, dos contre l'angle du mur, le cadavre de ses frères de combats éparpillés, morts devant ses yeux en un éclair. La silhouette sombre qui se tenait debout devant lui ressemblait à un spectre vengeur. Une combinaison d'un noir impénétrable, hostile à toute lumière, couvrait tout son corps. Seules concessions à cette noirceur, les deux lentilles d'un rouge mauvais nécessaire à la vision de l'assassin. L'être, car à ce stade, on ne pouvait plus l'appeler par un nom déjà existant, leva devant lui les lames attachées à ses poignets. Elles étaient normalement réservées aux Spec Ops, l'élite des forces spéciale covenantes. Il contempla quelques secondes le visage terrifié du général, car les élites peuvent ressentir la peur, puis, d'un geste invisible à l'œil nu, il attrapa le cou de l'élite incapable de bouger, le souleva de terre jusqu'à ce que ses sabots ne touchent plus le sol. "Qui est-tu … démon ?" "Un assassin." Répondit froidement l'intéressé. "Pourquoi nous ? Qui …" Commença-t-il. L'assassin le plaqua violemment au mur, et planta sa lame dans le cou du général. "Parce que c'est vous … qui m'avez forgé ainsi … frère." Le général rendit son dernier soupir sur ces mots, le visage éclaboussé de son propre sang. Deux Spec Ops entrèrent précipitamment dans la salle, arme au poing. Ils ignoraient les cadavres et scrutaient du regard les moindres recoins de la salle. Quelques secondes passèrent, puis l'un deux rangea son fusil. "Par les Dieux ! Il nous a encore échappé !"Éructa-t-il. "Il est habile. Mais on le retrouvera. On a déjà des infos sur son prochain coup. Il faudra juste qu'on soit plus rapides." Et ils partirent en laissant la scène du crime aux bons soins des spécialistes en analyse corporelle, aux enquêteurs et aux agents de ménage.

Chapitre 1 : L'Indigne


Cet élite, que les hautes strates de la société Sangheili appelleraient plus tard "Le Traître", "Le Démon des Ombres" ou plus simplement "L'Assassin", était né de parents indignes depuis six générations.

Il portait le nom des Culfam, et le sceau des indignes sur l'épaule, la peau brûlée dès la naissance, avant d'être laissé aux bêtes sauvages de Sangheilios. Le Destin avait néanmoins d'autres projet pour cet être encore insignifiant que celui d'être dévoré. Car un groupe d'indigne le trouva, et le nommèrent. Il s'appellerait Sem Culfamas, un nom aujourd'hui oublié de tous.

La grande ville de Ethiarmus, sur Sangheilios. Une cité tentaculaire, comme il en existe des milliers sur Terre. Au final, quoi qu'en disent les habitants, les villes de Sangheilios était semblables à celles de la Terre. Sales, contrôlées d'une main de fer par une poignée de privilégiés, des maisons habitées par les mieux lotis, et les ruelles étaient en proies aux habitations clandestines, simples toits sous lesquels s'abritent les plus pauvres, les criminels en cavale, et les indignes. C'est dans cette atmosphère de désœuvrement où seuls la chance, l'instinct de survie et la débrouillardise sont garants de la vie que grandit Sem.

Le groupe d'indignes qui l'avaient recueillit se contentèrent de le laisser aux bon soin des mutilés ou des vieillards incapables de se déplacer qui habitaient ces rues. Pendant douze ans, Sem apprit beaucoup d'eux. Lorsque tous moururent de vieillesse ou de maladie, il était un voleur, un escroc, capable de vivre seul en volant de quoi manger, en soutirant aux passants qui encombraient les rues de la ville l'argent nécessaire. Il avait établit son monde.

Seul lui manquait son passé, et ce qui le poussait à tant de pauvreté. Ces raisons, il ne les apprit que trois ans plus tard, à force d'espionner les conversations. Si les indignes étaient dans les rues à mourir de faim sous les regards vides de compassion des passants, si certains étaient pauvres et d'autres fuyant la prison ou la peine de mort, c'était parce que les Sangheilis au pouvoir les y avait expédiés. Parce qu'il suffisait d'un ancêtre déshonoré au combat pour porter un nom souillé à jamais et être rejeté du reste du monde. Qu'il suffisait d'un mot plus haut que l'autre dans une conversation pour qu'on vous prive de tout vos biens, ou qu'un tir perdu touche un de vos alliés en combat pour qu'on vous pourchasse. Le monde de Sem était bien fragile comparé à ce qui l'entourait. Le monde extérieur était fourbe, et reposait sur les hauts placés, qui manipulait tout selon leur bon vouloir, la vie comme la mort.

Cette prise de conscience plongeait Sem dans un profond désarroi. Il avait appris que la marque qu'il portait autrefois comme une sorte de trophée était responsable de la ruine d'une famille, responsable de sa solitude et symbole de la misère d'une classe de son espèce. Sa résolution fut prise une nuit. Il s'introduit dans une des salles de gardes de la ville, où le seul vigile était endormi, une outre de liqueur à la main. Il s'empara d'une des lames accrochée au mur près du reste des équipements, et, une fois dehors, le passa à son poignet.

Les quatre jours suivants, ils tua quelques animaux de ville, apprenant à soupeser ses gestes et à trancher finement avec le plasma bleu luminescent. Lorsqu'il fut sûr que la lame n'avait plus de secrets pour lui, il s'isola un soir, loin de la foule et brandit la lame devant lui. Les reflets bleutés dansaient devant son regard vide, comme si son esprit errait sans but derrière ses pupilles noires. À chaque fluctuation du tranchant, il voyait les visages casqués de grands chefs de guerre élites, soucieux de conserver leur honneur et d'éliminer impitoyablement celui des autres.

Une goutte de sueur perla, réfléchissant la lumière rouge du soleil couchant, et la lame s'abattit dans une gerbe de sang.

Chapitre 2 : L'Âme Damnée


La gerbe de sang sombre éclaboussa de multiples gouttes le sol rouge et le visage de Sem. Dans chacune de ces perles de vie se reflétait les visages sans émotion des politiciens, des chefs de guerre, des prophètes. De tout ceux qui décidaient et condamnaient, comme habités par un pouvoir divin. Comme s'ils étaient des Dieux.

Sem retint douloureusement un hurlement. La chair de son épaule était entamée sur quelques millimètres, laissant apparaître une plaie béante et sanguinolente. A terre gisait la peau marquée du sceau des Culfamas, sigle intemporel de la honte de ses pairs, maintenant jetée dans la poussière. Sem jura de mêler le sang de ces bourreaux à cette même poussière.

Mais le temps de mettre cette vengeance à exécution n'était pas encore venu. Le temps que la plaie cicatrise, et que l'esprit bousculé de Sem se remette doucement de ces évènements. Jour après jour, il reprenait sa conscience, toujours dominés par son unique et sanglant but.

Le jour de verser le sang des coupables se présenta plus tardivement, alors que la haine avait eu le temps d'incuber dans son esprit. L'âme damnée qui conduirait Sem sur le chemin de la vengeance se présenta sous la forme d'un élite en armure.

C'était un officier à la démarche militaire, le plastron de son armure criblé d'impacts de balles humaines, qui scrutait les ruelles de son regard injecté de sang, comme s'il cherchait quelque chose. Son regard se posa sur Sem. Un gosse d'Indigne, seul, qui tâtait du regard les poches pleines des passants, en quête de quoi remplir son estomac pour la journée. Le regard des deux élites se croisa, les deux pouvant un instant lire l'histoire de l'autre. Un officier glorieux, condamné aux basses besognes pour avoir contesté un ordre, et un rejeton d'indigne qui cherchait vengeance.

L'officier approcha de Sem, écartant à coups d'épaules les passants qui s'apprêtaient à protester, baissaient le regard sur l'épée qu'il portait à la ceinture, et passaient leur chemin. Sem ne détachait pas son regard de celui de l'officier, l'officier ne détachait pas le sien de celui de l'enfant, aucun ne voulant céder ne serait-ce qu'un instant au respect imposé par le passifs de l'autre. Ils se retrouvèrent face-à-face, l'un baissant le regard, l'autre levant la tête, les deux sans courber l'échine.

-Serait-tu intéressé par un travail, indigne ?

Sem grogna en entendant ce mot. Il ne s'était pas mutilé pour rien. Mais le moment n'était pas venu pour lui.

-Dites.

Un sourire dissimulé s'afficha sur le visage de l'officier.

-Éliminer un haut dignitaire, contre de quoi survivre. Ça ne devrait pas te poser de problèmes, non ?

Le sang de Sem ne fit qu'un tour, son esprit bouillant à l'idée même de voir le sang d'un dignitaire. Et si en plus il pouvait trouver de quoi manger, le marché était déjà conclu. Quelques heures plus tard, Sem escaladait le mur d'enceinte de sa cible.

Chapitre 3 : La Naissance d'un Assassin


Les murs de la résidence étaient haut d'au moins cinq mètres de haut, mais les nombreuses prises offertes par les vieilles pierres qui le composait le rendait facile à escalader, pour un enfant débrouillard, du moins. Arrivé en haut, Sem sauta dans les hautes herbes en contrebas, qui amortirent sa chute sans un bruit.

Devant la porte principale, deux élites protégés par une armure massive équipés de lances attendaient, prêts à intercepter tout intrus potentiel. Sem se glissa dans les herbes rouges sombre et sauta par-dessus d'un petit court d'eau. Un jardin aux allures sauvages, sûrement entretenu par des employés sous-payés. Cette pensée maintenait vive l'envie de meurtre de Sem, qui croisait de plus en plus de gardes à mesure qu'il s'approchait du fond du domaine. Il cherchait du regard une porte ouverte, une lumière allumée dans un bâtiment qui pourrait trahir la position de sa cible.

Alors qu'il avait passé deux bâtiments, des cris et des bruits de lutte parvinrent à ses oreilles. Il ne put s'empêcher de regarder la scène à travers les hautes herbes. Dans une cour entre deux bâtiments, un jeune élite, comme lui, était passé à tabac par des gardes. Maintenu au sol par deux des gardiens, trois autres bourreau le frappait avec des masses, le piquait avec leurs lances et le coupait avec leurs sabres. Les sons et les images se bousculèrent dans la tête de Sem. Le corps ensanglanté du jeune élite, les lames des gardiens qui luisaient de sang sous la lumière blafarde de la lune, les cris de douleur de la victime, les rires imprégnés de sang des bourreaux. Il ne pouvait pas détacher ses pensées ou ses yeux de la scène.

Le spectacle s'arrêta quand un chef de la garde arriva. Il frappa un des bourreau, et les autres s'écartèrent. Après quelques ordres et réprimandes aboyés à ses hommes, il transperça de sa lance le corps meurtri et gémissant de l'intrus.

Sem put enfin bouger, mais les sensations bougeaient toujours dans sa tête, les images des lames, les sons des cris, l'odeur du sang passant en boucle dans sa tête. Il courait dans les herbes, sans s'arrêter, oubliant tout ce qui se passait. Seul le mur d'enceinte du fond de la propriété l'arrêta brusquement. Renversé, et souffrant d'un affreux mal de crâne, Sem retourna sur ses pas. Il en avait oublié son but. Un scintillement entre les herbes attira son œil. Il remarqua alors le vieil élite assis, immobile au bord d'un bassin d'eau. La lune se reflétait dans l'eau cristalline du bassin et dans le pommeau du bâton de ce qui était sa cible.

Il scruta le jardin. Aucun garde n'était présent. Le vieil élite était seul à contempler l'eau et marmonnant. Sem sortit lentement des herbes. Lorsqu'il posa le pied sur les dalles de pierre qui formaient le sol, l'élite détourna sa tête des reflets dans l'eau et fixa Sem.

Ce n'est qu'à cet instant, lorsque le regard du vieil élite croisa le sien, que l'indigne sentit enfin toute la haine qui l'habitait, qui tourbillonnait sans fin dans son esprit, n'attendant qu'un geste de sa part pour se libérer par la vengeance. La lune et les étoiles pour seuls témoins, Sem s'avança vers l'élite.

Son dos était courbé par les ans et il s'appuyait sur son bâton pour tenir debout. Il était une proie si facile. Un réceptacle de haine parfait. Alors que Sem n'était plus qu'à quelques mètres de lui, il parla d'une voix sépulturale.

-Alors ils veulent vraiment la mort d'un vieux soldat ? Donner le droit de prendre le vie avant de la perdre ?

Sem dégaina la lame qu'il portait au poignet.

-Ferme-la, vieillard.

L'élite contempla la lame, avant de porter de nouveau son regard vers Sem.

-Sangheilios n'est que quelques privilégiés. Si tant des notre partent tuer des soi-disant impies, sur ordre des San'Shyuum, c'est pour fuir Sangheilios et sa misère.

L'élite s'avança lentement vers Sem.

-Notre monde n'est qu'illusion de prospérité. Quel vrai monde bien portant enfanterait de familles déchues ? Des forts qui commandent des faibles, désignés arbitrairement.

Les deux protagonistes étaient maintenant proches. Leurs respirations étaient courtes, et les seules lumières présentent étaient celles de la lame mortelle et la lune passive. Le vieil aristocrate leva sa main flétrit devant le visage de Sem.

-Vous êtes le fruit de ce monde si laid. Tu est ce fruit que tous considèrent comme immangeable. Et tu t'est fait l'instrument de ces maîtres. En acceptant de me trouver, tu t'est dérobé à ce que tes yeux veulent. L'égalité. Par la vengeance.

Le vieil élite ferma les yeux, comme si voir les pupilles de Sem était une scène de bataille sanglante.

-Mais tu est jeune. Apprend et réfléchit. Deviens fort, et change ce monde qui est le nôtre. J'ai vu dans tes yeux ce que les Dieux ont réservés à ton Destin. Tu sera l'annonciateur du sang et de la vengeance.

L'élite fit un effort et fixa Sem dans le yeux, prit sa main et la serra de toutes ses forces.

-Deviens le sang des maîtres, et la lame des esclaves.

Et le sang masqua la lune et les étoiles.

Chapitre 4 : Le Goût du sang


Le soldat élite était assis sur une pierre qui dépassait du sol comme il y en avait beaucoup dans les rues, profondément enracinées dans la terre de Sangheilios, et qui n'avaient pas pu être arrachées par les colons qui avaient fondés les villes, sans avoir ce qu'elles deviendraient.

Le soldat ne se posait pas tant de questions. Il avait dégainé sa lame et s'amusait à observer les visage terrifiés des passants à travers les ondulations du plasma de la lame. S'il s'était écouté, il les aurait tranchés, un réflexe de soldat entraîné, mais cela créerait sans contexte de menus soucis, et philosopher à travers les vagues de plasma était une des activités préférées de l'élite. 

La foule faisait un détour de quelques mètres pour éviter le soldat, comme si un mur écartait un cour d'eau. Plus loin, une autre fluctuation dans la foule se faisait voir. Le soldat scruta la foule pour voir la cause de ce changement, et vit finalement son missionnaire revenir vers lui, ses mains et son visage couverts de sang dissuadant la foule de s'approcher. À moins que ce ne fut son regard.

Le soldat posa la question stupide.

"Alors ?" Demanda-t-il avec un ton amusé à la vue des passants.

Sem ne répondit pas. Il savait très bien qu'il suffisait au soldat de le voir pour savoir qu'il avait fait sa part du marché. Le soldat descendit de sa pierre et rétracta sa lame pour s'approcher du jeune élite. Il lui jeta un dernier regard amusé, puis lui tendit sa part du marché : un morceau de viande.

"Voilà ta part. Les prophètes sont soulagés, et toi, tu peut manger."

Sem s'empara du morceau de viande, et releva la tête vers le soldat. Il était déjà à une dizaine de mètres, lui tournant le dos. 


Le soir même, Sem s'installa sur le même rocher que le soldat. La foule avait disparue, et seuls quelques passants occupaient encore la rue. Il attendit, l'esprit vide, que les derniers riverains rentrent chez eux pour commencer à manger. Le morceau de viande ne tint pas longtemps avait d'être intégralement englouti. Mais Sem avait quand même une suspicion quand au goût de sa pitance.

Il tint ses mains devant lui. Elles étaient toujours couvertes de sang. Et il dût se rendre à l'évidence que c'était bien le sang du vieil élite qui avait donné ce goût à sa viande. Il tomba du rocher et resta étendu à terre, la nausée lui tenaillait le ventre. Mais il était mauvais de régurgiter ce qui le maintenait en vie. Alors il attendit, étalé dans la poussière rouge, que ses maux de ventres, donnés par la vitesse à laquelle il avait mangé, se passent.

Sem eu le temps de sentir le goût du sang se répandre dans toute sa bouche, s'infiltrer dans sa langue, sa gorge, ses gencives, s'enraciner jusqu'au plus profond de lui. Après son heure de cure, le goût avait changé, il était devenu agréable, mais toujours indéfinissable. L'esprit devait plus y jouer que la véritable chimie du goût. Mais il devenait indubitable qu'il s'était habitué au goût. Comme s'il y avait ressentit de la satisfaction. Non, comme si le goût en lui-même l'avait satisfait.

Il se focalisait uniquement sur le goût, oubliant tout ses autres sens, sa vue était trouble, il ne sentait plus le sol irrégulier sur sa peau, n'entendait plus la légère brise qui s'infiltrait dans l'avenue, ne sentait plus l'odeur de la poussière. Seule le goût du sang était présent, comme un démon intérieur qui se serait réveillé et s'était emparé de son esprit pour annihiler quatre de ses sens.

Sem se réveilla soudainement, le retour à la réalité. Il se releva. Le soleil commençait déjà à se lever. Il avait dû s'endormir. Il repensa à ce qui venait de lui arriver. S'habituer au goût du sang, s'était comme s'il avait mangé le vieil élite lui-même. Cette pensée le dégoûtait maintenant.

Mais il fallait se rendre à l'évidence que cette fascination du sang, ajoutée au désir tenace de vengeance, contribuerait aussi à forger ce que serait Sem plus tard.

Chapitre 5 : L'allié


Quatre ans passèrent avant qu'un Sangheili se présente aux portes de la capitale.

Il ne portait pour tout vêtements qu'un pantalon usé aux chevilles et deux gantelets. Chacun de ses muscles semblait avoir été ciselé avec finesse, et ses yeux luisaient d'un éclat obscur.

Il s'arrêta devant les grandes portes. Ouvertes en deux, elles auraient pu laisser entrer des légions de Mgalekgolos, autant en largeur qu'en longueur. Il contempla l'édifice, laissant la foule dense qui entrait et sortait sans cesse couler autour de lui. Les regards se portaient vers lui, avec son allure étrange, il semblait comme un puissant soldat sans armure.

Détachant son regard des portes, il pénétra d'un pas assuré dans les rues de la grande ville. On lui avait expliqué précisément où il devait aller. Il suivit les instructions en ralliant la grande place sur laquelle une grande statue d'un héros élite, brandissant son épée, côtoyait celle d'un Prophète, plus récemment construite. Il prit une ruelle étroite qui laissait à peine passer son corps, bifurqua à droite deux fois, une fois à gauche, une nouvelle fois à droite, puis il repéra l'échelle dont on lui avait parlé. À côté de celle-ci, on pouvait lire, gravé à même la roche : Arum' Toras. 

Il était à destination. Il monta les barreaux de l'échelle, qui pliaient et craquaient de protestation, et posa le pied sur le toit plat. Un élite un peu plus âgé que lui était assis à côté de la porte de ce qui était sûrement une échoppe. Il mâchait sans grande convictions une herbe médicinale et ne parut pas surpris de le voir, au contraire.

L'élite se leva et cracha l'amas d'herbes mastiquées avant de s'avancer. Il était habillé d'étoffes de modestes facture. 

-Enfin te voilà. Amorça Arum.

Il désigna la porte de sa boutique.

-Entre ! Je sais que tu ne crains pas le froid, mais on est toujours mieux avec un toit au-dessus de sa tête. Enfin, là aussi, ça ne fait plus grande différence pour toi.

Les deux élites entrèrent. La pièce principale était encombrée d'objets divers et substances inconnues qui attendaient sagement dans leurs bocaux qu'on les remue après des années passées sans bouger. Ils ne s'y arrêtèrent pas et passèrent directement dans un petit salon meublé d'une table basse et de deux linges pliés au sol en guise de sièges. Arum pria l'élite de s'asseoir.

Une fois installés, l'hôte plongea la main dans un replis de ses vêtement et en tira de nouveau des herbes, et recommença à mâcher. La morphologie des sangheilis étant différente de celle des humains, et Arum semblant définitivement être habitué à parler tout en mâchant, celui-ci continua.

-Cela fait trois ans, n'est-ce pas ?

L'autre élite répondit d'un signe de tête. Arum prit un air interrogatif.

-Tu peut parler, tu sait ? Aurait-tu oublier comment on fait ?

Il fit une pose et soupira.

-Après tout, ce ne serait pas étonnant. Céda-t-il. Depuis tout ce temps où tu est resté seul, il n'y a guère qu' avec toi-même et avec les esprit errants que tu aurais pu engager une conversation.

L'élite écarta les mâchoires, baragouinant tout bas, puis parla.

-C'est vrai. Je n'en ai pas eu beaucoup l'occasion. Avoua-t-il en articulant de façon maladroite.

Arum soupira de nouveau en continuant de mastiquer.

-Je pensais quand même que ça prendrais moins de temps. Ça fait trois ans que je guette ton arrivée à la place même où tu m'a trouvé. Il faut dire que les clients ne viennent pas souvent par la grande porte.

-Drôles de clients … Remarqua l'élite.

Arum émit un rire étouffé. 

-Allons, si tu t'est rappelé comment venir, c'est que tu sais quelles sont mes … fonds de commerce.

Sem se rappelait bien.

Il y a quatre ans, il avait quitté la ville, traversé les steppes brûlantes de Sanghelios et avait escaladé un piton rocheux. Sur cette hauteur, il pouvait contempler les vastes plaines, trouver une sérénité qui seule pouvait lui permettre d'atteindre une emphase parfaite avec lui-même et l'Univers. Pendant quatre ans, il s'était consacré corps et âme à la maîtrise de ses armes, ainsi que celle de son esprit. Quatre ans d'entraînement vigoureux et de longues méditations, ne descendant de son repaire que pour se nourrir de maigres bêtes sauvages. Il allait de nouveau laisser sa haine s'accumuler, et cette fois, il pourrait s'en servir encore plus efficacement. 

Un an après le début de son entraînement, un sangheili le trouva. Il traversait les steppes, traînant son chariot de marchandises derrière lui. Il avait aperçu Sem de loin et lui demandait ce qu'il faisait. Sem ne lui avait pas répondu, mais le marchand n'avait pas perdu de temps pour fouiller dans son stock pour y trouver un scanner corporel, et rapidement reconstituer le passé de Sem. Tout son passé : son abandon, son enfance, le meurtre de l'aristocrate Semo' Herassa, sous les ordres du général Deme' Sarolisee. Des détails que Sem lui-même ignoraient.

Le marchand s'était présenté : Arum' Toras, marchand d'informations sous couvert de simple colporteur. Le genre de personne qui pouvait vous retrouver où que vous soyez à partir d'une maigre description, et qui vendait ses talents et sa mémoire aux plus offrants, quels que soient leurs intentions. Et il savait que Sem n'avait pas tué le vieux Semo juste pour sa survie. Des gens comme lui, il en croisait souvent, en tant que client. Mais il lui semblait que Sem avait quelque chose qui manquait à tout les autres : une volonté sans bornes. Et c'est exactement pour cela qu'il lui avait confié où le trouver.

Arum cracha de nouveau son herbe. Sem ne disait rien, il pensait. Il prit finalement la parole :

-Arum … Pourquoi fais-tu ça ?

L'intéressé le fixa avec un regard totalement dénué de surprise.

-De quoi parle-tu ? Demanda-t-il, bien qu'il connaissait sûrement déjà la réponse. Sem joua le jeu.

-Pourquoi vend-tu des informations sensibles à n'importe qui ? D'où les tiens-tu ? Qu'y gagne-tu à part de l'argent ?

Arum ne semblait pas du tout déstabilisé par ces questions, même si on ne lui avait jamais posées. Il se leva, s'étira et sortit sur le perron, suivi de Sem qui attendait toujours sa réponse. Le soir tombait et l'air était frais. Une odeur douce de minéraux était apporté par une légère brise depuis les steppes.

Arum tendit ouvrit bras vers la ville toujours animée malgré l'heure tardive.

-Tu vois ça ? Demanda-t-il. Des milliards de vies. Des femmes, des enfants, des hommes, des combattants. Tous réunis sous la tutelle de combien de personnes ?

Il pointa le doigt vers les hauts bâtiments administratifs.

-Une poignée. À cette échelle, une vie est une perte totalement acceptable, contrairement à ce que penserait un sangheili de classe moyenne. Le pouvoir élève l'esprit à un niveau qui ne cède pas de place à des concepts idiots comme l'éthique ou la croyance religieuse. Si nous cherchons le pouvoir, c'est pour libérer nos âmes de leur poids. Dans la foule, on pense comme elle. Dans les salons aristocrates, on pense comme eux. C'est une libération.

Il baissa le bras et leva les yeux au ciel.

-Beaucoup s'engagent dans l'armée. Ils y partent, avec honneur et rêves de gloire dans la besace. Ils savent qu'ils n'ont qu'une chance infime, mais ils essayent, parce qu'on les a éduqués comme ça. Les forts en ont décidés ainsi. Élevons-les ainsi, et nous auront des hommes qui viendront de leur plein gré. Ceux qui naissent dans la haute société n'ont rien d'autre à faire que vivre pour avoir accès à ce pouvoir, et certains poussent le vice encore plus loin et deviennent des sortes de Dieux aux côtés des prophètes.

Il posa sa main sur sa poitrine.

-Et puis il y a moi. Je suis né trop faible pour suivre l'éducation martiale, et dans une famille de simples marchands. Je n'étais pas destiné au pouvoir, et j'étais condamné à penser comme la masse.

Il se tourna vers Sem.

-Mais j'ai été plus malin. Il y a d'autres moyens d'obtenir le pouvoir, une décision de vie ou de mort, tout comme ces soldats ou ces hauts-placés. Posséder les informations sur tout, et tout le monde, la confier à tout ceux qui la veulent. C'est ça, mon pouvoir.

Sem écoutait sans rien dire. Dans un sens, il avait aussi ce pouvoir. C'était sa haine ce pouvoir. Et comme Arum, il pouvait l'utiliser à bon escient. Et Arum l'y aiderait. Car ils étaient fait de la même matière.

Chapitre 6 : Réunion


Six sangheilis richement habillés étaient assis autour de la table circulaire, et patientaient en silence, quand un ultra en armure complète poussa la lourde double-porte de la salle. Il balaya l'assistance d'un regard injecté de sang, puis se dirigea vers le seul siège libre. Alors qu'il allait atteindre la place, un cortège de soldats entrèrent à leur tour. Au milieu de l'escouade se trouvait un prophète : le Prophète du Regret, ancien vice-ministre de la Tranquillité. On murmurait qu'il aurait fait chanter l'ancien Prophète de la Retenue pour obtenir un poste dans le cercle des nouveaux Hiérarques, aux côtés des Prophètes de la Vérité et de la Pitié, successeurs des Prophète de la Tolérance et de la Prophétesse de la Contrainte. 

L'ultra atteint le siège avant le cortège, mais ne s'y assit pas. Le Prophète s'approcha de la place, et ordonna qu'on retire la chaise, pour faire de la place pour son trône gravitationnel et tendit la main vers l'un des élites, annonçant ainsi le début de la réunion extraordinaire.

L'élite se leva de son siège et se racla la gorge avant de parler. 

-Noble Prophète du Regret, mes frères, je vais ai demandé de venir en ces lieux pour discuter d'une question qui laisse notre planète et l'Alliance elle-même perplexe.

L'élite risqua un coup d’œil vers le Prophète, et aperçu son air agacé. Il abrégea.

-Vous avez tous été informés des récents assassinats du haut gouverneur 'Jillom et du sénateur 'Utor. Nous devons décider de la mise en place d'une équipe pour arrêter le meurtrier.

Un autre élite se leva et prit la parole.

-Avant même de demander notre avis, il serait préférable de nous expliquer pourquoi vous pensez qu'une seule personne a pu commettre ces deux meurtres. Ou plutôt ces trois, puisque vous avez omis de mentionner celui de 'Herassa, l'aristocrate.

Le premier élite fit la moue. Celui-ci était bien informé.

-Nos enquêteurs ont relevés les traces de coupures sur les cadavres, et ont toutes ont été faites grâce à des lames à plasma du modèle porté par les membres des opérations spéciales. Et il est évident que ce n'est pas un Spec Ops qui perpètre ces meurtres.

Il sortit une puce de donnée et l'inséra dans une prise sur la table. Plusieurs fichiers de texte apparurent en trois dimensions au centre.

-En cherchant dans les archives, nous avons découverts qu'une paire de ces gantelets spéciaux avait disparu entre deux inventaires. Ils ont sûrement été volés dans une des villes-étapes de cette escouade de retour de mission. Si on fait le lien entre ces divers événement, la logique parle d'elle-même : c'est bien une seule et même personne qui tue les hauts dignitaires élites. Et cette menace pourrait s'étendre à toute l'Alliance si elle n'est pas stoppée à temps. 

L'intervenant se rassit et un frisson parcourut l'assistance. Tout le monde craignait maintenant pour sa peau. 'Jillom avait été tué dans son sommeil malgré la présence de nombreux gardes dans les bâtiments, et 'Utor avait été tué en pleine rue, sans que ses gardes du corps s'en aperçoivent. La menace était fondée et pouvait toucher n'importe quel haut placé.

-On ignore toujours quelles sont les motivations de l'assassin. Conclut le président de l'assemblée.

Presque aussitôt, un nouvel invité se leva.
-Vous ignorez ses raisons ? Demanda-t-il. Vraiment ? Elle est pourtant simple, et tout le monde ici la connaît ; Annonça-t-il en balayant l'assistance du regard. Une majeure partie de notre peuple est dans les rues et meure de faim, et les causes de cette misère viennent du système. Mais personne n'y prête attention. Si l'assassin tue les dignitaires, c'est par pure vengeance.

L'affirmation semblait convenir à tout les invités qui manifestèrent leur adhésion à cette thèse par divers hochements de tête.

Le brouhaha ambiant se calma quand le Prophète leva de nouveau la main. Il s'approcha de la tablée.

-Il est inutile de poursuivre cette assemblée plus longtemps. Le sénateur nous a prouvé que la menace était réelle, et que c'est plus qu'un simple rebelle qui tue les dignitaires : c'est un hérétique.

La simple énonciation du nom provoqua un nouveau frisson autour de la table.

-Le Conseil est d'accord pour vous permettre de recruter des forces capables d'arrêter cet assassin, quels que soient les moyens employés.

L'ultra aboya des ordres aux soldats, et le conseil et ses gardes quittèrent la pièce. Alors que l'ultra, qui fermait la marche, ne passe la porte, il se tourna vers les dignitaires qui se levaient, les fixa et leur lança.

-Profitez bien de votre confort, vous n'en profiterez plus très longtemps.

Puis il ferma la porte derrière lui.

Sem entra chez 'Arum et jeta à terre l'armure d'Ultra. Il n'aimait pas porter d'armure. Le bruit de l'alliage rencontrant le sol fit accourir le propriétaire du lieu. Il mâchait, comme toujours.

-Alors ? Demanda-t-il simplement.

-Je me souvient de chacun d'eux. Bientôt, ils mourront.

Arum esquissa un sourire.

-Bien. Nous allons pouvoir commencer les recherches dans la base de donnée. Mais avant rangeons ça. J'ai eu du mal à me procurer cette armure.

Chapitre 7 : Poursuite


Voir un bataillon Spec Ops en pleine poursuite était un spectacle aussi rare qu'un humain résistant plus de 5 secondes face à un Sangheili. Mais cette probabilité existe depuis l'ère des spartans.

C'était cinq Spec Ops en armure noire de jais qui couraient après un autre élite, bien moins protégé qu'eux. Leur vitesse avoisinait les 35 km/h, et pourtant leurs mouvements étaient parfaitement fluides lorsqu'ils bifurquaient dans les ruelles étroites de la ville. Depuis quelques minutes, ils avaient quittés le centre de la mégapole et ses boulevards assez larges pour laisser passer un croiseur, et la poursuite avait à présent lieu dans un dédale de rues disposées selon un schéma assez confus, à peine assez larges pour laisser passer les armures des soldats. 

Un des Spec Ops de tête dégaina un fusil à plasma et ouvrit le feu devant lui. Peine perdue, leur cible tourna dans un nouveau passage et le plasma s'écrasa contre les murs de terre, fragilisant la structure de l'habitation. Il se ravisa et rangea son arme. Ils étaient déjà assez suspects à courir sans avoir besoin de détruire des bâtiments. Mais au final, si ils voulaient vraiment se débarrasser à tout jamais de l'assassin, il devraient faire des concessions.

Sem était bien au courant qu'un commando de membres des Opérations Spéciales avait été détaché pour le stopper. Mais son désir de vengeance était bien trop ardent, et la moindre tentative de rétention de ce désir le brûlait intérieurement. Aujourd'hui encore, il avait éliminé un des membres du conseil qui s'était tenu deux jours plus tôt. Ils en était déjà à trois victimes, et les Spec ops venaient seulement de lui mettre la main dessus. Les membres des Opérations Spéciales avaient peut-être usurpés leur réputation.

Un des Spec Ops ralentit pour se mettre au niveau du chef de groupe.

-Chef, ça devient trop compliqué. Il faut revenir dans le centre, ou il va nous semer dans les ruelles.

Le groupe tourna à 90° dans une nouvelle rue.

-Je sais, soldat. Mais c'est lui qui mène la danse. Il faut continuer à le courser. La ville n'est pas infinie, on finira par le coincer.

Un gémissement derrière eux attira leur attention et un voyant clignota sur leur ATH. Un des membres de l'unité venait d'abandonner la poursuite. 

Le chef de groupe lança un juron et se promit de punir le soldat dès la fin de cette poursuite.

Sem courait depuis longtemps déjà, et la nuit tombait. Un de ses poursuivants avait abandonné, il était temps de jouer un peu avec ceux qui restaient.

Au lieu de tourner dans une ruelle à gauche, il se ramassa sur lui-même sous les regards surpris de ses poursuivants et, d'une détente procurée par ses années d'entraînement, il bondit en haut du toit du bâtiment devant lui. Les Spec Ops en restèrent sans voix, mais n'abandonnèrent pas pour autant.

Le chef repéra plusieurs irrégularité dans le mur et l'escalada avec une aisance incroyable. L fut rapidement rejoint par son lieutenant qui sauta sur une poutre en bois au-dessus de lui avant de sauter vers le toit. Les deux autres soldats repérèrent un escalier qu'ils empruntèrent. Mais seuls les deux meilleurs soldats furent assez rapide pour suivre le fuyard des yeux, et deux nouveaux voyants clignotèrent sur l'ATH des deux soldats. Dans une simple poursuite, l'assassin avait réussi à réduire leur groupe de trois membres.

Le vent contraire apporta aux deux soldats un son étrange. Une veine sailli sur la tempe du chef.
-Il se moque de nous ! Éructa-t-il. 

Le lieutenant ne fit pas de commentaires, mais savait que son supérieur disait vrai. Depuis le début, l'assassin les menait en bateau. 

Arrivé au bout du toit, Sem sauta vers un nouveau bâtiment au toit lisse et sans obstacle. Les bâtiments alentours étaient hauts, et masquaient le reste de la ville. Il s'arrêta et se tourna vers ses poursuivants.

Les Spec Ops bondirent à leur tour, et les ennemis se retrouvèrent face-à-face. Les Spec-Ops étaient essoufflés par leur course, tandis que Sem semblait à peine fatigué. Les soldats le remarquèrent, mais ils étaient trop fatigués pour en tirer une quelconque conclusion. Le chef s'avança vers Sem.

-Je ne pense pas que tu veuille te rendre ?

-Certainement pas. J'ai un message à faire passer.

Il dégaina ses lames, le chef fit de même, tandis que le lieutenant dégaina ses deux fusil à,plasma. Les soldats tenaient Sem en joue, sans grande convictions.

-Qu'attendez-vous pour m'éliminer ? Nargua Sem.

C'en était trop, même pour un meneur des Opérations Spéciales. Le soldats bondit, lames en avant en rugissant. Sem n'eut pas le temps d'esquiver et para en croisant ses lames. Il para une des lames de son adversaire, mais la deuxième fusait vers son ventre. Il repoussa son adversaire en brisant sa garde, et tenta de lui asséner un coup à la tête pendant qu'il vacillait. 

Le lieutenant ouvrit le feu. Sem bondit en arrière pour éviter les tirs. Ce soldat serait gênant, mais il ne devait pas l'éliminer maintenant. Le chef avait retrouvé ses esprits et fonça de nouveau sur Sem, pour lui porter une estocade de ses deux lames. Sem dévia l'attaque d'un coup de lames, bondit par-dessus son adversaire et fit volte-face pour lui trancher le dos, mais le Spec Ops réussit à parer son coup de taille en passant une de ses lames dans son dos. Il se retourna et porta une nouvelle estocade, que Sem évita. La mêlée était si serrée que le lieutenant ne pouvait plus risquer de tirer sans toucher son supérieur.

Les lames s'entrechoquèrent encore deux fois avant que Sem ne réussisse à exploiter une faille chez son adversaire. Alors qu'il allait porter un nouveau coup d'estoc avec sa main droite, Sem esquiva. La lame se perdit dans le vide, mais la main de son adversaire était à sa merci. Sem abattit sa lame et trancha la main de son adversaire qui hurla. Il porta le coup de grâce en enfonçant sa deuxième lame dans le ventre de son adversaire qui se plia en deux, avant qu'un nouveau coup ne transperce son crâne. 

Le chef s'effondra, mais instantanément, le lieutenant ouvrit le feu. Sem fonça vers lui, esquivant ses tirs désespérés et planta sa lame dans sa jambe. L'élite mit un genou à terre et Sem le plaqua au sol, lame sur le cou. 

-Je te laisse en vie. Va dire à ton maître qui je suis. La prochaine fois, je n'aurais pas de message à faire passer. 

Il rengaina ses lames et bondit dans la rue en contrebas. Le lieutenant lança un signal de détresse avant de sombrer dans l'inconscience.

Chapitre 8 : Contact

Sem se trouvait au pied d'un bâtiment de presque 30 étages. Le métal violacé semblait lisse et pur comme du verre de loin, luisant des reflets blancs de la lune, mais à un regarder de plus près, il présentait de nombreuses failles décoratives. Exactement ce qu'il lui fallait. Passer le mur d'enceinte qui protégeait le pied de la tour était un jeu d'enfants, et éliminer en silence le seul garde du côté Est l'était encore plus. Ne restait plus qu'à monter au 20ème étage, là où se trouvait sa cible. Cela faisait presque un mois qu'il pourchassait les membres du conseil qui s'était tenu contre lui, et celui qu'il comptait tuer là-haut était le dernier. 

Arum l'avait informé que depuis qu'il avait apprit qu'il était le dernier membre de ce conseil vivant, il se barricadait dans cette tour, sous bonne garde. Mais il ne se douteraient sûrement pas que l'Assassin pourrait escalader cette tour pour le tuer. Terrible erreur de jugement.

Sem assura sa première prise dans un creux de quelques dizaines de centimètres, puis entama sa dangereuse ascension. Au fur et à mesure qu'il montait, il comptait les fenêtres pratiquées dans les murs, synonymes d'autant d'étages grimpés, et d'autant de mètres le séparant du sol. Mais comme pour tout ce qu'il faisait, sa haine lui donnait presque des ailes, et son ascension s'arrêta nette quand il compta la vingtième fenêtre.

Il rejoignit rapidement l'accès le plus proche et scruta la pièce plongée dans l'obscurité à travers la vitre. Il distingua un Sangheili dormant dans la pièce richement meublée, à la faveur d'un rayon de lune. Sa victime endormie n'attendait que ses lames. Il monta sur le rebord de la fenêtre, brisa la vitre, et en une fraction de secondes, fondit sur sa proie toujours endormie, et planta sa lame dans son cou.

Alors qu'il tirait son arme de la chair de sa dernière victime, les lumières de la pièce s'allumèrent brusquement. Trois élites camouflés dans l'ombre se révélèrent. L'un d'entre eux lui barrait la porte, un deuxième là d'où il venait. Ils pointaient leurs armes sur lui. Le troisième ne bougeait pas. Si les deux premiers portaient des armures noires de Spec Ops, le dernier était habillé en aristocrate. Sem ne bougeait pas, analysant le terrain, prêt à se battre ou s'enfuir.

Le troisième Sangheili s'approcha de lui, faisant signe aux deux autres de tenir leurs positions.

-Ce qu'on dit sur l'Assassin est vrai. Rapide, discret, mortel, et prêt à tout pour éliminer ceux qui se mettent sur son chemin. 

Il afficha un sourire mauvais.

-Le gouvernement vous chasse, Assassin. Mais l'armée est très intéressée par vos ... talents. Et prête à faire des concessions.

Il jeta un regard au cadavre. Sem avait compris qu'ils n'avaient pas hésité à sacrifier un haut placé pour seulement lui parler.

-Maintenant, vous devez décider, Assassin. Nous sommes prêts à vous livrer certaines personnes, dans la limite du raisonnable, pour peu que vous acceptiez de mettre vos lames au service des Spec Ops.

-Et ceux qui me chassent ? Demanda Sem, méfiant.

-Cette affaire restera entre nous, et quelques autres membres des Covenants. Pour vos affaires avec les autres membres des Spec Ops, commandés par le gouvernement, vous devrez vous débrouiller. 

L'élite prit un air important.

-Alors, acceptez-vous ?

Sem hésita, puis rengaina.

-D'accord. Mais à quelques conditions.

Le porte-parole fit la moue.

-Lesquelles ?

-Je veux de l'équipement. Et que mon informateur reste anonyme.

-Très bien. Répondit l'élite après un temps de réflexion. Venez à la caserne de la ville, demain. Entrez par la porte de service. Un soldat vous attendra, et nous pourrons commencer les choses sérieuses. 

Les trois élites sortirent de la pièce. Lorsqu'ils furent partis, Sem entrepris la descente du bâtiment, tout en repensant à son choix. En passant le mur d'enceinte, il remarqua l'élite appuyé contre le mur, qui produisait un bruit presque habituel de mastication.

-Quelles nouvelles ? Demanda nonchalamment Arum.

-Je vais rendre quelques services au Covenant. 

Arum fut surpris, mais ne le laissa pas paraître.

-Quel genre de services ?

-Aucune idée. Du moment que je peut l'atteindre, c'est l'essentiel.

Arum soupira. Il savait que s'allier à l'Assassin était un plan risqué, mais il ne s'attendait pas à de tels plans. Mais au final, tout ce que faisait Sem l'arrangeait aussi. C'était ce qui lui plaisait dans l'affaire.

Posté le : 07/08/2010


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